De l’indignité du monde libertaire
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Aujourd’hui, ce sont des camarades de la lutte antifranquiste qui sont visés à travers un article particulièrement agressif et diffamatoire contre un livre qui vient de paraître sur les actions des Jeunesses libertaires ibériques contre la dictature espagnole dans les années 60 : « Insurgencia libertaria – Las Juventudes libertarias en la lucha contra el franquismo », par Salvdor Gurucharri y Tomás Ibáñez.
{« Cette plongée dans le monde marécageux du mensonge sans limites, de l’indignité, de la falsification érigée en tactique n’est pas agréable. Tant s’en faut. Mais lorsque d’anciens militants en France des Jeunesses libertaires ibériques (FIJL) des années soixante s’y installent, il est indispensable de le relever et de s’y opposer véhémentement. Leur propos n’est pas, bien sûr, de liquider des « ennemis » déjà disparus. Mais il reste leur mémoire qu’il s’agit de salir. Dans un livre publié en Espagne 1, Gurruchari et Ibañez racontent à leur façon l’histoire du Mouvement libertaire espagnol (MLE) en exil pendant cette décennie et, comme le titre l’indique, ils témoignent avant tout des activités de la FIJL. L’analyse critique approfondie de l’ouvrage est à venir. Mais, sans plus attendre, il est dans ce récit un point, livré presque en passant, dont la gravité n’échappera à personne : alors que les approches entre différentes tendances du MLE, en particulier entre les activistes des Jeunes libertaires (JL) et le courant majoritaire de l’anarcho-syndicalisme représenté par la CNTE (appelé le plus souvent par Gurruchari et Ibañez courant esgléiste 2), divergent de plus en plus, nos auteurs accusent ce dernier d’avoir livré à la police française les informations concernant le réseau constitué autour de la FIJL ! »}
On pourra lire la suite ici :
De l’indignité de quelques anciens Jeunes libertaires ibériques
http://www.monde-libertaire.fr/international/item/13783
Pourquoi cette virulence disproportionnée des pontes de la FA contre toute forme d’action directe ? 40 ans après, les appareils continuent à dénigrer l’« aventurisme » et l’irresponsabilité des jeunes ; on se rappelle l’attitude de la FA, qui a pris le train en marche en mai 68 après avoir viré ceux qui allaient être à l’initiative de ce mouvement. Aujourd’hui, elle soutient rétrospectivement les « puristes » de la CNTE d’alors, après diverses voltes-faces selon la médiatisation du moment.
Il serait temps que les militants à la base se secouent et nous disent ce qu’ils pensent de ces pratiques.
Voici la réponse des intéressés :
{{À propos d’un citoyen au-dessus de tout soupçon}}
« Il n’y a pas si longtemps nos deux faussaires… auraient eu à s’expliquer sévèrement (sic). Il n’y a pas de raisons que ça change (sic). » La dernière phrase de la charge de Borillo contre notre livre (ML, nº 1606) est décidément trop belle pour que nous ne la reprenions pas en ouverture de nos commentaires. Alors, c’est dit : égolâtres, émules des pires procédés staliniens, faussaires de l’histoire, calomniateurs, pseudo-libertaires (le doute sur notre engagement libertaire est jeté dans l’intitulé même de la charge), nous serions, aux dires de l’accusateur, installés « dans le monde marécageux du mensonge sans limites, de l’indignité, de la falsification érigée en tactique ». Que Borillo juge bon de manier aussi profusément l’insulte, c’est son problème. Pour ce qui nous concerne, nous nous en voudrions de le suivre dans cette voie. La tâche étant manifestement inutile, nous ne souhaitons pas davantage polémiquer avec lui. Reste que, si le lecteur doit juger, comme l’indique le comité de rédaction du Monde libertaire tout en précisant qu’ « il n’a pas vocation à s’impliquer » dans ce genre de polémiques, il faut bien qu’il le fasse en connaissance de cause et sur la base de points de vue contradictoires. D’où ces quelques précisions.
