A propos du mouvement anti-pub
Catégorie : Global
Thèmes : Archives
Depuis plusieurs mois, des actions anti-pub se multiplient. Cette mobilisation a commencé notamment dans le métro parisien : des groupes se déplacent de station en station, recouvrant les panneaux publicitaires ou les détournant. C’est ainsi que l’on a pu lire dans le métro, en lieu et place des pubs, des slogans comme « Gratuité des transports en commun » ou, par dessus les pubs les plus sexistes (et elles sont particulièrement nombreuses), « Ni voilées ni exhibées ». C’est un premier aspect potentiellement intéressant dans ce mouvement : changer les espaces publicitaires en lieux d’expression populaire.
Les reproches qui sont faits à la pub sont évidemment justes. Ce n’est pas un hasard si ces actions sont régulièrement l’objet de lourde répression et de tentatives d’intimidation. La police et la justice de classe ne se sont pas trompées sur la nature de ces « raids », et les anti-pub doivent souvent jouer au chat et à la souris avec diverses forces répressives (police, agents RATP, sociétés publicitaires, etc…). Ca n’a pas empêché le phénomène de se répandre sur plusieurs villes de province.
Si un nombre conséquent de personnes* ont ressenti la nécessité de riposter face à l’agression publicitaire, c’est certainement parce que c’est un symbole de la société marchande, qui s’insinue partout. Certains médias (chaînes de télé, magazines…) ne sont aujourd’hui que des supports à pub. Les « annonceurs » peuvent faire pression quand au contenu, voire censurer des articles. La pub est une agression visuelle, mais surtout psychologique, qui s’inscrit dans le cadre de la propagande actuelle des médias bourgeois autour de la « consommation des ménages », qui n’augmenterait pas assez vite : « Salauds de pauvres ! Ils ne dépensent pas l’argent qu’ils n’ont pas ». C’est une pression sociale, qui ne profite évidemment qu’à la classe dirigeante, qui vise à induire une corrélation entre le fait de consommer et le bonheur, voire l’existence même (« Je consomme donc je suis »).
Cette offensive de la bourgeoisie n’est pas récente : Anton Pannekoek écrivait il y a 60 ans que « l’organisation commerciale […] transforme la publicité en une sorte de science »**. La pub n’est évidemment ni une science ni un art, c’est une arme des capitalistes dans leur guerre de l’argent. Nous refusons cette société qui s’organise par et pour l’argent, et la publicité n’est qu’un de ses éléments inhérents à la dictature du capital.
C’est pourquoi ce mouvement anti-pub tout juste naissant doit, pour aller au bout de sa démarche, combattre non seulement le symptôme qu’est la publicité, mais combattre aussi et surtout la cause, c’est-à-dire le capitalisme, qui privilégie les profits au détriment des besoins.
* : Qui sont souvent par ailleurs des militants syndicaux. Certains contacts ayant débouché sur ces actions ont d’ailleurs été noués au cours des grèves du printemps 2003.
** : A. Pannekoek, Les Conseils ouvriers, tome 1, p. 35, Editions Spartacus.
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