L’iqv, construction identitaire et alternative existentielle
Catégorie : Global
Thèmes : ArchivesIqv
En pièce jointe, un texte sur le livre « l’insurrection qui vient », à lire, discuter, méditer, faire circuler…
Intro :
« Ce texte n’est pas une étude critique des thèses exposées dans le livre L’insurrection qui vient, ni une tentative de « démontage théorique » de celui-ci. L’idée m’est d’abord venue de l’aborder ainsi, et je ne suis sans doute pas le seul. Bien des choses avancées dans ce livre pourraient en effet être discutées. Mais rapidement, j’ai eu le sentiment de l’inutilité de cette démarche. Ce sentiment, cette intuition plutôt était celle de l’impossibilité du dialogue avec ce livre, ou d’un dialogue toujours rompu en un point déterminé. J’ai eu le sentiment décourageant que ce texte ne pouvait pas être critiqué : il m’a semblé qu’autre chose était en jeu, qui n’était pas quelque chose dont on puisse discuter, pas une simple divergence de vues, que ce qui était central dans le texte n’était pas ce qui y était affirmé, mais l’affirmation elle-même.
Cette volonté rageuse d’affirmation, c’est ce qui donne sa force au texte, mais aussi sa raideur, c’est ce qui le rend imperméable au dialogue. Je n’y vois pas seulement un effet de style, mais une structure profonde, propre à tous les énoncés doctrinaux.
Il m’est donc apparu ceci : si l’IQV défend bien des idées, une vision du monde ou un projet politique, ce qu’expose ce texte est toujours conditionné par l’affirmation d’une identité. C’est sous cet angle que je l’aborderai. »
Tu vas trop vite, Fred. Il faudrait citer plus exactement :
« L’homme est un animal social comme les autres. Il y a des chefferies chez les grands singes aussi : le mâle dominant s’approprie la meilleure part de la nourriture et les femelles. Cela n’empêche pas l’entraide entre les individus du groupe. Simplement, pour des raisons ayant trait à la sélection naturelle, les dominants mettent d’emblée en place des dispositifs qui les rendent encore plus forts, et affaiblissent encore les faibles. Pourquoi l’homme serait-il par nature différent ? »
Il est bien question d’entraide dans le texte. Ce qui est dénié dans le texte c’est simplement une nature communiste de l’homme. Il ne s’agit nullement là de darwinisme social, bien au contraire. Le darwinisme social donne la compétition comme étant au coeur des sociétés humaines, leur horizon indépassable. Ce n’est nullement ce qui est affirmé dans ce texte.
Cependant, les sociétés ne tombent pas du ciel. l’homme n’est pas un extraterrestre. Sa socialité a aussi ses sources dans la socialité animale. C’est ce qui est à dépasser.
Ce qui est proposé dans ce texte, c’est un dépassement du social, et aussi de la « nature »: le communisme.
Bonne relecture,
Gedeon
ben du coup, même à la relecture je ne trouve pas ce passage très clair…
Et dépasser la nature par le communisme est une notion toute aussi confuse puisque les rapports de coopération propre au communisme existent déjà dans celle-ci sans avoir attendu l’homme pour le réaliser et ce depuis que la vie existe. (qu’est-ce que la nature ? Ou arrête-t-on la définition ? Tout est matière agencée de différente manière ? Est-ce ça la nature ? La nature est à la base une notion poétique.)
Ne faudrait-il pas plutôt raisonner en terme de propension à produire des rapports de compétition ou de coopération ?
