Notes sur le mouvement anarchiste internationaliste en grande-bretagne
Catégorie : Global
Thèmes : Actions directesAntifascismeResistances
Ce texte ne prétend pas reprendre de manière exhaustive, d’un point de vue marxiste, l’histoire du mouvement anarchiste en Grande-Bretagne écrite d’un point de vue marxiste, ni ses relations avec les traditions marxistes. Une telle tâche est nécessaire mais elle prendra du temps, de la réflexion et de la discussion. Le but de ces notes est beaucoup plus modeste : servir de base à une reconnaissance et une compréhension que l’anarchisme en Grande-Bretagne, comme ailleurs, a son aile révolutionnaire internationaliste, donc capable de nous permettre alors de corriger certaines erreurs significatives que nous avons faites à l’égard de plusieurs de ses expressions organisées. Centrer son attention sur ces expressions organisées ne pourra jamais donner une complète image de l’anarchisme, qui, presque par définition, contient un grand nombre d’individus « inorganisés »1, mais c’est une voie nécessaire pour comprendre les principaux courants historiques du mouvement anarchiste du Royaume-Uni.
1) L’anarchisme en Grande-Bretagne se réclame de ses prédécesseurs spécifiques : Winstanley pendant la Guerre civile anglaise, William Goldwin et William Blake à la fin du 18e siècle, le poète Shelley. Mais il n’y a pas d’équivalents aux figures majeures de l’anarchisme dans la période ascendante, comme Proudhon, dont la vision d’artisan avait déjà été dépassée par le développement de l’industrie capitaliste et celui d’un mouvement ouvrier organisé en Grande-Bretagne. De même, le bakouninisme a eu peu d’impact dans les sections britanniques de l’Internationale des années 1869 et 1870. Cependant, une variante du bakouninisme – avec sa mise en avant d’une organisation conspirative et d’un insurrectionisme violent se fondant dans le terrorisme – s’est implantée au Royaume-Uni dans le mouvement des années 1880, via des « immigrants » comme Johann Most. Ce type d’anarchisme était très fort dans les clubs d’exilés qui surgirent dans l’East End de Londres en particulier, et devait avoir un impact largement négatif sur le développement de l’anarchisme en Grande-Bretagne. Ce milieu était un sol fertile pour les flics et les informateurs de tout poil, comme on voit par exemple dans le rôle joué par Auguste Coulon dans le procès et l’emprisonnement des anarchistes de Walsall, qu’il avait attirés dans un complot ridicule avec des bombes artisanales .
2) Mais chez de nombreux anarchistes qui tentèrent de se relier au mouvement ouvrier, à la fois dans ses dimensions économiques et historiques, dans les années 1880, en Grande-Bretagne et partout en Europe, il n’y avait pas de ligne de démarcation rigide entre anarchistes et socialistes. Des éléments comme Joseph Lane et Frantz Kitz étaient plus ou moins des communistes libertaires, et étaient depuis le début opposés à toute forme de parlementarisme. Ils rejoignirent néanmoins la Fédération social-démocrate et s’en séparèrent ensuite en compagnie de William Morris, d’Eléanor Marx et d’autres pour former la Ligue Socialiste (Socialist League – SL) en 1885. La SL était elle-même déjà déchirée par des désaccords entre le courant autour de Marx et Aveling – soutenue par Engels – et le courant anti-parlementaire qui était conduit au début par Morris mais qui s’orientait de plus en plus dans une direction anarchiste. Le Manifeste Communiste anti-étatique (Anti-statist Communist Manifesto) fut la position la plus représentative de cette tendance. Le fossé grandissant entre ces deux tendances fut une manifestation classique des difficultés à élaborer une orientation révolutionnaire claire dans cette période de croissance capitaliste triomphante. D’un côté, Engels, Eléanor Marx et Aveling insistaient justement sur le besoin des groupes socialistes de rompre avec l’isolement sectaire et de s’impliquer dans l’évolution réelle du mouvement ouvrier, qui dans les années 1880 se développait sous la forme de grèves et de formation de nouveau « trade-unions » qui recrutaient sur une base plus large. Le côté négatif de cette insistance se solda par une difficulté à résister à la poussée du réformisme et de l’opportunisme, qui étaient un danger particulièrement fort dans les sphères parlementaires et municipales, comme on le vit à travers le développement de courants purement réformistes comme celui des Fabiens. En retour, cela renforça la tentation de Morris et d’autres de retomber dans une sorte de purisme abstrait qui – comme le SPGB2 d’aujourd’hui – voyait dans son principal champ d’action comme étant de “faire concurrence aux socialistes » ; parallèlement à cela, nombre d’éléments anarchistes au sein de la Ligue étaient tirés vers les pires sortes d’aventurisme et de positions violentes, ce qui conduisit Morris à quitter la Ligue en 1890.
