Au fil des années, je suis venue en aide à plusieurs femmes victimes de violence. J’ai aussi fait un doctorat sur la judiciarisation de la violence conjugale. Pourquoi écrire sur la mort de Marie Trintignant ? Pour apprendre de l’horreur. Personne n’est venu au secours de Marie Trintignant. Exposer les facteurs qui bloquent les secours et indiquer les actions appropriées permettra peut-être de sauver des vies.

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La culture assure un espace pour le discours des agresseurs. Le discours des agresseurs ne fait pas que détourner l’attention sur leurs souffrances plutôt que sur celles de leurs victimes. Il participe à la perpétuation de la violence. L’invocation de ses souffrances par un agresseur poursuit un but disculpatoire. Il est l’un des éléments discursifs de sa «contrition». La culture dans laquelle nous baignons tous reconnaît à la violence conjugale un cycle de trois phases : montée de la violence, agression, « contrition ». La « contrition » consiste à demander pardon, offrir des cadeaux, jurer que cela ne se reproduira pas ; à proclamer son amour, sa dépendance affective, ses blessures de l’âme ; et à se disculper. (…)

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Lucile Cipriani est docteure en droit et auteure d’une thèse sur la judiciarisation de la violence conjugale.

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