Le voici revenu le temps de l’innommable,

Le temps où l’être humain est traîné dans la boue,

Où il est arrêté dans son lit, à sa table,

Le respect de la vie ne vaut plus rien du tout.

La chasse aux sans papiers se fait à grande échelle.

Elle est la diversion d’un régime pourri,

Qui pour masquer à tous l’odeur de ses poubelles,

Poursuit le sans papier, le cloue au pilori.

Des gens en uniforme font la sale besogne,

Exécutent fidèles les ordres scélérats,

Reprennent aujourd’hui, et cela sans vergogne,

Les ignobles méfaits pourtant qu’on condamna.

Valets obéissant ils exécutent l’ordre.

Ils ont comme toujours l’alibi de la loi.

Jamais ne leur viendrait l’impératif de mordre,

Cette main assassine qui désigne leur proie.

Ils frappent à l’école pour arrêter des gosses,

Les prennent dans leurs classes, les envoient, inhumains,

Dans des centres fermés gardés par des molosses,

Les mettent dans l’avion vite le lendemain.

Peu sont les courageux aux fonctions officielles,

Qui osent publiquement dénoncer, s’opposer.

Préférant obéir, ils obstruent leurs cervelles,

Ramper comme un serpent ça évite d’oser.

Tout ça se fait ici, «Patrie desDroits de l’Homme»,

Terre où dans le passé l’ignoble s’est produit,

Dire «Plus jamais ça!» n’a aucun sens en somme

En ce début de siècle tombe déjà la nuit.

De la masse anonyme sortent pourtant des Justes,

Qui cachent les enfants dans leurs appartements,

Ils s’opposent enfin aux décisions injustes,

Et montrent qu’on peut vivre ici humainement.

Un jour viendra c’est sûr où les salauds, les traîtres,

Auront à rendre compte de leurs ignominies,

Et la tête baissée ils iront comparaître,

Devant un tribunal comme Papon le fit.

La Belette