Une démarche ancrée dans des réflexions et des pratiques anticapitalistes :

L’engagement au sein de la coopérative participative s’inscrit avant tout dans une démarche politique. Face à la dictature des réseaux de distribution agro-alimentaire et de consommation de masse, nous pensons qu’il est nécessaire de construire des alternatives de résistance créatrices refusant le système capitaliste et mettant en actes des principes de solidarité, d’égalité et d’autogestion permettant ainsi une cohérence plus grande entre nos idéaux et notre comportement au quotidien.

La coopérative participative d’achat permet d’établir un lien direct entre producteur-trices et coopérateur-trices, d’utiliser et de mettre en place des réseaux alternatifs et d’avoir accès à des produits de qualité et de saison (bio ou cultivés selon des valeurs respectant l’envi-ronnement et les personnes) pour toutes et tous.

Ainsi, nous pensons que le progrès ne réside pas dans une agriculture techniciste et scientiste. Au contraire nous défendons l’idée d’une agriculture de proximité qui doit retrouver toute sa place dans une réorganisation spatiale des villes et des campagnes, dans le refus de la segmentation des activités humaines, dans le fait que l’échange redevienne un acte social et non plus marchand.

La coopérative s’inscrit également dans une démarche anti-productiviste refusant l’agriculture industrielle intensive utilisant des outils biotechnologiques comme les organismes génétiquement modifiés (OGM), les herbicides, fongicides et pesticides chimiques ; elle défend une agriculture paysanne autosuffisante. En outre, la coopérative sera vigilante aux conditions d’élevages (bien-être des animaux).

La coopérative s’approvisionne en s’appuyant sur une agriculture locale. Pour les produits qui ne peuvent être produits localement, la coopérative pourra développer des liens au niveau hexagonal ou international et un échange direct avec des associations ou coopératives qui défendent la même éthique.

La coopérative sera attentive aux conditions sociales et économiques chez les producteurs-trices et refuse le recours aux emplois précaires et contrats obligatoires.

Principes de fonctionnement :

Au-delà de baisser les coûts en achetant de manière groupée, la coopérative participative implique une participation active et responsable de chacun-e au fonctionnement sans toutefois entraîner un investissement disproportionné.

Le principe de la coopérative participative doit permettre de ne pas reproduire un fonctionnement centralisé, marchand basé sur les mêmes schémas que le commerce classique et sur un comportement de consommation passive. C’est dans ce sens que nous avons décidé de ne pas nous constituer juridiquement mais de conserver une forme d’association libre entre ses membres. La coopé-rative n’exerce aucun bénéfice entre le producteur-trice et le coopérateur-trice et développe des rapports d’échanges non marchands entre l’ensemble des coopérateur-trices (solidarité, mutualisation des moyens, transmission et échanges de savoirs). Tous les dons et participations sont réutilisés pour le fonctionnement de la structure.

Le fonctionnement est basé sur un découpage géographique en modules de 10 foyers maxi (foyer :Unité de vie sous un même toit). La petite taille de chaque module, structuré de manière autogérée en interne, facilite les échanges et l’organisation entre coopérateurs-trices. Dans chaque module, un calendrier définit le(s) référent(es) du module pour chaque mois. Chaque mois, les référents de tous les modules s’organisent et se chargent : de répartir l’argent et d’aller chercher les produits chez les producteurs ou de réceptionner les livraisons, de les “conditionner” et enfin d’organiser la livraison à ses camarades de modules.

Le fonctionnement participatif de la coopérative implique des réunions régulières des coopérateurs-trices au sein de chaque module. De la même manière, afin de décider collectivement des orientations politiques et organisationnelles, les coopérateurs-trices s’engagent à se réunir régulièrement et selon les besoins en Assemblée Générale plénière qui fonctionne sur les bases de la démocratie directe et participative (1personne = 1 voix, tours de paroles). Dès lors, l’AG, fédération des modules, est souveraine quant à ses décisions qui s’appliquent donc à l’ensemble des modules de la coopérative. De plus, l’AG est également un espace permanent de réflexion, de questionnements..

Enfin, nous pouvons espérer que ce système de coopérative puisse être décliné à d’autres secteurs que celui de l’alimentation. Nous espérons aussi avoir un objectif pédagogique en communiquant son expérience pour générer de nouvelles initiatives, créatrice, autogérées et associées librement.