Le 1er Mai qui arrive est un peu différent des précédents : en pleine crise économique, sociale, après des mois de liquidation des services publics, des licenciements, délocalisations, des suppressions de postes dans l’Éducation Nationale, privatisations massives, écroulement du pouvoir d’achat, progression de la pauvreté, répression du mouvement social, atteintes aux libertés,…

Le 1er Mai, se veut une fête, il le demeure, mais comme un enterrement qui est aussi une forme de « fête », de cérémonie au cours de laquelle on rend hommage au défunt et où l’on signifie que « la vie continue »…

Il est vrai que, comme dans une fête, ou un enterrement, on va sortir, en ce 1er Mai son plus beau costume, ses plus belles banderoles et drapeaux, comme on exhibe de magnifiques couronnes… les cortèges auront de la classe.

La « fête du travail » ? Mais de quel travail parle-t-on ?

S’il s’agit des droits des salariés, de leurs conditions de travail, de leurs rémunérations, de leur protection sociale, de leurs retraites, de l’avenir de leurs enfants… alors ce n’est pas une fête qu’il faut. Ce n’est pas la joie qui doit dominer, mais la rage et le désespoir.

Tous ces acquis sont actuellement en perdition… Dans une génération ils auront quasiment disparus.

Le 1er Mai, nous nous trompons de fête. Nous fêtons des acquis que nous sommes incapables de défendre… à fortiori d’en gagner de nouveaux.

Nous fêtons un symbole qui n’a plus aujourd’hui de sens dans la mesure où le capital n’est plus prêt à lâcher quoi que ce soit et que nous sommes bien incapables de lui imposer un rapport de force qui nous serait favorable. Nos formes de luttes sont aujourd’hui obsolètes et nous nous donnons l’illusion de la puissance avec un symbole qui ne correspond plus, ni à la situation économique actuelle, ni aux exigences qui devraient être les nôtres pour nous imposer face aux profiteurs et à leurs souteneurs.

La mobilisation dans la rue n’a aucun sens, elle n’est qu’un spectacle de plus auquel nous participons et qui fait les choux gras des bureaucraties syndicales et des journaux télévisés… le lendemain rien n’a changé. Elle permet juste de faire patienter.

Le 1er Mai devient l’expression des fantasmes des frustrés que nous sommes du fait de notre impuissance politique.

LA TENDANCE GÉNÉRALE EST À LA… CAPITULATION

Les voleurs d’espoir frappent à nouveau, en toute impunité, sur tous les écrans, sûrs de leur reconnaissance par les maîtres du Capital qu’ils rassurent,… et assuré d’une fidélité, par défaut, de la part d’un peuple en manque d’autonomie, d’imagination et de perspectives concrètes.

Les débris de la Gauche, qui n’a d’ailleurs jamais été capable de renverser le système en place… et n’en a jamais eu l’intention, se dispersent aux quatre vents des débats stériles et des conflits de personnes.

Ces professionnels de la politique, de gauche, comme d’extrême gauche, nous « en mettent plein la vue » de part le monopole de fait et de droit qu’ils ont ; confortés par les gestionnaires du Capital, pour « organiser la fête »… Le Pouvoir ne veut-il pas des syndicats « forts et respectés » ?

La création avec tambours, trompettes et médias du NPA qui nous promettait de « voir ce que l’on allait voir » n’a en rien bouleversé, ni les luttes, ni les perspectives, ni même les consciences… pas même les gestionnaires du Capital qui, au contraire, jouent habilement de cette péripétie « à gauche »… Cette organisation, qui ressemble comme une sœur jumelle à l’ex-LCR, prend peu à peu ses quartiers dans la « niche politique » laissée par le PCF en voie de disparition.

Quant au PCF justement, il s’estompe lentement, lâche prise en glissant dans les poubelles de l’Histoire, en produisant un compost qui alimente, malgré lui, les organisations et ambitions nouvelles pressées de prendre sa place.

Ne parlons même pas des élucubrations bureaucratico-électoralistes des écologistes et autres « refondateurs »(sic) de la « Gauche… »

Toutes ces organisations, aux discours radicaux, à la gestuelle de tribune et aux leaders médiatico-pipolisés, sont sagement rentrées dans le rang et vivent au rythme des invitations de leurs leaders dans les émissions « de stars » de télévision, des sondages d’opinion et des résultats électoraux.

Les syndicats quant à eux ont depuis longtemps démissionné. Ils organisent les plans sociaux, tapent du poing sur la table, appellent au réalisme ( ?) et à la responsabilité ( ?) en organisant des manifestations, et promettant… de « nouvelles mobilisations »… autrement dit, rien.

Tout ce joli monde va appeler à un 1er mai « U-NI-TAI-RE », persuadé, ou le faisant croire, qu’il « va faire trembler le Gouvernement ».

AUX URNES CITOYENS !

À l’approche du gâteau électoral en perspective, en juin, toutes et tous se ruent, se bousculent, s’interpellent, s’invectivent… espérant, par des promesses mirobolantes convaincre le chaland et le naïf qu’avec lui « les choses vont évidemment changer ».

Lors de ce 1er Mai, l’image, le look, de chaque organisation va compter énormément… ça va être un défilé de mode autant pour conclure « glorieusement » ( ?) une année sociale de mobilisation, qu’en vue du prochain scrutin le mois suivant.

La société du spectacle tant décriée concernant le capitalisme, déborde généreusement dans les manifestations de celles et ceux qui croient le combattre… c’est d’ailleurs à cela que l’on peut mesurer leur degré de capitulation et d’intégration à celui-ci.

Ainsi ce 1er Mai, va être non seulement l’enterrement de toutes les mobilisations de ces derniers mois, mais aussi le prélude à la farce électorale des Européennes.

Au terme d’une année sociale dramatique – au cours de laquelle toutes les luttes ont échoué – et au seuil d’une nouvelle encore plus dramatique, ce 1er Mai, aux yeux des gestionnaires du Capital va être notre « chant du cygne », le dernier soupir des sacrifiés avant la capitulation dans les urnes et dans la torpeur de l’été.

Les politiciens et syndicats ne manqueront pas de « crier victoire » ( ?), et de promettre, comme chaque année, « une rentrée sociale agitée » ( ?).