Critique et positionnement, partie ii.2 – a propos de l’idéologie d’activeast
Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeRacismeResistances
« Nous ne connaissons pas assez le cas soral pour même le mentionner dans nos lignes » Activeast, Positionnement & Réponse à Alsace Libertaire (30 juillet 2011).
A celles et ceux nous rejoignant en route, nous signalons avoir très clairement démontré, dans le texte Critique et positionnement, partie II.1 – Activeast, relai exhaustif de la fachosphère que non seulement Activeast est, sinon partisan, au minimum concerné non seulement par Soral (et Dieudonné) mais en plus par toutes les productions ou les problématiques fascistes et néo-nazies actuelles : ce qu’ont confirmé les articles Collage de « La dissidence » à Strasbourg – alerte antifasciste montrant qu’Activeast a fait des appels du pied à ce tout récent groupuscule national-socialiste proche d’Egalité et Réconciliation ainsi que l’analyse le groupe autonome Mary Read dans Retour historique du national-socialisme et guerre sociale. Ces articles sont documentés, et les références sont explicitées. Nous nous attaquons maintenant, après avoir pris soin de contextualiser les sources d’informations d’Activeast et de préciser notre rapport à ce qu’on nomme la « liberté d’expression » (dans le texte Critique et positionnement, partie I – A propos de la tolérance vis-à-vis d’Activeast et des thèses conspirationnistes), à la critique de l’idéologie propre des tenant-e-s du site Activeast, totalement propice à l’infiltration ou au renforcement de forces d’extrême-droite. Quant à savoir si cela est consciemment assumé ou non, nous n’en savons rien et cela nous importe peu : néanmoins le constat est sans appel, à Activeast et aux personnes proches de lui de réagir. Nous estimons avoir fourni assez de matière pour cela.
On peut d’ailleurs déjà observer une évolution récente dans son positionnement : si au début les auteur-e-s défendaient une posture frontiste classiquement sociale-démocrate en martelant qu’abstraction faite de l’extrême droite (qu’ils ne définissaient pas, se bornant à citer Lepen, et parfois Soral ou Dieudonné)1 « toutes les luttes sociales pour notre dignité vont dans le même sens »2 (ce qui les conduisaient à unifier des positions aussi hétéroclites et contradictoires, voire aussi vides de sens, que « les anars » (lesquels ?3), « les patrons qui pensent à la paix » (quelle paix ?), « les syndicats » (lesquels ?) ou ZeitGeist), aujourd’hui Activeast défend l’idée « d’être un relais informatif de ce qui se fait en matière de critique et de rupture avec le système »4, et ce en incluant l’extrême-droite puisque « l’opposition au système […] est partagée […] par certains courants de droite, identitaires / nationalistes » !5
Les choses ont le mérite d’être claires. Ainsi le cas de Soral est significatif : au début classé par Activeast dans l’extrême-droite aux côtés de Lepen et Dieudonné, Soral et Dieudonné disparaissent d’abord de ce classement6, et voilà qu’Activeast prétend maintenant ne pas assez connaître Soral pour pouvoir émettre un jugement sur lui, alors que notre dernier texte présentait un certain nombre de liens susceptibles de donner une idée du personnage et de sa clique. On notera d’ailleurs qu’Egalité et Réconciliation a affiché de manière opportuniste son soutien à Activeast7, sans trop savoir ce que c’est : voilà donc une occasion pour les auteur-e-s du site de se positionner vis-à-vis de lui. De plus, il n’est guère suffisant de déclarer, par principe, que « l’opposition au système n’est plus le monopole de la « gauche » [quelle gauche ? Quel monopole ? ; NDLA] »8, encore faut-il préciser ce que l’on entend par « opposition », « critique » et « système », ce que nous allons essayer d’expliciter dans ce texte9 – et, à partir de là, nous verrons alors pourquoi Activeast se révèle incapable d’appréhender et de remettre en cause les nouveaux visages de la réaction en relayant des critiques partielles sur le monde qui nous entoure.
« Le fascisme n’est pas, comme on a tendance à le croire, un mouvement purement réactionnaire, mais il se présente comme un amalgame d’émotions révolutionnaires et de concepts sociaux réactionnaires. » Reich Wilhelm, Psychologie de masse du fascisme.
« La situation sociale […] « capitaliste » n’est pas caractérisée […] par l’existence de capitalistes individuels, mais par l’existence d’un « mode de production spécifiquement capitaliste » » Ibid.
Les tous premiers reproches formulés à l’encontre d’Activeast ont amené ce dernier à tenter une légitimation de ce qui est nommé « conspirationnisme » ou « théorie du complot ». Aussi nous allons nous arrêter plus en détail sur ces termes10. Le conspirationnisme présent sur le site d’Activeast désigne des personnes qui « doutent » de « l’histoire officielle »11 de « l’ordre établi » parce qu’elles sentent « qu’on nous cache des choses importantes » et, en conséquence, « se rendent compte qu’on ne vit pas au pays des merveilles » – sentiment qui serait fondé puisqu’il y aurait effectivement « divers complots ourdis contre les peuples », complots chapotés en dernière instance par celui, encore plus occulte, des Illuminatis, supposés influents dans divers groupes ou sociétés clandestins dominant, grâce à leur présence dans certaines banques privées, les politiques des pays les plus puissants (principalement les Etats-Unis) afin de continuer à « façonner et piller la planète » pour leur profit pécunier via un renforcement autoritaire et centralisateur de leur pouvoir.
