Depuis plus d’un mois, la bande de Gaza, où survivent 1 500 000 Palestiniens, est soumise à un nouveau blocus israélien, après celui de l’été dernier. Ecrasée par la terreur, la population subit les bombardements aveugles et les incursions quotidiennes de l’armée israélienne (1), pilonnant les champs encore cultivés, tandis qu’à ces attaques répondent les tirs incessants de roquettes des militants du Hamas sur la ville israélienne de Sderot. A la mort violente et brutale s’ajoute une mort à petit feu par la faim, la soif et les maladies. On dénombre ainsi chaque semaine des dizaines de morts et bien plus de blessés graves, tandis que la pire misère grandit.

L’électricité, dont l’approvisionnement est tenu par Israël, est fréquemment coupée, rendant la vie quotidienne intenable et entravant toute l’activité économique comme celle des hôpitaux dépourvus de médicaments et d’équipements et où les décès se multiplient faute de soins appropriés. Il en est de même pour l’essence, dont le manque chronique provoque l’arrêt des générateurs. En juillet dernier, 3190 entreprises avaient été fermées, faisant monter le taux de chômage à plus de 60 %. Aujourd’hui, il a grimpé à 70 % de la population. En 2006, 57 % des familles de la bande de Gaza percevaient un revenu au-dessous du seuil de pauvreté. Qu’en-est-il alors à présent ? On parlait en juillet 2007 de 90 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté et dépendant uniquement de la farine fournie par l’UNRWA (pilotée par l’ONU) et le PAM (Programme alimentaire mondial), c’est-à-dire la misérable aumône de la bourgeoisie internationale.

L’accès à l’eau est non seulement de plus en plus rare mais risque de provoquer une véritable catastrophe sanitaire, alors que 150 des médicaments de base pour soigner ne sont plus disponibles et que les réserves en traitements fondent rapidement. En effet, l’utilisation de l’eau par la culture intensive israélienne provient pour 65 % depuis des décennies des nappes profondes de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, du Jourdain et du Golan anciennement syrien, bouleversant totalement l’équilibre hydrographique. A Gaza, outre le fait que le mur israélien au sein du territoire suit le tracé des bassins aquifères pour en interdire l’accès aux Palestiniens, les pompages ont eu pour résultat que l’eau de mer s’est infiltrée dans la nappe phréatique de la côte. Aussi, 90 % de l’eau des robinets est de l’eau salée. Pire encore, dans le Nord du territoire, il n’y a plus de séparation entre les nappes aquifères et les eaux usées, contraignant la population à boire cette mixture propageant de nombreuses maladies, surtout chez les enfants.

La bande de Gaza est transformée en une monstrueuse prison sans espoir, dans laquelle l’inhumanité est le maître-mot. Quel spectacle poignant et révoltant que de voir ces centaines de milliers de Palestiniens traverser fin janvier comme des voleurs la frontière égyptienne, dans la confusion la plus totale, afin d’emmagasiner tout ce qu’ils pouvaient, de la nourriture à l’essence en passant par des mini-motos ! Et quelle écœurante tragédie que de les voir refoulés sous les coups de matraque et les menaces armes au poing des forces de l’ordre égyptiennes, reconstruisant à la hâte le mur qui le protège de ces parias de l’humanité.

Ce nouvel épisode du conflit israélo-palestinien s’inscrit dans la lutte à mort engagée par Tel Aviv contre le Hamas depuis sa victoire aux élections palestiniennes de juin dernier. La non reconnaissance par ce groupe islamique radical de l’Etat d’Israël est le prétexte pour justifier cette pression accrue sur la population palestinienne qu’il prétend vouloir ainsi pousser à rejeter la clique sanguinaire du Hamas.

Face à une telle horreur, que fait la bourgeoisie internationale ? Rien ! L’ONU, pourtant toujours prompte à voter des résolutions grandiloquentes, n’a même pas été capable de se mettre d’accord sur la rédaction d’un texte minimum. Et pour cause ! Car ce sont tous les rapaces impérialistes qui y siègent qui sont responsables de la tragédie actuelle dans les territoires occupés.

Ce n’est nullement le sort de la population palestinienne qui les préoc­cupe. Ainsi par exemple, lorsque Kouchner déclare cyniquement qu’il “faut redonner la confiance aux Palestiniens”, après avoir clamé l’été dernier qu’il avait “confiance”, et qu’il suffisait “qu’Israéliens et Palestiniens apprennent à se connaître”, il vient profiter de l’horreur que vivent les Palestiniens pour vendre sa camelote de représentant des intérêts impérialistes français au nom de “l’humanitaire”.

L’accélération de la situation actuelle au Proche-Orient est le produit direct de la fameuse “feuille de route” de Georges Bush censée amener la “paix” et la “stabilité”. Elle n’a apporté que plus de désolation. Une fois encore s’affirme le fait que plus la bourgeoisie nous parlent de paix et plus elle développe la guerre, que le sort fait aujourd’hui aux populations palestiniennes est celui qu’elle réserve à l’humanité toute entière.

Wilma – Courant Communiste International

1) Les bombardements sont d’ailleurs tout aussi actifs en Cisjordanie.