Demain, un appel à manifester devant le ministère de la Justice pour la dissolution de la LDJ est lancé [1], appelant indistinctement à la solidarité envers toutes ces personnes. Or, si la LDJ doit être combattue, ce n’est pas en s’alliant à d’autres communautaristes, fascistes, racistes ou identitaires qu’on parviendra à la vaincre.

En effet :

– Jacob Cohen est connu pour ses écrits à connotation antisémite et complotistes, dénonçant les « Sayanims » (thèse selon laquelle tous les Juifs sont des sionistes à la solde d’Israël, sauf lui-même et quelques autres). Jacob Cohen est abondamment soutenu et relayé par Egalité et Réconciliation, Le Cercle des Volontaires ou Jean Bricmont.

– Olivia Zemor préside Europalestine, groupuscule antisioniste dont le site regorge d’écrits émanant d’auteurs classés à l’extrême droite, complotistes ou antisémites, dont Israël Shamir. Dans sa librairie Résistances, Olivia Zemor promeut les écrits du « Juif qui se hait lui-même » Gilad Atzmon (déjà convié à y donner des concerts-conférences) qui est édité en France par les editions Demi-Lune (proches de ReOpen911) d’une part, et par Alain Soral d’autre part, et dont les écrits ont été condamnés par des militants Palestiniens et pro-Palestiniens de premier plan [2]. Elle vend aussi les livres de Paul-Eric Blanrue ou de Michel Collon et soutient activement Jacob Cohen. Dans son cas et dans celui de Jacob Cohen, la question ne se pose donc pas, contrairement à ce qu’affirme Pascal Boniface, de savoir si « ces deux dernières personnes étant par ailleurs d’origine juive, on peut se demander si cela est compté comme une agression antisémite », tant Cohen comme Zemor relaient des idées antisémites (et non simplement antisionistes) et que c’est pour cette raison qu’ils ont été agressés, non en raison de leurs origines juives.

– Jonathan Moadab (dont l’appel à manifestation paru sur Démosphère se garde bien de préciser le nom de famille) est un des responsables du Cercle des Volontaires, groupuscule souverainiste proche de l’UPR (l’Union populaire républicaine de François Asselineau) qui ne manque pas de faire la promotion de Dieudonné, Jacob Cohen ou Gilad Atzmon [3]. Il est à noter d’ailleurs que pour ses sympathies d’extrême droite, cet individu a été chassé par l’Action antifasciste de la dernière manifestation contre le TSCG le 30 septembre dernier, où il avait tenté de s’incruster avec une petite dizaine de membres de l’UPR et sous le regard bienveillant des militants du M’Pep et du PRCF, qui au nom de la haine contre l’Europe travaillent désormais main dans la main avec Asselineau à la construction d’un nouveau « Conseil national de la Résistance ».

– Enfin, Houria Bouteldja , si elle n’est pas aussi compromise que les précédents avec des antisémites patentés (bien que la présence de Jacob Cohen ou d’Europalestine parmi les signataires de cet appel à manifestation co-signé par les Indigènes n’ait pas l’air de la déranger beaucoup), dirige un groupuscule dont un certain nombre d’orientations posent question, notamment en ce qui concerne le communautarisme, le féminisme ou le rapport à des groupes comme le Hamas ou à des gouvernements comme l’Iran, que le PIR défend au nom de « l’anti-impérialisme ». Récemment, elle a participé aux côtés notamment de l’hagiographe de Dieudonné Olivier Mukuna à un ouvrage collectif édité par le collectif belge « Egalité » et ayant pour objet la défense de Souhaïl Chichah, un intellectuel belge qui s’en est pris à Caroline Fourest pour son islamophobie [4], tout en étant lui-même négationniste [5]. A noter d’ailleurs que le collectif Egalité est présidé par Nordine Saïdi, ex-responsable du Mrax (le Mrap belge) viré de cette association pour propos racistes et antisémites.

Dès lors, on se demande quel sens peut bien avoir une manifestation demandant la dissolution d’un groupuscule communautariste, raciste et violent, quand elle est elle même organisée par des communautaristes, des racistes et des militants d’extrême droite patentés. Pourtant, on voit des militants antisionistes ou antiracistes sincères se croire obligés de soutenir ces gens-là, au nom de la lutte contre l’ennemi commun, qu’il soit la LDJ, Caroline Fourest, l’Agrif [6] ou le Crif, selon l’adage désormais répandu : les ennemis de nos ennemis sont nos amis.

Et bien non, camarades ! Que des fascistes se tapent entre eux, que des racistes se fassent agresser par d’autres racistes ne devrait pas nous concerner, sinon pour nous inciter à combattre les uns comme les autres avec la même détermination, la même virulence. Car les uns comme les autres sont dangereux, et les proches de Soral, de Dieudonné ou du Parti antisioniste et de leurs dérivés ou les catholiques intégristes de l’Agrif ont bien ceci en commun avec la LDJ : la haine de l’antifascisme et de l’antiracisme authentiques.

Rappelons pour finir que les antifascistes conséquents n’ont pas attendu tous ces gens pour combattre la LDJ. Pour ne citer qu’un exemple, lors de la lutte en 2010 des sans-papiers de MultiPro, une boîte d’intérim située à Ménilmontant, nul n’a vu Europalestine ou les Indigènes de la République venir faire le coup de poing contre les nervis de la LDJ employés alors comme briseurs de grève par les patrons sionistes de cette entreprise. En revanche, des militants antifascistes du NPA, des syndicalistes de Sud et même des représentants d’Europe-Ecologie avaient fait le déplacement pour défendre les travailleurs en grève.

A bas tous les identitaires, à bas tous les racismes !
Fascistes hors de nos rues !

Des antifascistes.

Notes (les liens vers les sites politiquement louches ont été désactivés)

[1] Co-signé par EuroPalestine, Génération Palestine, Droits Devant, Enfants de Palestine, GUPS, PIR, Nanterre Palestine et Jacob Cohen, si on en croit le site du PIR : indigenes-republique.fr/article.php3 ?id_article=1745. Une version plus « soft » a été publiée sur Démosphère, accompagnée d’un texte du politologue Pascal Boniface paru dans Le Nouvel Observateur : demosphere.eu/node/32755

[2] A lire en anglais ici : http://uspcn.org/2012/03/13/grantin

[3] Voir ici : http://paris.indymedia.org/spip.php

[4] Voir sur ce site confusionniste : legrandecart.net/burqa-bla-bla-petit-chahut-deviendra-grand-entretien-avec-abdellah-boudami

[5] Le 20 septembre 2010, il déclarait ainsi à l’Université libre de Bruxelles : « Moi, la question du négationnisme, elle ne m’intéresse pas. D’ailleurs, je n’ai pas d’avis puisqu’il est interdit d’avoir un avis dessus. »

[6] Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française et chrétienne. Ce groupuscule catholique intégriste fait en ce moment des procès à plusieurs membres éminents du PIR pour « racisme antiblanc », concept fumeux s’il en est, issu de l’extrême droite et malheureusement reprise ces derniers temps jusque dans les rangs du Mrap.