L’EPR, réacteur européen à eau sous pression, est le résultat d’une alliance franco-allemande. L’objectif est de remplacer le parc électro-nucléaire français, et d’exporter le réacteur au moment où la crise énergétique affole les opinions publiques.

Entériné au cours du pseudo-débat sur l’énergie (2003) et de la loi d’orientation sur l’énergie votée le 1er juin 2004 à l’Assemblée, Villepin annonce en octobre 2005 “qu’au vu des conclusions du débat public en cours, EDF construira le premier réacteur EPR à Flamanville (Manche)”. Pourtant, EDF avait déjà lancé des appels d’offre et le “débat public sur l’EPR” débutait le… 3 novembre 2005 !

L’EPR soulève de nombreuses critiques. Avec son rendement faible (33%), un rendement au kilowatt-heure supérieur de 10% à peine par rapport à ses aînés, il reste émetteur de chaleur (effet de serre) et gros consommateur d’eau, et surtout, il génère des déchets radioactifs dont on ne sait toujours que faire, dangereux pour des milliers d’années. Ajoutons à cela que son caractère indestructible est douteux depuis l’attentat des “Twin towers”, et que ce projet n’a jamais été soumis à une contre expertise technique et financière. Il coûterait 3 milliards d’euros, et viendrait conforter la surproduction électronucléaire française alors qu’aucune tranche supplémentaire n’est nécessaire avant quinze ans. Alors pourquoi ce passage en force ?

L’EPR, au service de qui ?

Les vraies raisons de l’adhésion des politiques et des industriels à l’EPR sont ailleurs. En réalité, selon un rapport d’EDF, ce projet EPR est rendu nécessaire pour assurer le maintien industriel et intellectuel des filières industrielle et scientifique liées au nucléaire. Le secteur industriel est mis à mal par l’absence de nouvelle construction, l’entretien des installations ne lui suffisant pas. EPR viendrait à point nommé (s’il ne tarde pas trop ! ) pour relancer aussi la recherche, assurer l’entretien du niveau des connaissances acquises et surtout le recrutement de chercheurs qui emprunteraient une filière qui se tarit (départs en retraite), et qui ne jouit pas d’une bonne image dans l’opinion publique, car considérée sans avenir et dangereuse. Enfin, les exploitants allemands se voyant interdire toute construction de tranche nucléaire dans leur pays, resteraient présents sur ce marché, mais en France, en attendant que l’Etat allemand change d’opinion.

Une politique globale de destruction

A y bien regarder, donc, l’EPR nous est imposé pour des raisons qui sont propres aux maîtres d’oeuvre de cette industrie dangereuse, et qui n’a rien à voir avec des besoins réels, ou une aspiration librement exprimée et partagée. A ce titre, il convient de mettre en perspective cet épisode EPR avec le sort des populations et le respect des ressources naturelles dans le développement incontrôlable de l’organisation capitaliste. En prédateur forcené, le système basé sur la recherche de profits croissants fait main basse sur des ressources qui appartiennent pourtant à tous et toutes, pour les piller, puis les rejeter lorsque la courbe des bénéfices devient descendante, sans autre planification que celle des comptes en banque des actionnaires privés ou d’Etat. La gabegie, l’incitation à la consommation outrancière et déresponsabilisante, la pollution, le mensonge, la collusion avec les pouvoirs politiques, les mauvais traitements infligés aux salarié-es et aux populations gênantes et à leur cadre de vie… sont monnaies courantes dans le secteur du nucléaire, comme des énergies en général. Et l’on pourrait évoquer aussi le sujet des OGM, de l’amiante, de la déforestation des pays du Sud, l’industrialisation sauvage…

Puisque l’Etat, encore au service des intérêts privés, cherche à nous imposer EPR, comme il nous a imposé la filière nucléaire, civile et militaire, il nous revient d’exprimer un refus indépendant des politiciens verts(1) et autres courants voisins- qui sont “au service de” et soumis à la logique de cet état.

S’opposer au nucléaire, pourquoi ?

Le nucléaire a ses soutiens… et ses opposantEs. Pour les premiers, c’est une énergie « propre » car sans effet de serre, seule à même de garantir le confort d’une société développée moderne et l’indépendance nationale. Pour les autres, dont nous sommes, un regard critique est nécessaire sur de tels enjeux de société.

