Rémi Fraysse est mort, tué par un gendarme mobile dans la nuit de samedi à dimanche dernier sur la ZAD du Testet.

La violence est celle de la police de Valls.

Depuis le mois de septembre, et le passage en force des autorités pour détruire la forêt et expulser ses habitants, la violence s’est déployée sur la ZAD du Testet. La violence c’est celle de la police, qui face à des résistants tout à fait non-violents les premières semaines a eu recours aux plus brutales méthodes, tabassages, menace de violer des femmes, grenades offensives et flash-balls occasionant de nombreux blessés.

L’action policière a déjà failli tourner au drame le 8 septembre lorsque les gendarmes mobiles ont gazé et chargé des manifestants qui s’étaient symboliquement enterrés vivants jusqu’au bassin dans la terre qu’ils défendent.

La mort de Rémi Fraysse au Testet n’est pas un « incident » isolé, un « problème technique », ni même une bavure. La mort de Rémi Fraysse doit nous rappeler, à rebours de la pensée du 13 heures de TF1, que bien qu’il y ait un homme sous l’uniforme, il y a surtout chez le CRS ou le gendarme mobile, une créature de guerre au service de l’État, qui fera un usage plus ou moins gradué de la violence en fonction du type de personnes auxquelles elle sera confrontée et de l’environnement dans lequel se réalisera l’exercice de maintien de l’ordre. Ainsi le 8 septembre dernier au Testet les policiers ont-ils attendu le départ des télévisions pour charger sans retenue les non-violents installés face à eux.

Le déploiement de forces du désordre sur le site du Testet le week end dernier, sans raison aucune était une provocation destinée à ce qu’il y ait des affrontements. La décision prise par les autorités ont abouti à la mort d’un homme. Lorsque la police de Valls-Cazeneuve tue un homme, au bout du bras qui a tiré, il y a le premier sinistre et son chien de la place beauvau. Ils ne sauraient être oubliés par notre courroux.

Une milice fasciste en parallèle de la police.

Il y a une autre violence qui s’est développée ces dernières semaines sur place, celle de milices para-policières circulant en quatre-quatre qui ont attaqué impunément, parfois devant les gendarmes, des personnes, des véhicules et des installations réalisées par les opposants. Ces groupes se composent d’individus d’extrême-droite et de chasseurs-agriculteurs favorables au barrage pour produire en masse du maïs destiné à l’export sur des terres déjà terriblement appauvries par leur productivisme. Ces mêmes individus sont réapparus à Gaillac pour en découdre avec les manifestants des derniers jours.

Une telle configuration doit nous faire réagir, car elle réactive l’association fascistoïde de « corps francs » associés à la répression policière d’un mouvement social. De telles associations ont déjà été repérées à Calais où de nombreux réfugiés ont eu à subir en plus de la traque policière, celle d’éléments d’extrême-droite protégés par les autorités. A Lyon 200 néo-nazis s’épanouissent et terrorisent les militants des gauches radicales sous l’œil bienveillant de la police et du maire. A Lille une attaque d’un concert antifasciste par des neo-nazis a été la semaine dernière appuyée par la police.

Il faut politiser la crise.

Au Testet comme ailleurs, c’est une autre manière de produire et de vivre qui est portée par les habitants. Les différentes crises qui aujourd’hui se développent, économique, climatique, mais aussi politique, conduisent les gouvernants à envisager toute contestation du système comme une menace vitale pour les intérêts et l’ordre social qu’ils défendent.

Conscients du risque pour leur pouvoir les élites se raidissent et sèment un peu partout les germes de la guerre civile, par les campagnes hystériques contre les étrangers, les musulmans (en France à 80 % membres de la classe ouvrière), les chômeurs, les anarchistes.

L’apparition de Zones à Défendre sur le territoire français fait échos à mille autres projets un peu partout dans le monde qui ont en commun de reposer sur l’égalité de leurs participants et la volonté de reprendre le cours de nos vies en main.

Dans un monde verrouillé où veut triompher le capital et sa logique de marchandisation de l’ensemble du vivant, des femmes et des hommes cherchent à stopper la catastrophe, présentée comme irrémédiable par les médias de masse. Sachant qu’aucune solution heureuse ne viendra des syndicats ni des partis politiques, corrompus et englués dans le système, il et elles ont pris le problème à bras le corps. Fini le temps des manifestations syndicales défilant de défaites en défaites négociées par des bureaucrates.

Le citoyen et la citoyenne redeviennent des individus politiques, par leurs modes de vie, par leurs modes de production et de consommation, leurs solidarités, leurs désaccords.

Il y a une lutte en cours pour demeurer des êtres humains.

La Révolution française a réinventé avec force la figure du citoyen et de la citoyenne, mais deux siècles plus tard tout est à refaire. Le citoyen a été relégué au rang de sujet, le citoyen d’aujourd’hui est déchu quand ils résiste à la violence imposée par l’État. La brebis distraitement maltraitée la veille, devient si elle se rebelle un anarcho-autonome démon briseur de vitres surgissant des enfers pour faire régner la peur, le chaos, la violence.

Le plus incroyable, c’est que c’est bien l’ordre social tel qu’il est qui produit chaos, peur et violence. Chaotique l’industrie nucléaire, chaotiques les OGM, chaotique les océans de plastiques dans la mer, chaotique les disparitions d’espèces. Violentes les relations entre nations, violentes les guerres impérialistes pour le pétrole, les minerais, les marchés. Effrayante la perspective du chômage, la propagande antiterroriste, la multiplication des maladies et cancers liés à notre alimentation, à notre travail, à nos villes, bref à notre mode de vie.

Celles et ceux qui ont choisi de ne plus dissocier la lutte de leur vie cherchent à s’émanciper de la tutelle pesante de l’État et des capitalistes, mais pas seulement pour elles et eux seuls. Il y a une lutte en cours pour notre liberté à demeurer des êtres humains. Pas question ici de négocier une augmentation, un « coup de pouce » au smic, un assouplissement de notre encadrement social. Ici il est question de liberté, d’égalité, de fraternité réelles et effectives, et non plus de mots creux sculptés dans la pierre froide des palais de justice et des commissariats.

La terreur policière associée à la terreur de milices fascistes ne sauraient survivre à la mort d’un camarade. Si aujourd’huiil n’y a pas en France de sursaut de masse face à cette association, nous nous condamnons à capituler devant la réaction la plus débridée qu’on ait connu depuis Vichy.

BLOQUEZ VOS LYCEES ET UNIVERSITES !

BLOQUONS LES VILLES, LES GARES, OCCUPONS LA RUE !