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Journalisme bananier et charité ordonnée
_ Feu, carcasse et ONG
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_________SOMMAIRE_________

– « Sentez-vous au loin la fumée des carcasses calcinées ? »
– Dépolitisation du feu
– Émotion charitable, émotion commerciale
– De la mobilité paralysante
_ a) Marché de l’insertion, marcher au pas
_ b) Le marché de la mobilité
_ c) Une mobilité strictement « nationale »
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« Des yeux sans regard te jaugent – du vigile à l’AS – des appels, rappels, des mots sans sentiments, ni envies, ni contenus. Endroit de désolation et de soumission, seul le feu pourrait y mettre un peu de joie… » Farid, in Boris Lamine, Il fera si bon mourir, Sarcelles, Pas même t’y crois production, 2006, p. 8[*].

« Sentez-vous au loin la fumée des carcasses calcinées ? »

Lundi 06 février 2006. France-Info. Quelque part entre 11h et 12h…
_ L’heure de la soupe. C’est la rubrique « musée des curiosités ». La radio nous sert un « repotage » sur « Les Autos du Coeur », une association créée « dans l’esprit des Restos du Cœur », par un certain Jacques Beaugé, concessionnaire d’Amboise (37) en préretraite. Un nouveau concept coluchien pointe son museau pour flairer, semble-t-il, le business caritatif. Celui-ci vise à recycler des voitures destinées à la casse pour les « donner », contre « don », à des personnes qui auraient « perdu la leur dans un incendie », « soit à cause d’un accident, soit à cause d’un acte de délinquance » précise la journaliste[1]…
_ Un léger soupçon prend place : la mémoire des émeutes de cet automne est encore toute fraîche ; les analyses réductrices qu’en ont fait les médias, aussi. Première remarque sans, à notre tour, prendre de recul :
D’après la journaliste, il semble que si les « pouilleux » n’ont pas de voiture, c’est soit parce qu’ils sont trop bêtes (et bourrés) pour avoir un accident, soit parce que c’est à cause d’autres « salauds » de pauvres qui ne savent pas faire quoi d’autre que cramer la voiture de leurs voisins… Il ne lui vient pas à l’idée, semble-t-il, que si les « pauvres » n’ont pas de caisse, c’est peut-être pour d’autres raisons. Exemple : Le « pauvre » est malgré tout quelqu’un de lucide qui s’aperçoit que la voiture est un gouffre financier qu’ille ne peut pas combler, ou qu’ille ne veut pas combler. D’accord on lui offre une voiture. Mais peut-être que ce cadeau sonne comme un gâteau empoisonné : car une voiture même donnée « gratuitement », est un produit glouton. Alors peut-être que le « pauvre » se dit qu’ille préfère encore se déplacer autrement plutôt que de dépendre d’un « confort » qui l’obligerait à se faire encore plus exploiter…

Par ailleurs, en creusant le sujet, on s’aperçoit que ce qui n’était qu’un détail « pyrotechnique », devient la raison d’être de ce « folklore populaire ». Le concept a bien compris que pour percer, il lui fallait s’inventer un mythe. Du feu, de la violence, des indigènes : tous les ingrédients « primitifs » pour en faire un mythe parfait. Pour cela, les médias vont être d’une aide irremplaçable, comme d’hab. Dans le « repotage » de France-Info, ce n’était pas dit explicitement, mais en allant voir d’autres médias (via internet), on apprend que l’association place en effet son origine dans une réaction directe aux émeutes de cet automne. Une réaction qui prenait matière dans une prise de position…

Dépolitisation du feu

Notre démarche a été de s’intéresser à 4 sites « d’informations ». Ceux-ci présentaient l’avènement des « Autos du Coeur » de manière très uniforme. Parmi ces sites, un relève de l’information dite généraliste (yahoo.fr), et trois sont spécialisés dans le domaine automobile (spécialisés dans la mesure où ils servent à faire valoir la voiture comme une norme sociale incontournable : automobile.nouvelobs.com, news.caradisiac.com et autoplus.fr)[2].