Une telle vision du monde social réactive, via sa vision statique et manichéenne d’un complot ourdi depuis longtemps contre « les peuples » par une élite diabolisable à souhait12, inamovible et clandestine (on peut même dire, puisqu’Activeast prétend se réclamer d’empirisme13, qu’elle est transcendante au monde social), les vieilles parades unitaristes et frontistes destinées à étouffer toute critique remettant en question leur hégémonie14 : critiquant la théorie du complot, nous n’avons logiquement d’autre choix que d’être « bêtes, méchants ou complices »15 ; que serions-nous d’autre ? La théorie du complot n’a pas de case prévue pour nous étant donné qu’il ne saurait y avoir de catégorie entre le « peuple » et les « Illuminatis » ; il s’agirait donc, puisque nous refusons la manipulation de luttes nous concernant16, soit de nous éduquer, soit de nous enfermer, soit de nous combattre – à moins, bien sûr, de faire un prix de gros et de combattre tout ce qui est considéré comme « bêtes et méchants ».
Avant d’aller plus loin, remarquons que le terme de « conspiration » est inapte à définir ce pseudo phénomène « d’élite mafieuse » contrôlant le monde : en effet, une conspiration se constitue, selon les propres informations données par Activeast (et corroborées à l’aide d’un dictionnaire ^^), « en vue de renverser un pouvoir établi » ou « d’attenter à la vie d’une personne d’autorité ». Or, il ne saurait être question de « conspiration » pour qualifier cette « élite » « d’Illuminatis » puisqu’elle détiendrait déjà tout pouvoir et toute autorité. Nous préférerons donc utiliser le terme de « Complot » (avec une majuscule, puisqu’il est censé désigner le complot des complots) lorsque nous ferons référence à celle-ci, ce dernier étant caractérisé par une association secrète constituée avec l’intention de nuire à quelqu’un ou quelque chose (en l’occurrence, ici, les « peuples »).
Il est évident que dans toutes ses productions écrites, Activeast n’a cessé d’appeler ou de chercher l’unité anti-Complotiste au sein des luttes sociales, et ce au prix, comme nous l’avons pointé, d’absurdités manifestes et paralysantes en termes d’analyses. Il est aussi évident, contrairement à ce que prétendent les auteur-e-s du site lorsqu’ils font mine de refuser le « nationalisme cocorico »17 de La Dissidence (sans refuser La Dissidence) que cette unité s’est cristallisée dans le patriotisme, dans le titillement de la fierté nationale : « Serait-ce toujours cet esprit franchouillard merdique, du moins dans son côté le plus détestable : […] tout le monde casse du sucre sur l’autre »18, « « Diviser pour mieux régner » n’a jamais été aussi bien imagé en france. Et sûrement ailleurs, mais ici on a des champions. »19, « Mais apparemment, les français n’ont pas cette vision »20, « Finalement la France est fière de ses acquis, mais râleuse comme elle est, elle est se permet de juger »21, « Mon dieu, pauvre France… »22, « Montre l’exemple, France ! »23, « Le peuple américain est dans sa majorité, maintenu dans une sorte de léthargie intellectuelle, sous-informé, DES-informé, manipulé, maintenu pour beaucoup dans des croyances religieuses exacerbées, nationalistes, patriotiques »24 (un peu de racisme ne fait jamais de mal)… Rien d’étonnant à cela lorsque la seule catégorie à opposer au Complot est « les peuples »… Les thèses Soralienne de libérations nationales sont toutes proches, et, là encore, il n’y a donc rien d’étonnant à tomber majoritairement, en suivant les liens des sites fournis par Activeast, sur les thèses nauséabondes d’Egalité et Réconciliation, aimant à parler d’un certain Complot américano-sioniste… Là où Activeast dénonce un amalgame, nous parlons d’accointance idéologique25. Et ce n’est pas l’impérialisme techno-totalitaire d’un ZeitGeist qui réfutera ces vues26. Par ailleurs, nous nous permettons une petite parenthèse pour relever que Legardien De la Terra, responsable de ZeitGeist Alsace et qu’Activeast soutient27, affiche également une bonne appréciation d’Egalité et Réconciliation et des Brigades de la Dissidence. Va-t-on encore nous accuser d’amalgamer des choses ?
Qu’il existe des complots, des conspirations, des groupes de pression, des réunions propres à la bourgeoisie dominante (ou aux dominé-e-s), etc., cela, nul ne songerait à le nier (et ceux qui le nient ne sont effectivement pas nos amis – voir à ce sujet l’article de Patrick Champagne et Henri Maler sur le rôle de la propagande anticomplotiste dans les médias dominants28) : mais nous nions que ces mécanismes soient le coeur vital de nos oppressions29. Ainsi, affirmer cette position ne nous empêche pas d’être radicalement contre la « théorie du Complot »30 ou même contre la théorie des complots, non seulement à cause de ce que nous venons d’énoncer ci-dessus, mais aussi parce que cette vision est avant tout une vision moralisante, et donc idéologique31, de l’histoire : notre misère et notre condition de dominé-e-s, exploité-e-s, opprimé-e-s proviendrait d’une intention consciente de nuire réalisée par des êtres immondes avides de profit (bref, qui sont notre envers, c’est-à-dire, inhumains : parfaits boucs-émissaires fondant une réconciliation classiste typique du fascisme ou de la sociale-démocratie – ils ne s’opposent pas, et l’un n’est pas mieux que l’autre32).
