Sarkozy a alors déclaré: «la France est résolue à poursuivre la lutte contre le terrorisme, pour la démocratie et la liberté. La cause est juste, c’est l’honneur de la France et de ses armées de la défendre»; selon le ministre des Affaires Etrangères Kouchner, les soldats «sont tombés en se battant pour ce qui est une part de la liberté du monde».

Une telle opération de propagande répugnante ne pouvait réussir qu’avec la collaboration des partis d’opposition, qui n’ont pas fait défaut: tandis que MG Buffet, exprimant «l’émotion forte du PCF», affirmait: «C’est d’abord aux familles de ces soldats que je pense. Des familles durement touchées par cette tragédie»; par l’intermédiaire de son porte-parole Julien Dray, le PS témoignait «sa grande émotion et son total soutien aux familles et aux proches des parachutistes français victimes des affrontements en Afghanistan»; il ajoutait: «nous sommes solidaires de tous les militaires français actuellement engagés sur des terrains d’opération extérieurs difficiles». Quatre jours plus tard, le gouvernement afghan reconnaissait qu’un bombardement américain venait de faire 75 morts civils, «surtout des femmes et des enfants». «La France» – c’est-à-dire les politiciens de la classe dominante – ne s’en est pas émue…

Les troupes françaises en Afghanistan n’ont pas été les victimes d’une «tragédie» ou d’«affrontements» dont elles ne seraient pas responsables; depuis plusieurs années, elles combattent une insurrection (qui contrôlerait aujourd’hui une bonne partie du pays) dans le cadre d’une coalition militaire dirigée par les Etats-Unis – coalition perçue par la plupart de la population afghane non comme des libérateurs amicaux, mais comme une troupe d’occupation soutenant un régime fantoche.

Pendant la campagne électorale, Sarkozy avait annoncé qu’il rapatrierait les soldats français d’Afghanistan, en expliquant entre autre: {«aucune armée étrangère n’a réussi dans un pays qui n’était pas le sien (…). Aucune. Quelle que soit l’époque, quel que soit le lieu»}. Mais au lieu de retirer les soldats, il a décidé d’en envoyer 700 de plus!

Ceci s’explique, non par la soudaine découverte d’un péril terroriste dans ce pays, mais par des sordides marchandages avec l’impérialisme américain. Embourbé en Irak et donc pour le moment incapable d’envoyer assez d’hommes en Afghanistan, ce dernier fait depuis des mois pression sur ses alliés pour qu’ils y augmentent leur contingent de chair à canons et de matériel, quitte à leur accorder quelque chose en échange. Comme par hasard, il a récemment autorisé la firme française Total à revenir sur les champs pétroliers irakiens sécurisés par son armée…

Les troupes de la coalition internationale ne luttent absolument pas «contre la barbarie», pour la libération des femmes ou le bonheur des populations. Non seulement le régime mafieux afghan actuel – qui maintient les mêmes discriminations envers les femmes que les régimes religieux précédents – qu’elles soutiennent par des dizaines de milliers de combattants ainsi que d’importantes subventions, n’a rien fait pour améliorer les conditions de l’écrasante population qui vit toujours dans la misère la plus noire; mais comme le reconnaissait l’ONU elle-même il y a deux ans, «la priorité donnée à la libéralisation économique» a renforcé «les intérêts mutuels qui unissent les grandes entreprises et les tenants du pouvoir militaire», aggravant les inégalités; la population est l’une des plus pauvres de la planète. Mais si misérable qu’il soit, l’Afghanistan occupe une situation stratégique en Asie: c’est ce qui explique que tour à tour Russes et Américains l’aient envahi, après les Anglais autrefois. Tant pis pour les populations!

En Afghanistan, en Afrique et ailleurs, les soldats français ne défendent que des intérêts strictement impérialistes. Si l’impérialisme français n’est plus l’impérialisme le plus puissant, il a été historiquement l’un des plus meurtriers et il reste encore dominant dans une partie de l’Afrique. {{Soutien de régimes assassins comme au Tchad, complices d’un génocide comme au Rwanda ou supplétifs de l’impérialisme américain comme en Afghanistan}}, les troupes françaises envoyées à l’étranger sont toujours au service en définitive des {{grands groupes capitalistes}} qui déterminent la politique extérieure et intérieure de l’Etat bourgeois en fonction de leurs profits.

Les travailleurs n’ont aucun soutien à apporter aux interventions militaires car ceux qui envoient des soldats semer la mort et la désolation là-bas, sont ceux qui ici les exploitent, les condamnent à la misère, et qui n’ont jamais hésité à les massacrer et les réprimer. L’ennemi des prolétaires ne se trouve pas dans les montagnes afghanes, il est ici: leur ennemi de classe, c’est la bourgeoisie, son système économique et son Etat. Toute solidarité avec les actions de la bourgeoisie affaiblit les travailleurs, les désarme face aux patrons, parce qu’elle empêche l’indépendance de classe nécessaire pour leur résister.

La seule guerre juste, c’est la guerre de classe pour renverser le capitalisme français et international!

C’est cette guerre qu’il faut commencer à préparer dès aujourd’hui en refusant toute solidarité interclassiste, en combattant toute union nationale dans la guerre ou dans la paix, en reprenant la voie de la lutte indépendante de classe.
{Impérialisme français, hors d’Afghanistan, d’Afrique et d’ailleurs !

A bas le capitalisme ! Vive la révolution communiste internationale !

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

Parti Communiste International

Correspondance: Editions Programme, 3 rue Basse Combalot 69007 LYON