Le mot du président de rennes 2
Catégorie : Local
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennes
Lieux : Rennes
Voici ce que les étudiants de Rennes 2 ont eu le plaisir de découvrir ce matin dans leur boite mail après l’AG et les multiples activités d’hier sur et en dehors du campus…
{« Face aux menaces de blocage de l’Université par un groupe d’étudiants et de non-étudiants, le Président fait savoir qu’il est totalement opposé à ce mode d’action et déclare que les activités d’enseignement et de recherche doivent se poursuivre normalement » }
Môsieur Gontard, sachez que je n’apprécie que moyennement que le Président de mon université fasse de l’abus de pouvoir et se serve à la fois de son autorité, de son statut et de l’instrument politique que constitue donc à présent notre boite mail pour influencer mes décisions. Je souhaiterais pouvoir dorénavant décider par moi même des orientations que doit prendre mon université et mon action dans ce mouvement ! Un chef qui dicte à ses ouailles le comportement qu’ils doivent adopter, est-ce la vision de la démocratie et de la liberté de penser et d’agir que vous compter instaurer dorénavant sur le campus ? Je remarque que les armes que vous reprochez d’utiliser par les résistants (prise en otage, non respect de la démocratie, manque d’information, illégitimité, endoctrinement et Cie) vous n’hésitez pas à les utiliser vous même, à grande échelle et en utilisant de réels moyens de propagande et d’influence : nos boites mails! Sans parler évidemment du chantage aux examens, de vos vigils et securitas et autres milices professorales !
Nous, nous n’avons que nos idées et notre imagination, la volonté d’une résistance efficace susceptible de renverser effectivement l’ordre des choses… Nous n’avons que ça mais nous comptons nous en servir et résister !
Je propose que ceux qui souhaitent penser et agir sans entrave adressent un petit courrier de la sorte à Môsieur Gontard.(mail sur le site www.uhb.fr ou en tapant présidence Rennes 2 sur un moteur de recherche)
je suis étudiante a rennes 2 je suis venue à l’ag de ce midi mais je n’ai pas pu y rester jusqu’à la fin a cause d’un rdv. quelqu’un peut il me dire les décisions qui ont été prise? merci!
… qui pourraient bien nous servir pour les luttes actuelles et à venir:
– Le CPE, une goutte d’eau dans un lac de rage – Quelques remarques sur la violence, l’illégalité et l’orientation des luttes sociales (Grenoble, avril 2006)
http://infokiosques.net/spip.php?article340
– CPE – Le Monde se referme-t-il ? suivi de Pousser le monde qui s’écroule & de l’Appel de Raspail + Bonus
http://infokiosques.net/spip.php?article332
– Les mouvements sont faits pour mourir…
http://www.tahin-party.org/jardin.html
le mail de la présidence :
pierrette.mauger@uhb.fr (secrétariat)
Essayez aussi marc.gontard@uhb.fr
Monsieur le président,
Moi-même étudiant je suis aussi choqué que mes camarades du manque de
considération que vous nous porter et de la tentative d’influence de la
présidence. Vous me semblez avoir une très haute opinion de votre avis sur
la question mais, peu impressionnable sur ce point, je me sens au moins
aussi capable que vous de faire des choix qui engagent notre
responsabilité et de mesurer la manière dont ceux-ci s’inscrivent dans la
société et engendrent des conséquences sur le commun. Je n’ai pas besoin
de consigne de vote ni de maître à penser, tout président soit-il. J’ai
encore moins besoin de pollution présidentielle dans ma boite mail. Par
conséquent et au-delà de mes convictions politiques, je me joins à la
réaction des étudiants ci-dessus.
Par ailleurs, quelques remarques personnelles : Je regrette que la
présidence s’immisse ainsi et quasi systèmatiquement (deux fois en
quelques mois) dans les tentatives de réflexion et de réappropriation de
l’université et du savoir par tous. Je pense en effet qu’il est un signe
bien inquiétant que l’institution universitaire use de toute son autorité
et des outils informatiques et de communication de masse qui
l’accompagnent, sans doute sous pression gouvernementale, pour tenter de
neutraliser par la peur, en trois mots de menace et sans aucune
explication des enjeux politiques de ses positions, les actions et
réflexions des étudiants.
C’est bien plus inquiétant à mon sens que le fait que ces mêmes étudiants
tentent, pour une fois, de s’interroger sur le milieu dans lequel ils
évoluent, dans lequel celui-ci s’inscrit, sur les formes de savoirs qui
leur sont transmises, par qui, comment, dans quels buts, et quelles
conséquences cela implique-t-il au delà de l’université. De ce point de
vue, cette tentative d’intimidation de votre part me laisse même le goût
amer d’un pouvoir universitaire qui préfère maintenir méthodiquement son
bétail dans une certaine ignorance à ce sujet, et qui cherche avant tout à
en faire des gens bien diciplinés, tout prêt à servir, n’importe qui,
n’importe comment et dans n’importe quelles conditions! Objectif
universitaire dont j’ai par ailleurs de plus en plus de mal à douter!
Les professeurs semblent avoir également reçu votre « petit billet ».
J’espère qu’ils sauront déceler dans les mots « le Président […] déclare
que les activités d’enseignement et de recherche doivent se poursuivre
normalement », le fait que leur rôle de passeur de savoir se transforme en
celui de « maintient de l’ordre » et que leur statut de prof implique qu’ils
fassent fi de toute implication concernant l’orientation politique de leur
lieu « d’enseignement et de recherche ». Leur demandez-vous monsieur Gontard
de faire l’Autruche sur le devenir de l’université? De faire l’autruche
lorsque cinq ou six cent de leurs étudiants sont rassemblés en AG au pied
de leurs fenêtres? Lorsqu’un cortège part en manifestation pour « sauver »
une des étudiantes, menacée d’expulsion… étudiante et cortège sur
lesquels devrait justement « normalement » s’exercer leur activité
d’enseignement ou plutôt de transmission du savoir?
J’ajouterai enfin qu’à moins bien sûr d’envisager l’université comme un
lieu clos, fermé et centré sur lui-même et en dehors de toute réalité, je
vois mal comment « les activités d’enseignement et de recherche » pourraient
se « poursuivre normalement » là où rien ne semble aller « normalement »… Ou
peut-être que le seul rapport à la réalité exterieure que vous soyez en
mesure d’envisager soit celui d’une réalité économique et du partenariat
avec les entreprises privées et les hautes sphères libérales que l’on voit
se profiler. J’espère, monsieur Gontard, que vous saurez, vous et vos
collègues professeurs victimes de vos spams présidentiels, vous
positionner très clairement sur votre conception de l’université à ce
sujet.
En tout cas, la réalité politique de la LRU (et au delà de ça, la logique
dans laquelle celle-ci s’inscrit) me semble être bien réelle et interférer
largement, et dans les activités d’enseignement, et dans les activités de
recherches notamment historique, politique et sociale que nous devrons
assumer. Au delà de cela, la réalité politique de la logique dans laquelle
s’inscrit la loi d’autonomie des universités interfère dans celle de nos
vies… Des vies dont nous entendons justement reprendre le contrôle. Vous
comprendrez donc à quel point votre « billet » va à l’encontre d’un tel
désir…
Faut pas t’enflammer non plus…