3) Aux côtés de ces développements, l’anarchisme en Grande-Bretagne vers la fin du 19e siècle trouva d’autres expressions. Il y avait le communisme anarchiste plus sobre, plus théorique de Kropotkine, dont les réflexions sur l’évolution dans L’entraide mutuelle et sur la société future dans ses travaux comme Champs, Usines et Ateliers (Fields, Factories and Workshops) sont toujours à prendre en considération. En contraste avec le « mutualisme » de Proudhon, qui envisageait une société future explicitement fondée sur des relations d’échange, et au « collectivisme » de Bakounine, qui était une sorte de moyen terme entre Proudhon et le communisme, Kropotkine défendait explicitement un mode communiste de production fondé sur l’abolition du travail salarié et de la production marchande. Kroptkine et Morris étaient certainement d’accord sur la nature de la société qu’ils voulaient atteindre et le “Prince anarchiste” (Kropotkine) était un orateur occasionnel dans les meetings de la Société Socialiste d’Hammersmith dans laquelle Morris maintînt son activité militante après s’être séparé de la Ligue. Aussi importante fut la contribution de l’anarchiste allemand Rudolf Rocker dont le domaine principal d’activité se déroulait dans le milieu des anarchistes juifs de l’East End et sa publication Arbeter Fraint. Comme cela est relaté dans le livre de William Fishmann, East End Jewish Radicals 1875-1914, le groupe Arbeter Fraint était directement relié à de réelles luttes ouvrières, spécialement dans les grandes grèves de l’industrie textile des années 1900. Rocker prit une position internationaliste face à la Première Guerre mondiale, s’opposant ouvertement aux positions de Kropotkine. Une autre catégorie de l’anarchisme au Royaume-Uni est celle représentée par les formes plus artistiques et utopistes de figures telles qu’Edward Carpenter.
4) L’approche d’une nouvelle époque de la vie du capitalisme et de la lutte des classes a amené des développements significatifs pour le mouvement anarchiste. Les années 1900 ont vu un surgissement majeur dans la lutte des classes et la recherche de nouvelles formes d’organisation qui pouvaient aller au-delà à la fois de la bureaucratie et du réformisme des syndicats établis, et de strict parlementarisme de groupes comme le SDF.3 La réponse de nombreux militants ouvriers a été de se tourner vers le syndicalisme ou l’unionisme industriel, bien qu’il n’existât pas d’équivalent soit comme la CNT en Espagne, la CGT en France ou les IWW aux Etats-Unis, qui auraient pu remplir la fonction de réels organes de lutte. Des groupes comme la Ligue d’Education Industrielle Syndicaliste (Industrial Syndicalist Education League), formée en 1910, ne furent jamais réellement plus que des groupes de propagande pour les syndicats révolutionnaires. Malgré cela, ce syndicalisme a développé une réelle présence dans certaines dans l’apparition du mouvement des shop-stewards pendant la guerre. La majorité des éléments impliqués dans ce mouvement étaient de vrais internationalistes, participant activement dans les grèves de l’industrie d’armement et ailleurs, et vinrent soutenir la révolution d’Octobre et la Troisième Internationale dans sa phase initiale.
5) La Première Guerre mondiale divisa le mouvement anarchiste comme elle le fit pour les marxistes. Le plus connu, Kropotkine, abandonna ouvertement l’internationalisme, soutenant la France « démocratique » contre le militarisme allemand, et d’autres suivirent inévitablement ce sillon. La majorité des anarchistes s’y opposèrent, bien que certains d’un point de vue essentiellement pacifiste. Les pages de Freedom, le journal que Kropotkine avait aidé à fonder, donnaient lieu à de violentes polémiques sur la question de la guerre. Il est notable, cependant, qu’il semblait y avoir eu peu de choses dans la voie d’une d’opposition organisée à la guerre, sur des bases spécifiquement anarchistes. La période de la guerre est mise en valeur dans le livre de Woodcock, et son chapitre traitant de l’anarchisme en Grande-Bretagne4 passe rapidement sur la période de la guerre, vue comme une période de déclin de cette mouvance, du fait de la répression d’Etat, et l’histoire tout à fait détaillée de l’anarcho-communisme publiée par la Fédération Anarchiste en Grande-Bretagne5 parle principalement du travail que les anarchistes firent dans des groupes comme la North London Herald League aux côtés des socialistes, ou du groupe animé par Guy Aldred. L’histoire du syndicalisme publiée par de la Fédération de la Solidarité ( Solidarity Federation) en Grande-Bretagne6 est encore moins explicite quand elle traite de cette période cruciale. Ceci met en valeur l’importance du groupe d’Adred basé à Glasgow qui publiait L’Eperon (The Spur) (et plus tard la Commune Rouge-Red Commune). Au sein du mouvement anarchiste de Grande-Bretagne, le groupe d’Aldred prit la position la plus claire sur la guerre et essaya de jeter un pont au dessus du fossé creusé entre l’anarchisme et le marxisme, travaillant avec des éléments du Parti Socialiste Travailliste (Socialist Labour Party) et soutenant ardemment les Bolcheviks dans la première phase de la Révolution russe. Aldred peut être considéré comme l’équivalent britannique de la tendance « anarchiste soviétique » pendant la vague révolutionnaire et comme un élément-clé de la tradition « communiste anti-parlementaire » qui unifia des éléments de l’anarchisme internationaliste et du communisme de conseils. La Fédération Communiste Anti-Parlementaire (Anti-Parliamentary Communist Federation – APCF) fut formée en 1921 et maintînt son activité pendant plus de 20 ans, malgré le fait qu’Aldred s’en soit séparé en 1934 et qu’il en vint à rechercher une unité plus large via le Mouvement Socialiste unifié (United Socialist Movement), s’égarant parfois dans des directions plutôt douteuses. L’APCF, qui changea son nom en Ligue des Ouvriers Révolutionnaires (Workers’ Revolutionary League) en 1941, prit une position rigoureusement internationaliste contre la Seconde Guerre mondiale, la définissant comme impérialiste des deux côtés : cela est rapporté par le livre de Mark Shipway, Communisme anti-parlementaire, Le mouvement des conseils ouvriers en Grande-Bretagne 1917-1945, Anti-Parliamentary Communism, The Movement for Workers Councils in Britain 1917-1945, publié en 1988, tout comme dans notre propre livre sur La Gauche communiste britannique. Cette tradition communiste de conseils disparaîtra essentiellement autour de 1945, mais elle renaquit brièvement dans les années 1980 avec la publication Etoile noire (Black Star).
