À leur arrivée à Paris, après avoir été accueillie dans divers squats, deux nanas, étudiantes étrangères, décident de sortir de la galère et d’ouvrir un lieu « safe » où elles se sentiraient chez elles de manière un peu plus stable, et où chacune pourrait réaliser ses projets, politiques et artistiques. Fin 2014, elles trouvent, en proche banlieue sud-est, un beau cinéma abandonné de style années 30. Elles s’y installent. L’esprit joyeux, elles retapent le lieu avec l’aide de copin-e-s enthousiastes et prêt-e-s à donner quelques coups de main. Et le vieux cinéma retrouve petit à petit la vie !

Lors de l’un des premiers événements publics qu’elles organisent, la projection d’un film en mai 2015, elles rencontrent Y et S. Introduit par un proche (qui deviendra le père de l’enfant de l’une des nanas, quelqu’un en qui elles ont donc confiance), Y est accueilli comme nouvel habitant, alors qu’il est un quasi-inconnu. S, touriste des lieux squattés parisiens et propriétaire d’un appart dans le 4e, s’installe directement chez lui, sans consultation avec les autres habitante.s. Tous deux ont flashé sur le lieu, tel l’anneau de Golum, ils s’y sont agrippés et ne l’ont plus jamais quitté ! Avec eux, ils ramènent leur mode de vie bourgeois et capitaliste et surtout un comportement tyrannique, sexiste et dominateur, que le couple impose à ses co.squatteuses (les deux copines de l’origine + un autre habitant).

Nous ne réduirons pas le rôle déterminant de sa copine S, personnage rusé et manipulateur, détestable à souhait, qui contribua à la réussite de l’entreprise de Y, celle de devenir le gérant exclusif et omnipotent de l’ensemble des espaces du squat (habitation et lieux d’activités) et d’en expulser quiconque ferait barrage à ses ambitions.

Pendant cette période d’une année on a vu :

Des mensonges répétés. Avec, pour exemple, l’annulation de la fête de mariage d’une copine, non pas pour des questions de respect du voisinage par crainte du bruit, ce qu’il avait prétexté, mais pour garder l’espace afin de tourner le clip d’une popstar (qui a rémunéré 1000 euros ce privilège). Ou encore ses discours à l’extérieur, affirmant qu’il a effectué tous les travaux lui même avec sa compagne, qu’il soutient les activités militantes alors qu’il les réprime, précisant à ses interlocuteurs que les nanas ayant ouvert le lieu sont « deux petites filles perdues, qui sont tombées par hasard sur un lieu dont elles ne savaient quoi faire » (d’après les paroles rapportées par un interlocuteur). Il affirmait même que nous n’avions pas vraiment ouvert le lieu et que c’était des mecs qui s’étaient chargés de lui redonner vie.

L’accaparement de la gestion de la caisse et des espaces collectifs. Après un soupçon de vol contre un habitant, Y décide de gérer la caisse collective en gardant la clé avec lui, même lorsqu’il n’est pas dans le lieu. Lui et S décident de manière arbitraire les tarifs du lieu. Leur logique de rentabilité les amène à exiger sans concertation un tarif de 1 euro par personne et par heure pour utiliser la grande salle – mais ils changent cette règle selon leur bon vouloir à 2 euros par personne et par heure à d’autres moments. Ils décident seul-e-s le pourcentage qui doit revenir au lieu lors des soirées organisées par des collectifs extérieurs : par exemple, ils ont exigé pas moins de 40 % des bénéfices du le soirée soutien à Notre-Dame-de-Landes. Ils ont régulièrement refusé la mise en place du prix libre durant leurs soirées, préférant un prix fixe plus rémunérateur, déclarant qu’ « à Saint Maurice les gens sont riches » tout en se définissant anti-capitalistes. Y garde sur lui la clé des espaces communs, refusant d’en partager l’accès. Il garde dans son agenda personnel les contacts des personnes intéressées pour louer les espaces disponibles, refusant de partager ces données, se défilant à chaque occasion de mettre ces informations dans un endroit commun. Lui et sa copine S décident seuls de l’organisation des événements et du calendrier des salles communes, sans aucune concertation avec le collectif. Afin de servir ses ambitions de devenir une sorte de directeur artistique d’un lieu conventionné, il a initié un dialogue rapproché avec le maire de la ville, encore une fois, sans aucune concertation avec le collectif.

