Journée d’action du 14 novembre
Category: Global
Themes: Contrôle socialLuttes salariales
Les mesures prises contre la crise, qui sont en réalité des mesures anti-ouvrières, ne résolvent rien. En France elles n’ont rien résolu après la «réforme» des retraites, et celles que le gouvernement a dernièrement décidé de prendre sous la pression des capitalistes ne résoudront rien non plus.
Pour la classe bourgeoise la crise économique se traduit par une réduction drastique de ses profits; la concurrence capitaliste qui part de la lutte d’une entreprise contre ses concurrents pour aller jusqu’aux affrontements entre pays, rend toujours plus difficile la reprise des profits qui sont nécessaires aux capitalistes pour faire vivre leur système économique; inévitablement ces difficultés retentissent directement sur les conditions de vie et de travail du prolétariat qui est toujours plus exploité (exploitation signifie plus grande extorsion de travail non payé). Les salaires toujours plus bas pour les prolétaires employés et les licenciements en masse correspondent aux mesures les plus directes que prennent les capitalistes pour chercher à rétablir le taux de profit perdu dans la crise. Si les services de base qui servent à la grande majorité des prolétaires subissent des coupures, c’est parce que la classe bourgeoise ne veut pas qu’une partie de ses profits déjà réduits par les difficultés économiques, soit dépensée pour maintenir les conditions de vie des prolétaires: en conséquence, le système économique bourgeois condamne une partie de plus en plus nombreuse des prolétaires à la misère.
Le problème n’est pas que les gouvernements européens se sont engagés dans une mauvaise politique; l’ « austérité » est une nécessité pour la bourgeoisie face à la concurrence sauvage engendrée par l’économie capitaliste, la crise économique mondiale ne faisant qu’aggraver la situation pour chaque économie nationale. Et ce sont évidemment les économies les plus faibles comme en Irlande, au Portugal, en Grèce, mais aussi en Espagne, en Italie et en France qui subissent le plus les effets négatifs de la crise, qui ne fait pas disparaître la concurrence capitaliste, mais l’aggrave au contraire.
La classe bourgeoise, comme l’écrivait déjà Le Manifeste de Marx- Engels, est toujours en lutte: contre des fractions de sa même classe en opposition d’intérêts, et contre la bourgeoisie des autres pays pour défendre ou accaparer des parts de marché; mais aussi et toujours contre le prolétariat pour le maintenir dans l’esclavage salarié nécessaire à l’extorsion des profits, et pour défendre sa domination sociale. C’est le système capitaliste qui impose à la classe bourgeoise de réduire à la misère de plus en plus de prolétaires; c’est le système politique bourgeois qui impose à la classe dominante de prendre des mesures de contrôle social rigides et dictatoriales que la démocratie formelle ne réussit qu’à grand peine à voiler. Dans les usines, dans les entreprises comme dans la vie quotidienne, tout travailleur, tout prolétaire vit dans sa chair une situation d’insécurité, de précarité, de misère qui n’a pas d’issue dans une société entièrement orientée vers la recherche du profit.
En raison des effets dévastateurs de la crise et de l’influence encore dominante des forces réformistes sur la plus grande partie du prolétariat dans tous les pays, la démoralisation et l’hésitation à réagir par la lutte classiste à la dégradation continue des conditions d’existence, n’ont cessé de s’amplifier dans les rangs ouvriers. Cependant la réaction élementaire spontanée à des conditions de vie et de travail intolérables ont dans certains cas poussé les masses prolétariennes à manifester leur mécontentement et parfois, comme en Grèce à des affrontements de rue. Les conflits sociaux sont inévitables et la classe bourgeoise est toujours prête à y faire face: l’Etat avec sa police, son armée, ses juges et ses divers corps de fonctionnaires est là pour démontrer que la bourgeoisie est prête à défendre ses intérêts de classe par tous les moyens, pacifiques quand cela suffit, mais aussi violents quand le «dialogue entre les partenaires sociaux» et les différentes «négociations» avec les forces représentait les travailleurs ne réussissent plus à contenir la colère de ces derniers.
La crise économique ne frappe pas seulement les prolétaires ; touchant aussi des couches de la petite et moyenne bourgeoisie, elle ruine des boutiquiers, des artisans, des professions libérales et d’autres catégories des dites «classes moyennes» ou de l’aristocratie ouvrière, couches qui servent de base sociale au réformisme, à l’interclassisme, au collaborationnisme. Ce sont précisément les forces du collaborationnisme syndical et politique, davantage que les forces ouvertement bourgeoises, qui sont à l’oeuvre pour contrôler les tensions sociales et étendre les incendies provoquées par la situation des masses, ce sont elles qui ont organisé les manifestations du 14 novembre.
La C.E.S. (Confédération Européenne des Syndicats) appelle à la mobilisation contre les «politiques d’austérité», contre la «baisse des dépenses publiques» et pour un «contrat social européen».
En France, la CGT, la CFDT, la FSU, l’UNSA et Solidaires appellent à des manifestations sur ces et pour la défense de la «cohésion sociale, les services publics, le dialogue social et le respect des valeurs garanties par la Charte des droits fondamentaux».
Il s’agit là des poncifs les plus éculés du réformisme le plus trivial au nom desquels les forces anti-ouvrières ont toujours vendu les intérêts élémentaires des travailleurs. Aujourd’hui, dans une période d’attaques toujours plus violentes contre les conditions de vie des travailleurs, ces collaborationnistes osent encore parler de cohésion sociale, de dialogue social et de contrat social, alors que c’est l’affrontement social, la lutte de classe, qui est un besoin urgent pour riposter aux capitalistes.
