Complètement Nantes ou la pitoyable propagande municipale « à la nantaise »

Conférence de presse in situ, annonces tonitruantes (celle par exemple d’une cascade « niagaresque » à Misery), nettoyage des environs (les habitant.es vivant dans les caravanes Quai de l’aiguillon ont été expulsé.es sous ultimatum de 48h )… l’opération « Complètement Nantes » s’avance avec la délicatesse d’un… char d’assaut.
Lamentable et coûteuse opération de communication « Complètement Nantes » s’affiche partout en ville et occupe très peu discrètement une bonne partie du site de la carrière Misery à Chantenay, et cela pendant 80 jours. « Complètement Nantes », s’énonce comme une formule magique et répétitive dont le sens compte moins que l’effet escompté. Aujourd’hui, veut-on nous dire, Nantes doit se vendre comme n’importe quelle marque et chaque (bon) citoyen se doit d’en être l’agent publicitaire.
A travers les expos, tables interactives, les quizz et les images futuristes, se dessine l’image d’une ville idyllique pour une vie paradisiaque. A Nantes, voudrait nous dire « Complètement Nantes » dans la langue des chargés de com, on est inventif , on est « créatif », on se « réinvente avec vous », et on « co-construit ». A Nantes on prétend laver plus vert qu’ailleurs.
Beaucoup plus que de débattre, « Complètement Nantes » ambitionne de vendre notre avenir et nos vies comme un promoteur vend des maisons de rêve sur papier glacé. En route vers le bonheur municipalisé obligatoire dans une ville enfin débarrassée des conflits grâce à la gouvernance éclairée… et la haute protection policière.
Mais l’énormité du dispositif cache mal sa grande misère conceptuelle.

Une ville qui détruit, qui exclut « complètement »

L’ambition municipale tient en fait en très peu de mots : attirer dans le centre ville élargi (centralité) des populations aisées qui viendront comme touristes ou comme résidents investir leurs capitaux et dépenser leurs euros ou dollars espérés. Quant aux autres … qu’ils dégagent.
Et c’est bien là le problème.
Car il n’aura échappé à personne que l’agglo compte un certain nombre d’habitant.es dont les revenus ne sont pas en accord avec les objectifs de dynamisme affiché par le marketing territorial.
Il y a en réalité au moins deux Nantes. Celle qui « métropolise » et qui cascade, celle qui végétalise et qui aménage à tour de bras… et l’autre. Celle qui s’y refuse. Celle des quartiers populaires, celle des précaires et des chômeurs et chômeuses, celle des étudiant.es ou celle des exilé.es. Celle qui prend la rue en dépit des dispositifs policiers sous la ronde habituelle de l’hélicoptère.
Nous invitons ceux et celles qui aspirent à autre chose qu’à la fable de Nantes la verte et qui ne se résignent pas au saccage des biens communs à se retrouver sur le site de la carrière Misery.

Le Mardi 24 Avril à partir de 18h30
Ce sera l’occasion dans la suite de la BLAD (Balade des Lieux A Défendre) :
• d’ouvrir une trappe de désenfumage dans 80 jours de propagande continue
• de résister à l’offensive urbanistique et à toutes les expulsions
• de dire non à l’artificialisation de la nature et à la domestication des paysages
• et de mettre en pratique d’autres façons de vivre la ville.