Cancun/entretien : sophie zafari, fédération syndicale unita
Catégorie : Local
Thèmes : Archives
Ils sont venus à deux représentants pour la FSU, principal syndicat français de l’Education Nationale. L’un est présent au sein de la Conférence Interministérielle, elle, suit les mobilisations qui se déroulent à l’extérieur.
Pour Sophie Zafari, Cancùn est une étape importante notamment en terme de visibilité pour sa fédération syndicale. En effet, il n’y a pas à proprement parler de calendrier prévu découlant de la signature de l’AGCS.
L’objectif principal est de « contrer le discours de Pascal LAMY qui prétend que l’Education Nationale se situe hors du champ de l’AGCS ». Pour elle, cet accord est une « bombe à retardement », les attaques à l’encontre de l’Education Nationale pouvant se faire à tout moment, une fois l’AGCS signé. Pour les Pays du Sud, en revanche, cet accord serait déjà un « massacre ».
De plus, être présent, c’est aussi affirmer des intérêts communs avec les paysans. Non pas simplement en terme de solidarité, mais dans une vision de globalisation des luttes, en opposition à la globalisation du modèle libéral : il s’agit d’ « être au côté des différents secteurs sociaux pour agir ensemble ».
Sophie Zafari explique que si, en effet, il n’y a pas de chapitre « Education » dans l’AGCS, celui-ci, en proposant la libre concurrence des services, menace de fait, le service d’Education. Et les Pays du Nord ont d’ores et déjà commencé à vendre des services d’éducation aux pays du Sud. C’est notamment le cas des Etats-Unis. La France, elle, rentre sur le marché avec Edufrance (Enseignement Supérieur à distance). Il y a environ trois ans, s’est d’ailleurs déjà tenu à Vancouver un Grand Salon International d’Education. Avec la signature de l’AGCS, si la France veut donner tel budget à tel secteur de l’Education, l’ORD (Organisme de Réglement des Différents, le flic de l’OMC), peut pénaliser la France pour concurrence déloyale.
D’ailleurs, le dispositif se met en place tout doucement en France. Celà concerne notamment le Supérieur, l’enseignement professionnel et les nouvelles technologies ; l’enseignement primaire, par exemple, n’étant pas rentable assez rapidement. Tout cela induit des effets indirects, contre lesquels en partie les enseignants se sont battus lors du mouvement de grève de mai-juin dernier. Sophie Zafari affirme que, lors de ce mouvement, les enseignants se sont inquiétés de l’AGCS et qu’il n’y avait jamais eu autant d’interrogations sur ces enjeux.
L’enseignement public prend donc, petit à petit, le modèle d’un fonctionnement privé, avec tout ce que cela implique : compétitivité, rentabilité… Tout ceci n’est pas uniquement le fait de l’AGCS, c’est aussi le discours de l’Union Européenne. Se développe donc l’idée que les élèves ont un capital humain à rentabiliser, ce qui, pour Sophie Zafari, s’oppose à l’idée de service public d’Education, dont le but est de créer un niveau d’égalité devant les savoirs, les connaissances… Bien que sur cette question, Sophie Zafari reconnaît que l’Education Nationale ne remplit déjà pas forcément sa mission aujour’hui.
A Cancùn, Sophie Zafari trouve l’atmosphère particulière, suite à la manifestation du 10 septembre et à la mort du paysan coréen : « Cet acte tragique nous interpelle, culturellement, pour nous, il est difficile de le comprendre », bien que les paysans veulent lui donner un sens politique. Suite à ce drame, qu’elle qualifie de « désepérance », elle a passé une bonne partie de la soirée avec les Coréens à l’hôpital et exprime toute sa solidarité avec leur délégation. Le départ des paysans de la Via Campesina a aussi ajouté à l’atmosphère « bizarre ».
Commentaires
Les commentaires sont modérés a priori.Laisser un commentaire