Nouvelles du darfour
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C’est le premier jour du Maoulid (mois de naissance du prophète Mohammed) sur le marché de Nyala. L’ambiance est bon enfant dans le souk où l’on trouve de tout. Une population très hétérogène se fournit en viande fraîche, huile, épices, fruits et légumes en tout genre. Des soldats maliens et camerounais de la Mission de l’Union africaine (Amis) côtoient des jeunes femmes occidentales descendues de 4×4 flambant neufs marqués du sigle de l’ONU ou de quelque ONG.
Des camions de l’armée gouvernementale traversent le souk dans un nuage de poussière. Une jeune femme de la tribu massalit mendie, un enfant pendu aux hanches. Là-bas deux hommes de même taille et d’âge similaire se tiennent par la main. Ce sont Moussa et Aziz, membres de la tribu zaghawa, présente au Darfour et au Tchad voisin. Ils s’assoient à l’ombre d’un arbre, dans un petit café improvisé tenu par une Éthiopienne.
La conversation porte sur les affaires, le travail, la politique. D’abord d’accord sur la responsabilité conjointe de la communauté internationale et du gouvernement de Khartoum dans le conflit, les deux hommes se divisent lorsque la conversation glisse sur le terrain tribal. Le fossé se creuse jusqu’à l’impasse : « De toute façon toi, tu es un Zaghawa qui ne parle pas, moi je suis un Zaghawa qui parle (1) ! »
Les deux amis, finalement, se séparent en se promettant de ne pas se revoir. Avant le début officiel du conflit en 2003, ce genre de distinction interne aux clans n’avait pas cours. Il faut y voir le symptôme de la maladie qui frappe aujourd’hui le Darfour : l’implosion de toute la société en une mosaïque de contradictions, qui ne se limite pas à une opposition entre tribus arabes et noires.
Samedi 31 mars, dans la localité de Boulboul, à 47 km à l’ouest de Nyala, des hommes de la tribu des Rzigat Aballa auraient attaqué des membres de la tribu des Torjam, faisant une soixantaine de morts, et volant leur bétail.
Vengeance clanique ? Problèmes autour du bétail ? Attaques ciblées de djandjawids ? Impossible de le savoir, même si la balance penche pour cette dernière hypothèse. Les djandjawids, « voilà un terme avec lequel il faut rester prudent », explique Zahir Mussa, professeur de sciences économiques et sociales à l’université de Khartoum, natif de la région. « S’il est vrai qu’au début du conflit, et surtout durant les années précédant son officialisation en 2003, la majorité des djandjawids étaient des nomades arabes venus du Nord, fuyant la sécheresse, et instrumentalisés par Khartoum pour perpétrer des exactions, aujourd’hui, de par la pression de la communauté internationale et l’abandon progressif du gouvernement, leur composition et leur rôle sont devenus beaucoup plus flous. »
Toutefois on peut aujourd’hui classer les fameux « cavaliers du diable » en deux grandes catégories : une première comprenant des mercenaires entièrement arabes instrumentalisés par l’État et qui, finalement, ne sont qu’une branche armée de plus du gouvernement de Khartoum.
Une seconde catégorie regroupe des représentants de tribus arabes et non-arabes venues de tout le Darfour, essentiellement des laissés-pour-compte. « Ceux-là se sont organisés en groupes armés, pour des raisons économiques très basiques », explique Zahir Moussa. La plupart sont désœuvrés et analphabètes. Voyant que l’argent était facile à prendre par cette voie-là, ils n’ont pas hésité à former de nouvelles bandes… »
Ces derniers sont souvent les plus violents parmi les mercenaires profitant de la situation. « Ils échappent de plus en plus au contrôle du gouvernement, ajoute Zahir Moussa, et s’ils trouvent de meilleures conditions de vie dans un des groupes rebelles nés des divisions du Mouvement de libération du Soudan (MLS) de Minni Minawi ou du Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) de Khalil Ibrahim, ils n’hésitent pas à changer de bord. » On trouve ainsi des zaghawas dans les deux camps, tandis que des groupes arabes du Darfour restaient à l’écart du conflit. En revanche, des groupes non-arabes comme les Tamas ont longtemps combattu aux côtés des djandjawids.
