Nos futurs d’actifs et d’actives se dévoilent dans toute leur horreur

, sacrifiant à une précarité accrue les paillettes démodées d’un défunt « droit du travail ». Villepin et ses potes nous pondent un contrat tout neuf pour flexibiliser la main d’oeuvre et rendre un peu plus intolérable l’entrée obligatoire dans la « vie active ». La nouveauté consiste à rendre officiel et légal le droit de licencier à tout moment et sans raison un employé de moins de 26 ans. Les élus acquiescent du double-menton (dans leur indifférence toute « démocratique ») et les marchands de prozac se frottent les mains…

Les grands syndicats étudiants, eux, se plaisent à mimer l’« urgence »

et la « menace des acquis », plagiant consciencieusement leurs aînés : ceux qui ont la chance d’être (déjà !) des travailleurs. L’apprenti militant, trop heureux d’avoir trouvé un peu de taff (ironie du sort), se presse gaiement à la photocopieuse et chantonne déjà les slogans de l’après-midi. Résigné à ce monde depuis son plus jeune âge, il pourra du moins, croit-il, le rendre un peu moins con (en signant des pétitions) et passer quelques bons moments à l’ombre d’une banderole…

Le Travail, valeur-idole d’un monde domestiqué

, impose son hégémonie sans partage pendant que disparait son but prétendu : son utilité sociale. A la manière d’un sermon parental, il répète son verdict et crie de plus en plus fort à mesure qu’il perd la face, à mesure qu’il perd le sens. « Travaillez coûte que coûte, dans n’importe quelle boite, à n’importe quel prix », voilà le sort que le réalisme de supermarché réserve aux humains dans sa grande utopie travailleuse et marchande… L’organisation collective de la nécessité, qui pousse chacun (même les plus riches) à se chercher un job et à trouver ça normal, est plus que jamais vecteur de misère, d’injustice, d’abêtissement et de servitude.

Le Progrès, ce gros maux justifiant tous les autres

, semble consister aujourd’hui en une intensification croissante de la production à mesure que l’on invente des moyens qui permettraient, justement, de rendre cette production moins présente et moins pressante. Il est un mensonge, un piège que l’homme se tend à lui-même ! Progresser, en réalité, n’est rien d’autre que réduire la part de nécessité propre à l’humanité, pour faire émerger une part toujours plus grande de liberté et de créativité. Le capitalisme a étendu les frontières du nécessaire en s’agenouillant devant le concept absurde de « croissance », et a organisé la société autour de cette grande course contre le vide.

Tous aujourd’hui

, cadres et ouvriers, curetons et athées, flics et syndicalistes, profs et étudiants, livrent leur confiance et leur conscience à ce discours uniforme : le Travail, si manifestement morbide et destructeur, sera l’unique solution Morale et Sociale ! Entendez-les supplier un emploi ! alors que le chantage salarial les dévore et les pourrit, les rend pauvres et dépressifs… En exigeant un « poste à vie », en suggérant aux pontes ministériels de meilleures tactiques pour mettre « la France au boulot », ils sacrifient leur dignité contre l’espoir de miettes, à la manière de l’esclave adulant ses chaînes, réclamant une cellule mieux décorée ou des menottes moins serrées…

Faire exister nos propres formes de vie

, réinventer la paresse, la lenteur et le jeu. Occuper la rue, les facs, les lycées. Multiplier les banquets, les fêtes, les lieux autogérés. Quitter les bulles de l’isolement qui ont peu à peu remplacé toute forme de mise-en-commun, toute possibilité de rencontre… Le travail nous a appris à obéir et à souffrir en pensant que c’est bon. L’explosion conviviale (donc hautement politique) de nos envies de jeu et de partage mettra à bas sa logique absurde et nous libérera de son emprise, pour un moment, et peut-être plus.

{{NI CPE , NI CDI (plutôt rester au lit)

Travailler c’est mourir. Vivre c’est maintenant. }}

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