Tous ces sites, sauf un, ont choisi de mettre en avant l’existence de l’association en référence directe à ce qui pouvait se rapprocher à de récentes émeutes suburbaines. Yahoo commence fort en titrant son article : « Voiture incendiée? Appellez les Autos du Coeur ». Le NouvelObs-Auto se contente d’un timide « Voiture incendiée » pour introduire son article qu’il intitule « les Autos du Cœur à votre aide » : à croire que le journal a profité de l’occasion pour s’enrichir d’une rubrique haute en couleurs (« Voiture incendiée »). La palme du titre revient peut-être à Autoplus ; d’une part parce qu’il fait encore plus fort dans l’explicite, d’autre part parce qu’il a moins copié sur ses petits camarades, du moins en apparence, parce qu’il a rusé en utilisant une facile paraphrase :« Banlieues en feu : solidarité automobile ». Seule la brève de Caradisiac n’évoque pas aussi explicitement le sujet de manière « enflammée », se contentant d’accompagner la mièvrerie caritative de ses confrères ; son intitulé : « L’association « Les Autos du Coeur », l’équivalent des Restos du Coeur ». Ceci dit, ce dernier article n’échappe pas, lui non plus, à la mythification des banlieues incendiaires, car il précise quand même que l’objectif de l’association « est de récupérer des véhicules destinés à la casse pour les offrir à ceux qui ont perdu le leur lors d’incendies »… Et d’ajouter : « ou [en cas] d’inondations ». Seul Yahoo mentionnera ce côté « noyade », mais faut-il croire que dans ce cas précis, « inondation » signifie peut-être l’action d’éteindre, au moyen de l’eau, des voitures qui flambent ? Les deux autres sites en tout cas, n’ont retenu que l’option « inflammable ». Le NouvelObs-Auto précise que pour prétendre à un don de l’association, il faut notamment « fournir une preuve de l’assurance de son véhicule incendié ». Point-barre. Quant à Autoplus, après son titre « flamboyant », il évoque la « chaleur » émotionnelle d’où serait née l’idée : « Ému par la détresse des propriétaires de véhicules brûlés suite aux échauffourées des banlieues, l’homme [Jacques Beaugé] a créé son association ».

Après tout, ces médias pourront toujours se justifier en se réfugiant derrière les propos de l’intéressé. La création de son association est liée à un contexte précis selon ses propres dires. Précision d’ailleurs inscrite dans la présentation officielle de l’association, bien placée dans la rubrique associative de la mairie d’Amboise : « L’éloignement de la banlieue, les transports en commun aux horaires rigides, auxquels s’ajoutent ces derniers temps la destruction par le feu et le vandalisme des véhicules, conduisent à de nouvelles situations de détresse sociale quand l’absence brutale de moyen de transport empêche un individu de se rendre à son travail ou pire d’en trouver un et de l’exercer… »[3].
_ Les médias ne feraient donc que relayer l’info qui existerait d’une façon ou d’une autre… Sauf qu’entre continuer à enfoncer ces quartiers dans une stigmatisation superficielle, et, dépasser cette stigmatisation en essayant d’aller au fond du problème, il y a toute une distance de langage dans laquelle ces médias décident de s’inscrire, préférant opter pour la première formule. Or, ce décalage relève de visions lourdes de conséquences politiques. Car dans un cas, on parle de « stigmates », alors que dans l’autre cas, on parle de « signes ».

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– Le stigmate se suffit à lui-même. Pas besoin d’aller plus loin : les marques qui sont les siennes expliqueraient tout. Le stigmate suppose ainsi un certain fatalisme. Dans le mythe chrétien, le mot est utilisé pour désigner des marques « miraculeuses » survenues sur le corps du personnage Jésus Christ. Le stigmate viendrait donc du « ciel » ; il serait la frappe d’un agent transcendant, une marque « naturelle » qui ne s’explique pas. Cet état de « nature » permettrait ainsi de faire l’économie d’une démarche : comprendre les causes du surgissement de ces marques : « C’est comme ça, c’est naturel, un point c’est tout ». Démarche dont s’accommodent fortement les « agents de surface » que sont la plupart des médias.
– Alors que le mot « signe » ne se suffit pas à lui-même. Il est une marque secondaire. Car il n’est que l’extrémité d’un système. La face émergée de l’iceberg. Le mot « signe » suppose l’existence d’un langage. Il est l’expression d’une signification qui ne se montre pas aussi facilement. Il faut creuser pour aller la trouver. Le signe n’est pas frappé (par un agent transcendant). Le signe frappe (des individus). Le signe procède ainsi d’une voie active et non passive.

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En privilégiant ce genre d’article, ces médias font un choix politique. Ils trouvent là les éléments qui leur conviennent. Étant sociologiquement composés d’individus forgés dans les idéologies bourgeoises et post-coloniales, ces médias en sont l’émanation. Ils ne peuvent pas considérer ce lieu qu’est la banlieue, autrement qu’à travers le regard du dominant blanc et raciste. De ce lieu « externe », ce dominant a peur ; car s’y parquent des ressentiments qui peuvent sans cesse menacer ses privilèges quotidiens et structurels. Ces médias voient de loin ces banlieues, et ils ne les voient pas plus qu’un folklore de cocktails exotiques, version Molotov. Et lorsque cette violence va de fait s’exprimer, ils s’emploieront à la dépolitiser. Alors que cette violence exprime la plupart du temps le refus d’une domination subie, ils la réduiront à la rubrique « faits divers » et « délinquance ». C’est en ces termes explicites que « l’oeuvre » caritative des « Autos du coeur » se situe : « la destruction par le feu et le vandalisme des véhicules »[4]. L’acte du feu ne peut être qu’un acte de « vandales » pour elle. Les médias et cette association ne pouvaient que se séduire réciproquement tant leur prise de position est commune. Une prise de position qui articule la conjugaison des castes dominantes et répressives.

