Nous venons de recevoir deux documents de nos camarades de la Liga por la Emancipación de la Clase Obrera, du Costa Rica, un groupe qui participe activement au débat et à la collaboration internationale entre groupes prolétariens.

Le premier document est une prise de position sur la répression qui s’abat à la fois sur les ouvriers, les étudiants et tous les laissés-pour-compte de la part d’un Etat qui se vente d’être « le plus démocratique » et de constituer une « exception » dans cette région centre-américaine si agitée. En réalité, comme nos camarades le démontrent, au Costa Rica, la dictature capitaliste s’exerce avec autant de brutalité que dans d’autres pays de plus « mauvaise réputation ».

Le deuxième document représente les Positions de Base de la LECO qui nous semblent concrétiser un effort de réflexion et de synthèse qui pourrait servir à d’autres groupes et collectifs internationalistes de par le monde. De la Déclaration de nos camarades le passage suivant est à souligner : « À l’heure actuelle, la LECO est une organisation sœur des différents regroupements du milieu prolétarien internationaliste au niveau mondial, avec lesquels nous menons des débats, et avec lesquels nous sommes arrivés à défendre des prises de position communes. Ceci parce que nous pensons qu’il est d’une importance vitale aujourd’hui d’élargir ce milieu pour développer un débat internationaliste. »

Courant Communiste International

Deux textes de la LECO

Prise de position de la LECO face à la répression menée par le gouvernement du Costa Rica dans les dernières semaines.

Pendant ces dernières semaines, nous avons constaté que le gouvernement du Costa Rica a utilisé la répression pour intimider toutes les manifestations ouvrières qui se sont déroulées. Ceci fait partie d’une dynamique générale propre au capitalisme qui, poussé par la crise endémique qui le ronge, cherche à faire porter le poids de la crise sur le dos des travailleurs. Son but est d’empêcher la classe ouvrière de prendre confiance en elle-même et de la maintenir désunie.

La répression et les menaces sont les instruments majeurs de la démocratie, qui est comme une décoration avec laquelle la bourgeoisie essaye d’enrober ses massacres. Le gouvernement annonce qu’il ne tolérera pas le moindre incident du genre « blocage des routes », ni, comme ceux qui nous gouvernent le déclarent toujours, que la paix soit altérée. A travers ce discours, il se prépare à réprimer n’importe quelle lutte qui essaye de s’opposer aux plans de « réajustement » du pouvoir face à la crise. C’est la seule dynamique qu’ils connaissent, que ce soit le gouvernement précédent d’Arias ou l’actuel de Chinchilla ou n’importe quel autre fraction susceptible de parvenir au pouvoir. Voilà la seule dynamique qui prévaut actuellement dans tous les pays de la planète.

On a vu la provocation de la police quand elle a pénétré dans les campus universitaires et qu’elle a fini par charger les étudiants. On a vu les arrestations par milliers lors des manifestations à Puerto Limón [Port principal du Costa Rica sur l’Atlantique]. Et enfin, les étudiants et d’autres manifestants ont été frappés avec brutalité au cours de la marche de protestation qui s’est déroulée le jour de la passation de pouvoir entre l’ancien et le nouveau président de la République.

Ces événements sont la face cachée de la démocratie. Le capitalisme a utilisé le discours démocratique pour, dans des périodes de « tranquillité », organiser des défilés et des fêtes, et, au moment des conflits, réprimer brutalement.

La brutalité de la police dans ce pays est bien connue, le discours sur le pays « de la paix »1 ne sert qu’à alimenter le nationalisme et les discours de la bourgeoisie et de ses laquais. La répression se vit quotidiennement au Costa Rica, répression qui s’exerce sur les vendeurs à la sauvette comme sur les travailleurs précaires, sur les exploités comme sur les laissés-pour-compte.

Le discours officiel est celui de renforcer la police contre le trafic de drogue, contre le terrorisme. Mais ce n’est qu’un prétexte pour une militarisation de la société comme le fait le reste de la bourgeoisie au niveau mondial.

