Après la rafle des réfugiés Afghans dans la ’jungle’ de Calais, après la barbarie de la déportation vers un pays en guerre, après le lapsus révélateur ’quand il y en a un ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a problème’, aprè s la loi sur ’l’immigration choisie’ qui permet de trier les étrangers comme des marchandises, après la chasse aux sans papiers traqués, piégés, expulsés, après l’insulte de ’racaille’ adressée aux habitants des quartiers populaires, après le dénigrement qui discrimine ’la France, on l’aime ou on la quitte’ visant les Fadela, les Rama, les Rachida, les Ozgur et les N’Guyen Français(e)s, voilà la grande interrogation sur l’identité Française agitée en cette veille d’élections régionales par une droite de plus en plus aux abois. En effet les mimes trompeuses qui lui ont permis d’avoir la mainmise sur l’électorat xénophobe lepéniste font de moins en moins recettes.

Déjà le passé récent est rempli de délires qui montrent bien que le racisme, en plus d’être dans la loi un délit que l’on ne punit pas en France, c’est un « communautarisme » de « petit blanc ». Lisez vous mêmes : « Nous récusons l’image caricaturale faite de notre peuple qui serait xénophobe, mais il pourrait le devenir si on ne réglait pas le problème » François Léotard (UDF) Le Monde – 19 novembre 1997, Pierre André Taguieff du CNRS déclarait à la question « Islam et islamisme ? » : « Ce n’est pas la même chose, certes. Mais deux millions de musulmans en France, c’est deux millions d’intégristes potentiels »,

Le même se fendait de « Face à une doctrine nationaliste forte, il faut repenser la nation à l’heure de la mondialisation, résorber le chômage, et réguler les flux migratoires » ( dans l’Évènement du Jeudi du 20 au 26 fév. 1997), M. Jaques Soustelle dans le Figaro magazine du 14 mars 1990, il y a presque 20 ans, disait : « On ne peut assimiler que ce qui est assimilable », le 14 octobre 1993, M. Charles Pasqua (RPR) déclarait : « Le plus difficile pour le creuset français, c’est l’intégration des populations venues d’Afrique et notamment d’Afrique du Nord », M. Pierre Mazeaud (RPR) disait : « Hier d’origine européenne, la population est aujourd’hui d’origine extra-européenne. L’intégration est d’autant plus difficile »,

M. Christian Estrosi (UDF) dans un débat parlementaire de juillet 1993 : « D’une immigration européenne proche culturellement donc facilement assimilable, nous sommes passés à une immigration plus difficilement assimilable justement en raison de différences historiques et culturelles profondes ». En fait une partie de la droite, manifestement celle qui est aujourd’hui au pouvoir ne fait que singer Le Pen et le Front National (FN), lequel n’a cessé de propager que « les africains…c’est l’invasion », que les « hôpitaux parisiens sont occupés aux trois quarts par des étrangers, laissant aux parisiens, et donc à tous les français, le seul droit d’aller consulter les sorciers de Ouagadougou » (Le Pen cité par Le Monde du 21/07/85), qu’il faut des « tribunaux spéciaux pour les étrangers »,

Le Figaro Magazine prétendait même révéler « pour la première fois les chiffres secrets ( !?) qui dans les trente années à venir mettront en péril les identités nationales et détermineront le sort de notre civilisation » ; « serons-nous encore français dans trente ans ? » se demandait-il.

Même la gauche socialiste n’a pas échappé à cette dérive quand elle répétait que « Le Pen pose un vrai problème, mais apporte de fausse solution » ou « la France ne peut accueillir toute la misère du monde » (Michel Rocard).

La CNSP déclare que la nation, l’identité nationale est une catégorie historique de l’ère moderne qui n’est pas figée, fixée une fois pour toute, mais évolue en intégrant notamment un peuplement nouveau. Toute l’histoire de France le prouve et c’est ce qu’enseignait F. Braudel en disant que « la population Française est un tissu composé de plusieurs ethnies, de plusieurs peuples régionaux rassemblés, auxquels se sont joints, par les différentes immigrations depuis plus d’un siècle, des étrangers d’Europe ou de pays lointains ». La seconde partie de sa définition est celle qui a été instrumentalisée par les élites pour diaboliser les Français et l’immigration les plus récents, celle issue des ex-colonies de la France : « tant d’immigrés … ont réussi à faire naufrage sans trop de bruit dans la masse Française que l’on pourrait dire …, que tous les Français… sont fils d’immigrés » (L’identité de la France, Arthaud, 1986).

En effet « l’assimilation forcée » a été un projet colonial Français vis à vis des peuples colonisés et qui a échoué. Donc la difficulté consiste justement dans le fait que les Français issus de la colonisation, ceux ghettoïsés dans les « banlieues » et dont les « pères » sont enterrés dans les cimetières des deux guerres mondiales transforment peu à peu la France en Nation multicolore, multiculturelle et multi-religieuse.

La laïcité est une conquête démocratique, progressiste dans une France alors « judéo-chrétienne » qui consiste dans la séparation entre l’Etat et la religion et qui à l’école s’appliquait aux programmes scolaires, aux locaux et aux adultes. Pourquoi donc vouloir l’appliquer de façon discriminatoire aux enfants des Français récents et de l’immigration récente de confession musulmane ? Le Président Sarkozy déclare que « la terre fait partie de l’identité nationale », alors les quartiers populaires font-ils partie de cette « terre d’identification » ? La devise Liberté, Egalité, Fraternité résulte de conquêtes démocratiques du peuple tant en 1789, 1793, 1871 lors de la Commune, 1936, dans la Résistance contre l’occupant Nazie et en 1968, etc. Mais à tous ces combats ont participé et payé un lourd tribut les immigrations successives.

Qui est plus « Français » entre l’Arménien Manouchian, le Polonais Politzer, le Malien Garang Kouyaté, tous fusillés par l’occupant Nazi et Pétain, Laval, Papon, Bousquet, etc. et tant d’autres Français collabos. Qui est donc plus « Français » entre De Gaulle, Mocquet, Duclos, Jean Moulin, Frachon, les dirigeants FTP et les « tirailleurs » musulmans ou bouddhistes morts pour la France ? Qui peut se donner le droit de rayer de « l’identité Française » ces « étrangers » sans lesquels ceux qui délirent aujourd’hui hypocritement sur « l’identité menacée » ne seraient pas libres ?

La seule conclusion que l’on peut tirer de tout cela est : ce « débat sur l’identité nationale » reflète les résistances réactionnaires de l’élite gouvernante à accepter une France devenue de fait multicolore, multiculturelle et multi-religieuse. Cette provocation a un autre but : diviser les travailleurs de toutes couleurs, de toutes origines, de toutes cultures et de toutes religions, avec ou sans religion, avec ou sans papiers face à la broyeuse sociale patronale amplifiée par la crise systémique actuelle du capitalisme. Voilà pourquoi la CNSP appelle à l’unité des travailleurs et du peuple de France, à l’unité des syndicats, des associations, des forces politiques pour dire : assez de poison raciste, nous voulons vivre ensemble dans l’égalité des droits pour tous :

Abrogation des lois racistes

Pasqua/Debré/Chevènement/Sarkozy/Hortefeux/Besson

Arrêt de la chasse à l’humain étranger et de la politique des quotas d’expulsions

Fermeture des Centres de Rétention

Arrêt des expulsions

Régularisation de tous les sans papiers – Suppression de l’appellation « Ministère de l’identité nationale »

Egalité des droits

RENDEZ VOUS

14 novembre à 14h à Paris de Denfert Rochereau jusqu’au ministère des rafles