Alors que des troupes policières surveillent plusieurs lieux, les dirigeants des quartiers réalisent des meetings et des marches pour renforcer la mobilisation qui regroupe des travailleurs, des chômeurs, des mineurs, des sans retraites, des sans terres, des étudiants et autres habitants, en plus des directions des organisations nationales comme la Centrale Ouvrière Bolivienne (COB).

Au son de « El Alto debout jamais à genoux ! » et de « que s’en aille Aguas de Illimani ! », l’entreprise transnationale qui gère l’eau dans la ville aymara, il a été annoncé que la grève se maintiendra et ses avancées évaluées demain, tandis que le gouvernement ne s’est pas exprimé sur le sujet. La population alteña exige également l’annulation du décret qui augmente de 23 % le prix des carburants, ce qui a un impact sur le faible pouvoir d’achat des alteños.

L’eau et le gaz

L’eau et le gaz mobilisent les habitant(e)s pour une raison simple : « il n’est pas possible de payer des tarifs aussi hauts pour des ressources naturelles qui nous appartiennent, mais que gèrent aujourd’hui des transnationales », peut-on entendre dans la rue.

D’un côté les alteños accusent l’entreprise Aguas del Illimani -un consortium international- de délaisser le service de l’eau et de ne s’intéresser qu’à ses profits au travers de divers mécanismes couverts par l’Etat bolivien.

La revendication n’est pas nouvelle, elle date d’il y a au mopins huit ans en arrière quand a commencé la privatisation de l’eau et quand les habitants et les organisations ont dénoncé les irrégularités du processus et de ses conséquences.

D’un autre côté, les hydrocarbures ont suivis un destin similaire vu que leur administration et bénéfices se trouvent également entre les mains des transnationales, et la population doit supporter aujourdh’hui l’augmentation constante de ses tarifs.

En septembre et octobre 2003, les alteños avaient déjà encerclé le siège du gouvernement en exigeant justement la nationalisation du gaz. La féroce répression du président Sanchez de Lozada avait alors fait 64 morts et 500 blessés qui aujourd’hui demandent justice.

La dure expérience de ces journées cependant n’a pas endormi la conscience de ce peuple qui a su représenter tout le pays lors de la dite « guerre du gaz », et dont l’extension se retrouve aujourd’hui dans la défense de l’eau.

El Alto, une des villes les plus jeunes, pauvre mais la plus aguerrie de Bolivie reprend la parole et la lutte dans la rue. « Nous avons beaucoup attendu de ce gouvernement mais il ne gouverne pas. Nous avons fait de Carlos Mesa un président et notre situation n’a pas changé tandis que lui gagne de juteux salaires » a commenté une femme sur le barrage.

Desiderio López, autre habitant s’est exprimé de cette manière : « Nous voulons que s’en aillent Aguas del Illimani, les entreprises pétrolières et également le président parce que c’est une marionnette des nord-américains et nous -comme indigènes- n’allons pas nous laisser diriger par les gringos. Va arriver notre tour de gouverner, comme boliviens, c’est pour cela que nous disons mourir avant de vivre esclaves ».

Indymedia Bolivie
10 janvier 2005