Retour sur les événements poitevins : Émeute ou happening ?
Catégorie : Local
Thèmes : Libérations nationalesPrisons / Centres de rétentionVivonne
Lieux : Poitiers
À Poitiers, pour la semaine d’action contre la construction de la prison de Vivonne, le collectif de mobilisation avait prévu, le 10 octobre, une manifestation festive, pacifique et colorée, animée par une fanfare. Le but de la semaine d’action était de mettre en cause le système carcéral auprès de la population locale. Entre 350 et 400 personnes avaient rejoint la manifestation.
La télévision n’en aurait sans doute pas parlé sans cela, mais l’événement a rapidement été supplanté par de violentes échauffourées. En fait, un groupe extérieur à la ville avait décidé d’instrumentaliser cette manifestation pour créer, de façon complètement artificielle… une émeute.
Rappelons qu’une émeute, c’est un soulèvement qui implique une population, ou une partie de la population. Quand il s’agit d’une action militante démonstrative à usage médiatique, on appelle ça un happening, et ça n’a que peu de rapport avec des pratiques autogestionnaires et révolutionnaires…
Manifestation détournée
Les « autonomes » ont délibérément méprisé le choix du collectif qui organisait le rassemblement, sans se soucier des conséquences politiques de leurs actes. Les bris de vitrine ou d’abribus, les jets de pierre à l’aveuglette, les tirs de fusée artisanales (avec des trajectoires pour le moins aléatoires) ont été – dans la circonstance – totalement contre-productifs. La manif une fois détournée, son but, qui était de sensibiliser la population à la critique anticarcérale ne pouvait plus être atteint.
Sans grande surprise, une fois les autonomes repartis dans leurs pénates, la répression policière s’est abattue sur les militants et les militantes poitevins, censés payer les pots cassés. Les peines prononcées en première instance sont lourdes (prison ferme, avec sursis, amendes). Et encore, elles sont loin de ce qu’avait réclamé le procureur (plus de 5 ans de prison ferme et 3 ans de sursis) suivant Hortefeux qui attendait que la justice « sanctionne, et durement ». Les personnes interpellées n’ont en majorité rien à voir avec les événements, leur unique crime est d’être actives dans les mouvements sociaux poitevins.
L’État policier attaque une nouvelle fois tout ce qui ressemble à une forme contestation sociale. Une semaine après les événements, le 17 octobre, un millier de personnes manifestaient leur soutien aux interpellés. Cette fois, la police a arrêté trois manifestants ! Avec l’aide des médias, le gouvernement a profité des événements pour relancer sous une nouvelle forme le fichier Edvige, système de fichage des militantes et militants politiques et syndicaux.
Une sorte d’anarcho-léninisme
Les événements de Poitiers ne sont pas un cas isolé, et c’est là tout le problème. Ce type de pratique autoritaire et dirigiste, nous l’avions déjà subie dans les mouvements étudiants contre la LRU en 2007 et 2008. Des décisions collectives, qu’elles concernent les assemblées générales ou les manifestations, avaient déjà été délibérément détournées par des individus se réclamant du même courant politique que ceux et celles qui ont fait le happening de Poitiers.
Ce courant « autonome », assez organisé, met en avant des théories que l’on pourrait assimiler à une sorte d’anarcho-léninisme [1].
Les communistes libertaires prônent des formes de lutte réellement collectives, basées sur l’autogestion. Il faut en finir avec l’avant-gardisme, même quand il se prétend « autonome ».
Guillermo (AL Angers)
C’est vrai que les crypto-léninistes se serait plutôt chez AL qu’il faudrait aller les chercher. Sauf que s’il a tort sur ce point, il n’a pas tout faux sur l’avant-gardisme ( y a pas que les léninistes qui le soient). Et ça faudra quand même penser à le lui laisser.
AL ? des trotskystes, donc effectivement des léninistes si l’on veut, mais ils sont bien plus près du « front syndical » que de tout avant-gardisme.
Après, il faudrait savoir ce que l’on dit lorsque l’on parle de léninisme. les gros mots, ça fait du bruit, cela ne dit pas forcément grand chose.
Il y a aurait peut-être alors une différence entre la tactique comme renversement de la stratégie – par exemple, la liberté, toute crue, cela se renverse en « demande de liberté » et défense militante pour la mise en liberté, lorsque que l’on est aux mains de la justice, en prison ; et c’est ce geste là qui a défrisé tant de personnes séduites par la phraséologie souvent creuse, en plus d’être catastrophiste, prophétique, millénariste, de Tiqqun maintenu… ce fut pourtant l’un des gestes posés par ce courant qui prêtait le moins à confusion, quoi qu’en disent, les apôtres de la politique « purifiée »- et la tactique qui effectivement à Poitiers mêlait le happening-moi-et-mes-potes à l’opération politique réelle.
Le happening est une ‘simple‘ forme d’expression, une des petites nécessités de l’existence, non négligeable donc ; le coup politique aurait relevé d’un calcul moins instantané (courtermisme dit le discours maître de l’économie) : quelles répliques, ailleurs, autrement, au « coup de Poitiers » ? Et pas champs libre aux répliques de l’état (d’où l’accusation de favoriser ces dernières).Tout au plus un débat, bien long à venir, sur la façon de porter des coups à ce monde.
Mais un séisme n’est pas plus programmable par les antisystémiciens d’aujourd’hui en recherche que par le bolchévisme obstiné d’autrefois.