Pointons d’entrée de jeu que ce Germinal Esgleas, dont on nous reproche de salir vilement la mémoire, est le même personnage qui fut accusé, en d’autres temps et dans un document public fort virulent, de « s’être comporté comme n’importe quel bureaucrate stalinien ». Qui proféra ce jugement ? L’ensemble des groupes de la Fédération anarchiste de la région parisienne, réunis, le 6 mai 1966, avec d’autres groupes anarchistes – tels Noir et Rouge et la Liaison des étudiants anarchistes –, soit un total de 18 groupes, c’est-à-dire pratiquement toute la mouvance anarchiste parisienne de l’époque. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette belle – et rare – unanimité était à l’exacte mesure de la forte indignation que suscita, alors, l’attitude de Germinal Esgleas. La cause en était scandaleusement simple. Rappel des faits : l’enlèvement, à Rome, le 30 avril 1966, de Monseigneur Ussía, représentant ecclésiastique de Franco auprès du Vatican – qui fut revendiqué à Madrid, le 1er mai, par un groupe anarchiste exigeant, en échange de sa liberté, la libération des prisonniers politiques en Espagne – avait suscité un fort enthousiasme au sein du mouvement anarchiste international. Or Le Monde daté du 4 mai se fit l’écho de « la condamnation » de l’enlèvement d’Ussía par le secrétaire général de la CNT en exil, Germinal Esgleas en personne, qui jugeait l’action « complètement négative ». Quelles raisons pouvaient bien motiver un tel empressement à condamner cette action et à s’en démarquer frileusement (« Nous n’y avons rien à voir ») ? Nous y reviendrons plus avant quand nous évoquerons l’hypothèse qui scandalise si fortement Borillo.
Ajoutons que le personnage dont on nous reproche de salir la mémoire fit l’énorme sacrifice militant d’être, de 1945 au début des années 1970, avec de rares périodes d’interruption, un permanent – toujours salarié, bien sûr – du Mouvement libertaire espagnol, soit comme secrétaire général de la CNT en exil (quatorze ans !), soit à d’autres fonctions. Précisons, par ailleurs, que les postes rémunérés étant rares et fort nombreux les militants capables de les occuper, il fallut que Germinal Esgleas fasse preuve d’un dévouement tout particulier pour supporter, seul et pendant si longtemps, le fardeau d’une bureaucratie qu’il aurait sans doute été égoïste de faire partager. Nous y reviendrons quand nous évoquerons l’hypothèse qui scandalise si fortement Borillo.
Disons, enfin, que le personnage dont on nous reproche de salir la mémoire était secrétaire général de la CNT en exil lorsque plus d’une centaine de militants de son organisation – dont certains, très prestigieux, manifestaient leur soutien aux jeunes de la FIJL – en furent expulsés. C’est encore lui qui était à la tête de la CNT en exil quand les fédérations locales les plus nombreuses de l’organisation – celles qui, telles Paris, Toulouse et bien d’autres, abandonnèrent le congrès de Montpellier (1965) pour marquer leur désaccord avec la direction « esgléiste » – en furent, par la suite, expulsées. Car, contrairement à ce que prétend Borillo, ce conflit interne n’opposa pas simplement de jeunes activistes écervelés de la FIJL à la « prestigieuse » CNT en exil, mais une partie très importante de cette même CNT – et pas précisément son secteur « possibiliste » –, qui se regroupa plus tard autour du journal Frente Libertario, à la tendance représentée par Germinal Esgleas.
Retour arrière… En juin 1962, Defensa Interior (DI) ouvrit les hostilités : actions spectaculaires à base d’explosifs, campagnes médiatiques et préparation d’un attentat contre Franco. Dès lors, les autorités franquistes, qui espéraient sans doute que l’accord de création du DI restât lettre morte, manifestèrent de vives inquiétudes. La réponse policière fut trans-frontières : en Espagne, vague d’arrestations et, en France, interdiction, quelques mois plus tard, du journal de la FIJL. Germinal Esgleas, en désaccord avec la dynamique d’action directe enclenchée, cessa très vite de participer aux réunions du DI qui poursuivra ses actions quelques mois encore, jusqu’à l’exécution de Granados et Delgado, en août 1963. Cette brutale mise à mort avait valeur d’avertissement : les autorités franquistes étaient décidées à mettre tout en œuvre pour en finir avec les activités du DI et du secteur qui y était le plus fermement engagé, la FIJL.