Or, quand le désespoir causé par la relégation sociale et post-coloniale ne laisse entrevoir aucune issue, quoi de plus logique que de mettre le feu à ce qui vous entoure. Dans une cellule, on ne peut brûler que son matelas ou sa couverture, pour exprimer sa fureur, la fureur de ne pas se laisser détruire, de faire que l’étouffement cesse, quitte à s’étouffer soi-même. Ici et là, ça respire le quartier d’isolement. Au bout de quelques contrôles d’identité et autres humiliations, on s’enferme dans son quartier. L’État et ses bras armés et civils vous ont fait comprendre subtilement qu’ils vous ont parqué-e-s dans une réserve, que les ailleurs, pour vous, n’existent pas. Comme on brûle le matelas de sa cellule, que peut-on faire d’autre que brûler les voitures de ses voisins ?… Pourtant, ce n’est pas l’envie d’aller brûler celles des ministres ou d’autres bourgeois qui manque. C’est que leurs quartiers, à eux, sont étroitement surveillés. D’ailleurs c’est assez simple : pas même besoin que les gardes soient en permanence à l’intérieur de ce lieu. Il suffit qu’ils soient présents dans les quartiers de relégation pour transformer une surveillance territoriale en protection de classe. On « surveille » ainsi les quartiers de riches en empêchant les pauvres de se rendre facilement dans cesdits lieux : rien de plus simple et de plus efficace que d’aller à la « source » du « mal ». Cette dialectique de la surveillance suppose ainsi que si ces quartiers de pauvres sont des ghettos, les quartiers de riches en sont alors autant en miroir inversé.

Émotion charitable, émotion commerciale
Arrêtons-nous maintenant à la page du site de la mairie d’Amboise où apparaît une présentation officielle de l’association (page que nous évoquions un peu plus haut). À première vue, la question un peu cocasse qui nous vient, est d’ordre géographique : pourquoi Amboise ? Pourquoi cet Amboisien a été « ému » (c’est son mot) par une situation qui s’est sans doute déroulée à mille lieux de ses préoccupations de concessionnaire en préretraite ? Cela nous étonnerait, en effet, d’apprendre qu’Amboise-la-bourgeoise fut menacée par des gueux venus assiéger son château et faire la peau aux fantômes de François 1er et de Léonard de Vinci. Hypothèse « inquiétante », même, parce que cela signifierait que cette « pauvre » mairie d’Indre-et-Loire a encore du pain sur la planche avant de bannir totalement les indésirables de sa « charmante » cité qui préfère souvent flirter avec le touriste master-card. À la question précédente, une première réponse s’impose : la pieuvre médiatique a fait son oeuvre, elle qui est souvent prompte à épancher « l’émotion » susceptible de saisir toute bonne « âme » charitable. Autre réponse : sans doute le sens des affaires y est-il aussi pour quelque chose, lui qui est toujours là pour émouvoir toute bonne « âme » commerciale… Car le charity business, ça peut rapporter gros, en capital « richesse » et en capital « nobel », du moins en capital médiatique, et peut-être même que nous y participons un peu en glosant sur son entreprise. L’or et la gloire, merci les pauvres.
_ On nous objectera que nous voyons le mal partout. Que nous ne sommes pas dignes de comprendre la souffrance de ceux qui ont perdu leur voiture. Que nous ne sommes donc que de petits-bourgeois, blabla blabla. En effet, l’association fait a priori bonne figure. Son objectif avoué est de donner des voitures, en mettant même quelque peu en avant l’absurdité des logiques de consommation industrielle et leur gaspillage monumental : « Chaque année, on détruit en France quelque 1 400 000 véhicules »[5], sous-entendant que la plupart de ces véhicules sont en parfait état de marche ou presque, et qu’il suffit de mettre un peu la main à la patte ou de déconstruire avec la norme esthétique du « neuf » pour les réutiliser. L’idée semble intéressante et généreuse à certains égards. Sauf que c’est toute la machine caritative qui se retrouve de nouveau alimentée ; une machine qui se génère en terme de bénéfices financiers et, en terme d’idéologie citoyenne visant à contrôler la radicalité politique des groupes sociaux concernés.

