Cependant, il est frappant de voir combien les revendications de la jeunesse et les jonctions embryonnaires avec le mouvement ouvrier (traminots à Saragosse, Alstom et travailleurs de la Santé à Barcelone, etc.) étaient semblables à celles qu’on avait vues et entendues Place Tahrir ou à la Casbah de Tunis : emploi, salaires, avenir… C’est dans cet état d’esprit que les manifestants se sont mobilisés à Paris, mais aussi à Lyon, Toulouse, Nancy, etc., à un degré bien moindre que de l’autre côté des Pyrénées, non seulement par solidarité avec le mouvement des « acampadas » mais aussi pour dire que leur ras-le-bol était tout aussi important et qu’il pourrait bien éclater sans crier gare…

Notre démarche électorale doit s’articuler autour d’un soutien inconditionnel avec les mobilisations en cours des deux côtés de la Méditerranée. Elle peut et doit se faire le relais de ces mouvements profonds car ils font écho au malaise que vit au quotidien la jeunesse en France, qu’elle soit étudiante ou travailleuse (ou souvent les deux), au chômage ou avec un emploi.

Relayer le message de la jeunesse de l’Etat espagnol est important pour une autre raison. Certains camarades, partisans d’un parcours unitaire avec la gauche réformiste (PFGrond, F Borras, P3, etc.), s’appuient sur la défaite revendicative de cet automne et limitent leur analyse à la situation immédiate de l’Hexagone pour justifier leur démarche et mener, selon nous, à une dissolution du parti dans le réformisme radical. Nous pensons à l’inverse qu’il ne faut pas confondre la conjoncture nationale actuelle et l’étape que nous traversons. La conjoncture continue à être extrêmement polarisée, même si cette polarisation s’exprime surtout actuellement « par en haut » (et non « par en bas » comme au cours de l’automne) et sur la droite (avec notamment la prégnance de Le Pen sur la scène médiatique et politique nationale). Ce que montre le printemps espagnol néanmoins, alors que le cycle révolution et contre-révolution se poursuit dans le monde arabe, c’est qu’à la suite de l’automne français, la situation plus générale (marquée par la crise du système capitaliste et ses répercussions économiques, politiques et sociales en Europe) peut connaître des évolutions brusques. Confondre la conjoncture et l’étape mène à sous-évaluer la situation dans laquelle nous nous trouvons. C’est une lecture fonctionnelle à la justification de tous les accords avec la gauche réformiste (qui elle aussi a essayé d’investir les rassemblements de solidarité avec les « acampadas » au nom de la « révolution citoyenne »).

Le mouvement de la jeunesse est encore très embryonnaire en Europe (sauf dans l’Etat espagnol et en Grèce) et sans doute politiquement assez immature pour l’instant. Mais la bourgeoisie a d’autant moins de marge de manœuvre y faire face que la crise économique continue à guider tous les gouvernements dans leurs plans d’austérité. Que la jeunesse puisse dans ce cadre jouer le rôle de détonateur d’une vague de résistance plus large est à considérer. Que cette vague puisse se structurer autour de caractéristiques ouvrières très fortes (cf. cet automne en France avec les raffineurs, dockers, etc. ou actuellement en Italie avec les ouvriers de Fincantieri en lutte) est une hypothèse que nous devons envisager. Dans ce cadre seule une campagne communiste et révolutionnaire, radicalement alternative à la gauche bourgeoise et à la gauche réformiste, est nous permettrait de nous préparer à une situation qui pourrait ici aussi être à nouveau marquée par un intense processus de mobilisations, ce que la conjoncture actuelle pourrait faire oublier. Ce serait le meilleur moyen pour être à la hauteur de la profondeur de la crise, répondre au défi populiste du FN et aux attentes du monde du travail et de la jeunesse.

Nico (Com. St-Ouen, CCRP4), Pierre (Com. St-Ouen/Sces Po, CCRP4), Sebastián (Com. ENS, CCRP4)

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