L’absence de solidarité : Alors même que Y gère rondement la caisse du cinéma Avesso, il refuse de collectiviser le paiement de la facture d’électricité (2000 euros + 180 euros pour chaque mois) qui pèse sur le compte en banque de l’une de nous, précaire et sans revenu. Alors même que S est propriétaire, elle s’autorise avec Y à refuser de loger des personnes précaires, sans emploi, migrants, alors même que l’espace le permet. Celui-ci refusa également qu’Avesso accueille une soirée de soutien aux personnes arrêtées après la manif de Calais en janvier dernier, invitant le collectif à l’origine de la demande, à aller chercher du soutien ailleurs car « la vocation d’Avesso c’est de faire du spectacle » impose-il, contre l’avis des autres habitante.s.

La colonisation de certains espaces d’habitation : Pendant l’absence temporaire des habitant-e-s, Y a fait du salon, seule pièce collective de l’espace à vivre, sa chambre personnelle. Il a également investi les chambres de deux habitants de manière violente, en récupérant les clés sans leur demander. Ces derniers mois il a invité un inconnu violent qui répond au nom de V à s’installer dans la maison, pour faire le chien de garde et assurer sa protection physique (Y sent qu’on lui en veut). V dort même au rez-de-chaussée, à quelques pas de la porte d’entrée, pour bien faire son rôle. Il est là pour intimider et insulter les habitant-e-s, l’une de nous s’est faite traiter de « pute » plusieurs fois, il a donné un coup de tête au père du bébé, et il a menacé nos ami.e., à qui nous avions demandé d’assurer une présence nocturne à nos cotés, de leur « casser la gueule ».

Le sabotage de certains événements : alors qu’il se plaint de l’absence de soutien de notre part lorsqu’il organise ses événements vides de sens, Y s’autorise des tentatives de sabotage d’événements que nous organisions avec d’autres collectifs. En catimini, lui, S et l’un de ses amis (qui ne vit pas à Avesso) suppriment l’événement Facebook de la Boum anti-répression post-COP 21 de décembre 2015 et retirent également l’événement de la page Facebook du cinéma Avesso. En mai 2016, la veille d’une autre soirée anti-répression, le chien de garde Volcan appelle les organisateurs pour annoncer que la police a délivré un arrêté municipal qui empêche la tenue de l’événement. Il s’avère vite qu’il s’agit purement et simplement d’un mensonge, la police ne s’étant jamais présentée.

Un comportement vicieux et manipulateur
Au delà de tous ces agissements affectant la vie collective à Avesso, Y a adopté dès le début vis-à-vis de nous une attitude paternaliste, consistant à sans cesse vouloir nous « expliquer » comment il fallait penser, plutôt que de chercher à comprendre pourquoi nous étions en désaccord avec lui et ses pratiques. Il a également abusé de nos difficultés à nous exprimer clairement en français pour noyer nos tentatives de prise de parole dans ses monologues interminables, faisant mine de ne pas comprendre et nous demandant de reformuler à l’infini nos propos jugés imprécis.

Dès que ce mode de fonctionnement est remis en cause par l’un-e d’entre nous, il rétorque que son âge, son expérience après des années dans les squats d’artistes, sa sagesse donc, ont raison de nos idéaux immatures.
Après plusieurs bastons mi-avril, nous avons organisé des réunions de crise (habitants + soutiens) pour trouver une solution pacifique. Nous étions à bout, du fait de ces violences répétées, et du climat de tension qui nous était imposé par Y et ses potes. Nous étions arrivé.e.s à un consensus afin que trois habitants quittent le lieu (des invités de S : alcooliques notoires aux comportements sexistes et violents), ce qu’ils ont fait. Y et S devaient quant à eux partir au bout de 2 mois, c’est le délai qu’ils ont négocié le temps de boucler « leur programmation ». Durant ce délai, ils ont affirmé qu’ils ne partiraient finalement pas et ils ont pris soin de mettre en place des stratagèmes pour garantir leur présence (installer de nouveaux potes, intimider/menacer nos soutiens, etc) et pour garder la main-mise sur le lieu.

Début mai, l’une des copines ayant ouvert le squat a fini par craquer et a quitté le lieu avec son ami et leur bébé de trois semaines. L’autre copine, qui a tenté de résister sur place, seule contre tous les autres, en subissant des harcèlements et des menaces quotidiennes, vient de partir à son tour. Ces derniers mois ont été un calvaire.

Y nous accuse désormais de tenter de semer la pagaille et la division dans le monde des squats. Nous n’avons aucun intérêt à attiser des tensions dans le milieu dans lequel nous évoluons, nous voulons simplement qu’il reste une trace de ce que nous avons vécu, au nom de notre lutte contre les dominations, les hiérarchies et l’autoritarisme dans nos espaces d’émancipation.