– En terme de bénéfices financiers déjà (ce qu’on appelle le charity-business)
_ Ce type d’association permet souvent de décrocher des quantités mirobolantes dans le marché, lui aussi compétitif, des subventions (État, collectivités territoriales, entreprises privées, particuliers…). La recherche de contact avec les pourvoyeurs de fonds a été une des premières démarches de l’association : « Jacques Beaugé a écrit à différentes personnalités politiques pour faire part de son projet »[6]. Sans compter que la voiture « donnée » ne l’est pas gratuitement puisque l’association fonctionne sur le principe du don/contredon : en échange de la voiture, une somme est demandée officiellement « pour aider à payer le contrôle technique et d’éventuelles réparations ». Ils appellent cela faire « un don à l’association »[7]. Il faudrait voir avec plus de précisions comment tout ceci va évoluer, mais on peut d’ores et déjà imaginer que l’opération sera au moins rentable, si ce n’est plus ; et comme le dit si bien J. Beaugé en parlant des politiques qu’il tente de convaincre : « L’idée plaît. D’autant qu’elle ne coûte pas cher » (NouvelObs-Auto). Peut-être qu’il faudrait préciser autrement : l’idée plaît ; d’autant qu’elle ne lui coûte pas cher (et qu’elle peut lui rapporter gros). Jacques Beaugé s’apercevra sans doute (si ce n’est pas déjà envisagé) qu’une telle entreprise pourra lui apporter un complément de salaire plus confortable que sa préretraite, comme tout bon directeur d’association caritative d’ailleurs[8]. L’opération médiatique semble ainsi être menée à hauteur des ambitions portées. Le modèle est celui d’une grosse écurie : les Restos du Coeur. Une grosse écurie dont les opérations markéting via notamment le showrity-business (les Enfoirés), dissimulent mal l’entrée en matière d’un marché de la misère. Pourquoi faire tant de tapage médiatique, si ce n’est notamment pour que quelques petits chefs bien malins s’en mettent plein les poches ?… D’autant que la bouffe distribuée (et souvent périmée) ne lui coûte rien, comme d’ailleurs la gestion du système (merci les « crétins » du bénévolat). Les Autos du Coeur peuvent dès lors se lancer elles-aussi dans le débouché gagnant du marché humanitaire. Le fait que l’initiateur des Autos du Coeur soit un ancien vendeur, semble être plus qu’une coïncidence. Il laisse en tout cas supposer que le concept caritatif louche généreusement sur la tendance markéting. La figure de la « victime » comme force de vente : c’est sans doute l’objectif que se fixent ces entreprises de l’humanitaire qui sont souvent assistées par des professionnels de la communication[9]. Sans parler du fait que ces entreprises s’acoquinent parfois avec d’autres, d’envergure plus multinationale, lesquelles trouvent par là l’occasion de redorer leur blason éthique. Et dans tout ce fatras économique, l’État y trouve aussi son compte…

– En terme d’idéologie caritative
_ Le rapprochement avec les Restos du Coeur n’est sans doute pas anodine. Il marque l’ambition plus ou moins avouée de s’imposer comme un relais incontrournable de l’État. L’arrosage en subventions conditionne la fonction symbolique d’une association caritative. Celle-ci devient dès lors une agence semi-privée. Le qualificatif d’ONG (organisation non gouvernementale) revêt un usage de dupe. L’État étale en effet sa confiance en accordant à l’ONG des subventions ou en facilitant les donations (par un système d’exemption d’impôt pour les donateurs). Un acte non gratuit, parce qu’il permet à l’État de dissimuler derrière ce visage bienfaiteur, l’acte d’achat d’une paix sociale orchestrée en ordre de bataille. Tant que l’association ne fait pas d’agitation politique, on lui offre les galons qui lui permettent d’épauler l’État dans la gestion de la misère. Cette gestion sert à canaliser les frustrations qui ouvriraient la porte aux révoltes populaires si elles n’étaient pas, précisément, contrôlées « grâce à » ce gadget que constitue « l’association caritative ». Ici, la seule menace que pourrait constituer l’association des « Autos du Coeur », se situerait dans une logique de concurrence commerciale ; mais elle aussi semble être finement calibrée. La sélection des candidats à l' »Auto du coeur » semble, en effet, motivée pour ne pas froisser l’intérêt des industriels de l’automobile qui ont sans cesse besoin de renouveler leur parc, et pour cela ils ont besoin que la « masse » achète sans cesse du neuf. Pour les mêmes raisons, il s’agit de ne pas froisser les maisons de crédit. Elles aussi ont besoin que la « masse » achète des voitures neuves pour pouvoir s’engraisser sur les crédits de consommation qu’elles lui auront vendus. Pour cela, on limite d’entrée le nombre des candidats en n’acceptant seulement ceux qui peuvent fournir une attestation d’assurance de leur voiture incendiée ou inondée. Autrement dit, seulement ceux qui étaient déjà propriétaires d’un véhicule, seulement ceux qui étaient déjà pleinement dans le cycle de consommation automobile. Un premier niveau d’exclusion s’opère ainsi, mine de rien. Par ailleurs, l’association agite d’autres fusils à son épaule. Elle n’hésite pas à employer l’argument des retombées économiques et fiscales pour faire valoir les intérêts de son opération : « Pour M. Baugé, cette initiative ne peut faire que des heureux, « même l’Etat ». « Une personne qui récupère une voiture est un contribuable intéressant qui va payer des taxes sur les carburants, une carte grise, des péages, des parcmètres et peut-être, malheureusement », sourit-il, « des contraventions » » (yahoo.fr).