« Il y a une guerre tribale persistante qui a très peu à voir, sinon rien du tout, avec le gouvernement et les signataires (NDLR : de l’accord de paix d’Abuja), mais plutôt entre différentes tribus du Darfour, constatait le mois dernier l’envoyé spécial des Nations unies pour le Darfour, Jan Eliasson. Cela constitue un problème rampant. »
Ainsi, les bourreaux d’un jour deviennent les victimes du lendemain. Les compagnons d’armes du passé se retrouvent, par des jeux d’alliances et de trahisons, adversaires sur le terrain. Car le conflit du Darfour ne se limite pas à l’histoire récente de la région, comme l’évoque le photographe français Claude Iverné, qui travaille au Darfour depuis neuf ans. « À l’époque du conflit au Sud-Soudan, l’armée gouvernementale était copieusement composée de natifs du Darfour. De même, les milices qui terrorisaient les populations du Sud sous l’appellation « mukhaïlin » (moujahidins) étaient formées de Rezeigat Baggara du Darfour du Sud. Après la signature de paix Nord-Sud en janvier 2005, ces combattants sont rentrés chez eux. Beaucoup des jeunes aguerris au combat ont rejoint des factions rebelles. Les moukhaïlin sont devenus les djandjawids. »
En dehors de ces faits de guerre difficilement lisibles, la ville de Nyala et ses environs n’en sont pas non plus à un mélange des genres près. Beaucoup de commerçants de Khartoum sont venus y ouvrir une succursale. C’est le cas de Hassan, fabricant de chaussures pour femmes. Il est arrivé à Nyala en 2004 en plein conflit. Ces nouvelles formes de commerce pèsent sur l’économie locale. L’élevage et l’agriculture traditionnels se trouvent supplantés par des produits d’importation venus de Khartoum et du Golfe, sous-taxés en comparaison des produits locaux.
Mais Nyala est aussi une zone de transit très prisée du reste de l’Afrique. Pour Halim, jeune Centrafricain de confession juive, Nyala est la première étape d’un chemin ayant pour destination finale Jérusalem. Pour Hakim, autre Centrafricain, jeune prêcheur à la djellaba immaculée, le Darfour est « une terre de douleur où le message de paix de Dieu et de l’islam doit être entendu ».
Pour Sylla, chrétien de Kinshasa converti à l’islam, Nyala est une étape vers Khartoum, où il ambitionne de rejoindre l’université islamique et de devenir cheikh. En attendant, il vit aux frais de la communauté très conservatrice du quartier de Jabal, où l’imam lui a donné en guise de gîte une petite maison accolée à la mosquée. En contrepartie, Sylla fait souvent l’aller-retour pour l’un des plus grands camps du Darfour, jouxtant la ville de Nyala : le camp de Kalma, installé sur des sources abondantes d’eau potable, meilleure que celle de la ville.
C’est cette eau que Sylla s’en va chercher une fois par semaine sans trop trouver de résistance à l’entrée du camp. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde, y compris pour les « Fours de la ville », qui appartiennent pourtant à la même tribu que celle qui est majoritaire à Kalma.
Ici, les factions rebelles sont reines et la police gouvernementale est persona non grata. En réalité, le camp de Kalma, où commerce et dons d’organisations internationales font bon ménage, est en train de devenir une banlieue sous contrôle rebelle sans que personne, ni gouvernement, ni Nations unies, ni Union africaine, n’y trouve à redire. Comme pour brouiller un peu plus les cartes d’un jeu moins manichéen que certains voudraient le croire.
