Premières impressions du Larzac 2003

Voici donc quelques infos et ressentis de la préparation du rassemblement pêché par un bénévole présent sur le site depuis dimanche soir…

Le terrain est immense : 190 hectares, la plupart des terrains prêtés par des paysans du coin. Ca n’étonnera personne, il fait très très chaud mais les soirées sont douces et très agréables. Les organisateurs attendent au bas mot 100 000 personnes et scrutent sur 200 000. Ca va donc être un évènement hors mesure.

Et comment se passe l’organisation d’un tel truc?
Nous proposons ici une courte analyse de l’organisation (chose éminemment politique) telle que la personne présente l’a vécue et ressentie. Il faut simplement prendre cette analyse comme l’occasion d’apprendre, de penser et d’améliorer les formes d’organisation qui restent la base de toute pratique politique.

Cela n’étonnera donc personne : l’organisation du site se présente comme un beau bordel.. Dans la journée de lundi, 200 bénévoles étaient déjà présents et d’autres arrivent depuis. Ce pose donc déjà la question de l’accueil de ces bénévoles, de leur orientation et de leur intégration dans le travail d’organisation de l’événement. Le chantier est vaste et l’estimation des milliers de personnes à accueillir doit peser lourd sur les épaules des initiateurs. Tout cela rend la situation difficile.

L’ambiance entre les gens est plutôt bonnes et les gens sont (évidemment) de bonne volonté. Ceci dit et jusqu’à aujourd’hui, l’organisation est marquée par une forte différence entre d’une part les organisateurs en tant que tels (avec badges, portables…) et les bénévoles dont certains ne savent pas très bien quoi faire… En quelque sorte, les pratiques d’organisation fonctionnent par une différenciation entre la tête, la décision, la discussion (les organisateurs…) et les bénévoles (les bras et les jambes et des oreilles pour écouter ce qu’on leur demande de faire…). Il y a de fait une centralisation de l’information de la part des organisateurs : ainsi les bénévoles ne participent pas aux réunions techniques, il n’y a pas de moments collectifs où est expliqué ce qu’il y a à faire … Les bénévoles sont alors totalement dépendants des organisateurs… Cette division du travail, qui traduit toujours une certaine économie du pouvoir, se concrétise notamment par un espace réservé aux organisateurs où deux bénévoles contrôlent l’entrée aux seuls organisateurs.
Le plus gênant semble être que le degré d’autonomie des bénévoles ne peut s’exercer que de manière individuelle : c’est parce qu’un bénévole voit ou comprend qu’il peut être utile à cet endroit-là qu’il va pouvoir prendre l’initiative d’aller s’y investir. Il manque donc grandement d’un « programme de travail » qui serait exposé à tous et dont l’organisation pratique pourrait être laissée à l’initiative des bénévoles et, du coup, de manière collective… Tout semble un peu trop fixé à l’avance, ce qui de l’avis de plusieurs, empêche plutôt les choses de se faire…
Tout se passe comme si devant la pression de l’événement, les seules réponses en terme d’organisation se construisaient en reprenant les vielles dichotomies sur lesquelles fonctionnent d’habitude le monde du travail…

Mais ceci dit, un grand moment collectif se prépare…