RÉSISTER ENSEMBLE À L’OFFENSIVE NÉO-LIBÉRALE !

avec l’association RAISONS D’AGIR

Pendant que le Président de la République bravait l’empire américain en
se faisant le défenseur de la légalité internationale, le gouvernement,
chargé de l’intendance, s’affairait à la préparation de la fameuse
« réforme » qui comblerait enfin le retard pris sur une société
américaine depuis longtemps affranchie des contraintes archaïques de
l’État social. Non sans rouerie : comme le Premier ministre diminue les
impôts au nom de « la France d’en bas » qui n’en paie pas, comme le
ministre de l’Intérieur multiplie les effectifs policiers pour protéger
les biens de ceux qui n’ont rien, le ministre des Affaires sociales
prétend sauver l’État social – en l’occurrence, le système de retraites
par répartition – en lui portant un coup fatal. La remise en cause des
droits acquis est, disent-ils, indispensable pour « sauver l’emploi » :
il faut aligner d’urgence le sort des fonctionnaires sur celui des
salariés du privé et celui des salariés français sur celui des salariés
polonais. Pour sauver les emplois de « la France d’en bas », l’alignement
ne saurait se faire que vers le bas. Qu’à cela ne tienne, « la réforme »
a bonne presse : ceux qui s’y opposent sont inlassablement dénoncés
comme « conservateurs » et « rétrogrades ». Ainsi joue-t-on à fronts
renversés et voit-on les petits marquis dénoncer les privilèges des
sans-culottes.

Il faut beaucoup d’aveuglement ou de complaisance pour faire crédit à
des pompiers incendiaires qui prétendent « sauver les meubles », alors
qu’ils profitent d’une majorité parlementaire inespérée et de la cote
miraculeuse du Président de la République dans les sondages, pour
accélérer et amplifier des « réformes » inscrites dans un programme de
remise en cause systématique des conquêtes sociales du XXe siècle et de
liquidation méthodique des services publics. Véritable guerre engagée
contre les droits sociaux, elle invoque les nécessités inéluctables de
la démographie et de l’économie et les Tables de la Loi des directives
européennes, pour tenter de justifier une révolution conservatrice qui
dépasse, il est vrai, le cadre français.

Ce fatalisme que conforte l’unanimité sans faille des gouvernements et
des médias, qu’ils soient « de droite » ou « de gauche », dissimule mal un
activisme néo-libéral fébrile. La réforme des retraites vise
l’allongement de la durée de la vie active (par ailleurs de plus en
plus précaire), la réduction du montant des pensions, l’uniformisation
vers le bas des différents régimes et le développement des fonds de
pension et de l’épargne salariale. Cette prétendue solution « technique »
à un problème « objectif » n’est que le prolongement logique des thèses
de doctrinaires dogmatiques qui étendent leur emprise à l’ensemble de
l’économie – secteurs public et privé confondus – et détruisent, une à
une, toutes les protections conquises par les salariés contre les
conséquences dévastatrices de l’économie de marché.

S’efforçant de flatter le « bon sens » d’une « France d’en bas » – supposée
ancrée dans les « terroirs » et hostile à la « bureaucratie » – le Premier
ministre, présent sur tous les fronts, s’en prend aussi aux services
publics. Avec la décentralisation autoritaire engagée dans l’Éducation
nationale, s’amorce une véritable destruction de l’égalité républicaine
des droits : droits à l’éducation aujourd’hui, droits à la santé
demain. La baisse dramatique des budgets publics dans l’éducation et la
recherche, le non-renouvellement massif des emplois de fonctionnaires
et les restrictions tous azimuts dans les autres administrations et ce
qui reste des services publics, promettent un désengagement généralisé
de l’État à l’exception du monopole de la violence légitime.

Sous la pression du patronat, de la Commission européenne et de
l’Organisation Mondiale du Commerce, le gouvernement, qui a renoncé à
toute intervention face aux licenciements, continue de déréguler et de
privatiser les services publics, contribuant activement à la montée du
chômage et de la précarité de l’emploi qu’il prétend combattre. Depuis
un quart de siècle, l’État néo-libéral allège les charges et les
contraintes des privilégiés, des entreprises et du secteur financier,
et pèse de tout son poids sur des salariés précarisés, des chômeurs
culpabilisés et des fonctionnaires montrés du doigt pour qu’ils se
soumettent, de gré ou de force, au nouvel ordre économique, « horizon
indépassable de notre temps » : à l’écran, « les grands communicateurs »
s’efforcent de convaincre ; sur le terrain, les ministres de
l’Intérieur et de la Justice durcissent chaque jour le traitement pénal
de la petite délinquance, de l’immigration et de la misère.

Face à cette nouvelle offensive, d’un cynisme et d’une cohérence
inégalés, le temps n’est plus aux luttes défensives et désordonnées
qui, d’aménagements partiels en concessions anticipées, ne conduisent
qu’à la démobilisation et au renoncement. Certes, le mouvement
alter-mondialiste gagne du terrain et affirme ses exigences
démocratiques de contre-sommet en contre-sommet, mais l’heure est à une
contre-offensive générale. Un peu partout en Europe – en France, en
Allemagne, en Italie, en Autriche – on entend déjà la révolte qui
gronde. La résistance peut s’amplifier, pour peu que l’on travaille à
unifier et élargir les revendications, à étendre le combat et à
construire un utopisme raisonné : « Un autre monde est possible ! ».
Aujourd’hui, il faut montrer l’exemple en opposant un veto résolu aux
politiques néo-libérales.

Nous, chercheurs, enseignants, écrivains, artistes, appelons l’ensemble
de nos concitoyens, salariés du secteur privé et du secteur public,
chômeurs, jeunes et retraités, femmes et hommes, à résister par tous
les moyens à cette offensive qui annonce un changement de civilisation
: par la grève générale et par toutes les formes d’action symboliques
et pratiques que nous saurons inventer.

Association « Raisons d’agir »

Pour signer la pétition ci-dessus

envoyer vos NOM (en majuscules), Prénom ,
qualité/institution et adresse électronique à l’adresse suivante :

[raisonsdagir@yahoo.fr->raisonsdagir@yahoo.fr]

Cette pétition accompagnée de la liste des signataires sera transmise à
la presse dans les prochaines semaines (votre adresse électronique
restera confidentielle).

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