La plupart des médias ont relayé l’idée que le nucléaire était une énergie sans dangers. Bon exemple, l’an passé, l’emballement suscité dans toute la presse devant le projet pharaonique ITER, gouffre financier aux risques énormes (dont la prolifération de Tritium, composant clé des bombes atomiques). Ceci est révélateur de l’absence d’expression critique dans les médias, verrouillés par leurs liens financier avec le lobby nucléaire ou leur idéologie scientiste.

Le nucléaire et la liberté

Produire de l’électricité nucléaire implique un pouvoir centralisé et un contrôle policier, voire militaire (contre les risques terroristes entre autres). Avec les attentats du 11 septembre 2001, nous avons pu apprendre que l’éventualité d’un crash de gros avions sur une centrale n’avait pas été envisagée. Qui peut se vanter de tout prévoir ? Aucun système n’est infaillible. Dans cette logique, la concentration d’une source énergétique dangereuse et sa haute technicité éloignent toute possibilité de contrôle direct par la population, rendent dépendantes et fragiles des régions entières qui restent sous le joug de l’Etat central.

Plus grave, trop mis en sourdine, le risque de catastrophe en cas d’accident est bien réel et de plus en plus accentué avec le vieillissement des centrales.. Un accident nucléaire grave, c’est une région inhabitable pendant des milliers d’années et d’innombrables victimes. Il n’y a actuellement pas de remèdes… C’est pourquoi les Autorités travaillent… sur la gestion des turbulences sociales potentielles qui pourraient en résulter, c’est-à-dire la colère et la panique des habitants !

De plus, la dissémination de pollution (rejets liquides, gazeux, transports, pollutions accidentelles, déchets ferreux refondus et mis en circulation..). ne peut pas ne pas avoir d’effets sur la santé et l’environnement. La question des déchets est toujours sans solution. Ainsi si le nucléaire produit peu de gaz à effet de serre directement, il contamine la terre et produit des déchets pour des milliers d’années.

Logiques de pouvoir et de guerres

Nucléaire civil et militaire sont intimement liés. Le nucléaire civil permet en effet de créer les matières nécessaires à la production des bombes atomiques. C’est d’ailleurs pour cette raison que les choix énergétiques français n’ont fait l’objet d’aucun débat réel dans la population. Qui dit militaire, dit culture du secret ! L’armée étant le bras armé de l’État, le personnel politique n’a guère eu de remords à toutes et tous nous engager dans cette production à risques… Le classement « secret défense » des informations relatives au nucléaire, promulgué en 2003 n’est donc pas étonnant mais cohérent avec la politique de l’Etat, quelle que ce soit la couleur du gouvernement à ses manettes. Le Président de la République, Jacques Chirac, après avoir brillé en 1995 en autorisant la reprise des essais nucléaires au mépris des populations de Moruroa, a déclaré lors de son voyage en janvier 2006 à l’Ile Longue près de Brest, que la force de frappe nucléaire pouvait être utilisée contre des villes ou des régions abritant des groupes pratiquant le terrorisme. Le Parti Socialiste a acquiescé. En extrapolant et en appliquant cette logique : en 1985, après l’attentat du Rainbow Warrior, aurait-il fallu que le gouvernement Néo Zélandais détruise la France ?

Le nucléaire prépare l’avenir?

Après les crises pétrolières des années 70, les défenseurs du nucléaire ont avancé l’indépendance nationale comme critère de choix en faveur de cette énergie. Tordons le cou à ce mythe : les principales mines d’uranium ne sont pas en France ! La « culture du risque », chère aux idéologues libéraux, les travailleurs des mines d’uranium au Niger, exposés à la radioactivité et aux conditions de travail pénibles, connaissent… De plus, le secteur du transport, principal responsable de l’effet de serre et pilier de l’activité économique dépend toujours du pétrole.

Nucléaire et corruption

Les stratégies des nucléocrates face à l’opposition au nucléaire s’affinent. Tirant le bilan de l’opposition frontale rencontrée parfois en imposant des décisions qui engagent pour des années, l’Etat et les industriels du nucléaire organisent désormais des consultations… qui donnent l’illusion de participer à un processus démocratique. Or, un-e opposant-e au nucléaire conséquent-e ne saurait intégrer ces pseudos concertations car ces combines, même si elles peuvent séduire?!? en donnant l’impression qu’un avis ou vote peut avoir de l’importance, ne restent qu’une façade légaliste de plus aux magouilles. Il est évident que l’échelle des investissements et de la logistique industrielle du nucléaire -qui implique des plans à 50 ans voire plus- ne sauraient être modifiés en fonction de consultations. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, les décisions sont déja prises avant d’être passées en ‘débat’.

