Pour un appel à un mouvement contre la précarité

Dimanche 2 Avril 2006

Nous, étudiants et lycéens délégués de 114 universités et établissements
d’enseignement supérieurs et 47 lycées mobilisés, réunis en coordination
nationale à Lille les 1er et 2 avril 2006, réaffirmons notre détermination à
construire un mouvement d’ensemble contre la précarité et à lutter jusqu’au
retrait du CNE et de la Loi pour l’Egalité des Chances (LEC), dont le CPE
est un amendement.
CPE, CNE, contrats seniors, leur volonté c’est d’étendre encore et de
légaliser la précarité pour tous en mettant en place le contrat de travail
unique. Chirac prétend avoir écouté nos attentes. C’est un mensonge. Le
maintien de la période d’essai d’un an resterait inacceptable car c’est un
pas de plus dans ce sens. Quant au licenciement, il ne serait pas plus
justifié que pour un CNE : nous aurons seulement le droit d’entendre la
« raison », valable ou pas, de rupture du contrat. Merci patron !
Aménagée ou pas, la logique de la LEC subsiste : travaille pour pas cher et
tais-toi ! Ni aménagements, ni négociations ! Retrait de la LEC, retrait du
CNE !
Que Chirac ait promulgué cette loi n’a pas entamé notre détermination, bien
au contraire. Les propositions de modifications de Chirac ne prouvent qu’une
chose : c’est qu’il craint que notre mouvement s’étende encore. Nous allons
lui répondre par un mouvement toujours plus fort, toujours plus étendu.

Cette nouvelle provocation, comme toutes les autres, ne fera que convaincre
encore plus de salariés, de précaires, de chômeurs, de lycéens et
d’étudiants de nous rejoindre dans la lutte. De Robien le sait bien, lui qui
a donné l’ordre à la police de débloquer les lycées : il a soudé les profs
et les élèves qui ont maintenu leurs piquets de grève, et notre réponse a
été de bloquer encore plus de lycées, et même le pays tout entier. Les
lycées ont déjà rejoint les universités. Dans bien des facs et des lycées,
profs et IATOSS participent activement à la grève.

Les journées du 7 mars, du 18 mars, le succès historique du 28 mars,
montrent que des millions de salariés sont disponibles pour lutter,
reprennent confiance dans leurs forces, dans leurs possibilités de gagner.
L’autisme du gouvernement et de Chirac sur nos revendications, l’ampleur de
la répression qu’il déploie contre le mouvement, et leur volonté de lier
leur sort, à plusieurs reprises, au CPE (utilisation de l’article 49.3,
promulgation de la loi…) les obligeront à partir en même temps qu’ils
retireront leurs attaques.

Les journées d’action ne sont utiles que si leur objectif affiché est de
construire la grève générale, seul moyen de faire reculer le gouvernement.
C’est pourquoi nous appelons à la grève générale reconductible dès le 4
Avril. Nous sommes conscients des difficultés pour la construire. Le
mouvement étudiant n’est pas parti d’un seul coup : ce sont d’abord les
étudiants de Rennes qui ont fait le pari que leur grève ferait tâche d’huile
et qui ont bloqué leur université, seuls pendant une semaine. Il en ira de
même chez les salariés.

Nous allons donc contribuer, avec les secteurs les plus mobilisés du monde
du travail, à faire que la date du 4 avril, proposée par la coordination
nationale à Aix, retenue par les syndicats comme nouvelle journée de grèves
et de manifestations, marque le début d’un mouvement de grèves
reconductibles.

Nous nous engageons à soutenir le mouvement des salariés. Nous sommes
disponibles pour toute action commune qui aide à construire la grève. Nous
souhaitons que partout se tiennent des Assemblées Générales (AG), qui
permettent de décider démocratiquement des moyens d’action et des
revendications. Parce que la précarité ce n’est pas seulement le CPE ou le
CNE, nous nous engageons à soutenir toutes les revendications qui seront
définies par les salariés en lutte, comme l’augmentation des salaires et la
requalification en CDI de tous les emplois précaires par exemple.

Nous soutenons les appels des syndicats locaux à la grève reconductible
dès le 4 avril et demandons à toutes les organisations de poser des préavis
illimités, aussi bien au niveau local que national. Nous appelons à ce que
la manifestation de Paris aille vers l’Assemblée nationale. Nous appelons
les étudiants et lycéens à rencontrer les équipes syndicales de la ville ou
du département pour proposer des actions communes, des AG communes et
envisager toutes les possibilités de reconduction après le 4 avril.

Dès le mercredi 5 avril, nous appelons les étudiants et les lycéens à des
journées d’actions dirigées vers les entreprises, en lien avec les salariés
et leurs syndicats locaux : diffusions, blocages, occupations des usines et
des bureaux. L’objectif est de soutenir les grévistes et de susciter des AG
pour étendre le mouvement.

Le vendredi 7 avril nous appelons à une journée de mobilisation et d’action
afin de lutter contre la répression.
Le samedi 8 avril, nous appelons les organisations syndicales à co-organiser
une montée nationale sur Paris des salariés, chômeurs, précaires, lycéens et
étudiants.

Durant les vacances de pâques, comme lors des vacances de février, nous
continuerons la mobilisation par l’occupation et le blocage actif des
universités et des lycées.

Le mardi 11 avril, nous proposons à tous les grévistes salariés, lycéens et
étudiants ainsi qu’à toute la population de manifester simultanément dans
toutes les villes de France.

Tous ensemble, par la grève générale reconductible, nous allons gagner !