Voter c’est abdiquer, s’abstenir c’est lutter

L’abstention est le symptôme de l’exclusion de la masse de la population de la vie et des décisions politiques, organisée par l’état bourgeois. L’abstention est le premier geste de ceux et celles qui ont perdu toutes leurs illusions dans le fait d’élire un individu pour améliorer leurs conditions d’existence et celles de leurs congénères.

L’abstention n’est pas un geste d’irresponsable. Au contraire, est irresponsable celui qui confie son destin à un quidam dont il sait pertinemment qu’il veillera plus aux intérêts des dominants qu’à l’intérêt des exploités ; qu’il trahira sa parole ; qu’il sera incompétent dans la majorité des domaines qu’il aura à aborder.

Est irresponsable celui qui, après avoir voté, rentre chez lui le cœur léger de s’être débarrassé du fardeau politique ; est content du devoir accompli ; laisse tourner l’Etat pendant cinq ans, cinq années d’oppression, de répression, de régression ; puis sort de son hibernation politique cinq longues années plus tard, se demandant quel numéro sortira cette fois de la loterie électorale.

Est irresponsable celui qui pense et continue à faire croire que son vote contrera le fascisme ; irresponsable celui qui ne se souvient pas que ce sont toujours les partis institutionnels qui ont hissé le fascisme au pouvoir ; irresponsable également celui qui donne 82% des suffrages à un individu qui ne représente que 15% de la population.

L’abstention est, tout au contraire, un geste bien responsable. Il est le premier pas vers l’implication politique et sociale de l’individu dans la maîtrise de son propre destin. Car la première question de l’abstentionniste est « comment faire autrement ?». Et c’est cette fameuse question qui brûle les lèvres de la population en colère, des ouvriers en réunion, des étudiants en assemblée, des manifestants, des émeutiers, des frondeurs, des exclus, des miséreux…

Tous les acquis sociaux, les quelques droits précieux qui nous font mieux vivre sous ce régime pourri, ont été conquis dans la rue, et défaits dans les couloirs du parlement. L’urne est l’ennemie de la barricade, le bulletin le farouche opposant du tract, le candidat le négatif de l’assemblée, le vote la négation de la démocratie.

Mais l’abstention n’est qu’un premier pas. Ce n’est qu’une non-attitude, un non-programme. Au-delà de l’abstention, il nous faut nous réapproprier notre propre destin. L’humanité s’est débarrassée des dieux et des rois, il faut qu’elle se débarrasse des ministres et des présidents. Les problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques, les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde.

A bas la désignation, à bas les institutions, vive l’anarchie !

– Extrait de L’Abstentionniste
édité par le groupe Claaaaaash de la Fédération anarchiste

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