Il y a en outre à interroger le syndicalisme quand il sort de la défense des intérêts matériels des travailleurs. S’il est important que les employés d’EDF aient un bon statut, que dire du soutien voire de l’adhésion des directions syndicales au développement nucléaire ? La caution syndicale verrouille le lien qui devrait être tracé entre mouvements écologistes et mouvement social. Pourtant la jonction est possible autour de la défense d’un service public des énergies : mutualisation des coûts, absence de recherche de profits, accès pour tous…

L’électricité nucléaire est en réalité très chère quand on prend en compte l’ensemble de ses coûts : recherche publique, construction et démantèlement des centrales, gestion des déchets… Raison pour laquelle du personnel intérimaire, peu formé, est de plus en plus utilisé comme main d’œuvre. De plus, l’énergie nucléaire accapare la majorité du budget recherche, limitant d’autant le développement potentiel des énergies renouvelables.

Le nucléaire et la sécurité

Le nucléaire ce n’est grave que si l’on a peur de mourir. Faut il en déduire qu’il ne faut pas confier le nucléaire à des militaires? A des élites politiques disposant de bunkers en cas d’attaque?

En tous cas, si l’on considère l’état du monde aujourd’hui, les prévisibles conflits à venir autour de la gestion des pénuries énergétiques, en eau potable voire alimentaires, on ne peut rêver pire cauchemar pour le futur que l’extension des connaissances dans le domaine nucléaire à l’ensemble des états de la planète.

Or il est évident que si la France crée l’EPR c’est pour le vendre. Considérons le peu d’intelligence dont l’Etat français a fait preuve pour le moment dans ce domaine (usines ou réacteurs en Israël, en Inde, Afrique du sud, Irak…) , l’action antinucléaire ne saurait se borner à réclamer plus de transparence ou un nucléaire sous contrôle citoyen. Ce qui nous a en partie protégés pour le moment c’est que la conception des armes et centrales nucléaires nécessite un rapport un minimum rationnel et athée à l’environnement. Elle nécessite un minimum de libertés publiques pour que les « cerveaux » puissent imaginer, se soutenir, créer des choses nouvelles hors d’une société de répétition, de traditions, de religion et de dogmes.

Si il s’est toujours trouvé des fous dans les pays nucléaires (comme le général Mac Arthur lors de la guerre USA/Corée, ou Jacques Chirac dernièrement!) pour vouloir employer les bombes atomiques à une échelle tactique, les conditions sociales et politiques nécessaires pour créer les technologies nucléaires ont heureusement pour le moment contenu l’usage catastrophique que l’on peut imaginer de ces armes.

Cependant, si la France continue d’exporter ses technologies d’enrichissement et de retraitement d’uranium celles ci vont à l’avenir passer dans les mains de sociétés dont le champ politique se limite à un dialogue avec dieu, à la pérennité de systèmes féodaux et racistes millénaires, à l’extension d’empires et qui ne gèreront ces technologies que comme un outil de plus pour poursuivre leurs traditions de guerre ou pour verrouiller leurs populations…

Dans ce cadre, nous le savons, les traités de non prolifération nucléaire des années 70 ne sont pas suffisants. Les pays sur le point d’acquérir la bombe -tout comme l’état français d’ailleurs- ne les ont jamais signés malgré les alternances politiques, la fin de la guerre froide et autres prétextes… Et pour cause! L’imbrication entre les lobbys militaro-nucléaires et l’état Français est totale, lutter contre le nucléaire c’est lutter contre l’état.

Lutter contre le nucléaire, comment?

Dans le domaine uniquement nucléaire, il est évident que continuer sur les formes de luttes antinucléaires légalistes et passant par les élections n’est absolument pas à la hauteur de tels enjeux. Relevons que l’ex-ministre de l’environnement du gouvernement Jospin, la Verte D. Voynet, a elle même tiré un bilan très mitigé de son action sur le dossier du nucléaire. Notons que les seules régions Françaises sans réacteurs comme la Bretagne sont celles où historiquement l’action directe antinucléaire a été pratiquée régulièrement, violement, massivement et à grande échelle par la population (même si cette population est loin d’être composée uniquement d’anarchistes).