6) Le mouvement anarchiste, comme les communistes de gauche autour du Workers’ Dreadnought, semble être entrés dans une période de déclin du milieu des années 1920 au milieu des années 1930, ce qui correspond à la victoire de la contre-révolution. La guerre d’Espagne conduisit à un renouveau des idées anarchistes mais il est remaquable de constater que le mouvement en Grande-Bretagne abritait une aile gauche autour de Marie-Louise Berneri et de Vernon Richards, qui étaient très critiques envers les compromissions et les trahisons de droite des plus hauts responsables de la CNT au sein de l’Etat républicain, et ce fut la même tendance, à travers le magazine Commentaire de guerre (War Commentary), qui maintint une attitude internationaliste pendant la Seconde Guerre mondiale (cela est également relaté dans notre livre sur La Gauche communiste britannique)7. En 1944, les éditeurs de War Commentary furent envoyés devant les tribunaux pour sédition. Après 1945, War Commentary fut remplacé par une nouvelle série, Freedom, qui a continué depuis lors, bien que pas nécessairement avec la même politique de classe. Parallèlement à cela, une Fédération Anarchiste de Grande-Bretagne (Anarchist Federation of Britain – AFB), organisation clandestine, était mise sur pied au début de la guerre ; en 1944, l’AFB était fortement influencée par un groupe d’anarcho-syndicalistes qui forma en 1954 la Fédération Ouvrière Syndicaliste (Syndicalist Workers’ Federation, qui publiait l’Association Internationale Ouvrière (International Workers’ Association), publiant Action Directe (Direct Action) et s’alignait sur l’Association Internationale Ouvrière des Travailleurs. Ce groupe prit une position claire sur le programme de nationalisation d’après-guerre du Labour Party et publia un des rares compte-rendus contemporains sur l’insurrection ouvrière en Hongrie écrit d’un point de vue prolétarien. Les difficultés de l’engagement politique des années 1950 conduisirent aussi au rétrécissement du SWF en un seul groupe à Manchester, mais il se joignit plus tard à d’autres éléments pour former le Mouvement d’Action Directe (Direct Action Movement) en 1979, qui se transforma en Fédération de Solidarité (Solidarity Federation – Solfed) en 1994. Aussi, contrairement à l’article publié dans WR n° 109 de novembre 1987, qui argumentait le fait que le DAM était à la racine une variété gauchiste du syndicalisme de base, Solfed est de fait l’héritage d’une tradition ouvrière qui –malgré toutes ses ambiguïtés sur les syndicats et d’autres questions – plonge ses racines dans l’internationalisme.
L’anarchisme internationaliste des années 1950 à aujourd’hui
7) Les années 1950 ont été décrites comme une “période de somnolence” pour l’anarchisme en Grande-Bretagne8. Mais les bouleversements des années 1960 apportèrent une renaissance des idées libertaires sur différents fronts, par exemple comme aile radicale des manifestations du CND9 ou comme élément dans l’émergence des « mouvements » autour de la politique sur les questions sexuelles, de l’environnement, et de la vie quotidienne en général. L’anarchisme britannique dans les années 1960 et au début des années 1970 a aussi connu un bref flirt avec la Propagande par le Fait sous la forme de la « Angry Brigade » (« Brigade de la Colère »). Tout aussi important fut le travail du groupe Solidarity émanant de Socialisme ou Barbarie, et initié par des gens qui avaient rompu tardivement avec le trotskisme. Plus proches du conseillisme que de l’anarchisme, les publications de Solidarity ont connu un impact important avec une audience anarchiste/libertaire plus large10. En 1963, une nouvelle Fédération Anarchiste de Grande-Bretagne (Anarchist Federation of Britain) fut créée pour regrouper toutes les différentes variétés de l’activité anarchiste, mais comme Nick Heath (membre fondateur de l’actuelle AF) le rappelle dans son essai sur le mouvement anarchiste depuis les années 196011, ce n’était même pas une fédération mais un patchwork de tendances contradictoires allant des anarcho-syndicalistes aux communistes-anarchistes, des individualistes aux pacifistes et aux défenseurs de « la vie quotidienne». Heath utilise même le terme « marais » pour décrire le poids de l’anarcho-libéralisme et de la théorisation de « lubies » de toutes sortes dans l’AFB.
