Un peu d’histoire

Le Paraguay a été détruit par ses voisins (Brésil, Argentine, Uruguay), soutenus par le Royaume Uni (intéressé par le fait que le Paraguay était un des peu nombreux pays n’étant pas tombés sous sa tutelle économique, le protectionnisme ayant produit au Paraguay un grand développement économique en comparaison aux autres états sud-américains) lors de la guerre de la triple Alliance (1864-1870). Sa population d’environ 1 300 000 d’habitants avant la guerre sera réduite à 300 000 après celle-ci, la majorité composée seulement de femmes et enfants.

Après la Guerre du Chaco (1935) contre la Bolivie, la Guerre Civile Paraguayenne (1947), des dictatures militaires et des périodes d’extrême instabilité politique, le général Alfredo Stroessner prend le pouvoir en 1954, gouvernant de manière presque continuelle sous état de siège avec le soutien des militaires et du Parti Colorado. Durant les 34 ans de règne de Stroessner, les libertés politiques ont été sévèrement limitées te les opposants au régime ont été systématiquement persécutés sous le prétexte de la sécurité nationale et de l’anticommunisme. Bien que la Constitution de 1967 a donné une douteuse légitimité au contrôle de Stroessner, le Paraguay s’est isolé progressivement de la communauté internationale. Le 3 février 1989, Stroessner a été renversé par un coup d’Etat militaire mené par le général Andres Rodriguez qui, comme candidat du Parti Colorado, a gagné facilement la présidence lors des élections de mai 89.

La nécessité d’une réforme agraire

Au Paraguay, le problème de la distribution des terres trouve ses origines dès l’après-guerre, les terres publiques ayant été irrégulièrement vendues par les gouvernements qui se sont succédés. À partir de 1999-2000, à cause de l’expansion de la culture de soja transgénique et du modèle agro-exportateur (4e exportateur mondial), les grands propriétaires ont accru leur pouvoir et de nombreux paysans ont dû vendre leurs terres pour partir dans les villes ou émigrer à l’étranger. L’utilisation d’agro-toxiques s’est intensifiée, provoquant des morts par empoisonnement, maladies, malformations chez les nouveau-nés, etc. Les mouvements paysans se mobilisent et installent des campements de « sans terre » pour réclamer et occuper les terres vendues de façon illégales et qui devraient être soumises à la Réforme Agraire. D’autre part, ces occupations sont accompagnées de démarches devant l’Institut National de Développement Rural et de la Terre (INDERT) pour récupérer ces terres. En 2003-2004, les zones rurales ont été militarisées par le gouvernement sous la pression exercée par les propriétaires terriens et de violentes répressions se sont produites avec la complicité des juges et des procureurs et de la police, détruisant logements et plantations, expulsant les paysans (sans que l’INDERT ne se prononce), emprisonnant et assassinant des dirigeants paysans. En plus de la présence militaire des Etats-Unis, notamment à la triple frontière, une « loi antiterroriste » (qui avait échoué en 2002 grâce à la mobilisation populaire) a été imposée en 2007, pour continuer à criminaliser et judiciariser les luttes sociales, comme cela a été fait sous la dictature de Stroessner ainsi qu’en “démocratie”.

Le 15 août 2008, après plus de soixante ans de gouvernance du parti Colorado, l’ex évêque Fernando Lugo remporte les élections présidentielles avec la promesse d’en finir avec cet état de fait et, entre autres, de procéder à une réforme agraire. Mais Depuis que Lugo a pris ses fonctions, il y a eu une constante mobilisation dans les bases paysannes. Le pays entier vit dans une grande mobilisation populaire contre la culture extensive et mécanisée et la concentration de la terre. Le début de la saison du soja, la proposition du nouveau gouvernement de taxer l’exportation du soja et le discours de Lugo à l’assemblée des Nations Unies déclarant que le terrorisme au Paraguay réside dans la fumigation d’agro-toxiques qui touche les enfants, ont déclenché l’action du terrorisme du soja soutenu par les forces de l’ordre, le ministère public et la police contre les mobilisations paysannes.

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