Se passer du nucléaire, civil et militaire, réellement et en totalité implique de remettre en cause le Pouvoir. Des pays pourtant capitalistes, par définition énergivores et de gaspillage, ont une faible part de nucléaire comme source énergétique. La consommation de masse moderne n’est donc pas le critère majeur du maintien du nucléaire. C’est la recherche de puissance qui motive cette fuite en avant.

Les minorités gestionnaires, qu’elles soient politiques, économiques ou technocratiques, n’ont pas l’intention de se laisser dépouiller de leurs privilèges. Ils/elles ne pourraient plus décider pour nous !

Passer aujourd’hui par les partis politiques pour espérer contenir le nucléaire continue d’être risible tant les moyens de l’état et particulièrement de l’armée ont traditionnellement été odieux sur ces sujets. Tant il est évident qu’on ne peut sortir du nucléaire en France sans bouleverser intégralement et irréversiblement le fonctionnement de l’économie. La seule attitude morale et durable que nous pouvons concevoir est de changer globalement de logique et de priorités dans le domaine économique. C’est une logique révolutionnaire qui ne saurait se borner à influer sur quelques points isolés de l’organisation sociale actuelle.

Alors quoi? promettre de détruire des pans entiers de l’économie en stoppant la filière nucléaire mais néanmoins oublier de faire des projets pour vivre autrement qu’avec de la croissance et des enjeux militaires à tous les étages. Qui peut considérer sérieusement les courants politiques qui agitent de tels objectifs ?

Nucléaire et avenir énergétique

La question de l’énergie nucléaire, une nécessité absolue selon l’Etat, ne peut se poser que dans une société capitaliste où prime la consommation et les profits sur le bien-être de la population. Le débat des « mérites versus dangers » du nucléaire est faux car ancré dans un système qui refuse de remettre en cause notre relation avec les ressources de la planète.

Sans surprise, le gouvernement nous présente son projet nucléaire de façon trompeuse, sans aller au fond du problème sociétal qui fonde nos besoins énergétiques. La croissance énergétique aujourd’hui n’est plus justifiée par le bien être de l’individu, mais par le profit et le pouvoir : une société de production qui pousse à toujours plus de consommation. Nous n’avons pas besoin du nucléaire ; nous avons besoin de repenser nos relations à l’énergie. Notre planète arrivera au bout de ses capacités et nous devons impérativement nous pencher sur une décroissance énergétique qui envisage non pas une énergie nucléaire malhonnêtement dite « propre », mais plutôt une réorientation vers les énergies renouvelables, réellement propres et des économies.

Les alternatives énergétiques

Des alternatives concrètes existent, sont largement exploitables, et permettent d’équilibrer sur le long terme nos besoins en énergie avec les ressources de la planète. Aujourd’hui les énergies renouvelables ne couvrent que 20% de la consommation mondiale d’énergie, mais le potentiel de ces énergies est énorme car ce sont des ressources inépuisables telles la chaleur de la terre, le soleil, le vent, l’eau, les marées, et la croissance des végétaux ; celles-ci n’engendrant pas ou peu de déchets et d’émissions polluantes. Il n’y a pas mystère lorsque nous comparons ces énergies de « flux » aux énergies « stocks » avec leurs gisements limités de combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz, uranium) et les nombreuses guerres économiques et physiques qui ont été menées en leur nom ! Il n’y a pas mystère que derrière ces énergies stocks l’état et les multinationales ont trop investi pour pouvoir lâcher ces énergies polluantes et gaspilleuses en faveur d’énergies saines et renouvelables.

Concrètement, il faut envisager une décroissance énergétique et une adoption des énergies renouvelables d’un côté et de l’autre la fermeture des centrales nucléaires et l’abandon des centrales thermiques fonctionnant aux fioul et charbon. S’ajoutent à ceci un maintien du grand hydraulique (eau) à son niveau actuel et une augmentation modérée de la micro-hydraulique, envisageant un doublement de production par 2050. Le potentiel éolien (vent) pourrait augmenter par dix d’ici 2050 et dans cette même période la biomasse (végétaux, biocombustibles, déchets organiques) pourrait être multipliée par cinq. Le potentiel photovoltaïque (soleil) ne cesse d’augmenter avec la mise au point de technologies toujours plus efficaces de stockage, d’injection, ou d’utilisation directe. Tandis que l’énergie géothermique (terre) peut déjà être adoptée comme moyen de chauffage d’habitation, climatisation, et électricité injectée dans le réseau, son potentiel estimé est de 100 TWh par an.