A priori un individu communisateur est porté à produire des rapports de coopération alors qu’un individu capitaliste par exemple est porté à produire des rapport de compétition. Rien n’est détaché du naturel chez l’un et l’autre, sauf que certains paramètres font que l’un va agir de la première et l’autre de la seconde.
c’est un peu dommage que ce texte parte de l’intuition qu’il n’y a pas de dialogue possible avec l’insurrection qui vient, parce que d’un côté il y a des points de vue qui gagnerait à être confrontés, et d’un autre il y a une lecture qui pourrait être moins bornée et malcomprenante.
deux exemples de gros contre-sens parmi d’autres, qui pourraient être évités s’il y avait une tentative de comprendre ce qui est porté par ce texte :
– faire de la constitution des communes la perspective d’une société pacifiée est une bonne blague quand par ailleurs une des influences majeures de l’iqv c’est la notion de guerre civile…
– de même pour ce qui est du soi-disant idéal d' »êtres défaits de tout lien », c’est précisément ce qui est critiqué au début.
pour tout dire, j’ai l’intuition que le postulat « rien à discuter sur le fond, mais s’attacher à démonter le mode d’énonciation » est un travers généralisé des critiques de ce bouquin, et relève d’une sorte de mauvaise foi paresseuse. j’ai la prétention de penser qu’il est possible de se saisir de ce texte positivement pour faire avancer des positions politiques sans pour autant devenir un « perroquet », ni un gourou.
et il me semble que cette disposition d’esprit permettrait de finir un texte sur d’autre note positive que la tenue d’une assemblée très éphémère dissoute il y a plus de trois ans…
Je suis désolé, P., que l’on se soit si mal compris, ou si bien malcompris, peut-être.
Je n’avais pas exemple pas bien saisi que la constitution des communes visait à l’établissement d’une guerre civile permanente. Pour moi, si société pacifiée il y a, elle serait plutôt évoquée à la toute fin du livre, dans le petit passage bucolique où on résout la question alimentaire en allant « apporter les surplus à l’épicerie », et certes non dans la « guerre civile » elle-même, qui est abordée avec une terrible lucidité, notamment dans ses conséquences ultimes, lorsqu’on se retrouve devant les fusils de la répression et que la foule « envahit les rangs pour fraterniser », sous l’œil électronique mais attendri des drones surarmés.
Quant « aux êtres défaits de tout lien », ce ne peut pas dans mon esprit être « l’idéal » d’une identité, qui vise précisément à relier, comme dans « religion », un peu, mais il me semble que je le dis avec insistance tout au long du texte…
Mais tu as raison, il y aurait bien des choses à discuter, si nos malcomprenances respectives, et nos incurables mauvaises fois, ne venaient sans cesse s’y opposer,
Malcomprenne qui pourra – ou qui voudra,
Gedeon
rédiger des commentaires à la va-vite n’aide pas à être compris, c’est sur. je reviens donc sur ce que je voulais dire avec les deux exemples :
– la façon dont je comprend l’articulation des « communes » et de la « guerre civile », c’est que les premières se construisent au sein de la seconde. donc si effectivement il y a dans l’insurrection qui vient une tentative de penser ce que pourrait être les rapports entre les « membres » des communes (avec la prétention de penser que ces rapports seraient plus intéressant que ceux de notre société de l’individualisme et du « lien social »), ça n’implique pas pour autant la fin de toute conflictualité.
– sur le deuxième point, quand je lis:
« Ayant soigneusement barré le chemin à toute forme de regroupement qui ne serait pas elle,
l’identité nous fait entrevoir la récompense. Enfin, nous serions des « êtres ». Pas des sujets sociaux,
conflictuellement ancrés dans une classe, porteurs de contradictions, mais simplement des
« êtres ».
Des « êtres » enfin défaits de tous liens, libres et indifférenciés, décapés de toutes les scories que
l’existence sociale y a déposées. L’IQV dit les « êtres » comme l’humanisme dit l’Homme. »
et bien je comprend que la récompense que promet l’identité c’est d’être enfin des êtres défaits de tout lien. de là à penser que cette récompense est un idéal, il n’y pas long. je t’accorde que c’est un peu contradictoire, mais il me semble que je n’ai rien inventé…
cela dit, je suis d’accord pour dire que dans l’iqv il y a une certaine tendance à gommer ce qui peut faire des « êtres » des « sujets sociaux conflictuellement ancré dans une classe, porteurs de contradictions ».
en ce qui me concerne, j’ai tendance à considérer ma mauvaise foi comme curable, et je me soigne, la discussion en vaut la peine…
mais cette discussion se poursuivra avec d’autres gens dans d’autres espaces, les forums internet sont vraiment une plaie.