Le 1er août 1963, des agents franquistes déposèrent une bombe au siège toulousain de la CNT en exil. Ce premier coup de semonce ne manqua pas d’inquiéter les responsables de l’organisation. Le 23 août, des militants de la FIJL furent arrêtés par la police française et, le 11 septembre, une centaine de militants se voyaient interpellés sur la base d’un long rapport des Renseignements Généraux – qui comportait, certes, des erreurs, mais était globalement très bien informé. Vingt et un militants furent finalement incarcérés. Corrigeons Borillo sur deux points : primo, Guerrero Lucas figurait bien dans ce rapport ; secundo, sans affirmer d’aucune manière que l’information fut transmise aux RG par quelqu’un de haut placé dans les instances de la CNT en exil, nous nous contentons simplement de rapporter que cette hypothèse fut examinée, à l’époque – parmi d’autres, bien sûr. Nous n’affirmons pas non plus, même si le bruit en avait couru, qu’Esgleas aurait fait des confidences au commissaire Tatareau – policier bon enfant, cordial, de gauche et anti-franquiste, selon lui –, mais que ledit commissaire, les oreilles bien ouvertes et l’œil aux aguets, fréquenta régulièrement, des années durant, le siège toulousain de la CNT en exil, glanant de-ci de-là quelques précieuses informations. Que ces hypothèses aient alors été prises en compte et examinées nous semblent d’autant moins étonnant que de nombreux facteurs confluaient pour pousser Esgleas à faire en sorte que fût évitée une situation conflictuelle avec les autorités françaises, qui pouvait menacer l’existence même des structures de la CNT en exil, autrement dit son maintien.
Faut-il y voir une raison à sa si rapide condamnation de l’enlèvement de Rome ? Ou encore le motif qui l’incita à boycotter le DI dès que celui-ci commença d’agir vraiment, en application des accords pris par l’organisation ? Est-ce encore pour cette raison qu’il revint à la direction de la CNT en exil, en octobre 1963, mettant pratiquement fin au DI, formellement dissous en 1965 ? Cette volonté de maintenir la CNT en exil à l’abri d’éventuelles représailles n’avait-elle rien à voir, chez Esgleas, avec la simple peur de se retrouver soudain, et après une si longue carrière de permanent, privé d’émoluments « organiques » ? Nous ne le saurons évidemment jamais, mais, face à autant de facteurs convergents, il n’est pas interdit de se poser des questions. Si Borillo admet que nous ne portons pas d’accusation directe, il s’appuie sur un autre fait pour nous traiter de calomniateurs et de falsificateurs. Nous soutenons, en effet, que les mesures répressives – savamment ciblées – déployées par la police française renforcèrent, au sein de la CNT en exil, le secteur opposé au DI et, du même coup, favorisèrent le retour de Germinal Esgleas aux affaires, mettant ainsi un point final à l’activisme anti-franquiste d’action directe.
Voyons ce qu’il en est… En octobre 1963, la FIJL fut interdite et une partie de ses militants restèrent en prison jusqu’à la fin du mois de février 1964. Parallèlement, et pour la première fois de son histoire, la CNT en exil obtenait des autorités françaises l’autorisation de tenir, en ce même mois d’octobre 1963 , son congrès à Toulouse. Enfin, le maintien en prison, aux côtés des jeunes de la FIJL, de militants cénétistes aussi influents que Cipriano Mera et José Pascual ne fut pas sans effet sur l’abstention de l’importante fédération locale de Paris lors de l’élection du secrétaire général.
Il est vrai que ce congrès fut un congrès de reprise en main : Germinal Esgleas redevint secrétaire général et il n’y eut plus un sou pour les activités du DI, dont la dissolution fut prononcée au congrès suivant. Il est encore vrai que les autorités françaises étaient favorables, et de loin, à un dénouement de ce type mettant fin aux tensions avec l’Espagne franquiste, qui savaient que les actions du DI partaient du territoire français. Est-ce faire preuve d’un machiavélisme excessif que de penser que les autorités françaises, et leur police, agirent et jouèrent leurs cartes pour favoriser ce dénouement ? Informées comme elles l’étaient des conflits que la ligne d’action directe anti-franquiste suscitait au sein du MLE, aura-t-on la naïveté de croire qu’elles pouvaient se contenter d’attendre, en mettant quelques activistes sous clef, que le MLE s’inclinât dans un sens ou dans un autre ? Est-ce calomnier que de penser cela, et de constater que, dans ce cas précis, les intérêts des autorités françaises et ceux de Germinal Esgleas étaient tout à fait convergents? Devrions-nous taire cette évidente convergence d’intérêts pour ne pas semer le doute sur le parcours de ce personnage que certains semblent encore considérer comme une icône intouchable ?