La décroissance économique

Pour éviter d’aller droit dans le mur, nous devons exiger une décroissance énergétique, qui peut bien sûr commencer par nous, mais qui doit surtout aller au-delà du consommateur particulier et viser les entreprises et les états qui nous imposent leur capital au détriment de notre bien être physique et sociétal. Seule une stratégie de rupture avec le profit et la concentration capitalistes peut ouvrir des perspectives.

La destruction du capitalisme

La consommation mondiale d’énergie peut être réduite de moitié simplement en faisant des économies d’énergie, en changeant nos habitudes de transport, de construction… Hors comment changer ces habitudes en conservant l’organisation de la concurence guerrière propre au système capitaliste?

La peur du chômage, les carrières basées sur l’argent, le système de formation/spécialisation professionnelle et le manque de temps libre conduisent à la multiplication des déplacements polluants. Comment réduire les transports quotidiens de personnes sans changer l’organisation actuelle du travail? Comment réduire les transports internationaux tant que la logique de spécialisation des productions de l’économie est à l’oeuvre? Comment sortir l’architecture contemporaine des bâtiments publics de ses délires de verre et d’aluminium climatisés? Comment réduire les transports de marchandises tant que la production est guidée par une logique de profit: Produits non durables, changés souvent, vendus ‘pas chers’, souvent dans le cadre de besoins crées par la pub pour soutenir la croissance? Nous en venons aujourd’hui à considérer qu’il est normal d’avoir chaud l’hiver et froid l’été… comment sortir de ces logiques sans casser une certaine idée du productivisme et l’idéologie scientiste de toute puissance sur l’environnement que l’ensemble des médias véhicule? Comment changer nos modes de construction de logements tant que les populations qui ont le plus besoin de se loger sont celles qui ont le moins d’argent? Tant que l’accès coûteux et dangereux au crédit privilégie de fait les économies à la construction sur les économies à l’usage? Comment responsabiliser à l’environnement tant que les différences de capital financier autorisent à une “élite” une mobilité mondiale en cas de problème environnemental?

Le débat ne porte pas sur les modalités de la technique, mais sur les conditions sociopolitiques, c’est-à-dire sur la maturité des populations, leur capacité à définir leurs propres besoins et à mettre en œuvre une organisation sociale apte à satisfaire…sans compromettre ceux des générations futures.

Le combat antinucléaire est un combat politique, jamais facile mais bien nécessaire, pour un projet de société opposé au productivisme et au capitalisme. La réappropriation de ce qui serait aux capitalistes et aux cliques d’Etat est la seule à même de nous permettre un développement technologique en lien réel avec nos besoins, notre cadre de vie, nos libertés. Au Nord comme au Sud de l’hémisphère, cette réappropriation passe entre autre par des actions concertées et coordonnées contre EPR et le nucléaire civil et militaire, tout en visant l’autonomie, l’autogestion, le fédéralisme, vers un projet social et écologique égalitaire, donc libertaire.

Militons pour l’abolition des armées, gouffres énormes en matières d’énergie et de matières premières, dont les dépenses mondiales dépassaient les 1000 milliards de dollars en 2004.

Sortons du centralisme qui éloigne la production énergétique de ses consommateurs et au lieu produisons le plus localement possible des énergies renouvelables.

Il est temps de participer toutes et tous aux choix énergétiques qui nous concernent, de devenir gestionnaires de nos ressources et des décisions qui nous affectent ! Il est temps de rompre avec la passivité : reprenons nos vies des mains des entreprises et de l’état qui nous exploitent.

Décroissance énergétique et autogestion avant qu’il ne soit trop tard !
Fédération anarchiste
145 rue Amelot 75011 Paris
http://www.federation-anarchiste.org

{Notes :

(1) D. Voynet a récemment déclaré que la fibre antinucléaire n’était pas dans sa culture écologiste. Les élus régionaux Verts de Basse Normandie se sont abstenus lors de la décision d’implanter EPR dans la Manche. Enfin, Verts, Alternatifs et LCR s’associent aux très nucléocrates PC et PS sans y voir d’incompatibilité des moyens de faire de la politique…}