On retrouve ainsi en filigrane le thème de la dépolitisation du feu :
_ Un problème politique surgit. Des dominés expriment leur colère, moment où le pouvoir peut à tout moment vaciller, du moins celui-ci est plus que jamais sur ses gardes (décrétant par exemple l’état d’urgence). La répression est fulgurante. Après quoi apparaît une dose de caritatif pour faire mine que le problème a été saisi, ne s’agissant là que d’un bout de sparadrap sur une hémorragie interne : « Je vous ai compris ! J’ai compris vos désirs de liberté ! J’ai la solution : c’est de voiture dont vous avez besoin ». Le dominé, quand il n’est pas criminalisé, devient le « pauvre », la personne infantilisé politiquement, confiné dans un espace politique neutralisé, celui du mendiant, réduit à l’assistanat, qui doit avant tout la fermer, et s’il veut « s’émanciper » ce n’est que dans les cadres offerts par la loi et par la norme. La voiture apparaît d’ailleurs comme un des meilleurs outils pour cela. C’est pourquoi l’association a eu son premier succès médiatique. Elle suggère que posséder un bien de consommation comme une voiture, c’est renforcer ou accroître sa dépendance financière ; ce qui signifie, dans un cadre juridique, se faire exploiter au travail. Et voilà comment une association caritative s’emploie à travailler main dans la main avec le contrôle social et l’enjeu capitaliste…

De la mobilité paralysante
a) Marché de l’insertion, marcher au pas

« S’insérer, être acteur de la vie sociale et non plus spectateur, nécessite de se déplacer », tel est le credo des « Autos du coeur »[10], pour qui « être acteur de la vie sociale » semble se réduire au fait de « perdre sa vie à la gagner ». L’association reprend ainsi le thème dominant de la sacralisation du travail, du travail pour le travail : « L’éloignement de la banlieue, les transports en commun aux horaires rigides, auxquels s’ajoutent ces derniers temps la destruction par le feu et le vandalisme des véhicules, conduisent à de nouvelles situations de détresse sociale quand l’absence brutale de moyen de transport empêche un individu de se rendre à son travail ou pire d’en trouver un et de l’exercer… ». L’idéologie totalitaire du travail savamment orchestrée, trouve là un de ses innombrables vecteurs. Vecteur de choix puisqu’il chemine dans une galerie de mise : « banlieue », « éloignement », « détresse », « travail » et encore « travail »… Au loin est agité le spectre de la crise du chomâge, marionette servant à taire un problème structurel, celui du travail justement. Ce spectre isole depuis trop longtemps la question du travail de la question « pourquoi le travail ». Il scande, depuis des lustres, le slogan du « travail, pour le travail », slogan qui permet à ceux qui en profitent en aval (les patrons et/ou l’État) de camper sur leur domination. Slogan qui permet ainsi de faire l’économie d’une réflexion et d’une remise en cause permanente. Le travail n’est pas vu comme il devrait l’être, à savoir un minimum de tâches permettant de répondre à des besoins. Le travail n’est pas vu comme l’outil qui poserait la question d’un besoin. Il est devenu l’outil et la fin, l’outil et le besoin, l’outil et le produit. Il s’agit de produire du travail, de produire pour produire. Puisque le travail est devenu le besoin, pas besoin de savoir de quoi on a besoin et de quoi on n’a pas besoin (voire de quoi on n’a plus besoin). Or, est-on obligé-e de posséder une voiture, et qui plus est, une voiture neuve qui fonctionne en plus au carburant fossile ? Est-on obligé-e de consommer tant de produits industriels surtout quand on voit le gaspillage que la productivité génère ? D’ailleurs l’exemple fourni par l’association elle-même est assez probant : 1,4 millions de voitures par an à la casse. L’association aurait pu partir pourtant de ce constat pour tenter d’esquisser quelques petites réflexions sur le travail et la production. Sauf que l’analyse poussée à bout, aurait pu la mener au vertige. Elle l’aurait menée peut-être à la « terrible » prise de conscience que le travail n’est que le maillon d’une chaîne qui l’enferme, comme preque tous les individus, dans une structure imposante et aux allures « complexes ». L’association préfère alors se contenter de suivre la carte au menu. Surtout ne pas faire d’histoire. Et tant qu’à faire se montrer digne interprète et brave répétitrice, notamment en prenant part à son tour au marché de l’insertion. Les Restos du Coeur, grand modèle des petites Autos du Coeur, ont d’ailleurs accru leur position dans l’avatar markéting de la misère en créant les « Relais de l’Emploi » : « Pauvres et misérables, on vous nourrit, on vous habille, maintenant mes cocos, au boulot ! » Et pour ceux/celles qui auront « la chance » de dégoter un job, un salaire en-dessous du smic suffira : « la majorité des salariés d’ONG sont moins bien lotis, avec des différences de 30 % par rapport aux revenus au sein d’entreprises classiques. »[11]. « Pauvres et misérables », les Restos du Coeur et autres Greta ou je ne sais quel Afpa, vous trouveront un job de confinement. Les gouvernements garantirons le cadre à coup de CPE, de CNE ou de directives encore et toujours pro-patronales. Les Autos du Coeur veilleront à ce que vous vous rendiez bien au travail même en cas d’incident de parcours. Sans doute a-t-on prévu pour les autres, des wagons menant à des camps où le « travail rend libre », des locomotives aux couleurs carcérales frappées du sigle SNCF (Société Nationale des Centres Fermés), avec le label « dès 14 ans ».

