Chaque lecteur attentif de la presse régionale ou nationale aura pu remarquer ce début janvier, les encarts publicitaires de la campagne lancée par la Cfdt pour valoriser les résultats qu’elle aurait obtenus en 2003, soit disant fruits exclusifs de son syndicalisme réformateur, et tenter de restaurer une image de marque très dégradée auprès des salariés et retraités. En témoignent les résultats en forte chute aux élections professionnelles dans le dernier trimestre 2003 et le départ de cette confédération de syndicats et d’équipes entières regroupant plusieurs dizaines de milliers de syndiqués du privé et du public.

Quelques coupures de presse indiquent qu’une distribution massive de tracts viendra prolonger la phase publicitaire. Le combat pour « l’emploi et les services publics », la Cfdt annonce vouloir les mener, « jour après jour, pour vous avec vous ». Et plus probablement, contre vous et nous, comme elle l’a démontré l’année dernière sur le dossier des retraites, celui des intermittents du spectacle ou de l’indemnisation des chômeurs. L’année commence en effet fort mal pour ces derniers et notamment pour les 180.000 radiés de droits, anticipés.

Symbolique que la date des 5 et 6 janvier, veille des soldes pour lancer une campagne publicitaire : 2004 braderie des acquis sociaux par la Cfdt, comme en 2003 ? Symbolique également d’une forme de tirage de la galette, la fève pour les pauvres, la galette pour les actionnaires, politique que cautionne de plus en plus dans les faits la Cfdt. Les occasions de rire ne sont pas si nombreuses.

Reste que toute pub qui se respecte cite au moins un chiffre clé pour frapper son public. La Cfdt n’y manque pas avec la « force de ses 900.000 adhérents ». Rien qu’une petite marche à grimper pour arriver au chiffre de 1,2 million fixé au congrès de Nantes, celui d’une organisation qui gagne. Mais qui peut le croire un seul instant ? Déjà ce chiffre de 900.000 n’est déjà qu’une fiction statistique, découlant d’une règle interne qui indique que 8 mois de cotisations versées génèrent arithmétiquement un adhérent. C’était la réalité d’hier. Mais aujourd’hui, avec les prélèvements automatisés de cotisations, chaque adhérent verse au moins 11 mois de cotisations. C’est ainsi que les 7,1 millions de mois de cotisations prélevés environ durant l’année 2002 font en réel 646.000 adhérents environ et pas 888.000 adhérents et encore moins 900.000.

L’embellissement de la situation est éloquent et la force des 250.000 adhérents supplémentaires ainsi générés démontre au yeux de tous la puissance… des mathématiques et le tour des prestidigitateurs. La même méthode de calcul permettra encore toute l’année 2004 de comptabiliser les adhérents déjà partis comme l’étant toujours, au prorata des cotisations payées. Ainsi pour prendre l’exemple de notre syndicat, le Spasmet, désaffilié en octobre 2003, qui a payé ses cotisations à la Cfdt jusqu’à cette date, comptera statistiquement pour 10/12 de ses 500 adhérents réels, soit près de 570 adhérents dans le résultat final 2003 de la Cfdt alors que la quasi-unanimité de ceux-ci l’ont quitté. Avec les dizaines de milliers de départs en cours, intervenus dans la deuxième moitié de 2003 pour l’essentiel, le chiffre de 900.000 adhérents et le traitement statistique qui y conduit devient totalement surréaliste, c’est à dire une réalité artistique déformée. Mais qui peut croire que c’est la réalité ?

Pour conclure revenons en à la pub, qui a ceci de merveilleux qu’elle ne se débat pas, ni ne se vote, mais s’impose parfois avec obscénité. Certes, elle se commente, avec plus ou moins d’humeurs… mais sans que cela ne pèse sur le décideur. Seul le résultat chiffré compte. Avec la pub, l’avant garde éclairée a raison, ses résultats chiffrés le démontrent et les résultats chiffrés sont bons puisque que l’avant garde est éclairée. Ainsi va la Cfdt, augurant déjà le résultat d’un grand débat interne… coup de pub, lui aussi ???

Point de vue du Spasmet (n°3) de janvier 2004.

Pour plus d’information, on peut consulter le site suivant :

http://spasmet-meteo.org/