Stéphane AUBOUARD, à Nyala (Darfour)
(1) Les « Zaghawas qui parlent » sont originaires du Nord-Darfour dont ils ne bougent qu’occasionnellement. Ils parlent arabe et ont gardé leur dialecte, contrairement aux « Zaghawas qui ne parlent pas », qui ont émigré il y a 150 ans vers le sud du Darfour et ne parlent plus qu’arabe, et sont donc soupçonnés d’accointance avec Khartoum.
Comme le montre l’article, la guerre au Darfour ne peut se résumer au génocide que les médias occidentaux, les néo-conservateurs et les ultrasionistes voudraient le faire croire pour stigmatiser l’islam et les arabes.
Oh, les bonnes nouvelles du Darfour ! ça fait plaisir de lire que dans un village, la vie a repris.
Vous voulez savoir ce qui s’est passé ? Ce qu’est devenu le pays ? Regardez :
reportage d’Itélé
et il n’y a pas que les massacres, mais aussi la famine.
un reportage de MSF
C’est vrai que ce sont des médias occidentaux certainement « ultrasionistes » qui les ont réalisés !
Beh, justement, monsieur 16h01 je sais tout, MSF ne cesse de répéter qu’il n’y a pas de génocide au Darfour, tout l’ONU, RSF, Action contre la faim… car il n’y a pas les arabes d’un coté tuant les noirs de l’autre dans l’espoir des les éliminer. Il y a des crimes contre l’humanité, mais pas de génocide.
Les médias télé n’écoutent pas MSF, l’ONU… ils préfèrent écouter la propagande des faucons américains israéliens, aidé par la naiveté des démocrates américains (genre George Clooney). Mais tout les gens qui parlent de génocide ne connaisse pas la région (y ont passé 10 jours maximum)) et sont incapable de citer les noms des peuples habitant la région.
vous n’avez pas regardé le film ! Il y est bien dit que les arabes tuent d’autres arabes. Et que dites-vous de la famine ? Elle n’est pas réelle ?
Les 300 000 morts n’ont pas existé ? une affabulation des « sionistes », très certainement.
Ne jouez pas avec les mots (génocide ou crime contre l’humanité), c’est bien mal venu de ne rien dire sur les milliers de victimes.
vous connaissez la région ? Vous y êtes allé ? Qu’est-ce que vous savez de ce qui s’y passe ? vos commentaires sont tellement anti-américains, anti-israéliens qu’ils sont lamentables.
Oui il y a de la famine, oui il y a des massacres, mais dans l’esprit des néoconservateurs et ultrasionistes, ils veulent nous faire croire que les djandjaouids ont pour but d’exterminer les noirs! c’est faux, et les djandjaouids ne sont plus controlé par le gouvernement soudanais depuis mi-2004. Pourtant, TF1, France2, Arte… nous parlent que du génocide fait par les arabes contre les noirs. Et sur les forums, ou les sites comme indymedia paris, dès qu’on essaye de dire la vérité, on se fait traiter d’islamonazis!!!
Il y a des crimes contre l’humanité, mais pas de génocide, des arabes et des noirs étant dans les 2 camps. Et l’islam n’a rien à voir, toutes les populations étant musulmanes, et même plus, un des mouvements rebelles « noirs » est allié à l’islamiste soudanais al-tourabi. Non à la manipulation des néoconservateurs et des ultrasionistes. Médecin sans frontière, reporter sans frontière, action contre la faim, l’ONU disent qu’il n’y a pas de génocide.
et dès qu’on essaye de dire que ce n’est pas une guerre des arabes contre les noirs, les « modérateurs-censeurs » d’indymedia paris efface le message. Merci à indy nantes d’avoir laissé cet article.
Choississons notre camps:
– ceux qui disent qu’il y a un génocide au Darfour commis par les Arabes pour exterminer les noirs: TF1, France2, gouvernement américain, groupe de pressions néo-conservateurs ou ultrasionsites, SOS-Racisme, la Licra, l’Association Communauté Rwandaise de France, le B’nai B’rith France et l’Union des étudiants juifs de France…
– ceux qui disent qu’il n’y a pas de génocide: Jeune Afrique, Radio France International, l’ONU, Médecins sans frontières, Reporters sans frontière, Action contre la Faim…
Alors choisissez votre camps!!!
