Leur raison d’être est une tentative de clarifier certaines questions nées de la situation présente, et de servir d’appui pour dessiner des perspectives offensives qui ne soient ni basées sur des illusions (par exemple l’illusion d’une insurrection ou d’une révolution imminente, à portée de bras), ni fondues dans un opportunisme stratégique qe nous laissons à ceux qui se rêvent en généraux d’un affrontement militarisé.

Il nous semble que malgré diverses attaques formulées à ce propos, émanant de groupements qui se voient en éducateurs de ce qu’ils se pressent à appeler le « Mouvement Social » et le retour de la « lutte des classes », l’autonomie et la radicalité de ce que nous faisons est un préalable à toute association digne de ce nom.

Autonomie, au sens où nous tenons à définir nous-mêmes notre façon d’agir, notre pensée, nos méthodes et notre rythme. Autonomie et pluralité contre les appels autoritaires et réductrices à l’Unité. Autonomie et décentralisation contre les volontés totalisantes et planificatrices. Autonomie plutôt que ralliement. Autonomes plutôt que suiveurs ou avant-gardistes.

Nous parlons et agissons en notre nom, sans besoin de nous auto-qualifier d’individualistes. Comme chaque personne révoltée et agissant agit en son nom, qu’elle soit prisonnière de la taule, du chômage, du salariat, du précariat, du bureau, du quartier, de l’atelier ou de la famille. La personne qui se révolte le fait peut-être à cause d’une opppression qu’elle sait globale, mais elle ne se révolte à la place de personne, ni au nom de qui que ce soit. Sa révolte n’est pas éducatrice, ni messianique, ni conditionnée par un quelconque « devoir » militant et transcendant. La révolte est essentiellement l’expression en paroles, en actes et en gestes, d’un refus. Elle peut-être liée à une offense vécue personnellement, ressentie de façon singulière, ou naître d’une empathie que le Meilleur des Mondes peine encore à nous enlever.

De là, et quelles que soient nos visions d’un « monde libre », nous pouvons reconnaître sans honte que notre pensée est négative. Négative parce que pour l’instant, l’Etat et les rapports de domination qui le fondent et sont préservés par lui, l’emportent sur nos vies, nos désirs, nos tentatives limitées d’émancipation. Négative,parce que l’économie et la politique, qui forment nos conditions de survie et la limite de notre volonté pratique, ne nous laissent que peu de marge de manoeuvre, et encore moins de lignes de fuite. Tout comme les prisonniers doivent scier leurs barreaux pour s’évader, nous devons briser et dépasser ces limites sociales. En un mot, multiplier les situations susceptibles d’éroder, de saper et de briser les rapports dominants, leurs symboles, leurs gardiens et leur reproduction.

Dans cette logique, et comme il n’y a pas de position « en dehors » de cette société, le vol, le squat, les échappatoires divers au salariat, la fraude sont quelques moyens que nous utilisons pour desserrer l’étau du contrôle que la démocratie totalitaire et capitaliste tend à resserrer indéfiniment, loi après loi, silences après silences, consentements après consentements.
Ils ne sont qu’un prélude, un point de départ, une façon d’être capables d’attaquer là où l’attaque est possible.

Saper le rapport social sans médiation est la condition sine qua non de la subversion du monde qui nous écrase.

De là découle:

– Critique des prisons, jusqu’à leur destruction.

– Abolition du travail et de son mode de gestion actuel, le salariat. Abolition du nucléaire, de l’industrie et des techonologies qui les servent.

– Destruction du capitalisme et de l’Etat, de l’économie et de la politique, de la marchandise et de la représentation aliénée.

– Vol, pillage, sabotage, saccage et prise au tas directes.

– Refus de tout dialogue avec les médias comme avec tous les gestionnaires de la pacification sociale, syndicats et partis sans exception aucune.

Et partant, réouverture d’un monde favorable à la libre création, à la libre association, à l’existence anti-autoritaire.