8) Sous l’impact du réveil international des luttes ouvrières après Mai 1968, il y eut une réaction contre ce marais et différentes tentatives pour développer une tendance anarchiste de lutte de classe avec une forme plus effective d’organisation. L’Organisation des Anarchistes Révolutionnaires (Organisation of Revolutionary Anarchists), formée autour de 1970, fut une tentative de mettre cet effort en pratique, en se reliant principalement à La Plateforme Organisationnelle des Communistes Libertaires (The Organizational Platform of the Libertarian Communists [2]) produite en 1926 par Archinov, Ida Mett, Makhno et d’autres réfugiés de la défaite en Russie. La Plateforme avait, tout à fait correctement, argumenté qu’une des raisons à l’écrasement de la résistance à la contre-révolution en Russie s’était trouvée dans le fait que ceux qui avaient résisté, et en particulier les anarchistes, avaient totalement manqué de cohérence organisationnelle et politique. Cela était fondamentalement une saine réponse de classe au problème de s’opposer à la dégénérescence de la révolution. Hélas, l’histoire du « plateformisme » semble avoir été que la recherche d’une telle cohérence avait conduit à la constitution d’un gauchisme sur un terrain bourgeois, généralement sous sa forme trotskiste. La faillite de l’ORA a souligné la force de cette difficulté, une grande part de ses éléments glissant vers différentes formes de gauchisme – certains vers le trotskisme pur et simple, d’autres vers une forme plus libertaire de la même approche, comme l’exprime l’exemple du Libertarian Communist Group (Groupe Libertaire Communiste) des années 1970, dont une partie fusionna avec les néo-maoïstes de « Grande Flamme » (Big Flame). Des formes plus récentes de cette sorte « d’anarcho-trotskisme » incluent le Groupe Anarchiste Ouvrier (Anarchist Workers Group [3]), qui a soutenu le régime de Saddam Hussein contre « l’impérialisme » dans la Guerre du Golfe, et l’actuel Mouvement de Solidarité Ouvrière (Workers’ Solidarity Movement [4]) en Irlande qui n’hésite pas à appeler à la nationalisation des matières premières irlandaises et plaide le soutien à « l’anti-impérialisme » (c’est-à-dire au nationalisme) en Irlande.
9) Au milieu de la fin des années 1980, nous avons assisté à deux principaux développements du mouvement anarchiste organisé : la montée spectaculaire de Guerre de Classe (Class War), et le plus modeste mais beaucoup plus substantiel développement de la Fédération Communiste Anarchiste (Anarchist Communist Federation), aujourd’hui l’AF. A propos de Class War, la partie du livre de Nick Heath concernant ce groupe peut être citée entièrement : « Class War, qui a émergé en tant que groupe autour du journal du même nom au milieu des années 1980, s’est transformé en Fédération de Guerre de Classe (Class War Federation) en 1986. Le groupe ultérieur était fait d’activistes qui rejetaient le pacifisme, l’ancrage à la vie quotidienne et le mouvement hippy qui étaient les tendances dominantes au sein de l’anarchisme britannique. En cela, il représentait un salutaire coup de pied au cul à ces mouvements. De plus, comme dans les actions de « Stop the War ! », il rejetait l’apathie comme la routine. Il poussait vers l’apport de solutions organisationnelles dans sa recherche de développement d’une Fédération. Mais il s’englua dans un populisme qui fut parfois crasse, dans sa recherche de « trucs spectaculaires » pour attirer l’attention des médias. Dans sa quête de publicité, il alla assez loin pour s’immerger dans un électoralisme populiste comme par exemple à travers son engagement dans les primaires électorales de Kensington. Ces contradictions devaient bien sûr conduire à la rupture avec la vieille CWF, avec une critique parfois tranchante. Cependant, aucune alternative organisationnelle ne fut proposée au-delà d’une conférence à Bradford qui tenta d’atteindre d’autres anarchistes et d’offrir une approche non-sectaire vers l’unité de ceux qui étaient sérieusement intéressés à faire avancer le mouvement. Hélas, ces mouvements étaient morts-nés et la plupart de ceux qui avaient avancé des critiques sur l’ancienne façon d’opérer sortirent ensemble et abandonnèrent toute activité. Un groupe croupion survécut, qui a été soutenu par le maintien de Class War à la fois comme groupe et comme journal dans la même vieille veine. »