S’il existe une « indignité », elle n’est pas de notre fait, mais tient à la volonté, bien peu libertaire, d’entraver ou de censurer l’esprit critique. Qu’il soit d’accord ou non avec son contenu, et sauf à professer la mauvaise foi, quiconque lira notre livre conviendra aisément que l’exercice de notre esprit critique ne se borne pas à dénoncer les agissements de Germinal Esgleas, mais embrasse également nos propres activités de l’époque. Et puisque le comité de rédaction du ML parle du relatif échec de la CNT dans l’Espagne d’après Franco, disons-le pour finir : la responsabilité de cet échec – plus que relatif au regard de ce qui aurait pu être – n’est évidemment pas sans quelque corrélation avec le cours que le secteur esgléiste imprima à la CNT en exil.
Salvador Gurucharri et Tomás Ibañez
Organisme de lutte créé, en 1961, par les trois branches du Mouvement libertaire en exil, et dont Esgleas était l’un des sept membres !
Dont Salvador Gurucharri, l’un des auteurs de ce livre.
Nous pensons, en effet, que Guerrero Lucas ne travaillait pas, à cette époque, pour la police. C’est notre hypothèse, que d’autres ne partagent pas. En tout cas, pour des motifs sur lesquels nous revenons dans notre ouvrage, il avait été mis, dès l’été 1962, à l’écart du DI et de la FIJL. En revanche, il continua à collaborer, plusieurs années durant, avec la direction « esgléiste » de la CNT en exil, ce que Borillo ne peut pas ignorer.
Prise le 15 octobre, la mesure d’interdiction fut formellement notifiée à la FIJL le 4 novembre 1963. Notre livre n’est pas exempt d’erreurs, dont certaines ont déjà été relevées, mais, dans ce cas précis, c’est encore un point sur lequel il nous faut corriger Borillo qui avait cru mettre à jour une contradiction entre les deux dates.
La fédération locale de Toulouse était proche de la FIJL, mais la région de Toulouse, avec ses dizaines de petites fédérations locales, était un fief de Germinal Esgleas.
http://img10.hostingpics.net/pics/147065insurgencia_lib…a.jpg
cette réponse est passée dans le ML de la semaine dernière…tout est bon pour pouvoir chier sur la FA on dirait…lamentable
Une critique de la FA serait forcément « primaire » ?
La critique des bureaucraties politiques souffrirait des exceptions ?
Le « courageux » défenseur de la FA ferait mieux de nous dire ce qu’il pense de l’article du ML et de la réponse, ça permettrait de le situer.
« on se rappelle l’attitude de la FA, qui a pris le train en marche en mai 68 après avoir viré ceux qui allaient être à l’initiative de ce mouvement »
Alors j’étais pas né mais heu à ma connaissance les ouvriers de sud Aviation n’étaient pas à la FA et les trois seuls groupes FA qu’il y ait eu dans la région ont été actifs après 68 (années 70, 80, 2000).
Sinon plus globalement autant il y a du fond intéressant et qui pose question, autant il faut faire attention aux diarhées verbales dont le seul but est de dénigrer. Là ben pour quelqu’un comme moi qui n’y connait rien à l’espagne ça jette juste un doute sur l’honnêteté globale de la contribution.
Ben, quand on s’appelle Mai 68 sans « être déjà né », il vaut mieux se renseigner sur cette époque.
Au congrès de Bordeaux de la FA, en 1967, 13 groupes parmi les plus dynamiques ont quitté l’organisation, et deux autres ont rejoint l’Internationale situationniste. Ce sont tous ces groupes scissionnistes, dont celui de Nanterre, regroupés dans diverses liaisons, qui ont été à l’origine du mouvement de 68.
La FA était occupée à maintenir la pureté idéologique de son appareil depuis 67 et n’est intervenue que tardivement, par crainte d’être totalement dépassée par les événements.
Il faut aussi préciser qu’il y avait une convergence entre les jeunes militants espagnols de la FIJL et ces groupes libertaires en rupture de FA, ce qui explique cette attaque déplacée et inutile contre des militants qui avaient préféré à cette époque l’action directe aux conflits de pouvoir des appareils et qui ont souvent milité de concert.
