“OUI A LA VIE”, LA MARCHE VERSION 2012.

Marie-Louise Giraud, née le 17 novembre 1903, guillotinée au matin du 30 juillet 1943 dans la cour de la prison de la Roquette à Paris, par le bourreau Jules-Henri Desfourneaux, pour avoir pratiqué 27 avortements illégaux dans la région de Cherbourg.

Depuis février dernier les différents groupes s’agitent pour la désormais presque traditionnelle marche du printemps. Non ce n’est pas le carnaval mais les marches « pour et contre la vie ».
D’un coté, faut-il le rappeler: les « pro-vie » ou plutôt anti-IVG, pour dire clairement une bande de catholiques d’un autre siècle, voulant remettre en cause le droit à l’avortement. Mais dont la campagne de communication parle aussi d’un retour aux vraies valeurs: la famille, la famille, les enfants, les grands parents, les enfants, la famille. Alors pour faire moderne, cette année c’est une femme Constance Delmas, jeune mère de famille, (faut il le préciser ) qui répond aux questions du site « infos Bordeaux », le site bien à droite à Bordeaux.
De l’autre côté « des fascistes de gauche, crasseux, éructant et ivres de bières », défendant le libre choix de disposer de son corps et de sa vie.

LA LOI SIMONE VEIL

« Infos Bordeaux: Que reprochez-vous à la loi IVG de 1975 ?
Constance Delmas: D’avoir échoué. Comme le reconnaissait Simone Veil à l’époque, elle devait répondre à un double drame : drame pour la mère, drame pour l’enfant. Quant une loi a échoué, soit on se contente, avec fatalisme, de cet échec, soit on réfléchit aux moyens à mettre en œuvre pour y remédier. C’est ce que nous tentons de faire. »
Réfléchir aux moyens pour remédier à l’échec de la loi Simone Veil, c’est de défiler à Paris et à Bordeaux. Constance Delmas, comme ses comparses de l’association « Oui à la Vie » (dont les dons sont déductibles des impôts), n’expliquent pas de quel échec et de quelles alternatives il s’agit. Pour Constance, l’échec de la loi Veil c’est de permettre l’avortement, un « crime contre-nature » et de ne pas résoudre les drames du meilleur des monde possible…

Dans les années 70, comme aujourd’hui la loi Veil est une nécessité. Le drame est une des choses de la vie. Mais la loi n’a pas à combattre contre les maux que la vie nous inflige. Alors disons oui à la vie et à l’avortement.
Le drame. Quel est le drame d’assumer un problème, une erreur, un changement de souhait par l’avortement? Rappelons que l’avortement n’est pas vécu comme un drame pour toute les femmes avortées (NDR: j’en suis une, je n’ai pas vécu cela comme un drame). Ne pas pouvoir, vouloir assumer un enfant c’est risquer le malheur : son malheur et celui d’un enfant.
Constance et l’association oui à la vie proposent comme remède à une grossesse non désirée l’accouchement sous X. N’est ce pas là un drame conséquent que de faire naître un enfant sans famille, traîné de foyer en famille d’accueil, jeté dehors à 18 ans? (en devenant alors par exemple ce jeune sentant la bière troubalant la quiétude de la citée par ces vociférantes vitupérations anarchistes si peu respectueuses des forces de l’ordre…)
S’il s’agit de faire dans le pathos, ça n’est pourtant pas bien difficile…

DU PATHOS A LA POLITIQUE

Pourtant l’argument de la vie, de la sacralité de la vie est un argument bien irréfutable. A qui bon vouloir l’imposer à autrui ? La politique est une réflexion collective. L’interdiction de l’avortement, de l’euthanasie, c’est l’interdire quelques soient les opinions, les modes de vie. C’est liberticide. Et en ce sens quiconque se réclame de la liberté ne peut être pour la pénalisation de l’avortement.

Nonobstant d’être liberticide pour tout le monde, l’interdiction de l’IVG est encore une fois un recul vis à vis du droit des femmes. Droit des femmes à disposer de leur corps, à faire le choix de la maternité.
Dans un système patriarcal, les « oui à la vie » viendraient encore faire reculer les avancées féministes.

Rendons alors plutôt hommage aux 343 qui signaient en 1971 le manifeste éponyme, risquant alors une peine de prison. C’était entre autre:
Simone de Beauvoir, Christine Delphy, Catherine Deneuve, Marguerite Duras, Brigitte Fontaine, Annie Leclerc, Violette Leduc, Marceline Loridan, Judith Magre, Jeanne Moreau, Michèle Moretti, Françoise Sagan, Nadine Trintignant, Agnès Varda, Monique Wittig.
Liberticide pour tout le monde l’association à « Oui à la vie » veut remettre en cause une lutte de presque 200 ans.