Dans cette vieille rengaine totalitaire du travail, la voiture est depuis presque un siècle un maillon stratégique de la civilisation industrielle. Elle s’est tellement imbriquée dans le cycle consommation-production-exploitation qu’elle est devenue une machine inversée : une machine censée servir l’individu mais qui a fini par l’asservir. La voiture renferme à elle seule une structure de domination. Le discours de l’association montre que « voiture » est le synonyme explicite du mot « travail » ; pour elle, « pas de voiture, pas de travail ». Alors qu’il faudrait plutôt inverser le sens pour mettre en avant la soumission à laquelle un produit comme la voiture peut mener : « pas de travail, pas de voiture ». D’ailleurs, cette logique de la dépendance est reconnue (et souhaitée) plus qu’à demi-mot par l’association : même donnée gratuitement, une voiture reste un produit à fort potentiel consommable (carburant, taxes, péages, parcmètres, contraventions…)[12] ; et qui dit fort potentiel consommable, dit forte « chance » de devoir recourir au salariat pour payer ces dépenses… La voiture ainsi confondue avec le mot travail, la tentation est grande de rouler au son du triptyque « Travail, Famille, Patrie ». Pour les « Assos du Coeur », le fronton rutilerait sur les bouchons de radiateur en scandant « Voiture, Famille, Patrie ». À l’entrée du mot « Famille », Jacques Beaugé, le directeur de l’association, expose ainsi ses préférences : « Les familles dans le besoin seront avantagées par rapport aux célibataires par exemple »[13]. Quant aux valeurs de la « Patrie », nous avons déjà vu comment l’intéressé maniait les arguments contribuables pour faire valoir son produit comme une plus-value étatique. Mais nous reverrons cette question du patriotisme sous un autre angle un peu plus loin… Ainsi, avec cet objet apparemment anodin comme la voiture, nous touchons aux confins de l’idéologie sociale et politique, ce que d’autres appelleront peut-être la question des mentalités. La voiture n’est plus un simple objet, mais l’objet s’inscrit dans le conditionnement qui structure les rapports sociaux, et qui par là ,forge les individus. La voiture individuelle est cet objet-structure, tout comme le sont des produits comme la maison, le mariage ou le couple hétérosexuel. Un objet qui respire les replis nucléaires et les profils de profit. La devise « Travail, Famille, Patrie » est associée historiquement à l’arsenal vichyste ; mais elle est avant tout, structurellement parlant, le reflet de la « candeur » bourgeoise…

b) Le marché dela mobilité

L’amalgame entre la voiture et le travail s’opère à travers une donnée spatio-temporelle : le quotidien rythmé par le déplacement au travail (que ce soit pour aller travailler ou que ce soit un travail dont la matière est le déplacement même). Cette donnée se traduit structurellement et visiblement dans le façonnement géographique qui conduit à l’urbanisme : la ville, qui a été à l’origine une concentration d’intérêts, devient l’intérêt où tout se concentre. Et dans cette place, la voiture tient le pavé, car la ville est pensée surtout par et pour les voitures. Elle est une place forte élevée à la gloire de la civilisation industrielle et de l’idéologie bourgeoise (« bourgeois » vient de « bourg »[14]). Il y aurait ainsi beaucoup à dire sur cette inscription dans l’espace urbain, un espace réduit le plus souvent au trajet domicile-travail… Le propos auquel nous allons plutôt nous intéresser ici, porte sur une autre question symbolique, non moins abstraite : la « mobilité sociale », un mythe perçu à travers le prisme normatif de la bourgeoisie.