Nous avons déjà développé notre opposition à cette idée, que nous trouvons dangereuse, dans notre premier texte : l’exploitation de l’homme se fait par l’homme, et ces derniers peuvent et sont souvent dépassés par un rôle social qu’ils ne contrôlent pas33. Nier cela, c’est, d’une part, croire que les mécanismes perpétuant les rapports sociaux oppressifs nous sont totalement extérieurs sans que nous y jouions une part active, et c’est, d’autre part, croire que la base matérielle de ces rapports sociaux n’exerce en elle-même aucune influence dans la construction de ces rapports. Dans les deux cas est entretenue l’idée fausse qu’il suffirait de se débarrasser d’une immorale caste parasitaire faisant un mauvais usage de ces structures pour régler les problèmes, le tout soutenu par la diffusion d’une « masse critique de conscience »34 destinée à impulser le changement : nous conchions la « subversion par la connaissance » ou les mouvements de « révolution de conscience » à la ZeitGeist déplorant une perversion dûe aux « valeurs [consuméristes] qui soutiennent [le système] »35 pour prôner « un « anticapitalisme » qui se réduit à la défense du corporatisme contre le « capital financier » […], à une critique des valeurs consuméristes, sans contenu de classe, sans lien avec la réalité des luttes populaires. »36
Ce sont les raisons pour lesquelles, contrairement à Activeast, nous n’espérons pas « un complet chamboulement politique »37, que nous ne regrettons pas l’absence « de dirigeants responsables et sincères »38 et que la non-« prise en compte » du « vote blanc »39 n’est pas l’argument qui fait que nous ne votons pas, mais que nous sommes attentifs à construire le rapport de force permettant une révolution sociale anti-autoritaire40 :
« La plupart des complots sont d’essence politique, et ceux qui les organisent ne sont conduits que par l’ambition de prendre le gouvernail de la chose publique et de remplacer au Pouvoir ceux qu’ils en auront chassés par la violence […]. Il est bien entendu que ces gestes de violence politique ne peuvent en rien intéresser les classes opprimées, sinon que dans la mesure où les troubles occasionnés par le Coup d’État consécutif au complot lui permettent, à la faveur des désordres, de créer un courant d’opinions déterminant non pas un changement de gouvernement, mais une transformation totale de l’ordre social établi. »41
Par ailleurs, si « l’argent » est bien un problème42, l’ériger comme cause unique de l’oppression sociale, qui plus est en partant d’une analyse sommaire et complotiste de sa création, ainsi que le fait ZeitGeist et que le comprend Activeast, c’est disqualifier, toujours au nom de ce réflexe frontiste, la légitimité et l’intérêt de toutes les luttes sociales radicalement anti-capitalistes, anti-sexistes, anti-racistes, … en réduisant toutes ces oppressions à un seul facteur alors que celles-ci, irréductibles en totalité les unes aux autres, se renforcent mutuellement (de plus, le sentiment de l’oppression et de l’injustice ne provient pas du fait « qu’on nous cache des choses » mais de l’expérience des violences et des humiliations subies quotidiennement). Là encore, il est facile de voir comment les discours d’extrême-droite promus, entre autres, par Soral et Egalité et Réconciliation savent jouer de ce réductionnisme pour diffuser leurs thèses réactionnaires43 sans, bien évidemment, que cela dérange les complotistes incapables de piper mot à propos de ces questions sociales :
« Monsieur Soral, il nous dit qu’on n’a pas à se plaindre, vu qu’on n’est pas chez nous, mais que si vraiment ça nous démange, on n’a qu’à aller se plaindre à Wall-Street ou auprès des sociétés secrètes, mais qu’en tout cas, on n’a pas à venir casser la tête aux français de souche qui n’ont rien à voir. […] Moi personnellement ça m’arrange cette explication comme quoi c’est la faute du Talmud et pas des français de souche parce que des français de souche, il y en a plein dans mon entourage. Par contre je connais pas de juifs de Wall-Street. Ni de franc-maçons. Du coup j’ai pas à me prendre la tête, et c’est autant de temps de gagné pour m’assimiler tranquillement dans la société française. »44
On notera que perdre son temps à s’interroger de manière fantasmatique sur un hypothétique génocide de la population humaine fomenté par on-ne-sait-trop-qui (mais en tout cas des méchants mystérieux – peut-être même que ce sont eux qui ont génocidé les dinosaures, allez savoir) remplit peu ou prou la même fonction.
Si nous avons pris le temps d’écrire tout ces textes, c’est aussi pour contribuer à la critique du Complotisme, autour duquel très peu de textes ont tourné, à notre connaissance, sur les réseaux alternatifs (à ce propos, si quelqu’un pouvait nous signaler s’il existe un compte-rendu de la conférence Conspirationnistes et droites extrêmes organisée le 20 mai 2011 au local du FSQP à Paris). Les quelques textes y faisant référence étaient plutôt des textes antifascistes. Aussi, merci de prendre nos textes sans doute incomplets comme des pistes lancées pour combattre cette mouvance Complotiste, terreau et alliée des droites extrêmes.