Voir entre autres sur cette période :
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtopic.php?f=5&t=692
La FA s’est particulièrement distinguée ces derniers temps, à croire qu’elle cherche à bien remplir son bêtisier.
On a particulièrement apprécié certains articles et commentaires lors des massacres de Gaza et des manifestations de soutien qui ont suivi.
Par exemple cet article paru dans « Le Monde libertaire » et republié sur Indymedia Toulouse, et qui s’est attiré les commentaires appropriés :
« Gaza, sans Dieu ni Etat ! »
http://toulouse.indymedia.org/?page=article&id_article=…33693
Ou encore les commentaires d’une célèbre collaboratrice du « Monde libertaire » qu’on n’a plus besoin de nommer mais dont se demande parfois si elle fait partie du Likoud ou d’une organisation libertaire :
Pour l’arrêt immédiat de l’offensive israélienne contre gaza !
http://lille.indymedia.org/article14685.html
Je sais bien que n’importe quelle orga est sujette à des dérapages, et j’ai moi-même milité à la FA pas mal de temps, mais là ça fait beaucoup, et on aimerait savoir ce qu’en pensent les militants de base…
« Ou encore les commentaires d’une célèbre collaboratrice du « Monde libertaire » qu’on n’a plus besoin de nommer mais dont se demande parfois si elle fait partie du Likoud ou d’une organisation libertaire « »
En résumé le FA publie des articles qui pourraient être ceux du LIKOUD
Le genre de propos diffamatoire, lancé comme ça, l’air de rien, mais évidement sans preuve, infondé donc, qu’il faudrait quand même un jour arriver à ne pas laisser en ligne. Pour mémoire, le likoud c’est rien de moins que la droite israélienne.
La FA est bcq de choses, la FA fait bcq de conneries, mais pas ça. Pas encore en tout cas.
« Pour mémoire, le likoud c’est rien de moins que la droite israélienne. »
Pour mémoire, le Likoud, c’est rien de moins que des divergences minimes avec la gauche israélienne. Ils sont d’ailleurs alliés dans le même gouvernement fasciste d’occupation, d’apartheid et de nettoyage ethnique.
Les propos tenus par la FA et jamais clairement démentis ni dénoncés sont parfaitement indignes, et à plus forte raison d’une organisation se prétendant libertaire.
La FA ne s’est d’ailleurs pas calmée depuis et continue sur la même lancée, à preuve son édito au moment de l’entrée en guerre de l’OTAN et des « démocraties » contre la Libye :
Une frappe éditoriale
Les événements en cours en Libye nous ont valu de découvrir un très surprenant éditorial dans “Le Monde libertaire” n° 1628 du 24 mars 2011. Il est dommage que l’humoriste Stéphane Guillon ne puisse plus nous offrir ses chroniques matinales sur France Inter. Nul doute qu’il en aurait tiré de quoi nous amuser. Si cet éditorial vous a échappé, vous le trouverez reproduit ci-dessous, ainsi que la réponse indirecte qu’il m’a inspirée.
EDITO DU “MONDE LIBERTAIRE”
Ça y est, les « démocraties » de notre bas monde se sont enfin décidées à intervenir en Libye. Jeudi 17, l’ONU a donné son feu vert pour l’organisation de frappes militaires contre les troupes de Khadafi. Les grands chefs de ce monde n’auront donc pas tout à fait rejoué le scénario de 1936 et abandonné un peuple en révolte contre un régime sanguinaire. Bien qu’antimilitaristes forcenés, nous ne pouvons que nous satisfaire, dans l’immédiat, de cette décision de la communauté internationale. Le contraire relèverait d’un purisme idéologique assurément bourgeois, complètement déconnecté des réalités quotidiennes. Quand un peuple se fait trucider tous les jours, une intervention militaire qu’il requiert contre son assassin lui sera toujours plus salutaire qu’une brochure ou un discours antimilitariste. Mais, évidemment, ne nous privons pas d’alerter le peuple libyen et de le mettre en garde – si besoin – contre la récupération et la confiscation de sa révolution politique par ces mêmes « démocraties » qui l’auront éventuellement libéré, en quelques frappes aériennes, des troupes de son tyran. Cette intervention ne saurait conférer en aucun cas aux gouvernements occidentaux un droit d’ingérence dans les affaires libyennes. Et elle ne doit pas non plus pousser les révolutionnaires libyens à adopter le régime politique et économique portés par les pays responsables de cette intervention. Espérons donc que la révolution suivra son cours et qu’elle saura s’opposer aux velléités interventionnistes des démocraties occidentales qui, ne nous leurrons pas, envisagent déjà de façonner à leur manière la nouvelle Libye pour la rendre conforme à leurs intérêts. De notre côté, vous pouvez compter sur nous autres, pauvres bougres que nous sommes, pour que les puissants qui nous dominent n’aillent pas jusqu’au bout de leurs ambitions « néocoloniales ». Salut à vous, force et courage !
