En contre-partie, le président Lansana Conté a… promis de nommer un nouveau premier ministre d’ici la fin de la semaine, choisi sur une liste de 5 noms désignés par les syndicats et les partis d’opposition.

Les dirigeants syndicaux parlent d’une grande victoire (tout en évoquant une reprise éventuelle de la grève), mais cela ressemble davantage à une capitulation (et l’ agence’ de presse AFP rapporte que cet accord « n’a suscité aucune manifestation de joie particulière » dans le pays).

Rappelons que le chef d’état-major de l’Armée avait « ordonné » la fin de la grève pour lundi et décrété la réquisition de tous travailleurs, après que les députés aient vendredi refusé de prolonger l’état de siège comme le demandait Conté.

Pour ne pas paraître trop céder, les dirigeants syndicaux ont déclaré que, si la grève était bien terminée à partir de dimanche soir, la journée de lundi serait en réalité… une journée de prières pour les victimes (plusieurs dizaines de morts depuis 15 jours, plus de cent vingt depuis le début de l’année) ! Ils se sont aussi contentés de « demander » la libération des centaines de personnes arrêtées et torturées depuis la reprise de la grève.

Les dirigeants syndicaux avaient déja arrêté la première grève générale fin janvier sur de simples promesses de Conté, entre autres de nommer un premier ministre de « consensus » (revendication soufflée par les puissances impérialistes qui ne veulent surtout pas qu’une grève renverse un gouvernement !).

Devant le non respect de ces promesses, le mouvement avait spontanément repris il y a 2 semaines en prenant des formes insurrectionnelles contre le régime (destruction de villas et immeubles appartenant aux caciques du régime, attaque d’édifices publics, de prisons, de commissariats pour s’emparer d’armes…). Les dirigeants syndicaux avaient alors été contraints de radicaliser leur discours pour ne pas être completement débordés : ils se résignèrent à demander eux aussi le départ de Conté et la fin de son régime criminel (ce qu’ils se refusaient à faire auparavant sous prétexte qu’ils « ne faisaient pas de politique » !)… avant d’aller négocier avec lui au bout de quelques jours.

Rien n’est réglé en Guinée

Un simple changement de premier ministre ne signifiera pas la fin du clan au pouvoir, et il signifiera encore moins la fin de l’exploitation, de l’oppression et de la misère dans ce pays qui regorge de ressources naturelles en tout genre.

Contre les criminels qui sont au pouvoir, contre le capitalisme qui est la cause de leur misère, les jeunes, les masses déshéritées, les prolétaires de Guinée vont devoir continuer à lutter comme ils l’ont fait avec courage pendant des semaines face à une répression déchaînée.

Mais pour mener ce combat, ils ne pourront pas se fier à ceux qui viennent encore une fois de vendre leur lutte contre des promesses creuses.

Solidarité avec les prolétaires guinéens !

PCInt,

26/2/07