Enfin, un dernier mot à propos de l’hypocrisie d’Activeast (qui, dans sa nouvelle présentation, a pris pour emblème une flamme qui brûle – ça ne s’invente pas), continuant à se définir comme « antifasciste » et nous reprochant un manque de communication (!) : cette revendication « antifasciste » nous facilite la tâche puisque, s’il est indubitablement vrai que l’extrême-droite se renouvelle et infecte, parfois à leur insu, certaines critiques, les antifascistes sont parmis les premiers à tirer la sonnette d’alarme ; aussi, à moins que « l’antifascisme » d’Activeast soit au mieux une étiquette sociale-démocrate vide de contenu (et dans ce cas nous leur conseillons plutôt de chercher à se renseigner sur les droites extrêmes avant de chercher à redéfinir l’anarchisme45) au pire un trompe-l’oeil digne des autonomistes lorrains, il est impensable que les tenant-e-s du site n’aient pas été informés et aient continué à relayer autant d’informations de ces réseaux. Par ailleurs, point n’est besoin d’être un expert antifasciste pour qualifier comme nauséabond des sites diffusant Mein Kampf, affichant des croix gammées ou des drapeaux français partout.
Et, puisqu’Activeast continue à se demander « si nous sommes réellement du même bord » (sic), mettons les points sur les « i » : clairement pas, surtout en voyant les dernières positions prises par ces altermondialeux de plus en plus séduits par les sirènes du fascisme et légitimant les critiques des droites extrêmes au lieu de chercher à dénicher les fondements des nouvelles lignes de partage. Quant à la présence d’Activeast dans la future AMAP Si c’était ma terre, nous laissons Pannekoek conclure tous nos articles par cette mise en garde, dont les récents contacts entre Activeast et les Brigades de la Dissidence ont rappelé la pertinence :
« Dès le début le national-socialisme accorda une attention toute particulière aux paysans. Le programme de tout parti petit bourgeois parle de libérer les paysans de l’exploitation qui résulte du crédit hypothécaire et bancaire. »46
Des anarchistes.
Annexe – Quel antifascisme aujourd’hui ? (par la Coordination des Groupes Anarchistes)
Le nécessaire bilan de deux décennies « d’antifascisme » La lutte contre le fascisme a jusqu’à son effondrement temporaire, été souvent amalgamée en France avec la lutte contre le Front National et les idées racistes et réactionnaires qu’il véhicule. Or le Front national n’est pas à proprement parler un parti fasciste, même s’il comporte une composante fasciste. C’est un parti d’extrême-droite nationaliste, qui a pendant longtemps fait coexister des tendances idéologiques différentes, depuis les nostalgiques de l’Algérie française, jusqu’au catholicisme intégriste, et pour un certain temps, les nationalistes révolutionnaires. Il a représenté pendant longtemps la face visible et la plus explicite d’un nationalisme qui irrigue la classe politique en France, de la droite à la gauche voire à une partie de l’extrême-gauche.
Il a représenté la formulation explicite des conséquences idéologiques de ce nationalisme : un discours raciste et xénophobe, mais aussi sexiste et homophobe.
Il correspond au choix de la bourgeoisie française, dans le contexte de crise lié au second choc pétrolier, de promouvoir une grille de lecture raciste et xénophobe pour masquer les antagonistes de classe, et ainsi combattre le développement de luttes populaires. Il a également bénéficié des facilités accordées par la sociale-démocratie, dans une perspective politicienne, afin de briser sur le plan électoral l’influence de la droite.
La stratégie antifasciste de riposte dominante pendant ces 20 dernières années a été la création de fronts antifascistes spécifiques, larges et unitaires, dont la dominante idéologique a été un discours moral, fondé sur les valeurs humanistes, dans lesquels les références de classe et à la nature du nationalisme comme outil des classes dominante a été dilué, voire complètement masquée. Même si les libertaires, comme d’autres groupes d’extrême-gauche, ont tenté de visibiliser cette dimension au sein de ces fronts, ils n’ont pu se faire entendre de manière audible, ce qui a amené à une prédominance du discours républicain en matière « d’antifascisme ». Cela a souvent amené les libertaires à faire les « petites mains » de fronts antifascistes qui promouvaient une approche classiste du fascisme.
« L’antifascisme radical » n’échappe pas à ce constat. Malgré la volonté et les tentatives de relier la lutte contre le fascisme à la lutte contre le capitalisme, la dimension spécifique de ce courant a souvent évolué vers une tendance à réduire la lutte contre le fascisme à la lutte contre les fascistes, à se contenter d’une « riposte » qui plaçait nécessairement la lutte sur le terrain même du fascisme, lui laissant l’initiative politique, voire dans certaines de ses expressions, au folklore plus qu’à l’action politique. Une chose est sûre c’est que le développement des idées nationalistes, racistes et xénophobes n’a pas été stoppé, et qu’il a même été donné crédit à la rhétorique du fascisme qui a ainsi pu se présenter comme « antisystème », comme « révolutionnaire ».
