Nicolas Sarkozy a été sacré caganer (chieur) par une entreprise artisanale catalane, à l’occasion des Fêtes de Noël et du Nouvel An. Le caganer, figure traditionnelle des crèches catalanes, nous apporte encore un symbole de la fibre que l’on appelle couramment « people » de la nouvelle Présidence de la République Française. Ce « nouveau style », avec un cocktail d’affaires « diverses » jusqu’à la surmédiatisation autour de l’ex-épouse du Président Cécilia ou de Carla Bruni, contribue fort efficacement à étouffer le débat sur les véritables enjeux stratégiques dont dépend l’avenir des Français. A commencer par le nouveau Traité européen, que l’on cherche à faire passer sans référendum et sans aucune discussion transparente de son contenu.

Je ne vous dirai pas quelle a été ma réaction à la lecture d’une dépêche récente diffusée par Cyberpresse, ainsi que par La Presse et par Le Soleil, intitulée : « Les confidences de Cécilia Sarkozy étalées au grand jour ». Le catalan qu’était Isaac Albéniz n’aurait pas manqué de remarquer la portée involontaire de ce lapsus qui désigne l’ancienne épouse de Nicolas Sarkozy par le nom de « Cécilia Caganer-Albeniz ». Quelques semaines plus tôt, l’actuel Président français avait eu droit à une notoriété inattendue dans les crèches de Noël catalanes, en tant que caganer.

Le mot catalan caganer désigne, dans le langage courant, celui qui chie souvent. Il dérive du verbe occitan – catalan – castillan – galicien – portugais cagar, provenant à son tour du latin cacare (caco, cacas, cacare, cacavi, cacatum). Un mot catalan – occitan proche est cagaire, par lequel on désigne dans les Baléares une variété de corbeaux marins (cormorans). Ce dernier symbole pourrait fort bien convenir à la sarko-agitation et à la sarko-médiatisation auxquelles on assiste depuis quelques mois et qui, en tout cas objectivement, ressemblent fort bien à une opération de brouillage qui dévore littéralement les médias.

Pendant qu’on parle des « affaires diverses » de Nicolas Sarkozy, on oublie trop souvent de discuter de la politique du Président de la République. Et à supposer que l’Elysée n’y soit pour rien, force est de constater qu’il ne semble rien faire pour s’y opposer.

En ce moment même, les médias nous submergent avec une avalanche de sarko-anecdotes et de sarko-rumeurs, alors que :

– le contrat de travail traditionnel du droit français risque de cesser bientôt d’exister pour laisser la place à la « flexisécurité » importée de cette Europe dont de nombreuses règles, écrites ou tacites, s’imposeront aux Français après la signature du nouveau Traité Européen ;

– le contenu du Traité de Lisbonne reste inconnu de la grande majorité des Français, mais il semble être prévu que, suite à la décision du Conseil Constitutionnel du 20 décembre, le Parlement approuve début février, très rapidement, la révision de la Constitution française nécessaire à la ratification de ce Traité ;

– de nombreuses lois votées depuis juillet dernier, ainsi que des décrets discrètement promulgués, entrent progressivement en application ;

etc… La « transversalité » et les « consensus discrets » aidant.

D’autres sujets qui avaient incontestablement préoccupé les citoyens paraissent définitivement enterrés. Par exemple, la nécessaire réforme de la justice. Non pas dans le sens des « lois Clément » de 2006-2007, ni d’une suppression progressive de l’aide juridictionnelle, mais dans celui des conclusions avancées par la Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire d’Outreau et des critiques exprimées par de nombreux citoyens. Quant aux délocalisations, qui à présent peuvent même toucher Dassault et d’autres industries traditionnellement considérées « de pointe »…

Mais de ço qui calt ? Qui s’en soucie, au milieu d’une pluie incessante de ragots médiatiques et d’un lavage des cerveaux permanent ?

De ço qui calt ?
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