Tout d’abord, c’est l’erreur de nos modernes « révolutionnaires », les failles à creuser ne sauraient se résumer pas à la répression étatique. L’analyse de classe, même sans classe ouvirère en tant que sujet politique, doit être conservée et dépassée (comment une classe qui n’est plus un sujet peut-elle vaincre et se dissoudre ?), l’analyse « existentiale » de nos « heidegeriens de gauche » est-elle, au moins un appui consistant à la constitution de communautés de lutte ? Tant qu’il y aura des dominants pour trahir leur classe, on pourra le dire, avant de le raconter autrement, mais rien ne le démontre…
Ensuite, la composition du magma qui viendrait investir ces failles, les trajets qu’il pourrait emprunter restent méconnus, avant tout par cécité(s) idéologique(s) (forme de défense qui ne sera abandonnée que pour une défense supérieure).
Contamination = 0, mais ce n’est pas gravé dans le marbre
Résonnance = narcissique, l’auto-satisfaction, après-coup, cela fait quoi ?
Avancées, en cours… ?
Il y pourtant, des sans papiers aux précaires et licenciés en tout genre, grand nombre de non citoyens, qui ne sont représentés par rien dans cette démocratie, encore faut-il, non pas seulement se déclarer en faveur de leurs causes (par exemple en participant à l’activisme contre la rétention) mais y ÊTRE, à Poitiers ou ailleurs… En être.
C’est un évènement humain créé, mis en scène, afin d’être contemplé. En gros, tout ce qu’est la manifestation, simulacre par excellence de la pratique politique, où l’on se donne l’impression de faire quelque chose alors qu’on ne fait que produire une représentation (de colère, de force, de nombre), afin d’être écouté, craint, ou je ne sais quoi d’autre.
Il me parait malhonnête de critiquer un type d’action politique tout en faisant l’apologie d’une d’action qui est l’incarnation même de ce type.
En fait, les gens les plus conséquents dans le genres sont les clowns, qui ont l’honnêteté de reconnaître qu’ils ne se livrent qu’à un simulacre, et poussent la logique jusqu’au bout.
Je cite : « un groupe extérieur à la ville », « instrumentaliser », « émeute » (pour quelques vitrines…), « manifestation détournée » …
Ca m’évoque un champs lexical entrant dans des phraséologies plus vastes comprenant : »prises en otage », « grogne », « casseurs »… etc
Tu passes l’école de journalisme ou quoi? On dirait un article de ouest france ou libé !
Je suis plutôt d’avis de rester courtois dans les commentaires, en essayant de se baser sur un appareil critique dépassionné, l’usage du clavier étant très limité pour le reste. Mais avec ce texte, même avec bonne volonté, on ne peut rien faire d’autre que d’être affligé.
Alors là guigui tu fais fort! Va falloir se calmer tu ne penses pas ? Déjà tu le publies sur l’espèce de catalogue d’AL et en plus tu te sens pousser des ailes en le diffusant sur Indymedia. Comme si un mec qui se revendique anarchiste peut-il prôner une victimisation pareil, comme si tu étais devenu cet personne désœuvrée. On dirait que ça ne t’as pas plu Poitiers. Ça ressemble en tout cas seulement à une critique faiblarde tu ne trouves pas ?
Le premier truc qui me dérange au plus haut point c’est cette mouvance autonome. Alors là, c’est le mystère! En comptant les lycéens, il y a bien 40 personnes qui se revendiquent autonomes (sans prendre en compte les retraités des diverses campagnes). Mais soyons sérieux, ce n’est pas de ces gens que tu parles. Tu délires sur moi sur toi sur des fantômes, des oui surement, des non potentiels; sur rien. Je ne te dirai pas que que la manif en elle-même n’a pas été aussi intéressante que je l’aurai imaginée, ça c’est la moindre des choses. Seulement le seul avant-gardisme que je vois, c’est ceux qui rédigent ce genre de merde qui équivaut à un article de presse.
« Rappelons qu’une émeute, c’est un soulèvement qui implique une population, ou une partie de la population »
Voilà le type de schéma qui se structure dans un complexe vertical. LE voilà ton léninisme.Tu te positionnes là au dessus de tout dans un ton quasi-désinvolte, avec ce goût amer de ton moralisme. Ca pue, tu pues. Ce genre de relent n’a rien à foutre dans une pseudo critique. Putain mais sérieux, c’est dégeulasse ce type de texte. C’est toi qui sera le premier à crier à la contre-révolution quand une caisse brûlera, quand un lidl se fera piller, quand un fac sera bloquée à l’aide d’une grue. Garde tes vieux schémas, isole toi tant que tu peux.
Antoine
AL, alternative libertaire. Libertaire ?? non! alternative ??oui! alternative réactionnaire qui pue le rouge coincé.
Les émotions c’est pour les spectateurs et autres supporters…
Les révolutionnaires argumentent et laissent aux bisounours leurs « états d’âmes »
Certes AL déconne mais encore faut-il lui répondre sérieusement car elle représente la partie la moins polluée des « orgas officiels » avec OCL Vignoles.
Avec plusieurs « Gros sacs de vêtements » plein de traces ADN entre les mains des « services » il est très étrange que personne ne soit emmerdé par quelques rafles…
Instrumentalisation en vue ?
Rien n’est clair dans cette histoire sur-médiatisée !