Un autre aspect de ce bilan est qu’une telle approche focalisée sur une organisation, le FN, est passé à côté de la réalité idéologique du fascisme, à savoir sa stratégie d’implantation « métapolitique », c’est-à-dire en conquérant une influence idéologique par la culture, mais aussi par un patient travail d’implantation sociale. Elle a également eu pour effet d’empêcher de saisir les « nouvelles » formes et tendances du fascisme, celui de la réorganisation d’un courant fasciste authentique, alliant racisme, antisémitisme et rhétorique « anticapitaliste », alliant discours social et national, et se développant hors de la sphère classique et identifiée du fascisme français, puisqu’il s’enracine et se développe également au sein des minorités nationales.
Analyser le fascisme comme tendance Définir le fascisme
Qu’est-ce que le fascisme historiquement ? C’est l’alliance entre discours social et national, la formation d’une « droite révolutionnaire » qui remet en cause l’idéologie démocratique bourgeoise, se vit comme « révolutionnaire », mais sert les intérêts de la bourgeoisie en brisant les luttes populaires et toute perspective révolutionnaire. C’est aussi un discours voyant la société — amalgamée à la « nation », ce mythe au service de la bourgeoisie — comme un « organisme » qu’il faut purifier (des « ennemis intérieurs » que sont les minorités nationales et les étrangers, mais aussi les subversifs), diriger et défendre contre elle-même, en la guidant d’une main de fer.
C’est un discours idéologique qui se fonde sur une vision raciste ou ethnodifférencialiste identitaire (racisme biologique ou culturel) qui divise l’espèce humaine en groupes auxquels il assigne une « race », une identité essentialisée, c’est à dire une ensemble de caracteristiques stéréotypiques. C’est enfin un discours assignant ces identités à un territoire, autour d’une mystique de la terre et des morts (cf. Maurras, l’un des théoriciens français du fascisme). C’est une idéologie qui oppose le capitalisme industriel, corporatiste, considéré comme « authentique », au capitalisme financier, arbitrairement séparé, et amalgamé aux juifs par le discours antisémite, ce qui permet de protéger la classe capitaliste par une stratégie de bouc émissaire.
Le fascisme et la crise
Dans une période de crise d’adaptation capitaliste, le fascisme est l’ultime recours du capitalisme et de la bourgeoisie : pour briser toute résistance des classes populaires à ses offensives, mais aussi pour « mettre de l’ordre » en son sein. Tant que son pouvoir n’est pas remis en cause, la bourgeoisie a intérêt à préserver le cadre de la démocratie représentative, car le pouvoir d’influence est la forme de pouvoir la plus efficace et la plus économique. Mais dès lors que ce pouvoir est fragilisé, la tentation fasciste suscite rapidement l’adhésion de larges secteurs de la bourgeoisie.
Dans la période actuelle, la crise économique et sociale capitaliste a suscité un certain nombre de résistances populaires qui inquiètent la bourgeoisie. Parallèlement, elle bénéficie depuis plus de dix ans d’un avantage certain dans la lutte des classes liée à la désorganisation du mouvement ouvrier à l’échelle internationale :
Du fait de l’effondrement de l’URSS, la fin de l’illusion stalinienne a marqué l’affaiblissement des mouvements de classes qui se situaient en référence à l’Union soviétique. Faute d’un projet révolutionnaire alternatif, c’est le fatalisme et le sentiment de l’immuabilité du système capitaliste qui s’est installé dans de larges secteurs des classes populaires.
L’intégration d’une partie du mouvement ouvrier par le système capitaliste, lié à la bureaucratisation et à l’électoralisme, a affaibli l’autonomie de celui-ci et l’a rendu dépendant de la politique sociale-démocrate.
Cet avantage, la bourgeoisie veut le pousser et c’est ce qui l’amène à mener une offensive sans precédent contre les conquêtes sociales populaires, qu’elle n’est plus contrainte de conserver pour prévenir une dynamique révolutionnaire, puisque l’existence d’une alternative au capitalisme n’est plus portée que par une fraction très restreinte du mouvement ouvrier et des classes populaires, inaudible pour le plus grand nombre, en partie du fait de la puissance des relais idéologiques de la bourgeoisie.
La stratégie de « contre-révolution préventive », appliquant notamment la doctrine de la guerre révolutionnaire à la gestion de la contestation sociale, est à l’œuvre.
La doctrine de la guerre révolutionnaire repose sur deux aspects : isoler un « ennemi intérieur » réel ou désigné du corps social. Créer dans ce sens des hiérarchies parallèles visant à saper la base sociale de cet « ennemi intérieur », c’est-à-dire les liens qu’il entretient avec la population.
Le statu quo aujourd’hui qui permet au capitalisme de se maintenir, sans exploser sous les contradictions qui le travaillent, est lié à la capacité d’adaptation de celui-ci, et plus largement des systèmes de domination. Il est lié à l’absence de perspective révolutionnaire, faute de perspective (projet de société alternative) et de dynamique d’auto-organisation de masse.
Mais l’État et la bourgeoisie savent que ce statu quo est précaire, et tentent de préserver l’avantage en menant une offensive généralisée qui vise non seulement à faire payer la crise aux travailleuses et travailleurs, et ainsi pour elle se « refaire », mais aussi à les démoraliser. Mais elle s’inscrit plus largement dans la logique systémique du capitalisme, celle de l’appropriation d’une part toujours plus importante des richesses créées par les travailleuses et travailleurs.