Quand 9 h ose affirmer de telles conneries :
qu’il le prouve !
Il y en a marre de mettre les Juifs (quand on n’ose quand même pas écrire « juifs » on écrit « sionistes ») à toutes les sauces, chaque fois qu’il y a une guerre ou des massacres quelque part sur la planète.
Perso je connais des sionistes de l’ultra-gauche. Eh oui, ça éxiste et ils se battent contre les guerres et le racisme et l’antisémitisme (qui sévit dans la gauche alter)
Alors, basta !
Il n’est pas mis sioniste, mais ultrasioniste, et si tu veux etre aveugle devant les manipulations c’est ton choix.
article à lire:
Le 7 juin 2006
Workers’World
Chaque fois, inlassablement, on nous répète qu’il faut faire « quelque chose ». Les « forces humanitaires » et les « garants américains de la paix » doivent se déployer sans attendre pour mettre un terme aux « épurations ethniques ». Il faut engager les troupes de l’ONU ou celles de l’Otan pour faire cesser le « génocide ». Le gouvernement américain a la « responsabilité morale d’empêcher un nouvel holocauste ». L’indignation est provoquée par les récits des médias à propos de viols massifs et par les innombrables photos de réfugiés désespérés. Les accusations prétendent que des dizaines de milliers d’Africains sont tués par les milices arabes soutenues par le gouvernement soudanais. Le Soudan est catalogué à la fois comme « État terroriste » et « État raté ». Même lors des rassemblements contre la guerre, on a distribué des signes proclamant « Hors de l’Irak ! ». Le New York Times a lui aussi répété l’appel. Qui se trouve derrière la campagne et quelles actions ces personnes réclament-elles ? Même un regard superficiel sur les personnes qui soutiennent la campagne montre le rôle proéminent des chrétiens évangélistes de droite et des principaux groupes sionistes dans cet appel pour « sauver le Darfour ».
Un article du Jérusalem Post du 27 avril, intitulé « Les juifs américains dirigent la planification du rassemblement en faveur du Darfour », a décrit le rôle des principales organisations sionistes dans la mise sur pied du rassemblement du 30 avril. Dans le New York Times, une publicité d’une page entière en faveur du rassemblement était signée par bon nombre d’organisations juives, y compris UJA Affairs. Mais il n’y avait pas que des groupes sionistes, dans cet appel. Le rassemblement était sponsorisé par une coalition de 164 organisations comprenant l’Association nationale des évangélistes, l’Alliance évangéliste mondiale et d’autres groupes religieux qui ont été les plus fervents supporters de l’invasion de l’Irak décidée par l’administration Bush. Le groupe évangéliste Sudan Sunrise, du Kansas, a contribué à affréter des cars et à fournir des orateurs, a effectué de très larges collectes de fonds et a mis sur pied un dîner rassemblant 600 personnes.
Ce fut à peine un rassemblement contre la guerre ou en faveur de la justice sociale. Les organisateurs ont bénéficié d’une entrevue personnelle avec le président George W. Bush juste avant le rassemblement. Il leur a dit : « J’accueille favorablement votre participation. Et je tiens à remercier les organisateurs d’être présents ici aujourd’hui ».
