« ÇA, C’EST UNE OCCUPATION DU TERRITOIRE »,
Marine Le Pen
parlant des prières musulmanes dans les rues de Paris
en les comparant à l’occupation allemande

Il y a en effet de quoi irriter le pouvoir : des prières dans la rue, des femmes voilées sur l’espace public, la flicaille qui vomit par communiqués le halal qu’elle a été obligée de manger à la cantine, la vague d’immigration tunisienne, des français qui cachent des sans-papiers, l’installation de camps de Roms aux abords des villes, l’abstentionnisme, la marseillaise sifflée dans les stades, le village de Saint-Aignan ravagé par une émeute de gens du voyage en représailles de l’assassinat de deux de leurs amis par les flics, etc.

De toute évidence, la « société » s’effondre et elle ne nous manquera pas.
Dans ce doux climat de décomposition, la gauche se raccroche au seul mensonge qui justifie encore son existence : chacun pourrait mettre de côté toutes ses singularités, son histoire, sa conception de la vie pour se fondre dans une communauté nationale inexistante et devenir citoyen.
Allez, poussons leur blague encore un peu plus loin : nous portons tous l’Histoire de France, nous sommes tous une part de son identité, nous la construisons tous les jours en exerçant nos droits et nos devoirs et nous nous sentons personnellement blessés à chaque offense qui lui est faite.
Le fameux français moyen est en voie de disparition. Et voici ce qu’il coûte à un « immigré » de devoir «s’intégrer » au moment où ceux qui sont nés ici sont tentés de quitter le navire; en plus d’être citoyen, il lui faudra devenir un modèle : « Maman qui nous a élevés toute seule […] allait au travail dans le froid, la nuit.
Ou le père de Majid qui a travaillé toutes ces années de ses mains dehors, qu’il neige, qu’il vente, qu’il fasse soleil sans jamais se plaindre […] ils ont toujours su rester dignes, ils n’ont jamais basculé dans le ressentiment. Et ça, c’est du lourd ! » (cette sous-merde de Abd-Al-Malik). Pour notre plus grand soulagement, cette heureuse existence donne des droits : Les Droits de l’Homme et du Citoyen.
Il ne reste plus à nos bons citoyennistes qu’à les réciter par cœur pour défendre un sans-papier à condition qu’il soit irréprochable, travailleur acharné ou étudiant brillant.
Et pour cause, le pouvoir ne reconnaît un homme que s’il est citoyen. Sauf que plus personne ne l’est.

Tous les rappels adressés à la population sur le comportement qu’elle doit adopter (ramasser la merde de son chien, valider son titre de transport, surveiller les bagages abandonnés, ne pas téléphoner au volant et ne pas conduire trop vite, choisir une voiture non polluante, privilégier le vélo, ne pas abandonner son chien au bord de la route etc.) montrent assez clairement où en sont la citoyenneté et son « bien commun ». Autant de messages infantilisants que plus personne n’écoute. Cette désertion générale transforme chacun d’entre nous en parfaits étrangers à ce monde. Aussi, l’homme de la métropole doit être avant tout mobile et disponible. Aucun enracinement possible. Il n’est plus question de s’attacher à un quartier et à des amis si on veut pouvoir être baladé de CDD en CDD ou faire de la « prestation de service ».

« Ça, c’est une occupation du territoire ». Parce qu’on ne nous fera pas si facilement perdre l’envie de lieux où nous pouvons nous rencontrer, nous aimer et comploter contre le pouvoir et sa police. Des prières dans la rue, des squats, des bandes de potes dans les halls d’immeuble, jusqu’aux piquets de grève devant les dépôts de pétrole ; ça occupe. C’est la seule solution pour éviter de se taper la vie de merde du « père de Majid ». C’est pour tout ça que nous avons décidé d’occuper le 30 rue du lieu de santé et que nous vous y invitons le vendredi 3 juin à 19h à un repas entre « étrangers », avec ou sans papiers, à un moment où nous pourrions décider de devenir libyens, tunisiens ou égyptiens…