La situation sur le plan international
Cette situation est visible clairement sur le plan international. On assiste à un triple mouvement : Le renforcement des outils de coercition des États et des régimes coercitifs visant à réprimer les mouvements populaires liés à la révolte des classes populaires contre leurs conditions de vie ; Le développement de mouvements populaires poussés par la nécessités, qui se confrontent aux intérêts de la bourgeoisie et des États, pour défendre leurs intérêts ; Et enfin le développement de courants idéologiques qui s’inscrivent dans la défense des intérêts de la bourgeoisie confrontée à ces soulèvement, mais qui se présentent comme « révolutionnaires » et « anticapitalistes ». Ces tendances correspondent aux différentes formes que prennent le fascisme.
En Europe, on constate le développement de mouvements nationalistes, et notamment « nationalistes révolutionnaires », qui se traduisent à la fois par des violences contre les minorités nationales (Arabes, Noirs, Juifs, Rroms…), et contre les militant-e-s antifascistes et progressifs (agressions de camarades en Russie, en Serbie, etc…). Aux États unis, on constate le développement de groupes nationalistes et racialistes, depuis les suprémacistes blancs jusqu’aux « Minute Men » servant d’auxiliaires à la politique de répression de l’immigration américaine. En Amérique du Sud, le développement de groupes paramilitaires de type nationaliste et de groupes néo-nazis répond aux mêmes dynamiques.
En Turquie, les groupes fascistes tels que les Loups gris mènent une politique de violence et de terreur fasciste contre les minorités nationales kurdes, arméniennes, les minorités religieuses (halevis), et les militant-e-s révolutionnaires. Dans un certain nombres de pays où la religion musulmanes est majoritaire, les groupes qui assument ce type de politique se cachent derrière le masque de la religion : nervis fascistes iraniens se réclamant de l’islam qui répriment et attaquent les militant-e-s ouvriers et féministes iranien-ne-s, fascistes ou réactionnaires religieux tels que les Frères musulmans, les salafistes, les militant-e-s du FIS en Algérie, qui servent de supplétifs à la répression antiouvrière et antiféministe, ainsi que de « fausse opposition » et de « fausse alternative » à des pouvoirs nationalistes discrédités, qui mènent eux aussi une répression directe des luttes populaires.
Ce type de mouvement existe également dans bon nombre de pays catholiques ou orthodoxes, à travers notamment des mouvement réactionnaires religieux qui assument ce type de politique.
La situation en France
La période récente se traduit par une montée en puissance du nationalisme, entretenu notamment par le pouvoir politique, mais aussi les relais médiatiques et idéologiques de la bourgeoisie. Si ce nationalisme irrigue la quasi totalité des courants politiques, depuis la gauche coloniale jusqu’à l’extrême-droite, les courants fascistes sont le fer de lance de sa diffusion en milieu populaire, au moyen d’une rhétorique « sociale » pseudo-anticapitaliste. Au sein des catégories de population désignée par l’idéologie nationale comme constituant le « corps national », le fascisme joue un rôle mobilisateur pour les intérêts de la bourgeoisie, en présentant la violence sociale non pour ce qu’elle est, le résultat du capitalisme, mais pour l’effet de l’action « d’ennemis intérieurs » ou « d’ennemis extérieurs ». Ces « ennemis intérieurs » et « extérieurs » sont désignés comme étant les membres de minorités nationales, religieuses, sexuelles du pays, ou les étrangers. En contexte de crise, c’est la tendance « socialiste-nationale » qui se développe le plus rapidement, autour notamment d’un antisémitisme virulent (qui se masque derrière un discours prétendument antisioniste) réactivant la figure de bouc émissaire du Juif, d’une islamophobie virulante (substituant ou le plus souvent ajoutant à la figure bouc-émissaire du Juif celle du Musulman), et plus largement d’un racisme « décomplexé ».
Cette tendance « socialiste-nationale » est représentée par plusieurs organisations se réclamant plus ou moins ouvertement du nationalisme révolutionnaire : Égalité et réconciliation et ses alliés (Dieudonné et les relais de l’État d’Iran en France que sont les militants du centre Zahra), qui privilégie un front antisémite visant à mobiliser au côté des nationalistes français une partie des personnes appartenant à la minorité nationale arabe. Les identitaires qui privilégient un front « antimusulman » qui vise à mobiliser au côté des nationalistes révolutionnaires européens les courants racistes qui se cachent derrière une « laïcité » à deux vitesses, et une partie des personnes appartenant à la minorité nationale juive (notamment la frange fasciste du sionisme, comme en témoigne l’organisation d’une manifestation commune identitaires-LDJ devant l’ambassade d’Israël).
Enfin, à cela s’ajoute la fraction mariniste du FN qui tente de développer un discours « national et social » proche de celui des identitaires, mais qui diffère en ce qu’il privilégie un cadre nationaliste français au cadre nationaliste européen (suprémaciste blanc) des identitaires.
Toutes ces tendances tentent de dévier la révolte sociale vers une approche nationaliste, xénophobe et raciste, en se présentant comme « révolutionnaires ». Leur radicalité formelle leur permet d’amener aux thèses nationalistes une partie des travailleuses et travailleurs en révolte contre le système capitaliste, à travers un « anticapitalisme » qui se réduit à la défense du corporatisme contre le « capital financier », à présenter la nation comme un recours contre la « finance internationale », à une critique des valeurs consuméristes, sans contenu de classe, sans lien avec la réalité des luttes populaires. C’est en ce sens que ces courants diffèrent des courants nationalistes de la droite classique : en période de crise ceux-ci apparaissent trop ouvertement comme les représentants de la classe bourgeoise (en témoignent les affaires Béttencourt, etc…), et suscitent donc la méfiance au sein des classes populaires. Alors que la radicalité de postures des nationalistes révolutionnaires, leur conviction d’être « révolutionnaires », leur permet d’attirer aux thèses nationalistes des individus appartenant aux classes populaires, en mobilisant les valeurs réactionnaires largement présentes dans la société (sexisme, homophobie, chauvinisme…).