La citation qui suit est de “ACF- Les premières dix années” (ACF- The first ten years) : “Le naufrage du communisme anarchiste de la fin des années 1970 a signifié qu’il n’y avait pas d’organisation communiste anarchiste, pas même à l’état de squelette, qui aurait pu se relier aux émeutes de 1981 et à la grève des mineurs de 1984-85 aux mobilisations comme les actions de Stop the City de 1984. Mais à l’automne 1984, deux camarades, dont un vétéran de l’ORA/AWA/LCG, sont revenus de France où ils avaient vécu et travaillé et où ils avaient été impliqués dans le mouvement communiste libertaire. La décision fut prise de mettre sur pied le Groupe de Discussion Libertaire Communiste [Libertarian Communist Discussion Group, LCDG] avec l’objectif de créer une organisation spécifique. Des copies de la Plateforme Organisationnelle des Communistes Libertaires [Organisational Platform of the Libertarian Communists] furent distribuées dans les librairies, avec une adresse de contact pour le Groupe de Discussion Anarchiste-Communiste (Anarchist-Communist Discussion Group, ACDG). Les progrès étaient lents, jusqu’à un contact avec le camarade qui produisait un magazine dupliqué qui se définissait comme “anarcho-socialiste”. Ce camarade avait rompu avec la politique du SWP12 et s’engageait rapidement dans une direction anarchiste. Mis à part son sens de l’humour, Virus se signalait par ses critiques du léninisme et du marxisme – rien d’étonnant étant données les expériences passées du camarade. A partir du numéro 5, Virus devint la pièce maîtresse du LCDG, et publia une série d’articles sur l’organisation libertaire. D’autres personnes étaient attirées par le groupe, et il se transforma en ACDG, qui proclamait que son but à long terme était de mettre en place une organisation anarchiste-communiste. Cela arriva plus tôt que prévu, avec la croissance du groupe, et une partie du Mouvement d’Action Directe (Direct Action Movement), Syndicalist Fight (Combat Syndicaliste) fusionnant avec le groupe. En mars 1986, la Fédération Anarchiste Communiste était officiellement fondée, avec accord d’ensemble sur les buts et les principes et la structure constitutionnelle qui avait été développé dans les six mois précédents13. »
10) Etant donné que certains des éléments impliqués dans la formation de l’AF se sont trouvés dans la mouvance qui conduisit de l’ORA au Groupe Libertaire Communiste néo-gauchiste (Libertarian Communist Group), il n’est pas surprenant que le CCI vit à l’origine la Fédération Communiste Anarchiste (Anarchist Communist Federation) comme une autre expression de ce type gauchiste de l’anarchisme14, spécialement parce que, depuis le début, nombre de ses activités paraissait offrir peu de choses d’autre qu’un vernis anarchiste recouvrant la participation à une pléthore de campagnes gauchistes, dont l’implication dans l’anti-fascisme n’était pas le moindre. Cependant, ce que cette position a raté s’est trouvé dans le fait que l’ACF contenait certains éléments qui indiquaient une tentative d’éviter de sombrer complètement dans le gauchisme. La désertion vers le trotskisme de membres fondateurs de l’ORA n’allait pas à l’époque sans une certaine opposition et donna lieu à des ruptures qui donnèrent naissance à différents groupes à la vie éphémère, telle l’Association des Ouvriers Anarchistes (Anarchist Workers’ Association) ; mais peut-être plus important, ceux qui formèrent l’ACF essayèrent de tirer des leçons-clé de toute cette expérience, au moins sur les questions des syndicats et des libérations nationales : « Ce qui est surtout remarquable, c’est la saut qualitatif que l’ACF a fait dans sa critique des syndicats. Une critique de l’anarcho-syndicalisme était approfondie et renforcée. En meme temps, l’ACF rompait avec les idées du syndicalisme de base qui avaient caractérisé la période ORA/AWA/LCG, tout comme avec des notions sur la libération nationale et l’auto-détermination des peuples. (ACF – the first ten years) De même, plutôt que d’adhérer dogmatiquement à la tradition “plateformiste”, l’ACF vit nombre de ses différents courants comme faisant partie de son héritage historique, comme on peut le voir dans la série d’articles « Dans la Tradition » qui commence dans Organise 52. Ces derniers incluaient la « plateforme 26 », Les Amis de Durruti, Socialisme ou Barbarie et les communistes de Gauche allemands, hollandais et anglais. Mais, manquant d’une réelle compréhension des tendances internationalistes dans l’anarchisme, et convaincus que l’ACF était issue du gauchisme sans nous questionner réellement sur ses origines, nous avons répondu à ces développements en interprétant l’intérêt de l’ACF envers la Gauche communiste comme une forme de parasitisme, alors même que l’ACF était loin de correspondre à notre définition d’une organisation parasitaire15. Ces fausses assertions ont été renforcées par la décision de l’ACF de retirer “communiste” de son nom à la fin des années 1990.
