La manifestation s’élance à travers la ville, avalant énergiquement le pavé et clamant la solidarité avec les mineurs rejeté.e.s. Celleux que l’on évalue, que l’on suspecte, que l’on rejette sont en nombre en tête de cortège, ce sont elleux qui ont créé ce mouvement, elleux qui manifestent la rage qu’ils et elles ont de vivre ici.

À la préfecture, devant le conseil départemental, l’association Saint-Benoît Labre ( Notamment Aemina, service d’évaluation) ou encore face au tribunal, des jeunes exilés prennent la parole. Tour à tour ils mettent en avant la continuité avec laquelle l’homme noir est traité depuis l’esclavage. Comment les différentes institutions devant lesquelles s’arrête le cortège, reproduisent cette même dynamique. Ils dénoncent avec conviction les lois de protection des mineur-e-s qui traitent différemment les étrangers. Les violences qui s’abattent sur leurs corps, entre les coups de la police et les tests médicaux. La violence de l’exil et l’inexistence de repos pour celles et ceux qui ne sont reconnu.e.s nul part. C’est enfin des mots pour toutes les personnes qui ont choisis le chemin de l’exil, pour toutes celles qui sont mortes en Méditerranée, aux frontières.

La manifestation s’achève sur le bord de Loire, après s’être arrêté un instant devant le tribunal qui barricadé et protégé par un petit bataillon de policiers. Pour ponctuer cet assaut sur la ville des jeunes rejeté.e.s, l’assemblée encourage quelques prises de paroles et la perspective d’une nouvelle assemblée regroupant toutes celles et ceux qui luttent à Nantes pour le droit à l’exil.

Cette manifestation a permis d’entendre les voix de celleux qui subissent les violences de l’exil. De sortir de la logique d’invisibilisation qui noie leur voix sous des discours humanitaires, en décalage? avec leur réalité. Mais cette journée est aussi un acte de résistance, de dépassement des peurs, liées bien souvent à une situation administrative plus que précaire. C’est le sursaut d’une jeunesse que l’on malmène et de celleux qui luttent contre les frontières.