Soral a ainsi d’abord construit son image de « rebelle » sur un discours antiféministe et homophobe, présenté comme un « refus du politiquement correct », puis sur un antisionisme antisémite qui a visé à instrumentaliser la question palestinienne pour relégitimer l’antisémitisme historique des fascistes français. L’outil internet a donné une caisse de résonance importante à des courants au départ confidentiels, qui ont su utiliser les nouvelles technologies (vidéos sur Dailymotion, Youtube), pour diffuser leur pensée. Ils ont également su utiliser des passerelles, sous la forme de sites internet relayant en lien leurs discours ou de personnes cautionnant leur discours (les universitaires « Bricmont », le journaliste « Michel Collon ») au nom d’un « anti-impérialisme » hérité du stalinisme ou du tiersmondisme d’une part, les pseudos laïques relayant un discours raciste (par exemple l’officine raciste « Riposte laïque ») derrière une prétendue critique de l’islam.
Sur internet par exemple, de nombreux sites diffusent l’idée d’un « nouvel ordre mondial » (expression qui provient à l’origine de la droite radicale américaine) dirigé par les « sionistes » et les « illuminatis ». Il ne s’agit de rien d’autre que du bon vieux discours national-socialiste et fasciste sur le « complot juif et franc-maçon mondial », qui a adopté une nouvelle forme pour contourner le discours antifasciste et la législation de l’État sur le racisme. Cette nouvelle forme du discours sur le « complot judéo-maçonnique » a des succès inattendus, au sens où de telles approches sont repris par des musiciens de rap, y compris ceux qui affichent des sympathies libertaires (par exemple Kenny Arkana), qui en ignorent peut-être l’origine, mais qui les banalisent et contribuent à leur diffusion dans la jeunesse populaire. On retrouve ces influences dans les courants fascistes ou nationalistes spécifiques aux minorités nationales : ainsi, les sionistes de tendance fasciste de la Ligue de défense juive reprennent le discours raciste anti-arabe des identitaires ou la théorie du « choc des civilisations » et du danger islamique. À Belleville, des nationalistes chinois ont organisés une manifestation « contre l’insécurité » au cours de laquelles des passants noirs ou arabes ont été pris pour cibles, désignés comme des « voleurs » sur critères racistes, ce qui a provoqué les applaudissement des réseaux identitaires français (par exemple sur le site internet « Français de souche »).
De même une partie des courants fascistes panarabes et des courants fascistes se réclamant de l’islam politique reprennent la rhétorique antisémite issue du nationalisme français.
Ces convergences expliquent le développement de front communs entre nationalistes français et nationalistes se revendiquant des minorités nationales, qui peut apparaître surprenante au premier abord, puisque c’est le nationalisme français qui en excluant Juifs et Arabes du corps national a « créé » de toutes pièces les minorités nationales, en créant dans le même temps les conditions de l’oppression raciste des individus qui y sont alors assignés par leur origine et/ou leur couleur de peau.
Mais cela traduit au contraire la profonde parenté idéologique entre ces différents courants, et le fait qu’ils se nourrissent les uns des autres, au détriment des classes populaires, et particulièrement des individus victimes de l’oppression raciste parce qu’assignés à une « minorité nationale ». Cela montre qu’il n’existe pas d’alternative au racisme dominant dans le développement d’un nationalisme au sein des minorités nationales, puisque celui-ci reproduit le discours raciste dominant et converge parfois avec le nationalisme dominant, mais au contraire dans le développement d’un antiracisme populaire qui combatte toutes les formes de racisme, sur le plan idéologique comme sur le plan pratique.
Les différents courants fascistes ont progressés sur le plan organisationnel comme sur le plan de leur influence idéologique et culturelle : ils ont ainsi réussi à imposer leurs « sujets », leurs « approches » dans le débat politique : une approche éthno-différentialiste des questions politiques et économiques au détriment d’une approche de classe, une rhétorique fondée sur la « menace intérieure » ou « extérieure » que représenteraient les minorités nationales ou religieuses, au détriment de l’affirmation de la question sociale, etc… L’influence de l’idéologie nationaliste a progressé, et celle de l’idée de la « guerre du tous contre tous » également.
Dans le même temps les discours ouvertement sexistes ou homophobes, qui constituent également une partie du corpus fascistes, ont gagné du terrain. L’influence de l’idéologie fasciste dépasse de loin celle des groupes constitués, mais ceux-ci progressent quantitativement et organisationnellement, notamment dans les campagnes, mais aussi en ouvrant des locaux pignons sur rue dans plusieurs grandes villes.