11) A Londres en 1886, lors d’un congrès houleux de l’Internationale Socialiste, la tentative des délégations anarchistes de rejoindre l’organisation fut rejetée, marquant l’exclusion définitive des anarchistes de l’Internationale. Le vote pour les exclure était mené sur une base qui avait été discutée dans certaines sections que certains trouvaient douteuses, et nombre des socialistes présents, soit physiquement soit en suivant ce qui s’y passait (y compris Keir Hardie et William Morris) s’opposèrent à cette décision. Nous n’évaluerons pas ici ces évènements ; mais ils illustrent la difficile et souvent traumatique relation entre les ailes anarchistes et marxistes du mouvement ouvrier, qui était encore actuelle à travers la rupture entre Marx et Bakounine à la fin de la Première Internationale. Des moments d’attraction et de répulsion continuèrent à perdurer à travers l’histoire du mouvement. Les énormes perspectives ouvertes par la vague révolutionnaire qui débuta en 1917 donna naissance à des espoirs que la rupture traditionnelle entre les révolutionnaires marxistes et anarchistes soient remise en cause, avec les anarcho-syndicalistes assistant au premier congrès de la Troisième Internationale et les anarchistes combattant aux côtés des bolcheviks pour le renversement du pouvoir bourgeois en Russie. Ces espoirs furent très rapidement déçus, d’abord parce que les bolcheviks, pris dans le carcan du nouvel Etat soviétique, commencèrent à supprimer les autres expressions du mouvement révolutionnaire en Russie, principalement chez les anarchistes. Il est certainement vrai que certains anarchistes – comme ceux qui avaient tenté de faire sauter le quartier général bolchevique de Moscou en 1918 – manquèrent d’un certain sens des responsabilités révolutionnaires, mais la répression mise en œuvre par les bolcheviks attaquait les tendances clairement prolétariennes comme celle des anarcho-syndicalistes autour de Maximoff. Le triomphe mondial de la contre-révolution renforça ensuite l’isolement et la séparation des minorités révolutionnaires qui restaient, bien qu’il y eut des moments de convergence, par exemple entre les communistes de conseils et des expressions de l’anarchisme, entre la Gauche italienne et le groupe autour de Camillo Berneri en Espagne (Camillo était le père de Marie-Louise Berneri, qui avait été active dans le groupe War Commentary en Grande-Bretagne, comme nous le mentionnons au début de cet article). Mais le rôle de la CNT en Espagne et la participation ouverte de certaines tendances anarchistes dans la Résistance et même dans les armées officielles de la « Libération », accentua la division entre l’anarchisme et les marxistes, particulièrement ceux qui venaient de la Gauche communiste italienne, enclins à conclure que l’anarchisme dans son ensemble avait pris le chemin du trotskisme en abandonnant définitivement l’internationalisme, et donc le mouvement ouvrier, pendant la guerre16.
12) Les batailles de Mai 68 se firent souvent sous les drapeaux rouges et noirs – exprimant symboliquement une tentative de retrouver ce qui était à l’origine révolutionnaire dans les traditions anarchiste et marxiste. Un certain nombre des groupes qui formèrent le CCI avaient commencé leur existence dans l’anarchisme d’une façon ou d’une autre, aussi depuis le début de notre organisation, il y a eu une compréhension que l’anarchisme était tout sauf un bloc monolithique et que beaucoup de la nouvelle génération, dans leur rejet ardent de la social-démocratie et du stalinisme, avaient été initialement attirés par les idéaux de l’anarchisme. En même temps, cette attitude plus ouverte était accompagnée d’un besoin de se démarquer en tant que tendance distincte avec des positions cohérentes ; et, sous l’influence de l’immaturité politique et d’un manque de connaissance historique, cette réponse nécessaire allait souvent de pair avec une attitude quelque peu sectaire. Le débat du CCI sur les groupes prolétariens dans les années 1970 fut la première tentative consciente de dépasser ces réactions sectaires. Mais le milieu politique prolétarien traversa une phase de crise au début des années 1980 et celle-ci inclut l’affaire « Chénier » dans le CCI. Dans une large mesure, la crise qui affecta le CCI avait son épicentre en Grande-Bretagne, et ses conséquences furent de créer un mur de suspicion autour du CCI, plus particulièrement parmi les courants libertaires qui tendirent à voir nos efforts pour défendre l’organisation comme des expressions d’un stalinisme congénital. Ce mur n’a jamais été réellement brisé. Malgré des moments de dialogue17, les relations entre le CCI et le milieu anarchiste/libertaire en Grande-Bretagne ont été particulièrement difficiles : à la fin des années 1990, le CCI avait été exclu du groupe Not War but the Class War formé en réponse à la guerre des Balkans et banni des réunions de AF à Londres. Il faut aussi admettre que les propres erreurs du CCI contribuèrent à ce piteux état des relations : en particulier, une caractérisation erronée comme groupes gauchistes du Mouvement d’Action Directe et d’AF , basée sur l’ignorance de leur fondement historique, et une application schématique et un peu lourde de la notion de parasitisme politique dans le contexte du groupe « Not War but the Class War ». En même temps, l’attitude suspicieuse et parfois non-fraternelle des anarchistes envers le CCI a des racines plus profondes dans l’histoire et la théorie, surtout en relation avec la question de l’organisation des révolutionnaires, et ces racines ont aussi besoin d’être soigneusement réexaminées. Malgré tous ces obstacles, l’apparition depuis le début des années 2000 d’une nouvelle génération de révolutionnaires a attiré vers les idées révolutionnaires, largement médiatisée à travers le communisme libertaire, a fourni la possibilité d’un air frais nouveau. Par notre participation dans les forums de discussion en ligne, comme libcom, il est devenu évident pour nous qu’il y a de nombreux camarades s’appelant anarchistes ou libertaires qui défendent des positions prolétariennes sur les syndicats, le nationalisme et la guerre impérialiste, et que cela inclut des membres de groupes ou de traditions que nous avions considéré par le passé comme gauchistes, tels AF ou Solfed. Ceci a conduit à une réévaluation de notre part, renforcé par nos discussions internationales, et même un travail commun, avec des groupes en Amérique latine. Cette réévaluation a été bien saluée par certains anarchistes, bien que beaucoup la voient comme une tactique opportuniste de « recrutement » de notre part, et nos relations avec ce milieu connaissent toujours des hauts et des bas. Mais pour nous, le maintien d’un dialogue avec les éléments prolétariens dans l’anarchisme est la seule base de dépassement possible des méfiances qui existent entre les ailes marxiste et anarchiste du mouvement révolutionnaire, et pour parvenir à une clarification permettant d’exercer une activité commune en dépit de nos différences.