À l’origine, la manifestation projetait d’attirer plus de 100.000 personnes. La couverture médiatique fit état de « plusieurs milliers de participants », allant de 5.000 à 7.000. La manifestation rassemblait une écrasante majorité de Blancs. En dépit de son assistance clairsemée, elle reçut une large couverture médiatique qui se concentra sur des orateurs vedettes comme le lauréat de l’Academy Award, l’acteur George Clooney. Des démocrates et des républicains de premier plan lui ont donné leur bénédiction. Parmi ces politiciens, le sénateur démocrate de l’Illinois Barack Obama, le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines Jendayi Frazer et le gouverneur du New Jersey Jon Corzine. Ce dernier, soit dit en passant, a dépensé 62 millions de ses « propres » dollars pour être élu. Les médias traditionnels ont fait beaucoup plus de battage autour de ce rassemblement qu’autour de la manifestation de 300.000 personnes contre la guerre à New York, la veille, ou des manifestations de plusieurs millions de personnes, à travers tout le pays et en faveur des droits des immigrés, le lendemain.
L’ambassadeur des États-Unis aux Nations unies, John Bolton, l’ancien secrétaire d’État le général Colin Powell, la secrétaire d’État Condoleezza Rice, le général Wesley Clarke et le Premier ministre britannique Tony Blair ont tous avancé des arguments en faveur d’une intervention au Soudan.
Ces éminents architectes de la politique impérialiste font souvent allusion à un autre modèle lorsqu’ils parlent en faveur de cette intervention : la guerre « humanitaire » menée à bien en Yougoslavie et qui, après une campagne de bombardements massifs, a installé au Kosovo une administration gérée directement par l’ONU et l’Otan. Le musée de l’Holocauste à Washington a lancé une « alerte au génocide ». Des dirigeants chrétiens ont signé une lettre réclamant avec insistance du président Bush qu’il envoie des troupes américaines pour mettre un terme au génocide du Darfour. Un cours national spécial à l’attention des étudiants a été instauré afin de générer un soutien de masse à une intervention américaine.
De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) financées par le National Endowment for Democracy (NED – Fondation nationale en faveur de la démocratie) ont pleinement soutenu la campagne. Des voix libérales, comme Amy Goodman, de Democracy Now, le rabbin Michael Lerner, de TIKKUN, ainsi que Human Rights Watch ont également fait la promotion de la campagne pour « Sauver le Darfour ».
Une diversion à la débâcle en Irak
L’invasion criminelle et les bombardements massifs de l’Irak, la destruction de ses infrastructures qui a laissé le peuple sans eau potable et sans électricité courante, ainsi que les horribles photos du recours à la torture par les militaires américains à Abou Ghraïb ont suscité l’indignation à l’échelle mondiale. Au point qu’en septembre 2004, le secrétaire d’État le général Colin Powell s’est rendu au Soudan et a annoncé au monde entier que la solution à ce « génocide », qualifié de crime du siècle, était d’exiger des Nations unies qu’elles imposent des sanctions contre l’un des pays les plus pauvres du monde et que des troupes américaines soient envoyées sur place en tant que « garantes de la paix ».
Mais le reste du Conseil de sécurité des Nations unies n’a pas voulu accepter ce point de vue, ni les preuves américaines ni les actions proposées. La campagne contre le Soudan a gagné en ampleur même quand les preuves ont été fournies de ce que l’invasion américaine de l’Irak reposait sur un mensonge absolu. Les mêmes médias qui avaient apporté de la crédibilité à l’allégation du gouvernement américain prétendant qu’il était justifié d’envahir l’Irak parce que ce pays détenait des « armes de destruction massive », embraie désormais sur des rapports faisant état de « crimes de guerre » perpétrés par les forces arabes au Soudan.
Cette campagne du Darfour réalisé certains objectifs de la politique impérialiste américaine. Elle surenchérit dans la diabolisation des peuples arabes et musulmans. Elle détourne l’attention de la catastrophe sur le plan des droits de l’homme causée par la guerre brutale des États-Unis et l’occupation de l’Irak, qui ont tué et mutilé des centaines de milliers d’Irakiens.