Réponse : L’EDITO QUI TUE !
Impatient d’en découdre mais frustré par une révolution qui, ici, tarde à venir, l’auteur de l’éditorial du Monde libertaire paru le 24 mars a revêtu sa tenue de combat pour venir en aide à sa manière aux insurgés libyens. Sans doute lassé de devoir encore et toujours côtoyer, au sein du mouvement anarchiste, de désolants militants imprégnés de pacifisme capitulard, ce farouche guerrier par procuration s’est installé virtuellement sur le siège de copilote d’un bombardier occidental pour lâcher sur les lecteurs de cet hebdomadaire ses arguments conquérants, lourds comme une prose d’adjudant-chef.
« Ça y est », « enfin », ne peut-il s’empêcher d’écrire dès les première et deuxième lignes de son petit devoir, avec un soulagement tout bernard-henri-léviste, en évoquant la décision de l’ONU d’autoriser les frappes aériennes en Libye. Le reste de l’éditorial, comme certains avions de combat, fait du rase-mottes au côté des Rafale, Mirage et autres Awacs de la coalition, atteignant au passage les seules cibles à sa portée : les antimilitaristes et leurs brochures et discours inefficaces. C’est méprisant, cynique. C’est consternant !
Ravi, donc, que le coûteux arsenal militaire des pays démocratiques serve « enfin » à quelque chose, l’auteur de cet éditorial tente d’ailleurs, à l’aide d’une pitoyable pirouette, d’atténuer l’aspect évidemment choquant de sa position en donnant naissance à un concept novateur : l’antimilitarisme guerrier. Cela donne cette phrase sublime, qui méritera de figurer en bonne place dans un florilège de la bêtise et du jésuitisme : « Bien qu’antimilitaristes forcenés, nous ne pouvons que nous satisfaire, dans l’immédiat, de cette décision de la communauté internationale. » Autrement dit : « Bien qu’ayant quelques solides principes, cela ne doit surtout pas nous empêcher de nous asseoir dessus à la première occasion. »
[Vous aurez noté, par ailleurs, le terme « forcenés », qui laisse entrevoir à la fois le degré de souffrance intime que ce va-t-en-guerre malgré lui doit endurer en approuvant les bombardements, et le niveau de satisfaction belliqueuse qu’il aurait pu atteindre si son antimilitarisme avait été simplement ordinaire.]
Oublié car ringard, donc, le discours sur l’industrie de mort et ses ruineuses et mortelles saloperies, modernes en diable, elles, pas comme ces pamphlets antimilitaristes poussiéreux ! Rien, pour cause d’inefficacité pacifiste chronique, sur ce commerce sordide et florissant avec les dictatures du monde entier, qui permet de museler des millions d’individus. Pas un mot, sans doute pour éviter toute atteinte au moral des armées, sur cet arsenal militaire de Khadafi que détruisent aujourd’hui ceux-là mêmes qui le lui ont vendu, du temps pas si lointain de leur amitié. Silence éditorial sur le commandement suprême d’une guerre confié à un Prix Nobel de la paix…
Au lieu de ça, il nous faudrait croire que la motivation première de la coalition dans cette intervention musclée repose sur une inquiétude angoissée des dirigeants occidentaux pour les populations de l’Est libyen. On attendait une réflexion censée, au moins une ébauche d’analyse raisonnée de l’événement, et c’est BHL qui s’invite en bonne place dans les colonnes du Monde libertaire. Après l’ « antimilitarisme guerrier », voici donc les « bombardements humanitaires ». Et quand l’heure du combat a sonné, il en va des éditoriaux comme d’une cour de caserne : on ne s’y pose plus de questions ! Comme celle-ci, très primaire, je le reconnais, eu égard à la philosophie haut de gamme de l’éditorialiste : pourquoi la Libye, et pas le Soudan, la Tchétchénie, le Tibet, la Syrie, la Biélorussie, la Birmanie, la Thaïlande, la Chine, entre autres, autant de pays où toute contestation massive se termine en massacre ?
