Dans la présentation dominante qui est faite des opposants à la loi
LRU,
la caricature confine au mensonge. Ainsi, dans le mouvement étudiant
contre cette loi, il y aurait d’un côté le gouvernement et la CPU
(Conférence des présidents d’université), gens raisonnables qui
représenteraient la communauté universitaire, fervents défenseurs de «
la » réforme, et de l’autre des étudiants minoritaires, mal informés,
irresponsables et éventuellement violents, tenants du statu quo.

Chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs, ou personnel
administratif, nous estimons que cette présentation est fallacieuse, et
a servi de prétexte à des recours à la force que nous condamnons.

Rappelons que de nombreuses voix d’enseignants-chercheurs éminents (y
compris de présidents d’université) se sont élevées, tenant sur la loi
LRU un discours bien différent de celui de la CPU, qui ne saurait en
aucune façon prétendre représenter la diversité des
enseignants-chercheurs, et des autres personnels indispensables au bon
fonctionnement des universités. En outre, rappelons que près de la
moitié des CA des universités avait émis un avis négatif avant le vote
de la loi, les autres ne s’étant généralement pas prononcés, faute
d’avoir été réunis (voir : http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php
?article1615)

Il est trompeur de ne présenter qu’une seule voie de réforme possible
du
système d’enseignement et de recherche, alors que les Etats-Généraux de
la Recherche de 2004 avaient débouché sur « un ensemble de propositions
de réforme que les scientifiques espèrent voir prises en compte dès que
possible », comme il est trompeur d’annoncer qu’un milliard d’euros est
mis dans cette réforme, ce qui est absolument faux (lire :
http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php ?article1745)

Nous voulons de véritables réformes et demandons :

• Une véritable autonomie scientifique et pédagogique des acteurs de la
recherche et de l’enseignement par rapport au politique, qui leur est
niée contrairement à ce que la référence à l’autonomie des universités
veut laisser croire. Celle-ci ne peut pas se résumer à accorder un
pouvoir excessif aux présidents d’université, notamment dans les
processus de recrutement de personnel Rappelons que l’évaluation et le
recrutement par des pairs compétents sont la norme internationale, et
permettent d’éviter l’arbitraire et le clientélisme.

• Un renforcement du partenariat entre universités et organismes de
recherche, clé de voûte du système national de recherche, alors que
celui-ci se délite. L’affaiblissement méthodique du CNRS, conduisant à
son démantèlement programmé, doit être immédiatement arrêté.

• L’octroi aux universités d’un financement par étudiant équivalent à
celui des classes préparatoires, des BTS et des écoles
professionnelles.
Cet investissement est la condition d’un enseignement supérieur de haut
niveau, permettant de redonner aux universités la place qu’elles
doivent
occuper, et est nécessaire pour renouer avec l’ambition de
démocratisation scolaire.

• Une répartition complètement modifiée des affectations de moyens pour
l’enseignement supérieur et la recherche prévues dans le budget 2008 en
diminuant les crédits affectés à l’ANR et au Crédit Impôt Recherche,
pour augmenter ceux versés aux laboratoires par le biais des
établissements (universités et organismes de recherche). Ils en ont
cruellement besoin.

• Un engagement financier important de l’État pour les universités et
les organismes de recherche – au lieu du désengagement en cours –,
condition indispensable pour que le financement privé ne conduise pas à
un contrôle, par le privé, des activités d’enseignement supérieur et de
recherche.

• Un plan pluriannuel de création d’emplois afin de diminuer le service
d’enseignement des enseignants actifs en recherche, et de renforcer
l’encadrement pédagogique en premier cycle. Un tel plan est
indispensable pour interrompre la précarisation toujours croissante des
personnels travaillant dans ces services publics (chercheurs,
enseignants chercheurs, ingénieurs, techniciens, et personnels
administratifs).

Aucune des dispositions de la Loi LRU, votée à la sauvette en août 2007
après un simulacre de concertation ne répond à ces demandes
fondamentales.

Étudiants, enseignants-chercheurs, chercheurs et l’ensemble des
personnels travaillant dans l’enseignement supérieur et la recherche,
nous avons tous intérêt au meilleur fonctionnement possible du service
public d’enseignement supérieur et de recherche. Dialoguons, soyons
solidaires pour améliorer ce système et éviter une dérive dont nous ne
voulons pas !