L’objectif affiché par les syndicats constitue une nouvelle capitulation devant l’ennemi de classe du prolétariat, la classe dominante bourgeoise; et c’est une capitulation sans condition parce que les capitalistes ont déjà fait passer sous le gouvernement précédent – avec l’accord tacite des organisations réformistes – toute une série de mesures anti-ouvrières, et qu’ils se préparent à en faire passer d’autres sous le gouvernement actuel. Et cela continuera jusqu’à ce que les capitalistes trouvent face à eux une force prolétarienne unie, organisée et déterminée à la lutte, au lieu d’une masse démoralisée, désunie et déchirée par ses divisions internes, par la concurrence entre jeunes et vieux, hommes et femmes, français et immigrés, etc.
La «riposte» que les syndicats collaborationnistes prétendent vouloir opposer aux politiques d’austérité ne sert qu’à désorienter et égarer les prolétaires dans un cercle vicieux parce qu’ils font dépendre la revendication du maintien des amortisseurs sociaux et du refus de la flexibilité du travail d’une politique de « relance économique » et de redistribution des profits selon une « justice sociale » que la société bourgeoise n’a jamais été et ne sera jamais capable de réaliser.
Croissance économique signifie sous le capitalisme accroissement des profits et il n’y a pas d’autre moyen pour cela que l’accroissement de l’exploitation de la force de travail; en période de crise, où les marchés sont saturés par la surproduction, les profits ne peuvent être préservés que par la baisse des salaires réels.
La « journée d’action » organisée le 14 novembre par les syndicats européens, même si elle se traduit dans certains pays où le mécontentement des prolétaires va croissant, comme en Espagne, par une grève générale et non par les habituelles manifestations-processions, a en réalité une fonction anti-prolétarienne: l’orientation centrale donnée à cette journée, c’est la reprise économique (qui ne peut être autre chose que l’accroissement de l’exploitation), et non pas la défense intransigeante des conditions de vie et de travail des masses prolétariennes ; les syndicats collaborationnistes voudraient en outre que les prolétaires se mobilisent pour obtenir un « contrat social » avec les capitalistes.
Mais les intérêts prolétariens sont coplètement opposés à ceux des exploiteurs capitalistes et de leurs laquais. Toute la propagande sur « l’intérêt général », sur la patrie et sur l’économie nationale qu’il faudrait défendre, ne sert qu’à faire admettre aux prolétaires qu’ils doivent consentir aux sacrifices, admettre des baisses de salaire, se résigner aux licenciements.
L’ “intérêt général”, ce n’est en réalité jamais autre chose que l’intérêt du capital!
Pour changer cette situation, pour résister à la dégradation continuelle de leurs conditions de vie, pour freiner les licenciements et maintenir autant que possible les salaires à un niveau acceptable par rapport au coût de la vie, les travailleurs doivent prendre la lutte en mains : il leur faut rompre avec la politique conciliatrice des directions syndicales et lutter au contraire pour la défense exclusive de leurs intérêts de classe.
Dans la société capitaliste, l’ouvrier est celui qui est soumis à une exploitation quotidienne pour soutenir toute la société : c’est cette société, ce pays, qui vit sur le dos de l’ouvrier ! Il n’y a pas d’intérêt commun entre prolétaires et capitalistes, malgré tous les efforts du collaborationnisme politique et syndical pour le faire croire.
La lutte prolétarienne deviendra une lutte de classe quand elle s’attaquera réellement aux intérêts de la classe qui détient la propriété des moyens de communication, afin de la faire céder devant les revendications des travailleurs. Pour y arriver il est nécessaire d’utiliser des méthodes et moyens réellement classistes, comme la grève illimitée et sans préavis, sans respect du service minimum, etc., qui paralysent effectivement la production et la distribution afin d’exercer une pression réelle sur la résistance capitaliste ; une grève qui soit organisée et défendue contre les attaques des forces ennemies mises en œuvre par les patrons, l’Etat ou les forces du collaborationnisme ; des méthodes et des moyens inspirés de la solidarité de classe pratique pour laquelle même une lutte partielle concerne tous les travailleurs et doit être soutenue sans hésiter par tous.
Avec ces méthodes les prolétaires pourront non seulement combattre les conséquences les plus graves de leur exploitation, mais ils pourront aussi lutter contre la concurrence qui les divise en permanence pour trouver un emploi ou maintenir leur salaire, et qui est utilisée par les capitalistes pour les réduire à l’impuissance. En surmontant cette concurrence il est possible de maintenir une organisation, même minime, pour lutter contre les attaques bourgeoises et la dégradation des conditions de vie et de travail dans tous les domaines.
La grève doit redevenir une véritable arme de lutte prolétarienne, et non une inoffensive soupape de sécurité utilisée par le collaborationnisme interclassiste pour sauver la paix sociale et perpétuer l’asservissement du prolétariat à la classe bourgeoise !
La crise capitaliste est bien loin d’être terminée. Et les mesures de choc avec lesquelles la bourgeoisie entend sortir de la crise en s’attaquant aux travailleurs sont également bien loin d’être les dernières.
Il revient au prolétariat de sortir de sa crise politique et organisative, en rompant avec la collaboration entre les classes, en luttant contre la politique d’unité et de conciliation nationales pour la défense de l’économie du pays, en mettant sur pied ses organisations de classe pour la lutte immédiate, préparant à travers elles la lutte générale contre tous ses ennemis.
– Pour la reprise de la lutte de classe !
– Contre l’orientation collaborationniste des syndicats et leurs méthodes qui ne conduisent qu’à la défaite !
– Contre toute alliance démocratique et interclassiste avec les organisations réformistes pro-capitalistes, camouflée derrière une prétendue « unité ouvrière » !
– Pour la défense exclusive et intransigeante des conditions de vie de la classe ouvrière !
Parti Communiste International
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