Au départ, il y avait deux appels à rassemblement : celui des syndicats, appelant à un piquenique devant la préfecture et bien avant dans la matinée celui des lycéens non encadrés mais ayant conservé des liens du dernier mouvement de l’an dernier.
_ Les lycéens étaient assez nombreux. Ils ont parcouru la ville, bloqué quelques carrefours puis ont rejoint le rassemblement syndical.
_ Devant cet afflux, les bureaucrates syndicaux
ont bien compris qu’il fallait canaliser tout ça et ils ont « structuré » une manifestation tout en essayant d’en controler le parcours, celui des grands jours mais tout en prenant soin d’éviter tout endroit stratégique, un
peu comme le célèbre joueur de flute de Hammel qui emmène les rats hors de la ville.

Malheureusement pour eux, il y avait aussi dans la manif des personnes qui connaissent certains endroits intéressants à aller visiter, comme le siège du MEDEF. Alors que les bureaucrates pensaient pouvoir mettre un
terme à la manifestation après l’avoir bien baladé en ville, un certain nombre de manifestants ont réussi à entrainer celle-ci dans la rue du siège du MEDEF.
_ Une centaine a même réussi à entrer en force dans l’immeuble et dans les locaux de cette officine patronale. L’objectif était bien d’y rester.
_ Une première mise en bouche a eu lieu après la découverte du stock de champagne patronal provoquant une certaine euphorie. Alors que les occupants cherchaient une salle assez grande pour faire une AG, la CFDT a
dépéché sa représentante locale pour mettre un terme à cette situation. C’est vrai que ce syndicat est peu chez lui dans ces augustes locaux. Avec un ton de professeur irrité, elle a expliqué aux lycéens présents qu’il fallait rester digne, cesser toutes ces gamineries et rejoindre la manifestation qui stationnait encore en bas de l’immeuble. Mais comme ce discours de flic syndical n’avait aucune prise, la supplétif ayant démontré son
inefficacité, la BAC (Brigade anti-criminalité) est entrée en action. Arrivés discrètement par un escalier de service, trois nervis de la BAC ont capturé deux
lycéens et se sont enfermés avec dans les toilettes après les avoir menotés et comptaient sans doute les emmener au poste après le départ des manifestants.
Heureusement d’autres lycéens se sont aperçus de ce qui s’étaient passés et ont fait le siège des wc et ont commencé à en enfoncer la porte.
_ C’est alors que les flics en sont sorti matraques à la main et flashing ball pointé à bout portant sur les premiers manifestants. Devant cette détermination, ils
avaient l’air de paniquer. Comme les gens croyaient avoir affaire à des fafs ou à des vigiles, ils ont alors exibé leurs brassards de flics. La discussion a alors commencé pour la libération des deux prisonniers,
sachant qu’entre temps ils ont voulu en capturer un troisième mais ils n’ont pas pu. Les syndicalistes sont venus négocier. La supplétif de la CFDT a proposé
aux flics d’emmener avec elle jusqu’à l’extérieur des locaux les deux jeunes arrétés. Ceux ci ont refusé de sortir avec une telle personne.

Finalement en échange de l’évacuation des locaux, les deux prisonniers ont été libérés.
_ Ils sont sortis sous la protection de leurs camarades. Mais comme les flics ont relevé leur identité et qu’il y a eu quelques « dégradations » dans les locaux patronaux, il ne serait pas surprenant qu’il y ait des suites judiciaires.

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