Une soirée-débat est organisée autour du film d’Oswalde LEWAT « Une affaire de nègres » – 2008 centré sur les assassinats sommaires perpétués par un commando de l’armée contre des civils innocents entre 2000 et 2001.

le jeudi 12 novembre à 20h30

au Ciné Malouine à St Malo de Guersac (44)

Le manque de démocratie au Cameroun est-il seulement Une affaire de Nègre

En présence d’Odile TOBNER, présidente de Survie et responsable de la librairie des Peuples Noirs de Yaoundé

Présentation de « Une affaire de nègres »

Ce film de la cinéaste camerounaise Oswalde Lewatt a été précédé d’un documentaire plus court, sur le même sujet, « Les disparus de Douala ».

En 1999-2000 le gouvernement camerounais a créé un Commandement Opérationnel (CO), composé d’élément de l’armée, de la gendarmerie et de la police, pour une grande opération de répression du banditisme à Douala. Un des éléments à l’origine de cette création est le meurtre d’un riche commerçant français. Résultat : pendant un an ces unités se sont livrées à un millier d’exécutions extrajudiciaires. On retrouvait les corps flottant sur le Wouri ou abandonnés dans la brousse. Un numéro de téléphone avait été mis en place pour les dénonciations. Les arrestations suivaient, suivies de détention de torture et de disparition, sans que des procédures judiciaires soient initiées.

Le scandale a culminé avec la disparition de neuf jeunes gens dans le quartier de Bépanda. Les familles des « neuf de Bépanda » ont constitué un comité, soutenu par l’ACAT littoral, de madeleine Affité et par des personnalités de l’opposition comme Djeukam Tchaméni, qui voulait porter plainte en Belgique au titre de la compétence universelle. Dans le film on voit un homme politique, transfuge du parti au pouvoir, dire qu’on a alerté en vain Amnesty International et Survie. Début 2001 Survie était en plein procès fait par les chefs d’Etat à FX Verschave. Ces démarches ont néanmoins alerté les instances internationales qui ont exigé des explications. Le pouvoir camerounais a donc fait un procès aux responsables du CO. Ce procès n’a abouti à aucune condamnation. Le CO a simplement été dissous.

A la fin du film on voit une population exaspérée par l’insécurité, mais sans information. En effet les premiers responsables de l’insécurité au Cameroun sont les pouvoirs publics, entièrement minés par la corruption et incapables d’assurer la moindre protection à la population. La création d’un commando de la mort pour terroriser la population n’est évidemment pas un signe d’autorité et n’est pas de nature à apporter de la sécurité, au contraire. L’horreur liée à cet épisode macabre donne la mesure de la triste situation de l’état de droit au Cameroun.