« Le mouvement même de la promotion petite-bourgeoise »[15]. En ces termes, Roland Barthes désignait un mythe écrasant (au sens figuré comme au sens propre), celui de la DS, de la « nouvelle citroën », de la « nouvelle voiture », cet objet sans cesse surmédiatisé. Que nous soyons en 1957, ou en 2007, le propos de Barthes reste pertinent. La voiture (parmi d’autres produits), est l’objet par lequel la petite bourgeoisie s’entretient. Elle est un message appelant celle-ci à se recycler sans cesse, l’incitant ainsi à singer la grande bourgeoisie. L’objectif est d’entretenir l’émulation au sein des normes dominantes. Cette émulation structure le cadre émotionnel : le miroitement au bonheur pousse ainsi les prolétaires à imiter leurs maîtres, pour ne plus penser à les abattre. Cette fonction d’amnésie et de « pacification » se fait appeler par exemple « intégration », ou « mobilité sociale », ou encore plus gravitationnellement : « ascension sociale ». Elle laisse ainsi sous-entendre que les rapports entre les individus sont d’ordre hiérarchique. Qui dit ascension sociale, dit structure pyramidale. Qui dit modèle de promotion, dit son attachement à des rapports de domination. La voiture serait ainsi moins un objet de déplacement horizontal que l’incarnation d’une mobilité verticale (et hiérarchique). Le mythe bourgeois véhiculé par la voiture, incite ainsi à éviter de se placer dans une mobilité horizontale. Le mythe bourgeois a peur de la mobilité horizontale, parce que celle-ci n’hésite pas à aller jusqu’à la confrontation. Le mythe bourgeois déroule le tapis de bitume pour éviter que le terrain politique/social se déroule sur un champ de bataille, terrain qui imposerait aux bourgeoisies de descendre de leurs piédestals, ce qu’elles n’envisagent pas faire de sitôt. Le mythe bourgeois a peur du mouvement horizontal, car le mouvement horizontal peut s’appeler « émeutes ». Les émeutes font vaciller l’idéologie bourgeoise car elles s’inscrivent dans un mouvement de destruction visant le mythe de la « mobilité sociale ». Dans « émeutes », il y a d’abord mobilité horizontale parce qu’il y a un champ de bataille : la confrontation directe avec le système répressif de la bourgeoisie. Il y a ensuite mobilité horizontale sous des formes encore plus subtiles. Après désaveu, l’État et les médias, ont bien voulu reconnaître qu’après une première phase d’affrontements directs avec la police, les émeutes de cet automne sont devenues plus diffuses. Celles-ci se sont en effet très vite muées à travers la mobilité de petits groupes affinitaires qui refusaient la simple confrontation, préférant brouiller les pistes répressives en allant détruire des cibles politiquement marquantes (centres commerciaux, institutions et symboles étatiques comme des écoles, des bureaux ou des véhicules de la poste, oups pardon, de la « banque postale », etc.). Sans parler du phénomène d’ondulation générale qui s’est manifesté à travers une géographie elle aussi horizontale. Les émeutes devenaient en effet flots. Une lame ondoyante qui allait s’étaler pour la première fois de quartiers en quartiers, de villes en villes, avec des résonnances aussi parfois dans des pays voisins (Belgique, Allemagne).

Les voitures ont servi de foyer à l’onde de choc. Vedettes du feu automnal, elles transcrivirent une plus-que défiance à l’égard des symboles incarnant le mythe de l’ascension sociale. À ce mythe totalitaire de la mobilité bourgeoise, a répondu la « mobilité horizontale » des groupes d’émeutiers ; une mobilité en ce sens horizontale que les décisions d’action se faisaient au consensus entre les membres d’un groupe, du moins, sans qu’il y ait des figures marquantes de chefferie. Le rapport des RG reconnaît lui-même que les émeutes n’ont pas eu les meneurs sur lesquels les médias ou le ministre de l’Intérieur ont bien voulu fantasmer. Ces « intellos » de la police étaient sans doute déçus de devoir contredire leur ministre et les jounalistes en admettant qu’aucun « caïd », ni aucun « barbu en grande gandoura blanche » ne fut à la tête d’aucun mouvement de révolte. L’expression écrite du bitume et la littérature en lettres de feu n’ont été un « signal de détresse » que pour ceux qui l’ont vu avec un regard misérabiliste. L’élocution pyromane a été avant tout un message politique sifflant la fin du jeu de dupes. Des révolté-e-s ont dit par le feu combien le mythe de l’ascension bourgeoise leur sortait par les trous de nez et combien illes comptaient s’en défaire. Brûler les symboles de l’ascension sociale, même (surtout?) lorsque ces symboles font partie du paysage dans lequel on est emprisonné-e, revenait à brûler le mythe de « l’ascenseur social », à brûler « l’ascensceur » tout court. C’était dire combien cette « mobilité verticale » les rejettent de toute façon, et combien illes n’en veulent pas. Et passer par les « escaliers de secours »[16] ne leur convient encore moins, car comment peut-on accéder à ce mythe en hauteur quand celui-ci crée le handicap et détruit les handicapés (au sens figuré comme au sens propre d’ailleurs). Des révolté-e-s détruisent alors le mythe de cette mobilité verticale parce qu’elle suppose des étages inférieurs et des étages supérieurs. Des révolté-e-s détruisent ce mythe hiérarchique en y mettant tout le poids de leur corps si « étrange » et « étranger » ; cette mise en avant venant contredire le corps « performant » que la norme blanche et bourgeoise voudrait imposer. Ces révolté-e-s, ce sont ainsi des mouvements d’invalides qui disent : « Nous, on veut que du plain-pied ! »…

