De terribles inondations ont ravagé la région de Thessalie (centre de la Grèce, cf. carte), fin septembre 2023.

Depuis lors, l’État grec reste aux abonnés absents. Les pouvoirs publics sont totalement dépassés et incompétents face aux dizaines de milliers de sinistrés, pour la plupart précaires. Du coup, la population s’est prise en main et auto-organisée un peu partout, notamment entre Trikala et Larissa, non loin des célèbres météores. Cette autogestion généralisée n’est pas le fruit du hasard : beaucoup de nos camarades et compagnons autogestionnaires et libertaires ont immédiatement pris la route vers cette région pour mettre en pratique leurs valeurs d’entraide et d’autogestion.

Parmi ces anarchistes et révolutionnaires en provenance des villes plus ou moins lointaines, une colonne impressionnante a attiré l’attention des habitants et des médias : l’expédition de plusieurs dizaines de membres de Rouvikonas renforcés par beaucoup de jeunes bénévoles.

Ces derniers aurait tranquillement pu passer leur samedi 30 septembre vautrés dans leur canapé à regarder Netflix. Ils auraient aussi pu aller boire un café puis sortir en boite samedi soir (pour celles et ceux qui ont les moyens de se le payer). Ils aurait aussi pu végéter devant leur téléphone mobile tout le dimanche aussi, devant des vidéos stupides sur tiktok. Mais non, ces nombreux jeunes engagés pour une autre société égalitaire et libertaire ont choisi d’accompagner les membres de Rouvikonas dans une colonne anarchiste historique qui a parcouru plus de 300 kilomètres sur la route du nord.

Sur place, dans le village de Keramidi Trikala et aux alentours (cf. carte), ils ont apporté de l’aide sous toutes les formes : soutien moral, logistique, politique, livraison de produits de première nécessité, dégagement des accès, pompage (avec le premier véhicule de pompiers autogéré, utilisé pour une fois autrement, en attendant l’arrivée du deuxième), enterrement de cadavres d’animaux, enlèvement de plusieurs tonnes de boue, nettoyage…

Parmi les scènes inoubliables, on retiendra la découverte d’un frigo sur le toit d’une maison sinistrée. C’est Giorgos Kalaïtzidis, l’un des membres les plus connus du groupe, qui a fait cette trouvaille étonnante en enlevant les débris et en inspectant les tuiles arrachées (cf. photo parmi celles plus bas). Le flot des eaux était monté si haut, de plusieurs mètres au-dessus du sol, que les toits se sont retrouvés encombrés par toutes sortes d’objets, meubles et débris.

Les habitants secourus ont tous témoigné de l’absence de l’État et, en particulier, des autorités de la Région Thessalie qui prétendaient avoir fait le nécessaire dans un communiqué bidon. En réalité, personne n’est venu, exceptés quelques militaires de passage brièvement. Rien n’a été fait. « L’État est totalement absent, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et sur les anarchistes qui sont venus nous secourir » (à visionner dans le prochain film, Nous n’avons pas peur des ruines, qui sortira cet hiver)

Une dame a même ajouté : « on m’avait dit le plus grand mal des anarchistes de Rouvikonas, on les craignait, mais moi, je ne juge que ce que je vois ! Et aujourd’hui, ce que je vois, c’est que ce sont eux qui donnent l’exemple ! »

Inutile de vous parler de l’émotion de nos camarades et compagnons, accueillis chaleureusement, et pour cause, ni de leurs efforts énormes si loin d’Athènes et des luttes habituelles ! Ils avaient de la boue partout sur les vêtements et jusque sur le visage. Mais, une fois de plus, ils étaient en relation directe avec la réalité, celle du peuple trahi par les hypocrites costumés qui prétendent le gouverner.

Comme le dit une devise de Rouvikonas et du mouvement social en Grèce, souvent répétée ces jours-ci en Thessalie : « tout ce que nous avons, c’est l’un l’autre. » Devant le spectacle de la calamité du monde qui sombre en ruines, il est temps de cesser d’obéir et de prendre nos vies en mains.

depuis – http://blogyy.net/2023/10/05/terreur-torture-et-fascisme-a-heraklion/