Ce qu’il y a également de notable avec l’association « Oui à la vie », c’est qu’elle se targue d’être « apolitique ». Hélas pour les pro-vies, le fait même de manifester pour la famille, et donc contre l’IVG est
déjà en soi un acte politique. Par ailleurs, pour des « apolitiques », mettre autant en avant sur leur le site le soutien que peuvent leur apporter des religieux, orthodoxes, protestants, et jusqu’à la plus
haute hiérarchie catholique locale avec Monseigneur Ricard relève au mieux de la mauvaise foi, au pire du mensonge ouvert.

Il faut dire aussi que les anti-IVG ont à cœur de faire dans le pathos. Les enfants ont une très belle place, bien en tête de cortège. De mauvaises langues murmurent qu’ils servent de boucliers humains.. En réalité, ils servent à faire pleurer dans les chaumières, désactivant ainsi de manière efficace toute pensée critique. Il ne faut pas s’y tromper, les enfants sont utilisés, au sens politicien du terme, par les
pro-vie. Ce sont des outils au service de leur communication.

ALORS COMMENT LUTTER CONTRE CES LIBERTICIDES PERSONNAGES?

voilà bien ce qui diffère des trois précédentes années où une marche printanière avait lieu à Bordeaux. Pour la première fois ce n’est pas un mais deux appels à contre manifestation qui ont vu le jour.

Ces trois précédentes contre-manifestations unitaires étaient à l’appel Collectif Bordelais pour les Droits des Femmes. Ce collectif est composé de représentants d’associations féministes (Le planning familial,
l’APAFED, la maison des femmes, femmes solidaires, etc…), d’organisations syndicales, de partis politiques et de personnes individuel(les). [ 1]

Suite à divers griefs ayant émergés lors de la manifestation de l’an dernier les anarchistes ne souhaitent plus continuer à travailler avec le reste des organisations du Collectif Bordelais pour les Droits des
Femmes. Nous sommes allés rencontrer ce collectif lors de sa réunion de préparation de cette manifestation. A la question des deux manifestations des voix se sont élevées pour dénoncer “la violence des anarchistes” et la “difficulté de composer avec leur intransigeance”. Coté anarchiste les explications touchent à “la mise en avant de certains partis politiques pendant cette marche, à l’autoritarisme de certains et au risque de récupération politique”.

Il n’en reste pas moins que si des différents émergent entre les formations (l’inverse eu été étonnant), le but poursuivi par les deux cortèges est le même: empêcher l’extrême droite bordelaise et l’association « oui à la vie » de s’exprimer. L’important est de tous occuper la rue le 24 mars face aux pro-vie.

Il y a donc deux appels:
Celui d’un rassemblement lancé par les anarchistes du GRAAF (groupe de résistance anarchiste
antifasciste):
http://gironde.demosphere.eu/node/1612
Rendez-vous 13h,place Pey Berland

et celui d’une manifestation par le Collectif Bordelais pour les Droits des Femmes:
http://gironde.demosphere.eu/node/1684
Départ 13h,place de la comédie. Direction Gambetta, circuit en ville, la manif se termine à Pey Berland.
[Dans le cadre de la préparation du cortège mené par le CBDF, un point presse est prévu jeudi 22 à partir de 12h,un atelier pancartes ayant lieu au même endroit dans l’après midi.]

Quand on interroge d’un coté comme de l’autre pour savoir comment les deux manifestations veulent cohabiter, elles répondent par l’intention de s’ignorer mutuellement.

Il ne vous reste donc qu’a choisir votre mode d’action préféré. Dans tous les cas, même chez les pro-vies, ils aimeront, vous pourrez bien chanter ça:
http://www.youtube.com/watch?v=Sbg79oJ3lbc

Nous qui sommes passé,
Les femmes
Nous qui n’avons pas d’histoire
Depuis la nuit des temps,
Les femmes nous sommes le continent noir,

Levons nous femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout debout debout,

Asservies humilié,
Les Femmes asservies vendues violées
Dans toutes les maisons,
Les femmes
Hors du monde reléguées

Levons nous femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout debout debout,

Seules dans notre malheur,
Les femmes
L’une de l’autre ignorées
Ils nous on divisées,
Les femmes
Et de nos soeurs séparées

Levons nous femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout debout debout,

Le temps de la colère,
Les femmes
Notre temps est arrivé
Connaissons notre force,
Les femmes
Découvrons-nous des milliers

Levons nous femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout debout debout,

Reconnaissons-nous,
Les femmes
Parlons-nous, regardons-nous
Ensemble on nous opprime,
les femmes
Ensemble révoltons nous,

Levons nous femmes esclaves
Et jouissons sans entraves
Debout debout debout,

Levons nous femmes esclaves
Et jouissons sans entraves
Debout debout debout,
Debout debout
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Le collectif IndyMedia Bordeaux

bordeaux.indymedia.org

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1 : AC Gironde, APAFED, CGT Gironde , CDGM 33, EELV Aquitaine, Femmes solidaires La Teste, FSU 33 , Maison des Femmes BX, MJS 33, NPA 33, Osez le Féminisme 33, PCF 33, Planning Familial de la Gironde, PRG, PS 33, SOS racisme Gironde, Sud étudiant, UNEF Bordeaux, des individuel-le-s…