contre le centre de rétention administratif
la chasse du comte sarkoff

Les chasses du comte sarkoff

Sarkoff, alias comte Sarközy de Nagy-Bocsa, lâche ses chiens sur les étrangers. Pas seulement à Belleville ou à Calais. Le domaine de chasse s’étend à tout l’hexagone. A Rennes la PAF (police aux frontières) patrouille en ville (ils vont par trois) et à la gare. Le gibier est identifié à la couleur de la peau. Noire la peau, noirs le regard et la moustache : contrôle. Pas de papiers : garde à vue et rétention avant expulsion. Ils sont des centaines à vivre dans la crainte.

Mais la rue ne suffit pas. Les visites au petit matin sont fréquentes. Les enfants sont recherchés jusque dans les écoles. Ils sont venus pour sauver leur vie. Bangladais de la ligue Awami accusé de lancer des bombes, congolais qui a cotoyé un ancien mobutiste, opposant guinéen, rebelle toubou du Tchad, albanais kosovar qui a refusé de participer aux pogroms anti-serbes, égyptien homosexuel, femme persécutée en Géorgie pour sa liberté de mœurs… Ils ont tous fui souvent après emprisonnement et torture, souvent des membres de leurs familles ont été exécutés, d’autres ont disparu L’Office Français de Protection de Réfugiés et Apatrides (OFPRA) ne leur a pas accordés le statut de réfugié. Faute de preuve. Ou parce que les documents fournis sont systématiquement considérés comme faux.

Long parcours des demandes, recours, réexamen… au bout du compte : Arrêté Préfectoral de Reconduite à le Frontière (APRF) , demande d’annulation au Tribunal Administratif (TA), si c’est bon, la Préfecture fait appel et le plus souvent l’APRF est rétabli. Clandestinité jusqu’à l’arrivée des chasseurs. La nouvelle loi CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et demandeurs d’asile) a pour effet de multiplier le nombre des clandestins. Comme un lâché de faisans avant l’ouverture de la chasse. Variable d’ajustement pour les manœuvres électorales en direction de la franche xénophobe et raciste de la population et pour le domaine caché du travail corvéable et jetable.

Contre cette abjection des forces se lèvent, plus puissantes chaque jour. Enseignants, parents, élèves, se mobilisent pour s’opposer à l’expulsion des élèves et de leurs familles sans papiers, soutenus par le Réseau Education Sans Frontières (RESF 35), de plus en plus nombreux des gens soutiennent et accompagnent les sans papiers dans un mouvement spontané de solidarité internationale. Inlassablement le Collectif de soutien aux personnes sans papiers de Rennes multiplie les apparitions publiques pour exiger la régularisation de tous les sans papiers.

A Saint Jacques-de-la-lande se construit un Centre de rétention administrative (CRA) c’est là que les chasseurs entreposeront leur gibier capturé dans tout l’Ouest avant l’expulsion. 90 places prévues. Avec une bon rendement, ça fait beaucoup de monde, beaucoup de vies brisées, beaucoup d’étrangers envoyés à une mort certaine. Pour s’opposer à la construction, déjà bien avancée, de ce centre de concentration administrative une manifestation régionale est prévue le 3 février. Comte Sarkoff, bientôt la fermeture de la chasse !