c) Une mobilité strictement « nationale »
En tout cas, si « Les Autos du coeur » croient dur comme fer que l’auto, c’est la « mobilité » par excellence, alors la « mobilité » crée l’exclusion ; car ici, le ticket n’est pas une donnée envisageable pour les exilé-e-s sans-papier. Il leur est même ouvertement refusé. L’association et les médias qui la relayent allègrement, préviennent en effet que les prétendants à la pétrolette du coeur devront montrer patte « blanche », autrement dit être en « situation régulière ». Le seul déplacement possible accordé aux sans-pap semble être le « charter » en aller simple vers le « Sud »… Cette exclusion explicite montre comment le commerce caritatif peut être une entreprise-citoyenne au service de la nation et de la raison d’État raciste. En des temps où exilé-e et basané-e suscitent dégoût, suspicion et criminalisation tout azimut, l’association apporte sa pierre de touche « citoyenne ». Cette exigence porte d’autant plus un arrière-goût amer, que la répression contre les émeutiers de cet automne a été menée au point ultime où ses praticiens ont bien voulu la mener : nous ne parlons même pas de la brutale mise en scène policière et judiciaire faite d’arrestations arbitraires au faciès, de comparutions immédiates à la pelle et de prison ferme à la pioche. Nous parlons des mesures d’expulsion contre les « émeutiers étrangers » promises par un ministre carnassier, mesures qui ont abouti à au moins deux déportations[17], mesures soi disant d’exception qui dissimulent mal les relents d’un racisme d’État qui n’aura pas longtemps feint la prétendue abrogation de la double-peine. À noter que pour ruser avec son arsenal juridique, l’État transforme tout simplement l’intéressé en sans-papier (par refus préfectoral de renouveler le titre de séjour), donc en personne expulsable : la préfecture lève d’abord le verrou, la justice entrouvre la porte, le flic n’a plus qu’à pousser… Et les « bons citoyens » que sont par exemple les « Autos du Coeur », n’ont qu’à acquiescer et applaudir.
_ Pourtant, quand on est sans-papier, il y a de fortes « chances », après tout, d’être « pauvre », de voir sa voiture servir de feu de la saint-jean en automne, et même d’avoir besoin d’une voiture pour justement aller se faire exploiter, histoire d’essayer de survivre quand même et de faire survivre ses proches. Il n’empêche, la loi est la loi, et « les Autos du Coeur » tiennent à cet ordre. D’ailleurs, nous avons vu plus haut comment l’association excellait dans le zèle étatique (« Une personne qui récupère une voiture est un contribuable intéressant »). On aurait pu supposer que ce n’était là que pure tactique financière visant à séduire quelques puissants donateurs. Mais ce zèle de service nous montre que le « bon citoyen » s’avère être un sujet aussi efficace que le maître…

kandjare bayn asnan
février 2006
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##NOTES##

[*] Texte téléchargeable au fomat pdf : http://internetdown.org/ilfera
_ [1] Les propos de cette journaliste ne sont pas relevés ici au mot près. Ils n’en sont pas pour autant déformés.
_ [2] Les références exactes des sites étudiés sont les suivantes, dans l’ordre de citation :
– http://fr.biz.yahoo.com/04022006/5/voiture-incendiee-appellez-les-autos-du-coeur.html
– http://automobile.nouvelobs.com/mag/breves/breve.asp?N=3138
– http://news.caradisiac.com/L-association-Les-Autos-du-Coeur-l-equivalent-des-Restos-du-Coeur
– http://www.autoplus.fr/nacc&url=/actus/actus%3fopenform&numero_jour=644
_ [3] http://www.ville-amboise.fr/descriptionStructure.php?id=697&domaine=3&famille=72&theme=&activite=
_ [4] Ibid.
_ [5] Ibid.
_ [6] http://automobile.nouvelobs.com/mag/breves/breve.asp?N=3138
_ [7] http://www.ville-amboise.fr/descriptionStructure.php?id=697&domaine=3&famille=72&theme=&activite=
_ [8] Salaire du directeur général de Greenpeace : 4 200 à 4 500 euros
Celui du directeur général du Secours Populaire : 2 786 euros
( source : http://www.lexpansion.com/art/6.0.81396.5.html )
_ [9] http://www.lexpress.fr/info/monde/dossier/humanitaire/dossier.asp?ida=430919
_ [10] http://www.ville-amboise.fr/descriptionStructure.php?id=697&domaine=3&famille=72&theme=&activite=
_ [11] http://www.lexpansion.com/art/6.0.81396.5.html (le journal L’Expansion n’est pourtant pas connu pour ses positions « syndicales »)
_ [12] http://fr.biz.yahoo.com/04022006/5/voiture-incendiee-appellez-les-autos-du-coeur.html
_ [13] Ibid.
_ [14] Voir notamment Régine Pernoud, Histoire de la bourgeoisie en France. Tome I : Des origines aux temps modernes, Paris, Seuil, 1981.
_ [15] Roland Barthes, « La nouvelle Citroën », in Mythologies, Paris, Seuil, 1957, p. 152 (édition de 1970).
_ [16] En référence à Aziz Senni, L’ascensceur social est en panne… J’ai pris l’escalier, L’archipel, 2005. Bréviaire du « petit » monde de l’entreprise, et figure de la norme capitaliste même en banlieue ; il n’y a pas un seul média qui ne l’ait cité à la suite des émeutes, comme si ce gérant d’entreprise de transport s’imposait aux « petits Arabes » et aux « petits Noirs » comme le modèle à suivre. Ils appellent cela « l’intégration », aspirer à une carrure aux dents tranchantes : « Aziz Senni a tout d’un grand chef d’entreprise : le costume, la cravate, la poignée de main… Mais avant tout, et c’est sans doute le plus important, la carrure » (dans l’indigeste Sélection du Reader’s Digest, janvier 2006, p. 89).
_ [17] Voir par exemple http://atouteslesvictimes.samizdat.net/?cat=5