LMD : Loi du MEDEF pour son Développement

« Les 2 premiers principes politiques de Todd :
1.Quelque soit ce dont ils parlent, ils ne disent pas tout.
2.Quelque soit ce dont ils parlent, ils parlent d’argent. »
Cités par A. Bloch

L’application nationale aux études supérieures et aux diplômes nationaux de la construction de l’espace européen de l’enseignement supérieur se caractérise par* :

1)Une architecture des études fondée principalement sur les 3 grades de licence, master et doctorat *: cette nouvelle structuration des diplômes universitaires se fonde sur la demande des entreprises européennes qui ont besoin d’exploiter du personnel de plus en plus compétent pour des tâches de plus en plus spécialisées, afin de lutter contre la concurrence mondiale. Ce ciblage pour la haute-technologie est censé permettre à l’Europe de se différencier de l’Asie notamment, qui a choisi de se spécialiser plutôt dans la production de masse nécessitant du personnel très peu qualifié. En outre, le système LMD permettra de hiérarchiser plus nettement les entreprises, et donc de favoriser l’exploitation et les inégalités indispensables au bon fonctionnement du capitalisme.

2)Organisation des formations en semestres et en unités d’enseignement* : cette flexibilisation du parcours de formation permettra aux recruteurs, ces vautours, de choisir la proie de leur choix suivant les unités d’enseignement que l’étudiant-e aura validées. Ce n’est pas l’étudiant-e qui est au cœur de l’université comme Luc veut nous le faire croire, ce sont les entreprises !

3)La mise en œuvre du système européen d’unités d’enseignement capitalisables et transférables, dit « système européen de crédits – ECTS »* : des points seront donnés pour chaque unité d’enseignement validé, il en faudra 180 pour avoir une licence, 300 pour un master… Ce système d’évaluation favorisera la mobilité des étudiant-e-s et multipliera leurs expériences européennes dans le but de faire face à l’avenir aux nombreux choix auxquels ils/elles seront confronté-e-s en entreprise. Apprendre à bouger, c’est aussi apprendre la précarité et la façon de s’en accommoder…

4)La délivrance d’une annexe descriptive aux diplômes* : c’est-à-dire le fichage des données relatives aux activités que chaque étudiant-e fait à la fac, pour voir si on y est bien impliqué. Ces données serviront aux vautours pour capturer leurs prochaines proies, les plus dociles possible.

Mais le LMD n’est pas une fin en soi : il y a encore plus grave…

L’application du LMD s’inscrit dans un cadre plus général d’une mise en place progressive de la professionnalisation de l’université simultanément à la construction d’une conscience européenne. Ces 2 buts se concilient malheureusement à merveille.

1.On supprime, petit à petit, de réforme à réforme, les filières les moins rentables comme les lettres classiques, la philo, la géographie sur La Roche s/Yon etc.… qui, en plus d’être improductives, ont le malheur d’être trop contestataires.
On adapte les programmes de l’enseignement supérieur aux formations recherchées par les entreprises, tout en conservant une base de culture générale pour favoriser la mobilité et la flexibilité.
On multiplie les stages d’exploitation organisée en entreprise.
On lutte contre l’exclusion à l’Ecole pour permettre à chacun de trimer efficacement plus tard.

… Et on dit que l’Etudiant-e est au cœur de l’université, que tout est fait pour lui/elle, qu’il/elle a le choix ! ! ! Heureusement, le Dieu Entreprise veille…

2.L’autre but du LMD est d’amener une conscience européenne aux étudiant-e-s en encourageant leur mobilité. Après nous avoir fait croire pendant des siècles que nous étions Français, les politiques veulent nous faire gober une appartenance européenne ! Et ceci pour faire face à la mondialisation, pour affronter la concurrence internationale des Etats-Unis, du Japon et bientôt de la Chine… A nous de renforcer la solidarité internationale !

Les politiques successives de l’Education, de droite comme de gauche, ont par conséquent le même objectif. La formation est pensée uniquement comme un investissement immatériel mis à la disposition des entreprises européennes pour accroître leurs profits, en augmentant leur productivité et donc leur compétitivité au niveau mondial. Et à partir de cette constatation, tous les mécanismes du capitalisme s’enchaînent : augmentation de la concurrence mondiale, entraînant une hausse de l’exploitation, des inégalités sociales, la précarisation d’une toujours plus grande catégorie de population…

Quand l’Europe s’enrichit, le reste du monde en pâtît !

La CNT a une autre vision de l’éducation. Les élèves/étudiant-e-s doivent pouvoir s’épanouir par eux-mêmes et ainsi se responsabiliser vis-à-vis du monde en général. Ceci nécessite de repenser totalement le système éducatif, et non pas de le réformer, à l’image de l’expérience de Vincennes. C’est pourquoi nous sommes contre le LMD et toutes les autres réformes obligatoirement capitalistes. Notre lutte s’inscrit dans un mouvement général de refonte totale de la société, il faut donc s’unir avec tous les autres mouvements sociaux (intermittents, chômeurs…) pour espérer faire tomber McDo et ses acolytes. La révolution sociale n’est pas prête, mais si personne ne se bouge, elle n’avancera pas !

* : Guide des études Sciences & Technologies , fac de sciences de Nantes, destiné aux nouveaux/elles étudiant-e-s.
Les orientations européennes en matière d’éducation et de formation proviennent du Livre blanc sur l’éducation et la formation , Commission Européenne en 1995, téléchargeable sur Internet : http://www.edscuola.it/archivio/norme/varie/librobianco.html

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