On passera sur le parallèle qu’ose entreprendre le spécialiste des questions militaires du Monde libertaire, devenu historien, avec l’Espagne de 1936, tant l’on parvient là à des sommets de ridicule, plus élevés que la hauteur atteinte par les avions de guerre « libérateurs » des curieuses brigades internationales de l’OTAN au-dessus de la Libye. Il y a bien du rouge et du noir dans le drapeau qu’arborent les insurgés, mais il est celui de l’ancienne monarchie cyrénaïque renversée par le coup d’Etat khadafiste de 1969. Les révoltés libyens ne souhaitent sans doute pas tous le retour de la couronne, mais ce choix est tout de même symboliquement lourd. Nous n’avons pas le souvenir, par ailleurs, que les antifranquistes – et en premier lieu les anarchistes espagnols – aient réclamé l’intervention armée des démocraties européennes.
Dans sa fulgurante lucidité, le baroudeur à distance entrevoit tout de même la possibilité que les « démocraties » occidentales ne jouent pas les gros bras dans un but totalement désintéressé, mais avec certaines arrière-pensées pour la période d’après-tuerie. [Vous aurez noté les guillemets à « démocraties », qui montrent que ce pertinent observateur du monde n’est pas dupe.] Aussi prend-il bien soin de les mettre en garde. [A partir de là, ce n’est plus BHL, c’est Jean-Claude Vandamme !] Car si elles s’imaginent, ces « démocraties », pouvoir tirer profit de la situation auprès des successeurs du tyran, elles se trompent ! D’abord, elles n’en ont pas le droit, il l’écrit sans même une pointe d’humour, et surtout ce serait sans compter sur les troupes de la Fédération anarchiste, qui ne permettront pas cette infâmie (« Vous pouvez compter sur nous… »). A ce stade, il est regrettable qu’il ne nous dise pas où en est son extrême vigilance concernant l’éventuelle confiscation des « révolutions » tunisienne et égyptienne par les politiciens professionnels de là-bas.
Dans un journal d’opinion, l’éditorial est censé fournir le sentiment général partagé par les adhérents de l’organisation dont il est l’organe. C’est donc avec effarement qu’on découvre cette prose en uniforme dans le journal de la Fédération anarchiste. Car il serait tout de même surprenant, j’ose l’espérer, que le point de vue développé ici soit largement répandu parmi les adhérents de cette organisation. S’il s’en trouve pour être séduits, même momentanément, par le charme discret des porte-avions et autres engins de mort, il était à la rigueur possible de reléguer cet article en tenue treillis en page intérieure, signé par son auteur, plutôt que de l’élever au rang d’éditorial.
Mais il y a plus grave.
Non content d’imposer à tous cette position belliqueuse qui fera date dans l’histoire du journal, tout point de vue divergent ou contraire se voit dans le même temps caricaturé lamentablement, flingué par l’éditorialiste embusqué. Les réfractaires au lâcher de missiles, selon un procédé utilisé jusqu’à la nausée par des générations de staliniens, se voient d’emblée discrédités, placés illico par le Georges Marchais du drapeau noir au rang de « puristes assurément bourgeois déconnectés des réalités ». Pourquoi pas d’« anarchistes allemands », tant qu’on y est ? Bien qu’il ne soit pas le premier, loin de là, à user de telles méthodes, on demeure à chaque fois attendris par la découverte, sous une plume libertaire, de cette ouverture d’esprit et de cette bienveillante tolérance que n’aurait pas reniées un militant maoïste pro-albanais des années 60.
Ceux qui espèrent d’une publication libertaire qu’elle leur offre une analyse réfléchie des événements survenus dans le monde arabe depuis trois mois, débarrassée des postures bouffonnes, devront encore patienter, attendre que cet éditorialiste de préau d’école ait fini de pulvériser les chars ennemis sur sa console vidéo.
Le blog de Floréal
Croire ou penser, il faut choisir !
http://florealanar.wordpress.com/2011/03/31/une-frappe-…iale/