WikiLeaks ne répond plus, ou de manière très sporadique, sans que l’on sache si cela est du à des cyber-attaques ou aux difficultés posés par l’hébergement.

C’est une leçon pour qui pensait que Internet offrait toutes les garanties de liberté de l’information. (Les internautes de nombreux pays avaient déjà appris la leçon) Les Etats-Unis, par la voix notamment de Joe Lieberman, président de la commission de la Sécurité intérieure et des Affaires gouvernementales., ont exercé des pressions telles que les hébergeurs ne se bousculent pas pour offrir leurs services. Amazon a renoncé et la rumeur dit que c’est un hébergeur français, OVH, qui aurait pris le relais. Mais résister à une attaque DDoS, (déni de service, un grand nombre d’ordinateurs se connectant au même moment à un site, afin de le surcharger jusqu’à le rendre inaccessible) est quasi impossible, sinon en …déconnectant le serveur.

S’attaquer à la diffusion des documents ne suffit pas. Il faut aussi s’attaquer à l’homme. Selon la plupart des médias, toutes les polices européennes seraient aux trousses du « fugitif » Julian Assange.

Faux, dit The Independent (2 Décembre 2010, Wikileaks chief: What will he do next?) :

« Malgré les accusations selon lesquelles Julian Assange serait en fuite, The Independent a appris que Scotland Yard a été en contact avec ses avocats depuis plus d’un mois, mais attend des instructions complémentaires avant de l’arrêter. Les police autour du globe se sont vues demandé d’arrêter l’énigmatique fondateur de Wikileaks , demandé par la Suède pour répondre à une série de plaintes sexuelles contre lui
Mais l’australien de 39 ans a communiqué à la Metropolitan Police tous les détails pour le contacter à son arrivée en Grande Bretagne en Octobre. Des sources policières ont confirmé qu’elles avaient un numéro de téléphone pour Mr Assange et qu’elles savaient parfaitement où il réside »

Les attaques politiques fusent. Les plus virulentes proviennent de Hillary Clinton dont un document publié par WikiLeaks révèle qu’elle a ordonné l’espionnage de diplomates de l’ONU, en violation de la Convention des Nations -Unies de 1946.

Qui sont les « criminels » et « irresponsables » dans cette affaire de révélations ? Ceux qui ont commis les faits révélés ou ceux qui les ont révélés ? La seule personne qui a violé une loi de façon indiscutable, pour l’instant, est Clinton.

Au-delà de la personnalité de Julian Assange et des accusations auxquelles il fait face, c’est à une attaque en règle contre la liberté d’expression, au nom du bon vieux « secret d’Etat », que l’on assiste. L’erreur serait de considérer l’affaire sous l’angle de la mythomanie.

Le Roi est nu et exposé devants ses sujets, lui qui est habitué aux ronds de jambes d’un système servile, acceptant sans broncher des prérogatives que lui donneraient naturellement ses fonctions, entre autre le droit de diriger les affaires du monde à l’abri des regards.

Julian Assange et les membres de WikiLeaks jouent le même rôle aujourd’hui qu’ont joué Daniel Ellsberg, Howard Zinn ,Tony Russo et Noam Chomsky dans la publication des Documents du Pentagone sur la guerre du Vietnam en 1971. Ironie de l’histoire, la bonne vieille photocopieuse se révèle plus efficace que nos réseaux de fibres optiques pour diffuser l’information. Et Hillary Clinton est parfaite dans le rôle de Nixon.