Il est également significatif que des discours reprenant les canons de l’idéologie fasciste ne sont pas considérés comme tels y compris au sein de la gauche et de l’extrême-gauche, voire d’une partie du courant anarchiste. C’est ce qui explique notamment l’invitation de « Riposte laïque » sur Radio Libertaire, la promotion d’un livre développant l’idée de la défense de « valeurs de l’Occident » aux Éditions du Monde Libertaire, ou le travail avec des organisations relayant le discours des antisémites comme Gilad Atzmon au nom de la solidarité avec la Palestine. Ce qui explique par exemple la tolérance dont a longtemps bénéficié Dieudonné au sein de l’extrême-gauche au nom d’une posture « rebelle », certains groupes le trouvant fréquentable jusqu’à ce que celui-ci invite Faurisson sur scène.
On peut trouver des éléments d’explication dans la faiblesse de réflexion sur le fascisme de « l’antifascisme des années 90 », qui s’est focalisé sur les groupes fascistes plutôt que sur leurs idéologies (quand dans sa version gauchiste ou social-démocrate il ne s’est pas contenté d’une dénonciation du FN), qui a négligé la lutte idéologique antifasciste pour se consacrer exclusivement à la nécessaire (mais pas suffisante) lutte et autodéfense contre les groupes fascistes constitués. On peut aussi trouver une explication à cela dans l’amalgame fréquent entre nationalisme, fascisme et racisme. Or si le fascisme se nourrit et fait la promotion du racisme et du nationalisme, il ne s’y résume pas, et réciproquement : on retrouve l’idéologie nationaliste dans une grande partie du spectre politique, comme le discours raciste. La spécificité du fascisme réside dans le développement d’un discours social « antisystème » qui permet de recruter au sein des milieux populaire en période de crise des personnes qui auraient pu être attirées par un réel discours révolutionnaire.
Une réponse anarchiste Cela soulève la nécessité d’une contre-offensive idéologique. Cela fait apparaître de manière d’autant plus criante la nécessité d’une réponse politique anarchiste.
D’abord sous la forme d’une autoformation sur les formes que prennent les discours racistes et fascistes au sein de notre organisation, et plus largement, dans le mouvement libertaire et le mouvement social. Ensuite sous la forme du développement de luttes populaires qui restent le meilleur moyen d’imposer nos thématiques (lutte de classe, solidarité, refus de la domination masculine et de l’homophobie…) dans le débat politique et de briser ainsi les tentatives d’hégémonie culturelle des nationalistes et des fascistes.
Enfin sous la forme du développement d’une autodéfense antifasciste qui évite le piège d’un tête à tête anarchistes contre fascistes, qui placerait l’État, et les courants politiques institutionnels dans le rôle d’arbitres, usant tour à tour de la répression pour l’un et pour l’autre, ce qui n’empêche pas l’État par ailleurs de soutenir ponctuellement les fascistes (en leur garantissant l’immunité ou en les protégeant). Cette autodéfense antifasciste, c’est une culture d’autodéfense à développer dans nos quartiers, nos lieux de travail, nos associations, nos syndicats, qui ne se résume pas à l’autodéfense physique, nécessaire, mais aborde aussi l’autodéfense idéologique contre les offensives fascistes masquées derrière des « passerelles ».
Le texte est bien mais, à mon avis, mettez plutôt un résumé et un lien vers le site original la prochaine fois, parce que là, le formatage est tout foiré, et ça rend la lecture difficile. Malheureusement, notre logiciel de publication n’est pas trop fait pour publier des textes à la mise en page un peu subtile (par exemple avec des notes).
Merci pour la contrib’, en tout cas :)
Acrimed est cité en note… Un truc m’intrigue, à propos de cette asso : en cherchant bien, on trouve parmi ses contributeurs réguliers Laurent Dauré, qui est aussi semble-t-il un cadre de l’UPR. Du coup on s’interroge : derrière l’affaire qui a opposé il y a quelques mois ce parti à une journaliste antifa contributrice elle aussi d’Acrimed (et aussi de CQFD et d’Article 11), ne se cacherait-il pas une balance ? N’y aurait-il pas comme de la trahison dans l’air ?
– http://www.acrimed.org/spip.php?pag…
– u-p-r.fr/responsables
Tiens, et c’est marrant, ou trouve aussi le Dauré avec un de ses potes de l’UPR au Grand Soir, qui a justement participé au lynchage internautique de cette militante :
– legrandsoir.info/_DAURE-Laurent_.html
responsable au courrier à l’UPR qu’il est ce Dauré. On comprend mieux, c’est une sorte de spécialiste en somme.
Le pire c’est que cette cabale continue même ici.Il ne se passe pas un jour sans qu’un hurluberlu (toujours le même sans doute) ne vienne relayer les insanités de l’UPR tendant à faire croire que la militante en question est une infiltrée en service commandé par la CIA. Le pire c’est que ces attaques concernent aussi un site Indymédia (celui de Paris) et un site d’info alternatif (Rebellyon). On va tolérer ça longtemps ?
« Née du mouvement social de 1995, dans la foulée de l’Appel à la solidarité avec les grévistes, notre association, pour remplir les fonctions d’un observatoire des médias s’est constituée, depuis sa création en 1996, comme une association-carrefour. Elle réunit des journalistes et salariés des médias, des chercheurs et universitaires, des acteurs du mouvement social et des « usagers » des médias. Elle cherche à mettre en commun savoirs professionnels, savoirs théoriques et savoirs militants au service d’une critique indépendante, radicale et intransigeante. »
bin merde alors !