Buenos aires : des familles s’approprient des terres et résistent
Catégorie : Global
Thèmes : Logement/squat
El Flaco bosse et sa femme est enceinte, le reste de son temps, il le consacre à quelque chose d’urgent : obtenir un toit pour sa famille. C’est pour cela qu’il participe de l’occupation depuis le premier jour. « Ici j’y suis depuis le début, et cela fait près de deux semaines que nous y luttons ».
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Collectif Desalambrando : « Vous avez lancé l’occupation le 29 mars, non ? Et depuis lors, que s’est-il passé ? El Flaco : Il y a eu des coups de feu intermittents plusieurs nuits de suite de la part d’homme de main ( patota) de Pulilo, des problèmes avec la police, la police venait et elle ne disait rien. Plusieurs compagnons sont allés, comme 3 fois, faire une dénonciation au commissariat et ils ne voulaient pas la prendre. Il semblerait qu’il y avait une complicité.
C.D : Pulilo c’est celui qui réclame les terres ? E.F. : Si, mais non au moyen de papiers, mais au moyen de la violence.
C.D : comment avez-vous commencé à vous organiser ? E.F. : Au moyen d’assemblées entre voisins. Avec le vote en groupe. Il a été décidé de les prendre parce que ce sont des terres publiques.
C.D. : comment penses-tu que peut continuer la chose ? E.F. : Il faut voir. Nous sommes en dicussion avec des gens qui connaissent les aspects légaux pour voir quoi faire.
C.D. : Qu’est-ce qui les a amené à prendre cette mesure ? E.F. : Le problème de logement est partout. Moi par exemple, je vis avec mes parents et nous sommes beaucoup. Nous voulons avoir quelque chose à nous. Nous avons aussi l’expérience du quartier d’à côté, « Toit pour tous ». Ils en ont parlé à la télé et tout… Ce fut en 2004… La police a réprimé très fort. Elle nous a poursuivi jusqu’à l’intérieur (du « quartier »), même quand nous avions quitté les terres qu’ils « défendaient ». C’est à dire qu’ils ont continué à réprimer au-delà des limites « légales »… Sans que femmes et enfants les importent … avec des tirs de plombs et tout. Une autre chose c’est que nous avons été informé que Pulilo vendait ces terres, comme il l’a déjà fait avec les autres … il touchait 200 pesos par mois à 5 ans, et ce ne sont pas ses terres.
C.D. : Tu as aussi participé à cette occupation là ? E.F. : J’y ai participé mais juste en collaborant rien de plus … je n’ai pas pris de terres. Mais cette fois si je m’y suis mis.
C.D. : Et quand a été pris l’autre quartier ? E.F. : Le quartier « 22 de enero » a été pris il y a exactement 22 ans.
C.D. : C’est à dire que la majorité des habitants ont déjà une expérience de lutte. E.F. : La majorité vient de quelques luttes… Celle d’il y a 22 ans a été coton d’après ce qu’ils disent. Avec la notre, ce sont trois prises de terre qui existent ici, et elles ont toujours été réprimées. Le 22 de enero c’est la plus grande, ensuite vient « Toit pour tous », celle de 2004… Cette année la nouvelle est arrivée jusqu’au Paraguay, par ici il y a beaucoup de communauté paraguayenne.
C.D. : Et quelles relations vous avec les autres 2 quartiers au sujet de cette prise ? E.F. : Il y a assez de solidarité. En général, dans les deux quartiers ils comprennent ce qui se passe parce qu’ils ont vécu la même chose. Ainsi que les gens de là-bas se solidarise avec les gens d’ici.
C.D. : Parce que vous vous connaissez tous ? E.F. : Ce n’est pas tant que nous nous connaissons tous, mais que nous luttons pour la même chose. La seule différence c’est que nous nous en tirons à moindre coût parce que pour eux, la police les a réprimés…
C.D. : Oui mais vous, vous avez été réprimés par des hommes armés… E.F. : Oui mais ce n’est pas directement par la police… Là-bas, la gendarmerie est venue et nous a viré à coups de feu et bâtons… Le plus difficile ici c’est de résister maintenant.
C.D. : La « patota » est venue pendant la journée une fois ? E.F. : Oui, les premiers jours. Mais après elle est venue seulement de nuit, ils se cachent dans les arbres et de là ils tirent.
C.D. : Il y a quelques problèmes avec celui qui est de la prise et celui qui s’y glisse, non ? E.F. : Oui, parce que les gens de Pulilo envoyaient des personnes et celles-ci lui apportaient des informations ou généraient des conflits ici à l’intérieur.
C.D. : Et comment solutionnez-vous le sujet ? E.F. : Dans notre majorité, ceux qui sommes ici nous nous connaissons presque tous. Et la nuit, nous montons un contrôle dans l’entrée, parce que de nuit c’est difficile de voir les visages, avec une liste des gens qui participent … il y a des gens qui soutiennent mais ne peuvent pas participer et d’autres qui ne veulent pas participer…
C.D. : Parce qu’ils ont peur ? E.F. : Certains par peur, et les autres parce qu’ils ne veulent pas… Alors il faut voir qui participe et qui non.
C.D. : Cela peut apporter des problèmes à l’heure de répartir les terres, non ? E.F. : Oui, mais maintenant il faut gagner la prise. Cela nous le verrons après… en assemblée comme nous le venons de le faire. comme tout ce que nous résolvons. On a aussi pensé à faire un centre communautaire et une salle de premiers soins pour le quartier ou un cantine (comedor)… On verra ça.
C.D. : Les terres continuent plus par là-bas… pourquoi avez-vous pris seulement cette partie, alors que le problème du logement est tellement grand ? E.F. : Parce que les terres qui sont là-bas appartiennent en partie au club qui est là (il signale un mur qui divise les terres prises du club José Hernández). Nous, nous entendons que celles-ci sont à personne.
C.D. : : C’est le commencement d’autres luttes, non ? Pour l’électricité, l’eau, etc… E.F. : Oui, mais c’est le moment le plus difficile… maintenant il faut résister jusqu’au bout.
Entretien réalisé par le Collectif Desalambrando dans la Fédération d’Organisations de Base (FOB).
http://desalambrando.org.ar/index.php ?option=com_content&task=view&id=184&Itemid=28
Historique de la prise de terres : http://paris.indymedia.org/article.php3 ?id_article=97571&id_mot=72
Photos : http://picasaweb.google.com/prensafob/Toma03042008
Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
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