publié le lundi 11 septembre 2006

Khaled Joubran

« Le vent va vers le sud puis tourne vers le nord ; il tourne continuellement, et le vent revient encore, au fil de ses circuits » Ecclésiaste 1/6

« L’Est a sa propre façon de dévorer les hommes et leurs rêves ». Au départ cette expression résumait la vanité d’Alexandre le Grand et du « projet de sa vie ». 2 500 ans plus tard l’Est est envahi à nouveau, non pas par les Grecs ou les Romains, ni même par des fous moyen -âgeux qui cherchaient dans les Croisades la rédemption de leurs âmes misérables. Il est pris pour cible par la puissance la plus forte que la planète ait jamais connu.

En appuyant sur quelques boutons, ce César moderne peut inverser tout le processus de la Création. Nourri au lait de siècles pendant lesquels elle a supprimé les Indiens autochtones, l’Amérique a maintenant décidé d’ « éclairer » notre existence orientale aux flammes de la bénie « démocratie ». En d’autres termes, la Pax Americana.

Je ne trouve aucune autre culture -aussi non démocratique, cynique et sauvage qu’elle soit- qui donnerait à une bombe atomique de 4 tonnes le nom de « petit garçon » et qui saluerait l’élimination de 100 000 âmes à Hiroshima comme « le plus grand événement de l’histoire » (Harry Truman). Le « mal » devait alors résider à Hiroshima. Il devait avoir les yeux en amande et la peau « jaunâtre » des Japonais. Il était « l’autre ».

Ce « mal » insaisissable a changé de visage, et de lieux depuis, de Moscou à Cuba et au VietNam, au travers de chacun des Etats du Tiers monde qui aspirait à l’indépendance mais n’était pas prêt à adorer le dieu américain.

Il semble bien que l’Est a sa propre façon de provoquer la convoitise occidentale. Une fois que le communisme a commencé à prendre de l’âge et à perdre son sex-appeal, l’Orient est réapparu sur la liste névralgique comme cible ultime : peaux sombres, turbans noirs et croyances différentes. C’est un « autre » terrifiant. Et surtout, il y a des quantités infinies de pétrole sous les pieds de ces « infidèles » là-bas.

« Allons-y, prenons les », rugit l’instinct Ku Klux Klan. « Patience, le moment n’est pas encore venu », murmura la diplomatie.

Finalement, le 11-septembre, c’est arrivé.

Enfin, Monsieur Diplomatie pouvait fièrement montrer son casque de Croisé et crier son « Invocation ». Mais, attendez, cette fois il est beaucoup plus sophistiqué, plus profond, il ne fait pas de discrimination entre noir, brillant, jaune ou petit. C’est tout un « axe du mal » contre lequel il mène une guerre divine. Armé de la Bible dans une main et de « petits garçons » super intelligents dans l’autre, il lâche les rênes au bon vieil homme de main de l’Amérique.

Israël, qui a à son actif, de façon impressionnante et irréfutable, la destruction de cultures autochtones depuis la deuxième semaine de la Genèse, était le candidat naturel pour promouvoir et même lancer le processus de « remodelage du Moyen -orient ».

Bon, pour les Israéliens, ce n’est pas compliqué. Ils « remodèlent » des nations, des régions, des villes et des familles quotidiennement suivant le proverbe : « si tu ne peux pas te joindre à aux, élimine les ». Eux aussi ont reçu un mandat de Dieu. Ils connaissent Dieu de manière intime et personnelle. Ils L’ont pensé, et en retour, Il les a choisis. Et même s’il Lui arrive d’être furieux et déçu par les enfants d’Israël, Il n’aura jamais d’hésitation à détruire leurs rivaux, fussent -ils Jébuséens, Cananéens, Egyptiens, Palestiniens, ce que vous voulez.

Prenant la Bible un peu trop au sérieux, Monsieur Démocratie et ses partenaires ont parfois été tentés de copier les projets de Dieu et parfois de prendre sa place. Après tout, la punition collective est un ancien passe temps divin : « Et Dieu dit à Moïse, ‘Regarde, je t’ai fait Dieu pour Pharaon et ton frère Aaron sera ton prophète. Tu diras tout ce que je t’ordonnerai … à Pharaon qu’il laisse les enfants d’Israël quitter sa terre. Et je ferai le coeur dur à Pharaon et je multiplierai les signes et les merveilles sur la terre d’Egypte. Mais Pharaon ne t’écoutera pas et alors je mettrai la main sur l’Egypte et ferai avancer mes armées et mon peuple, les enfants d’Israël, loin de la terre d’Egypte par de grands jugements ! » Exodus 7.

Qui est ce Dieu jaloux, avide, cruel, assoiffé de sang, qui hait les gentils, ce Dieu des Croisés américains et de leurs serviteurs israéliens ?

Qui veut combler les désirs extravagants de ce dieu tel que nous le présente Washington ? Pas moi, et je vis parmi eux.

Khaled Joubran est musicien et compositeur. Son dernier album, « Psaumes », est sorti en 2005. voir :

http://www.babelmed.net/index.php ?menu=341&cont=1174&lingua=fr&PHPSESSID=47c41c

Bitterlemons, le 14 août 2006 traduction : C. Léostic, Afps

http://www.france-palestine.org/article4560.html