Courant Communiste International
1 Un exemple premier étant l’extraordinaire Dan Chatterton, qui a écrit de sa propre main et publié Le Brulôt Communiste athée (Atheistic Communist Scorcher) de 1884 jusqu’à sa mort en 1895.
2 Socialist Party of Great Britain
3 Social Democratic Federation
4 George Woodcock, L’anarchisme : une histoire des idées et des mouvements libertaires (Anarchism: A history of libertarian ideas and movements), publié pour la première fois en 1962, édition revue en 1986.
5 http://www.afed.org.uk/org/issue42/acbrit.html [1]
6 http://www.solfed.org.uk/?q=a-short-history-of-british-…alism [2]
7 Un recueil d’articles de War Commentary a été publiée dans un ouvrage intitulé Ni Est ni Ouest, sélection des écrits de Marie-Louise Berneri (Neither East nor West, selected writings of Marie Louise Berneri aux éditions Freedom Press, 1952.
8 George Woodcock, Anarchism, A history of libertarian ideas and movements, 1986 edition, p 386. Décrivant la même période en France, il utilise le terme “d’anarchisme officiel” pour décrire les restes fossilisés du mouvement.
9 Campaign for Nuclear Disarmament
10 Un phénomène similaire peut être vu dans l’influence du groupe Wildcat et son heir Subversion dans les années 1980 et 1990 : ils ont aussi développé un mélange de conseillisme et d’anarchisme qui eut une résonnance fairly large sur la scène libertaire en général. Une histoire plus développée de l’anarchisme au Royaume-Uni devrait inclure une évaluation de ces groupes, dont les origines se trouvent plus comme branche du communisme de gauche que dans l’anarchisme en soi.
11 http://libcom.org/library/the-uk-anarchist-movement-loo…rward [6]
12 Socialist Workers’ Party – trotskyste, de la tendance Tony Cliff
13 http://www.afed.org.uk/org/issue42/acbrit.html [1]
14 http://en.internationalism.org/wr/238_leftcom.htm [7]
15 Nous avons ainsi défini un groupe parasitaire comme un groupe qui a la même plateforme qu’une organisation communiste existante et existe principalement pour l’attaquer et la saper. Mais la plateforme de l’ACF n’était nulle part proche de celle des groupes de la Gauche communiste et montrait un manque d’intérêt consistent à l’égard de ces organisations. D’un autre côté, il y a eu des groupes gauchistes qui ont agi comme des parasites destructeurs sur la Gauche communiste, tels l’UCM iranienne ou le groupe Hilo Rojo, et nous basions notre position de l’ACF sur notre expérience vis-à-vis de ces groupes. En d’autres termes, la notion de l’ACF comme parasitaire était une conséquence du fait que nous la voyions comme étant gauchiste.
16 Il y eut des exceptions. Par exemple, Marc Chirik de la Gauche communiste en France a maintenu une relation très fraternelle avec Voline pendant la guerre : le groupe de Voline était certainement internationaliste. De même, bien que la Gauche communiste de France se soit vigoureusement opposée à l’invitation des principales organisations anarchistes à la conférence d’après-guerre des internationalistes en Hollande, ils n’eurent pas d’objection à ce qu’un vieux militant anarchiste, contemporain d’Engels, dirige la réunion.
17 Par exemple la participation du CCI dans des reunions du London Worker’s Group dans les années 1980 et la “troisième” incarnation de « No War but the Class War » au sujet de la guerre en Afghanistan en 2001.
Suivant la modé prudence n°3 (cf dans la page « vie du collectif »), cet article a été mis en débat. Si votre site a beaucoup de publication, publiez plutôt des « digests ».
Voilà-t-y pas que des léninistes primaires se mêlent de donner des notes au mouvement anarchiste en classant ses composantes selon leurs intérêts !
Les cécéistes britanniques ont l’air coulé dans le même moule que leurs homologues français, qui nous avaient déjà bien fait rire :
Gauche communiste et anarchisme internationaliste :
http://nantes.indymedia.org/article/21290
http://nantes.indymedia.org/article/22127
Le fait de désigner les seuls militants de l’AIT comme « anarchistes internationalistes » voudrait donc dire que les autres anars seraient nationalistes. Ils ne manqueront pas d’apprécier le jugement pertinent des « spécialistes » en révolution.
Mais même chez ceux sur qui on passe sélectivement la brosse à reluire, il y a quelques réactions salutaires.
Lu dans les réactions à un autre article mémorable du CCI : « Les anarchistes et la guerre »
« Le CCI a doctement rédigé ce fort long article pour expliquer que – globalement – les anarchistes étaient des socio-traitres vendus à la Nation.
Mais que fort heureusement une petite minorité se détachait de l’anarchisme officiel, sous l’influence de la Glorieuse révolution bolchévique (du moins jusqu’à un certain stade) et rejoindre dans un élan de conversion mystique la gauche communiste, amen. »
http://fr.internationalism.org/ri405/les_anarchistes_et….html
C’est assez bien résumé !