Le prolétariat doit rejeter cette militarisation, cette répression dont le but principal est celui de diviser et d’utiliser tous les moyens pour que la classe ouvrière n’arrive pas à prendre conscience et agisse en conséquence. La classe ouvrière commence à perdre sa confiance en la démocratie, elle commence à s’éveiller en voyant son vrai visage, celui de la guerre, la misère et la répression. La situation du capitalisme ne fera qu’empirer et il n’y a que les méthodes de guerre dont dispose la bourgeoisie pour essayer de freiner sa chute au niveau mondial.

Liga por la Emancipación de la Clase Obrera

emancipación.obrera@gmail.com

http://internacionalismo-leco.blogspot.com/

Positions de base de la LECO

La Ligue pour l’émancipation de la classe ouvrière est un groupe marxiste qui se revendique de l’internationalisme prolétarien.

Nous considérons la classe ouvrière comme la seule capable de faire la révolution et de guider l’ensemble des exploités. La classe ouvrière est composée essentiellement de ceux qui vivent de leur salaire et des chômeurs, de tous ceux qui subissent dans leur chair les calamités de l’exploitation.

Nous considérons que le capitalisme, de la même manière que les systèmes d’exploitation qui l’ont précédé, a vécu une période d’ascendance et une période de décadence. La décadence a obligé le prolétariat à mettre en avant une nouvelle tactique, face à une nouvelle réalité historique où les méthodes de lutte du passé ont été dépassées.

Nous nous réclamons des apports de la Gauche communiste qui est restée fidèle à l’internationalisme prolétarien au milieu d’une période de persécution et, surtout, de détournement de la lutte communiste.

Nous considérons que le prolétariat ne doit défendre aucun drapeau national, nous pensons qu’il n’y a rien de progressiste dans aucune lutte nationale dans la période historique actuelle.

Nous considérons que les syndicats ne sont plus des outils de la lutte prolétarienne depuis que le capitalisme est entré en décadence.

De la même manière que pour les syndicats, la lutte parlementaire est depuis l’entrée en décadence du capitalisme, un terrain totalement contrôlé par la bourgeoisie où aucun intérêt prolétarien ne peut y être défendu, même pas une participation critique.

Nous ne croyons pas du tout dans les « Etats ouvriers » comme les appellent les trotskistes. Nous considérons que des pays comme Cuba, la Chine etc. sont et ont toujours été aussi capitalistes que le reste, que le patron soit l’État ne change rien au rapport d’exploitation.

Nous pensons que les conseils ouvriers sont les organes de lutte et d’organisation de la classe, mais en attendant que ce soit la classe elle-même qui puisse les instaurer, celle-ci s’organise en assemblées ouvertes de travailleurs, qui puissent intégrer des travailleurs d’autres branches, des étudiants, des chômeurs. C’est ainsi que la classe ouvrière a pu agir lors de certaines luttes, ces derniers temps de reprise de la lutte de classe.

À l’origine, la LECO défendait des positions trotskistes, mais nous avons commencé à nous opposer à la position pro-parlementaire et pro-syndicale du trotskisme, à son activisme et, en général, au programme défendu par la prétendue « Quatrième Internationale » que nous avons considéré comme un programme social-démocrate. Nous sommes arrivés à prendre contact avec des camarades d’autres pays, comme ceux du CCI, avec des positions similaires aux nôtres, de sorte que nous avons pu ainsi clarifier nos positions. À l’heure actuelle, la LECO est une organisation sœur des différents regroupements du milieu prolétarien internationaliste au niveau mondial, avec lesquels nous menons des débats, et avec lesquels nous sommes arrivés à défendre des prises de position communes. Ceci parce que nous pensons qu’il est d’une importance vitale aujourd’hui d’élargir ce milieu pour un débat internationaliste, parce que la classe ouvrière a commencé à reprendre ses forces et parce que des éléments et des groupes surgissent dans différents lieux qui se donnent pour tâche de se rapproprier la théorie et le combat révolutionnaires. Nous pensons que, malgré les positions différentes qu’on peut avoir par rapport à d’autres regroupements prolétariens et internationalistes, on peut toujours mener des débats qui vont dans le sens du développement de la conscience au sein de notre classe.

1 Des discours qui font sans doute référence au fait que le Costa Rica se vante d’être le seul pays au monde à ne pas avoir officiellement d’armée (NdT)