C’est également une tentative de détourner l’attention du financement et du soutien par les États-Unis de la guerre israélienne contre le peuple palestinien. Et, plus important encore, elle ouvre un nouveau front dans la détermination du pouvoir des compagnies américaines à vouloir contrôler la région tout entière. Les intérêts américains au Soudan
Le Soudan est le plus vaste pays d’Afrique en superficie. Il est situé stratégiquement sur la mer Rouge, immédiatement au sud de l’Égypte et il a des frontières communes avec sept autres pays africains. Il a grosso modo les dimensions de l’Europe occidentale mais sa population n’est que de 35 millions d’habitants. Le Darfour est la région occidentale du Soudan. Il a la taille de la France , avec une population de 6 millions d’habitants.
Des ressources récemment découvertes ont suscité parmi les compagnies américaines un intérêt très grand pour le Soudan. On croit qu’il possède des réserves en pétrole rivalisant avec celles de l’Arabie saoudite. Il possède également de vastes poches de gaz naturel et son sous-sol abrite en outre l’un des trois gisements les plus importants au monde d’uranium de haute pureté, sans oublier qu’on y trouve aussi le quatrième gisement le plus important en cuivre.
Au contraire de l’Arabie saoudite, toutefois, le gouvernement soudanais a conservé son indépendance vis-à-vis de Washington. Incapable de contrôler la politique pétrolière du Soudan, le gouvernement impérialiste des États-Unis a multiplié les efforts pour entraver le développement par le Soudan de ses précieuses ressources naturelles. Par ailleurs, la Chine a travaillé avec le Soudan en lui fournissant la technologie nécessaire pour la prospection, les forages, le pompage et la construction d’un pipeline. Elle achète en outre une grande quantité du pétrole soudanais.
La politique américaine vise à bloquer les exportations de pétrole via des sanctions et l’attisement des antagonismes nationaux et régionaux. Durant plus de deux décennies, l’impérialisme américain a soutenu un mouvement séparatiste dans le sud du Soudan, où l’on avait trouvé du pétrole pour la première fois. Cette longue guerre civile a épuisé les ressources du gouvernement central. Lorsqu’un accord de paix a enfin été négocié, l’attention américaine a tout de suite glissé vers le Darfour, dans le Soudan occidental.
Récemment, un accord similaire entre le gouvernement soudanais et des groupes rebelles au Darfour a été rejeté par l’un des groupes, de sorte que les combats se poursuivent. Les États-Unis jouent aux médiateurs neutres et continuent à exercer des pressions sur Khartoum en vue des concessions supplémentaires mais, « par le biais de leurs alliés africains les plus proches, ils ont contribué à entraîner les rebelles darfouriens de la SLA et de la JEM , ce qui a engendré de violentes réactions de la part de Khartoum ». (www.afrol.com) Sur le plan ethnique, le Soudan présente l’une des populations les plus diversifiées de la planète. Plus de 400 groupes ethniques ont leurs propres langues et dialectes. L’arabe est la seule langue commune. Le grand Khartoum, la plus grande ville du pays, compte une population de quelque 6 millions d’habitants. Environ 85 pour 100 de la population soudanaise se consacre à l’agriculture de subsistance ou dans l’élevage de bétail.
Les médias traditionnels américains sont unanimes pour décrire de façon simpliste la crise du Darfour comme étant une série d’atrocités commises par les milices jawid du Jan, soutenues par le gouvernement central de Khartoum. Et on parle dans ce cas d’une agression « arabe » contre le peuple « africain ». C’est une distorsion totale de la réalité. Comme le faisait remarquer le Commentateur noir, le 27 octobre 2004 : « Toutes les parties impliquées dans le conflit du Darfour, soit comme arabes, soit comme africaines, sont en fait composées d’indigènes et de noirs, absolument au même titre. Tous sont des musulmans, tous sont des locaux. Toute la population du Darfour parle arabe ainsi que de nombreux dialectes locaux. Toutes ces personnes sont des musulmans sunnites. » Sécheresse, famine et sanctions. La crise du Darfour tire ses origines dans les luttes entre tribus. Une lutte désespérée s’est développée autour d’une eau de plus en plus rare et des droits de pâturage dans une vaste région de l’Afrique du Nord qui a été durement touchée par des années de sécheresse et de famine croissante.