Effectivement, les soi-disant « anarchistes » qui soutiennent le nationalisme palestinien, pour ne prendre que cet exemple, ne sont aucunement des internationalistes et ne peuvent pas prétendre l’être : la défense du nationalisme sous quelque forme que ce soit est une défense des intérêts d’une bourgeoisie nationale contre une autre et n’a rien à voir avec les intérêts des exploités.
L’internationalisme est la reconnaissance que les exploités ont des intérêts communs contre la bourgeoisie comme un tout, contre toutes les bourgeoisies nationales, et la défense conséquente de ces intérêts. Il en est ainsi depuis la naissance de la Ligue des Communistes en 1847. Si le commentateur précédent n’est pas d’accord, qu’il nous donne SA définition de l’internationalisme, qu’on juge sur pièces…
Les anarchistes ne soutiennent aucun nationalisme. Ils soutiennent les Palestiniens qui résistent à l’occupant et à leur nettoyage ethnique, choses que ne peuvent pas comprendre des bureaucrates qui parlent à la place des autres.
Les anarchistes israéliens n’ont évidemment rien à voir avec les « anarchistes » de la CNT-AIT, les seuls à mériter le titre d’« internationalistes » par décision du bureau politique du CCI.
INFORMATION DES ANARCHISTES CONTRE LE MUR EN PROVENANCE D’UNE ZONE DE GUERRE
http://www.etoile-rouge.fr/desinformation/information-d…nce-d’une-zone-de-guerre/
Les anarchistes israéliens utilisent l’action directe, ils ne disent pas aux opprimés ce qu’ils doivent faire. Au moment de la boucherie de Gaza par l’armée de tueurs d’enfants :
« L’électricité reviendra lorsque Israël cessera d’en priver les habitants de Gaza. » Une telle annonce avec le sigle de la compagnie générale d’électricité israélienne a semé la panique mercredi à Tel Aviv, Jerusalem et Haïfa, où des centaines d’israéliens affolés se sont rués sur le central d’appels téléphoniques de la Compagnie d’électricité : un bon petit tour que leur avaient joué les anarchistes israéliens… »
Une réaction :
« Pousse-toi, la Paix Maintenant. Et vous, hippies vieillissants, rangez vos calicots et vos bouteilles d’eau, vous qui avez, sans résultat, participé à des rassemblements pour « donner une chance à la paix », au cours de ces quarante dernières années. Maintenant que la séance de photos à Annapolis est terminée, préparez-vous à affronter l’avenir. […]
Ma favorite parmi les réponses à cette action a été « Nou, higzamtem », qu’on pourrait traduire par « Allez, les gars, cette fois, vous avez exagéré ». Ils ont exagéré, eux ? Israël est sur le point d’augmenter la pression sur toute une population civile et ce sont les Anarchistes qui sont accusés de dépasser la mesure ! Tel est, aujourd’hui, le degré de pourrissement moral au sein de la société israélienne.
Ces jeunes Gandhi israéliens ne peuvent apporter la paix. Ils ne peuvent mettre fin à l’occupation. Mais ils peuvent être des témoins moraux. Ils n’auront pas à se justifier auprès de leurs petits-enfants comme nous aurons à le faire.
Le moment était bien choisi – alors que les Juifs célèbrent les actions d’une bande de zélotes religieux qui ont combattu une force d’occupation qui avait obscurci les lumières du Temple – pour qu’un groupe de Macchabées du dernier-jour se dresse et s’oppose, sans violence, à une force d’occupation étrangère qui menace d’obscurcir les lumières de Gaza.
Joyeux Hannoucah, les militants et les « Anarchistes » ! Et yasher koah, bravo ! »}
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=3327
« Les anarchistes ne soutiennent aucun nationalisme. Ils soutiennent les Palestiniens qui résistent à l’occupant et à leur nettoyage ethnique ».
Eh bien, puisqu’il paraît qu’en soutenant les Palestiniens, on ne soutient pas la bourgeoisie palestinienne et son idéologie nationaliste, ce qui pose déjà problème, on peut poser la question autrement : pour quelle cause, quels buts, les anarchistes israéliens – et le commentateur précédent – se battent-ils ?
Il y a eu un article sur la question, http://lille.indymedia.org/spip.php?page=article&id_art…13685, avec quelques jolies citations de nos fameux soi-disant anarchistes israéliens, ceux d’AATW – espérons qu’il y en a d’autres sur des positions politiques un peu plus valables. Eux aussi nous racontent qu’ils ne combattent « pas pour un Etat palestinien, [mais] pour la fin de l’occupation et c’est le principal objectif ».
Combattre pour la fin de l’occupation sans affirmer d’emblée vouloir détruire LA CAUSE de ladite occupation, à savoir les États capitalistes et le capitalisme dans son ensemble, c’est déjà vouloir soigner les symptômes sans s’attaquer à la maladie ! Mais il y a mieux, puisque nos petits anars, qui n’ont pas peur de se contredire, ajoutent : « Si les Palestiniens choisissaient d’avoir une solution d’un seul Etat, nous serons avec eux. S’ils choisissaient d’avoir leur propre Etat, nous serons avec eux. ». Et s’ils décident d’aller à la messe, nous irons aussi !
C’est pourquoi la BONNE question, ça n’est pas CONTRE quoi se battent ces messieurs et le commentateur précédent, mais POUR quoi. Et là, on n’a bizarrement jamais eu la réponse…