Quelques notes critiques sur « en catimini »
Catégorie : Global
Thèmes : Actions directesAntifascisme
Suite à mes réactions plutôt vives envers « En catimini », quelques amis m’ont demandé de coucher sur le papier mes remarques. J’ai hésité car, au fil des décennies, de bons textes, analysant les oppositions à l’Etat qui apparurent en République fédérale allemande (RFA) à partir de la fin des années 60, sont sortis en France. C’est pourquoi, initialement, j’ai commencé à en diffuser quelques-uns, tels que « L’antifascisme comme ersatz de révolution », paru en 1991 dans « Temps critiques ». Sans cracher dans la soupe à la façon des repentis, ils abordent les limites idéologiques communes à la majorité des tendances, des organisations, etc., classées sous l’étiquette d’opposition extraparlementaire (APO), limites reconduites par les groupes armés, Fraction armée rouge (RAF) en tête, et présentées par eux comme autant d’avancées. Pourtant, j’ai finalement décidé de mettre mon grain de sel, en rédigeant les notes qui suivent, dans l’espoir qu’elles aideront ceux qui veulent réfléchir par eux-mêmes et qui n’avalent pas sans broncher les brouets prédigérés. J’ai bien conscience de reprendre parfois, de façon lapidaire, l’essentiel de critiques déjà faites ailleurs et de ne pas être exhaustif. Pourtant, je ne vois pas pourquoi, alors que je ne suis pas tendre envers mon propre passé marxiste-léniniste (ML), qui date de la première moitié des années 70, j’accepterais que l’on défende aujourd’hui « en catimini » la même idéologie sous de nouveaux pavillons de complaisance, y compris en lui donnant quelque tournure néo-féministe. En laissant entendre, mine de rien, que les groupes de lutte armée en RFA étaient en quelque sorte des libertaires, comme les cercles affinitaires autonomes, dans l’Espagne des lendemains du franquisme. Bien sûr, cela ne signifie pas que tous les communiqués marqués du sigle « Rote Zora », par exemple, sont nuls et non avenus. Pour la bonne raison que des individus ne sont pas nécessairement réductibles à l’idéologie installée dans leurs têtes, et que, poussés par leur haine du monde de l’aliénation, ils l’outrepassent parfois, par leurs paroles et par leurs actes. Pour moi, il n’est pas question de jeter le bébé avec l’eau sale, comme le fit le père de l’Ecole de Francfort, Adorno, envers l’APO, alors même que des cercles radicaux reprenaient à leur compte les idées de l’un des meilleurs penseurs issus de l’Ecole, à savoir Marcuse. Au nom de la critique de la « démocratie totalitaire », Adorno devint incapable d’entrevoir l’apparition de tendances inédites en RFA, en train de rompre avec les côtés démocrates des idéologues de l’APO. Le summum fut atteint lorsqu’il appela la police du Land de Hesse pour faire cesser « l’occupation fasciste » de l’Institut de recherche sociale (IFS) par les « anarchistes », hostiles à la science universitaire. Ce n’est pas ma position. En revanche, c’est rendre de bien mauvais services aux révolutionnaires d’aujourd’hui que de valoriser en bloc, sans le moindre recul, les activités des groupes de l’époque, tels que les Cellules révolutionnaires, et donc de présenter leurs travers comme des modèles à suivre.
Peter Vener.
Décembre 2009.
Lire le texte ici: http://www.non-fides.fr/?Quelques-notes-critiques-sur-En
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