Le Darfour compte plus de 35 tribus et groupes ethniques. Plus ou moins la moitié de la population consiste en petits fermiers pratiquant une agriculture de subsistance, l’autre moitié était constituée de bergers à demi nomades. Depuis des centaines d’années, la population nomade fait paître ses troupeaux de bétail et de camélidés dans des grands espaces de plaines herbeuses. Fermiers et bergers se partagent les puits. Durant plus de 5.000 ans, ce pays fertile a entretenu les populations, tant du Darfour, dans l’ouest, que de l’est du pays, le long du Nil.
Aujourd’hui, en raison de la sécheresse et de l’immense désert saharien qui ne cesse de gagner du terrain, il n’y a plus assez de pâturages ni de terres cultivables dans ce qui est pourtant censé être le grenier de l’Afrique. L’irrigation et le développement des riches ressources du Soudan pourraient résoudre bon nombre de ces problèmes. Les sanctions et l’intervention militaire des États-Unis n’en résoudront aucun. Bien des gens, et particulièrement des enfants, sont morts au Soudan de maladies absolument faciles à prévenir et à guérir et ce, en raison d’une attaque par missiles de croisière américains commandée par le président Bill Clinton le 20 août 1998 contre l’usine pharmaceutique d’El Shifa, à Khartoum. Cette usine, qui produisait des médicaments bon marché pour traiter la malaria et la tuberculose, fournissait 60 % des médicaments disponibles au Soudan. Les États-Unis avaient prétendu que le Soudan gérait là une usine de fabrication du gaz toxique VX. Aucune preuve n’étayait cette accusation. Cette simple usine de médicaments, totalement détruite par 19 missiles, ne fut pas reconstruite et le Soudan ne reçut pas un centime de dommages.
Le rôle de l’ONU et de l’Otan au Soudan
Actuellement, 7.000 militaires de l’Union africaine sont au Darfour. Le soutien logistique et technique est assuré par les forces des États-Unis et de l’Otan. En outre, des milliers de membres du personnel de l’ONU supervisent les camps de réfugiés accueillant des centaines de milliers de personnes déplacées en raison de la sécheresse, de la famine et de la guerre. Toutes ces forces extérieures font bien plus que de distribuer la nourriture nécessaire. Elles constituent également une source d’instabilité. Comme les conquérants capitalistes en devenir le font depuis des centaines d’années, elles dressent consciemment les divers groupes les uns contre les autres. L’impérialisme américain est lourdement impliqué dans la région tout entière. Le Tchad, situé directement à l’ouest du Darfour, a participé l’an dernier à un exercice militaire international organisé par les États-Unis et qui, selon le département américain de la Défense , était le plus important jamais mis sur pied en Afrique depuis la Seconde Guerre mondiale. Le Tchad est une ancienne colonie française et tant les troupes françaises que les troupes américaines sont profondément impliquées dans le financement, l’entraînement et l’équipement de l’armée du chef militaire du Tchad, Idriss Deby, qui a soutenu des groupes de rebelles au Darfour.
Durant plus d’un demi-siècle, la Grande-Bretagne a dirigé le Soudan, y rencontrant une résistance largement répandue. La politique coloniale britannique était profondément enracinée dans la tactique consistant à « diviser pour régner » et à maintenir ses colonies dans un état de sous-développement et d’isolement censé faciliter le pillage de leurs ressources.
Ces dernières années, l’impérialisme américain, qui a remplacé les puissances coloniales européennes dans de nombreuses parties du monde, a saboté l’indépendance économique des pays qui essayaient de sortir du sous-développement colonial. Ses principales armes économiques ont consisté en des sanctions combinées aux exigences d’« ajustement structurel » exprimées par le Fonds monétaire international, qu’il contrôle. En échange de prêts, les gouvernements visés doivent tailler dans les budgets qu’ils ont prévus pour le développement de leurs infrastructures.
