Contre la logique sécuritaire, soyons rebelles et résistants !

La même équipe municipale qui accueille la Biennale du Livre d’Histoire de Pontivy, dont le thème est cette année « Rebelles et résistants », a voté pour l’installation de caméras de vidéosurveilance dans les rues de la ville.
Le Collectif contre une politique sécuritaire à Pontivy s’interroge sur ce paradoxe : saluer la mémoire des personnes réprimées pour leur lutte pour la liberté et parallèlement mener une politique liberticide ; faire partie d’une « gauche » qui se réclame d’une Histoire de conquête des libertés et pratiquer une politique sécuritaire promue par un gouvernement de droite.

Pourquoi nous nous opposons aux caméras :

Surveiller et enregistrer constamment les activités des personnes sur l’espace public est attentatoire aux libertés individuelles :
– En cas de retour d’un quelconque totalitarisme, le pouvoir aura à sa disposition des outils de surveillance tels que toute résistance sera très difficile. Qu’en diraient les résistants d’hier ?
– Cela va à l’encontre des efforts de responsabilisation individuelle et de solidarité qui permettent de prévenir les actes dérangeants pour la société. C’est se décharger sur un gadget technologique inefficace de notre responsabilité collective. C’est laisser croire qu’on peut donner des réponses purement technologiques à des problèmes sociaux. Cela laisse présager d’une évolution de la société où les personnes sont considérées comme un troupeau humain à gérer plutôt que comme des individus libres.
– Cela signifie que nous sommes tous des coupables en puissance, et non plus des présumés innocents jusqu’à preuve du contraire. Cela participe donc d’une évolution inquiétante du droit (inversion de la charge de la preuve).

En plus de toutes ces raisons éthiques de s’opposer aux caméras, il y a des raisons bien plus pragmatiques :

– Selon les études scientifiques menées jusqu’à maintenant, les caméras ont pas ou peu d’effet sur la délinquance, en tous cas rien qui pourrait justifier les dépenses engagées.
– le coût des caméras est supporté par tous alors qu’elles ne concernent que quelques zones (heureusement !) et que les actes de délinquance pourraient n’être que déplacés.

D’où vient cette mode des caméras soutenue par le gouvernement actuel au travers de subventions ?

D’une dérive politique qui touche quasiment tout le champ politique, qu’on pourrait qualifier de droitisation, voire de « Lepenisation des esprits » ?
D’une montée en puissance des intérêts privés dans l’espace public : le marché de la sécurité privée est en pleine expansion ces dernières années.
Les lobbies du secteur (conseil, développement et vente de matériel) ont une influence croissante sur les politiques publiques locales et nationales. Ils ont en effet compris que des caméras achetées par une ville, c’est une énorme publicité gratuite pour leur matériel et leurs méthodes : si la municipalité en installe, si le gouvernement en fait la promotion, il est bien plus facile de convaincre les entreprises et les particuliers de s’équiper.

En résumé, une technique de lutte contre la délinquance à l’efficacité très contestée va être mise en place sous l’effet d’une mode sécuritaire impulsée aux plus hauts échelons de l’Etat, et servant également les intérêts de certains lobbies. La vidéosurveillance participe d’une limitation immédiate des libertés individuelles. Elle favorise l’acceptation du contrôle permanent de l’activité des individus; cette logique va donc à l’encontre de la responsabilisation de chacun et des actions de prévention et d’éducation, méthodes certes moins spectaculaires, mais ayant aussi moins d’ « effets collatéraux » destructeurs du lien social et des libertés.

Collectif contre une politique sécuritaire à Pontivy

Venez vous informer et débattre à la projection-débat organisée ce samedi 3 avril à 20h30.
Projection de courts-métrages: « Les Écrans sécuritaires »