Comment des exigences de sanctions émanant d’organisations occidentales et se traduisant par le maintien du sous-développement et de l’isolement, pourraient-elles résoudre le moindre de ces problèmes ?
Washington a souvent utilisé son pouvoir terrible au sein du Conseil de sécurité des Nations unies pour faire passer des résolutions censées appliquer ses plans, c’est-à-dire envoyer des troupes américaines dans d’autres pays. Il n’y eut jamais de missions humanitaires ! Des troupes américaines arborant le drapeau des Nations unies envahirent la Corée en 1950 et la guerre se traduisit par plus de 4 millions de morts. Arborant toujours ce même drapeau, les troupes américaines ont d’ailleurs occupé et divisé la péninsule coréenne durant plus de 50 ans. En 1961, sur l’insistance des États-Unis, des troupes de l’ONU ont été déployées au Congo, où elles aller jouer un rôle dans l’assassinat de Patrice Lumumba, le tout premier Premier ministre du pays. En 1991, les États-Unis ont été à même d’obtenir un mandat de l’ONU pour bombarder massivement toutes les infrastructures de la population civile irakienne, y compris des sites d’épuration des eaux, des sites d’irrigation et de traitement de la nourriture et appliquer des sanctions destinées à affamer la population. Le tout se traduisit par la mort de plus de 1,5 million d’Irakiens. Les troupes des Nations unies en Yougoslavie et en Haïti ont été une couverture pour l’intervention américaine et européenne et la réconciliation via l’occupation.
Les puissances impérialistes américaines et européennes sont responsables de la traite génocidaire des esclaves qui a décimé l’Afrique, du génocide des populations indigènes des Amériques, des guerres et occupations coloniales qui ont pillé les trois quarts de la planète. C’est l’impérialisme allemand qui fut responsable du génocide du peuple juif. Lancer un appel en faveur d’une intervention militaire par ces mêmes puissances afin de répondre aux conflits qui opposent certains peuples du Darfour équivaut à ignorer tout simplement cinq siècles d’histoire. Juste après le bombardement de l’usine pharmaceutique d’El Shifa, en 1998, Sara Flounders s’est rendue au Soudan en compagnie de John Parker. Tous deux faisaient partie d’une délégation d’investigation de l’International Action Center, dirigée par Ramsey Clark.
Article dans www.mondialisations .ca
Par Sara Flounders
T’as lu l’article, c’est le Jerusalem Post qui dit lui même que des juifs (ultrasionistes) mènent le mouvement d’intoxication massive.
1) les textes de mondialisaton.ca sont sous copyright (cf charte des indy)
2) ton lien est faux. Voici le bon pour lire le texte dans de bonnes conditions
le rôle des états unis au darfour
3) Jérusalem Post parle de la manifestation d’associations juives et d’autres associations « pour sauver le Darfour ». Pas question d’ultrasionistes
4) des associations juives, mais pas seulement puisqu’il y a Human Rights Watch aussi parlent de « génocide ». On ne peut pas écrire que c’est une intoxication puisqu’il y a 200 à 300 000 victimes. En tout cas, il y a crime contre l’humanité. Tu emploies bien le terme « génocide » (sur un autre indy) en parlant de l’Irak. C’est une intoxication également… ?
5) si on en croit la fin de cet article, il ne faut rien faire pour le Darfour, car faire quelque chose, ce serait pour ne plus parler de l’Irak ? On n’a donc qu’à laisser les Africains au Darfour s’entretuer ou mourir de faim ?
Ce n’ai pas moi qui dit qu’il y a un génocide en Irak, moi je dit qu’il n’y a pas de génocide ni en Irak, ni au Darfour. Pour qu’il y ai génocide il faudrait qu’il y ai volonté d’exterminer un peuple, ce qui n’est pas le cas dans les 2 situations.